Fast and Furious 8 (The Fate of the furious) – de F. Gary Gray – 2017
Oui, je sais, on ne commence pas une série par le huitième épisode, mais c’est tout ce que j’avais sous la main. Et puis, depuis le temps que je pense du mal de cette saga vrombissante, maintