Play it again, Sam

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Archive pour décembre, 2015

Scoop (id.) – de Woody Allen – 2006

Posté : 31 décembre, 2015 @ 3:17 dans 2000-2009, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Scoop

Londres, l’attrait de la haute société pour un personnage issu des classes populaires, Scarlett Johansson qui tombe amoureuse de la mauvaise personne, des meurtres… Un an après le succès de Match Point, Woody Allen livre une sorte de variation sur le même thème, mais sur le ton de la comédie… et en mode mineur.

Car Woody, qui s’offre ici l’un de ces personnages de magicien un peu minable qu’il affectionne, semble pour une fois à peine croire à ce qu’il fait. Les thèmes ont déjà été abordés cent fois dans son cinéma, ce qui n’a d’ailleurs jamais été un problème, tant il a toujours su creuser ses sillons avec une vision constamment renouvelée. Mais cette fois, Woody ne nous étonne pas.

Même les répliques débitées avec le talent habituel du comédien tombent à plat, et échouent à nous faire rire. Dommage, parce que son film lorgnait clairement du côté de Meurtre mystérieux à Manhattan, et que le « couple » que Woody forme avec Scarlett fonctionne particulièrement bien, de touchants liens filiaux se nouant entre ces deux natures plongées dans un milieu qui n’est pas le leur.

Qu’on ne n’y trompe pas : Scoop est un film réjouissant, qui procure un vrai plaisir. Mais sans cette flamme habituelle chez Woody Allen, et avec cette impression que le cinéaste « tire à la ligne » pour boucler son film annuel. Mais Scarlett Johansson est bien jolie, le plaisir de voir Woody Allen jouer la comédie dans ses propres films est de plus en plus rare, voir Hugh Jackman jouer les bellâtres raffinés nous rappelle qu’il sait faire autre chose que montrer les crocs (et les lames) de Wolverine, et il y a dans Scoop une vision de la mort assez irrésistible.

Pas un Woody majeur, donc, mais un Woody tout de même…

Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom) – de Steven Spielberg – 1984

Posté : 30 décembre, 2015 @ 2:38 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Indiana Jones et le temple maudit

Après avoir créé un mythe, encore fallait-il le faire vivre… Pour cette première suite après le « miracle » de … l’Arche perdue, le tandem Spielberg-Lucas n’a pas choisi entre la fantaisie la plus légère et la violence la plus sombre : le Temple maudit est un pur film d’aventures avec son lot d’action échevelée et l’humour irrésistible du personnage ; c’est aussi, et de loin, l’épisode le plus noir, le plus dérangeant et le plus gore de la saga.

Le cocktail est curieux, parfois un peu indigeste, comme si Lucas et Spielberg avaient chacun voulu apposer leur signature, sans que les deux comparses n’arrivent à trouver une vision commune. D’ailleurs, le réalisateur ne cachera pas que ce deuxième « Indy » lui a quelque peu échappé, et regrettera ouvertement de ne pas en avoir fait un pur divertissement comme les autres films de la série.
La peur et le rire sont parfaitement imbriqués cela dit, mais s’ajoute à ce savoureux mélange des séquences limite gores (le cœur arraché, en particulier), et un aspect grand-guignol qui a plutôt mal vieilli. Comme les gags à répétition autour de l’étrange nourriture que les personnages sont obligés d’ingurgiter…

Mais Spielberg, réalisateur, nous offre de beaux, de grands moments de cinéma : de superbes images qui mettent en valeur les splendides décors naturels, et qui évoquent joliment les grands films d’aventure des années 50 du style Mogambo. On sait qu’Indiana Jones est né de l’amour des deux amis pour le vieux cinéma de genre hollywoodien. Avec ce deuxième opus, Spielberg et Lucas confirment cette approche cinéphile.

Dans la séquence d’ouverture, qui prend le contre-pied total du premier film, Spielberg semble même s’offrir un grand plaisir en évoquant à la fois la comédie musicale, le film noir, le film d’aventures… et la saga James Bond, dont Spielberg rêvait de réaliser un épisode au début des années 80.

Après ces vingt premières minutes complètement folles, le film continue à se démarquer des Aventuriers… : alors que, dans le précédent film, Indy était lancé dans une sorte de voyage perpétuel, cette « suite » (dont l’action se déroule curieusement en 1935, un an avant celle du premier film) renonce aux voyages : la quasi-totalité du film se déroule en effet à l’intérieur même d’une montagne, loin donc des grands espaces auxquels on avait déjà attaché le héros le plus mythique de la décennie.

Dans le rayon des surprises, il y a aussi les « sidekicks » d’Indy, qui confirme son caractère d’aventurier un rien goujat et irresponsable, puisqu’il entraîne dans ses aventures une belle blonde tête à claque (Kate Capshaw, qui allait devenir Mme Spielberg) et un gamin débrouillard (le petit Asiatique qu’on reverra dans Les Goonies), sources intarissables de comédie.

Mais le plus drôle, et le plus intense à la fois, c’est Harrison Ford, une nouvelle fois génial dans le rôle de sa vie. Aussi à l’aise dans l’action pure que dans la comédie, Ford est formidable lorsqu’il donne à son archéologue des airs outrés ou lorsqu’il affiche son petit sourire satisfait. Même dans un film bancal et inégal comme celui-là, le plaisir de le voir enfiler les frusques d’Indiana Jones est immense, et rare.

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdue, Indiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal et Indiana Jones et le cadran de la destinée.

Le Trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre) – de John Huston – 1948

Posté : 18 décembre, 2015 @ 2:11 dans 1940-1949, BOGART Humphrey, HUSTON John | Pas de commentaires »

Le Trésor de la Sierra Madre

La quintessence de la « thématique de l’échec » chère à John Huston… Avec ce chef d’œuvre absolu, le cinéaste réalise le plus purement hustonien de ses films. Pleinement ancré dans ce Mexique qu’il aimait tant, peuplé d’anti-héros condamnés par leur propre mesquinerie (un thème présent dans son cinéma dès Le Faucon maltais, son premier film), et avec Bogart en pauvre type superbement pathétique.

Dès la séquence d’ouverture, le film est d’une intensité rare, qui ne retombera jamais. On y découvre l’acteur fétiche de Huston aux antipodes de Sam Spade, gringo en errance au Mexique, quémandant de l’argent dans la rue… Huston filme ce paumé et ses rencontres fortuites avec empathie mais sans misérabilisme. Sans chercher non plus à magnifier les destins ou les physiques de ces êtres sales et sans avenir.

Mais ce qui intéresse le cinéaste, c’est confronter ses personnages à leurs pires démons. En s’enfonçant dans ce territoire désert où ils vont trouver la fortune, et leur destin, en les coupant du monde de la manière la plus spectaculaire qui soit, Huston crée un microcosme où se révèle l’humanité dans ce qu’elle a de plus primale.

Bogart, Tim Holt et Walter Huston (qui décroche un Oscar du meilleur second rôle, tandis que son fils obtient celui du meilleur réalisateur) sont extraordinaires dans des registres très différents, mais avec la même intensité. Leur « descente aux enfers » n’est pas linéaire, et c’est dans les pauses que se trouvent les plus beaux moments du film. Cette bouleversante scène des funérailles de Cody, le « quatrième homme », dont ses trois bourreaux potentiels découvrent l’humanité et la vie brisée en l’enterrant ; ou encore la superbe scène du « sauvetage » de l’enfant noyé, par un Walter Huston transformé en dieu vivant, dans un village mexicain peuplé de visages hagards.

Les visages : Huston les filme avec une attention extrême. Avec un mélange d’empathie et de sévèrité pour ces hommes emportés par la folie de l’or. Avec une touchante tendresse aussi, pour les populations indigène, et sans l’ombre de cette condescendance que Hollywood leur réserve souvent. Le cinéaste filme des gueules incroyables, mais pour mieux faire sentir le poids de chaque individualité, attentive à l’autre. On sent bien que vers eux que va sa sympathie, même s’il ne « charge » pas ses trois héros, dont il fait des victimes de la « fièvre de l’or ». Des victimes consentantes, capables a priori des pires horreurs, mais des victimes tout de même.

Le Trésor de la Sierra Madre est une merveille, un chef d’œuvre total. That’s the stuff the Hollywood dream is made of…

Driver (The Driver) – de Walter Hill – 1978

Posté : 16 décembre, 2015 @ 7:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, HILL Walter | Pas de commentaires »

Driver

Un jeune homme solitaire, mystérieux et taiseux, un as du volant, dont les cambrioleurs profitent des talents pour échapper à la police… Oui, Nicolas Winding Refn s’est largement inspiré de Driver pour Drive : le thème, le personnage, l’ambiance, et même toute la séquence d’ouverture… Tout est déjà dans le film de Walter Hill. Avec une ambiance moins fascinante, sans doute, mais avec une ambition similaire déjà.

Tourné quasi-intégralement en décors naturels, la nuit, Driver confirme déjà les talents de cinéaste d’action de Hill, qui fait de chaque poursuite en voiture un grand moment de suspense muet et admirablement tendu. Esthétiquement, le film est moins impressionnant que son quasi-remake, mais il tient encore remarquablement la route. Grâce à la belle atmosphère nocturne, et grâce, surtout, à son trio de personnages.

Ryan O’Neal en chauffeur, Isabelle Adjani en apparition nocturne (et dans son premier rôle américain), Bruce Dern en flic aux méthodes douteuses… Aucun des trois n’a de nom, et pour cause : ils semblent sans passé et sans avenir, comme s’ils ne venaient de nulle part et n’avaient pas de caractéristique propre. Des archétypes qui cherchent à échapper à leur statut. En pure perte, bien sûr.
Avec ces personnages sans espoir et condamnés à rester ce qu’ils sont, Walter Hill rend un bel hommage aux grands films noirs d’autrefois. Avec une certaine classe, et une ironie qui fait mouche.

* DVD chez Arcadès/L’Atelier d’images/The Corporation, avec en bonus la bande annonce de 1978, une anecdotique version alternative de la scène d’ouverture, et surtout un petit making of évoquant le tournage de nuit.

Cotton Club (The Cotton Club) – de Francis Ford Coppola – 1984

Posté : 15 décembre, 2015 @ 7:00 dans * Films de gangsters, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COPPOLA Francis Ford | Pas de commentaires »

Cotton Club

Coppola qui renoue avec l’univers des gangsters ? Difficile de ne pas penser au Parrain… Pourtant, à part une explosion de violence sur fond de numéro musical, qui évoque les règlements de compte sur fond d’opéra de son grand-œuvre, vers la fin du film, le ton est radicalement différent dans cette évocation de l’Amérique des années 1928 à 1931. La forme aussi d’ailleurs.

Plutôt qu’un film de gangsters, Coppola préfère réinventer cette période qui a tant inspiré le cinéma : celle des débuts du parlant, de la crise économique, des gangsters mythiques comme Dutch Schultz ou Lucky Luciano (deux personnages centraux du film), et surtout celle du swing et de la musique noire américaine qui rythmait les soirées folles, notamment dans le fameux Cotton Club, célèbre pour ne présenter que des numéros de noirs (tout en étant réservé à une clientèle blanche).

Coppola filme une Amérique totalement musicale. Son film n’est pas à proprement parler une comédie musicale (à l’exception de la dernière séquence), mais la musique est omniprésente, et fait bien plus qu’accompagner l’action : elle l’incarne, à travers les destins croisés des deux personnages principaux, Dixie le musicien blanc (Richard Gere) et Sandman le tanseur de claquettes noir (Gregory Hines).

Deux personnages qui vivent pour leur art, tournés vers les autres. Deux personnages pour qui la famille est une valeur centrale. Deux personnages qui affichent un sourire et un optimisme qui semblent à toute épreuve. Mais deux personnages prisonniers de leur époque et de cette Amérique pas si légère : l’un confronté aux préjugés raciaux, l’autre embringué malgré lui dans la cohabitation avec les plus grands gangsters de son temps.

Cotton Club est à la fois grand et un peu raté. Grand, parce que Coppola en fait une sorte de mouvement perpétuel fascinant et très séduisant. Un peu raté parce que cet exercice de style paraît par moments étrangement désincarné. La faute à un Richard Gere un rien transparent ? Ou à un ton qui oscille constamment entre le grave et le léger sans paraître réussir à faire un choix.

Coppola filme bien un monde dangereux et violent, avec une poignée de séquences particulièrement cruelles (la mort de Nicolas Cage, petit frère de Dixie, petite frappe qui se prend pour un caïd). Mais c’est bien dans la légéreté et l’ironie qu’il fait mouche. Le plus beau ? Les scènes de retrouvailles : celle très émouvante de Gregory Hines et son frère au milieu d’un numéro. Et celle surtout du ponte de la mafia Owney Madden (Bob Hoskins) et de son gorille Frenchy (Fred Gwynne). Hilarante et génialement décalée.

Les Aventuriers de l’Arche perdue (Raiders of the Lost Ark) – de Steven Spielberg – 1981

Posté : 14 décembre, 2015 @ 4:55 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Les Aventuriers de l'Arche perdue

Steven Spielberg invente le film d’aventures non-stop avec ce premier Indiana Jones. L’histoire est connue : imaginé par George Lucas, porté à l’écran par le roi du pop-corn movie, le personnage est un hommage aux grands serials des années 30 à 50, ces ancêtres des feuilletons télé dont chaque épisode se terminait par un « cliffhanger » toujours plus improbable et spectaculaire…

Les Aventuriers de l’Arche perdue est construit comme tel, comme une succession ininterrompue de morceaux de bravoure, avec un héros capable d’affronter tous les dangers, tous les ennemis… jusqu’à faire face à une armée entière, celle du IIIe Reich, incarnation du Mal absolu. Le sujet du film est on ne peut plus simple: c’est l’éternel affrontement du bien et du mal, dans sa forme la plus manichéenne, et la plus divertissante. Un pur plaisir de cinéma totalement assumé.

Le réalisme et la vraisemblance n’ont pas droit de cité ici : on est clairement dans le mythe cinématographique. D’ailleurs, dès sa première apparition à l’écran, Harrison Ford / Indiana Jones est filmé comme tel : un mythe, dont l’entrée en scène doit être aussi marquante que celles de Sean Connery en James Bond dans Dr No, ou de Bogart alias Rick dans Casablanca. Pas étonnant que le personnage soit devenu presque instantanément l’une des figures populaires les plus immédiatement identifiables, l’un des symboles les plus universels du cinéma… avec un certain Charlot.

Figure déterminée sortant de l’ombre, silhouette découpée dans le soleil levant… La mise en scène de Spielberg ne cesse de sublimer cet « archéologue » dont la véritable occupation est à vrai dire « héros ultime ». Mais si le personnage est à ce point mythique, il le doit aussi à son interprète : lorsque Harrison Ford, chemise ouverte sur un poitrail en sueur, remet son Fedora sur sa tête, c’est un véritable miracle qui se produit. Indiana Jones est le rôle de sa vie, c’est rien de le dire.

Quant à ce premier film, le meilleur de la saga, il reste l’un des chefs d’œuvre de Spielberg, un film totalement décomplexé, un immense bonheur de cinéphile, dont le plaisir reste le même vision après vision. If adventure has a name, it must be Indiana Jones…

* Voir aussi : Indiana Jones et le Temple mauditIndiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal et Indiana Jones et le cadran de la destinée.

LIVRE : La Fille derrière le rideau de douche (The Girl in Alfred Hitchcock’s shower) – de Robert Graysmith – 2010

Posté : 14 décembre, 2015 @ 12:49 dans COPPOLA Francis Ford, CURTIS Tony, HITCHCOCK Alfred, LIVRES | Pas de commentaires »

La Fille derrière le rideau de douche

Robert Graysmith s’est fait un nom avec deux livres-enquêtes consacrés au fameux tueur du Zodiac (qui a sévit dans l’Amérique des années 60 et 70), livres adaptés par David Fincher. Avec La Fille derrière le rideau de douche, l’auteur se lance dans une autre enquête, plus inattendue, et cherche à retracer le parcours de la jeune femme qui a doublé Janet Leigh pour la scène de la douche dans Psychose.

Elle s’appelle Marli Renfro, a totalement disparu de la circulation depuis des décennies, et Robert Graysmith avoue éprouver pour cette pin-up dont les courbes sont dans la mémoire de tous les cinéphiles (grâce à Hitchcock) une véritable fascination depuis son adolescence. Il affirme aussi avoir pensé à ce livre depuis des décennies…

Cette fascination est palpable, et contagieuse, à travers les 450 pages de ce livre-portrait qui fait revivre une période passionnante de libération sexuelle. Adepte du naturisme, beauté totalement décomplexée, modèle pour grands photographes et pour magasines de charmes, figure centrale et inconnue de l’une des séquences les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma… Marli Renfro est un personnage effectivement assez fascinant, dont le parcours accompagne à la fois la disparition du vieux Las Vegas, l’âge d’or des magazines de charme, et la naissance du Nouvel Hollywood.

Robert Graysmith a en fait une double ambition : parallèlement au parcours de Marli Renfro, il raconte celui de Sonny Busch, sorte de double (bien réel celui-là) de Norman Bates, dont la fascination pour le film d’Hitchcock aurait libéré les pulsions meurtrières. Partant d’un malentendu colporté par la presse il y a quelques années (selon laquelle Marli Renfro aurait été assassinée par ce tueur, ce qui s’est révélé faux), l’auteur crée un faux suspense construit de toutes pièces autour de ces deux êtres dont les destins seraient irrémédiablement liés par le film d’Hitchcock. Une manipulation du lecteur qui convient mal à l’exercice de l’enquête.

Autre limite du livre : la propension de Graysmith à répéter à l’envi ses impressions, et à appuyer lourdement sur les messages qu’il veut faire passer (combien de fois répète-t-il que Marli est une femme totalement libérée et sans vanité ?). Comme s’il ne faisait confiance ni à l’intelligence du lecteur, ni même à sa propre écriture…

Dommage, parce que le parcours de la belle Marli est passionnant, et peuplé de belles (ou moins belles d’ailleurs) rencontres, de Hitchcock au jeune Coppola (avec qui elle tourne son premier film, Tonight for Sure) en passant par Tony Curtis ou Steve McQueen. Son parcours, au début de ces années 60, n’avait pas besoin de l’alibi du polar…

* La Fille derrière le rideau de douche, de Robert Graysmith, Le Livre de Poche.

X-Files, aux frontières du réel (The X-Files) – saison 4 – créée par Chris Carter – 1996-1997

Posté : 13 décembre, 2015 @ 4:42 dans 1990-1999, BOLE Cliff, BOWMAN Rob, CARTER Chris, CHARLESTON James, FANTASTIQUE/SF, GATES Tucker, GOODWIN R.W., LANGE Michael, MANNERS Kim, TÉLÉVISION, WONG James, X-Files | Pas de commentaires »

X Files saison 4

Vingt-quatre épisodes… et au moins douze chefs d’œuvre. Avec cette saison 4, X-Files atteint des sommets, aussi bien avec sa mythologie qui se complexifie encore et gagne en intensité, qu’avec les loners, dont la tonalité globale est nettement plus sombre que la précédente saison : il faut attendre La Queue du diable (épisode 20) pour retrouver un épisode teinté de cet humour si typique de la série. Un épisode à la fois très drôle et très intime, qui en dit long sur les relations toujours aussi passionnantes entre Mulder et Scully.

Mais cette saison 4 est particulièrement sombre, une direction clairement annoncée dès le premier loner, La Meute (épisode 2), sommet glauque et traumatisant, qui met en scène une incroyable famille de freaks totalement malsain.

La suite n’est guère plus joyeuse avec Les Hurleurs (épisode 4), effrayante histoire d’un tueur en série génialement interprété par un Pruitt Taylor Vince inoubliable, qui rappelle que Le Silence des Agneaux a été l’une des inspirations principales de Chris Carter.

Le thème du mort qui revient à la vie est aussi, curieusement, un thème redondant de cette saison, et toujours pour le meilleur : l’urgentiste de Régénérations (épisode 12) dont la tête coupée repousse, le juif assassiné de La Prière des morts (épisode 15) que l’amour de sa femme réinvente tel un Golem, ou ce vétéran laissé pour mort au VietNam qui réapparaît des années plus tard dans L’Homme invisible (épisode 16).

Et que dire du superbe Pré où je suis mort (épisode 5), qui confronte Mulder à ses vies antérieures, l’une des visions les plus déchirantes de l’amour de toute la série. Un épisode totalement à part.

Parmi les épisodes atypiques de cette saison, on trouve un autre sommet : le fascinant L’Homme à la cigarette (épisode 7), plongée dans le passé (réel ou fantasmé par les Lone Gunmen ?) de l’un des personnages emblématiques de la série, qui apparaît à la fois comme un monstre responsable des pires crimes de l’histoire américaine récente, et comme un homme sensible et plein de fêlures.

La saison fait la part belle aussi à la mythologie, qui se complexifie encore (oui, c’est possible), en soufflant constamment le chaud et le froid, enchaînant les révélations constamment mises en doute par la théorie du complot et l’omniprésence du mensonge… jusqu’à un final étourdissant dans Le Baiser de Judas (épisode 24).

L’huile noire ainsi que Kryceck (dont le sombre destin se dessine) réapparaissent dans le diptyque Tungunska (épisodes 9 et 10), aussi passionnant que l’autre double-épisode de la saison, Tempus Fugit (épisodes 17 et 18), au scénario génialement inventif, qui réussit parfaitement à intégrer un crash d’avion dans la plus pure mythologie extraterrestre.

Mais là où la saison est la plus réussie, c’est lorsqu’elle colle au plus près aux personnages. Mulder replonge ainsi dans le mystère de la disparition de sa sœur, qui lui apparaît sous un angle inattendu dans le superbe Cœur de tissu (épisode 8), et qui ouvre de nouveaux horizons, qui prendront de l’ampleur par la suite, dans le troublant Crime de mémoire (épisode 23).

Et puis il y a le cancer de Scully, qui sert de fil conducteur à toute la saison, qui se déclare dans le déchirant Journal de mort (épisode 15), et qui ajoute un élément nouveau et souvent très émouvant entre Scully et un Mulder qui se retrouve impuissant face à sa maladie. Ce cancer donne aussi un rôle nouveau à Skinner, au coeur de l’excellent Nid d’abeilles (épisode 21).

Bref : que du bon dans cette quatrième saison, qui ouvre des tas de portes particulièrement excitantes.

* Voir aussi la saison 1, la saison 2, la saison 3, la saison 5, le premier film, la saison 6, la saison 7, la saison 8, la saison 9, le second film, la saison 10 et la saison 11.

La Nuit du carrefour – de Jean Renoir – 1932

Posté : 10 décembre, 2015 @ 4:12 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, d'après Simenon, Maigret, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

La Nuit du Carrefour

Curieux objet que cette première adaptation de Maigret sur grand écran (un titre partagé avec Le Chien jaune, tourné la même année par Jean Tarride avec son père Abel dans le rôle du commissaire). Constamment plongé dans la brume, l’obscurité ou les volutes de tabac, le film est une œuvre totalement à part à la fois dans la longue série des adaptations de l’œuvre de Simenon, et dans la filmographie d’un Jean Renoir particulièrement prolifique en ces débuts du parlant (la même année, il tourne Chotard et compagnie, et Boudu sauvé des eaux).

Pas de gros plans, des personnages peu loquaces, une intrigue alambiquée bien difficile à suivre… Le film, techniquement très imparfait (avec des dialogues quasi inaudibles, et un montage parfois hasardeux), pourrait nous perdre sur le chemin de ce carrefour perdu dans une banlieue sans charme ni personnalité. C’est tout le contraire qui se passe. Même si on peine à suivre tous les rebondissements, et même si on comprend parfois à peine ce qui se passe à l’écran, tant l’action est diluée dans ces brouillards constants, l’expérience est purement fascinante.

Si on reste scotché devant cette improbable enquête menée par un Maigret qui se contente la plupart du temps d’adopter un sourire sardonique, interrogeant peu et dévoilant encore moins, c’est pour la composition très pictural des images, pour cette manière totalement en avance sur son temps de faire ressentir l’environnement des décors naturels, et paradoxalement parce qu’il y a quelque chose de presque irréel dans ce faux polar où chacun semble attendre. Attendre quoi ? Que la vérité éclate, que le jour revienne, ou simplement que le temps passe.

Renoir est d’ailleurs particulièrement inspiré lorsqu’il s’agit de faire ressentir ce temps qui passe : par la valse des journaux qui se suivent au fil d’une journée, par la fumée des cigarettes qui opacifie de plus en plus la pièce où se déroule un interrogatoire, ou par un robinet qui goutte et qui remplit peu à peu un récipient…

Le temps qui passe, les êtres qui semblent hors du monde dans ce carrefour perdu où un crime a été commis, l’observation d’un microcosme qui révèle la culpabilité des uns… et l’absence d’innocence des autres. Même si le film surprend, et que le personnage même de Maigret (interprété ici par Pierre Renoir, le frère de Jean) déroute par son étrange comportement, La Nuit du carrefour est pourtant l’une des adaptations les plus fidèles à l’esprit de Simenon.

Le romancier a semble-t-il travaillé avec Renoir pour préparer le film. L’atmosphère du film, le malaise qui s’en dégage, portent clairement sa marque…

Chotard et compagnie – de Jean Renoir – 1932

Posté : 10 décembre, 2015 @ 4:05 dans 1930-1939, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

Chotard et Compagnie

Devant le magasin général Chotard, les livreurs s’activent. C’est alors qu’arrive le patron, qui entre dans le magasin, virevolte entre ses employés tous très occupés, s’intéresse à la caisse, traverse la cour intérieur, avant de rentrer dans son domicile où il se saisit d’un journal et s’attable… C’est le début de Chotard et compagnie, l’un des trois films tournés par Renoir en 1932 (avec La Nuit du Carrefour et Boudu sauvé des eaux). Une scène toute simple en apparrence, mais tournée en un seul et admirable plan séquence de deux minutes, d’une fluidité et d’une vigueur impressionnante.

Chotard et compagnie mérite d’être vu avant tout pour sa mise en scène, brillante et d’une modernité stupéfiante : il faut voir Renoir jouer avec la profondeur de champs lorsqu’il filme son patron attablé alors que ses employés s’activent en arrière-plan… Un Renoir déjà engagé, donc, qui s’amuse à ridiculiser le patron, sans pour autant épargner les travailleurs, ni les artistes.

Sur un mode léger, c’est la lutte des classes qui intéresse déjà Renoir, avec cette histoire d’un riche bourgeois qui voit d’un mauvais œil sa fille s’amouracher d’un poète oisif… qui finira par rencontrer le succès. La charge, toutefois, n’est pas très féroce dans cette comédie aussi virevoltante que la caméra de Renoir, et portée par un Fernand Charpin qui fait du Raimu, mais qui le fait bien.

Le cinéaste, une fois n’est pas coutume, semble plus intéressé par l’esthétique de son film et les mouvements de sa caméra, que par le fond. Une œuvre légère et un peu mineure, donc, mais dont quelques scènes (à commencer par celle du bal) annonce un autre film de Renoir qui, sur le même thème et avec la même apparente légèreté, touchera au sublime : La Règle du Jeu. Chotard et compagnie s’apparente à un brouillon de ce chef d’œuvre. Un brouillon réjouissant, mais un brouillon tout de même.

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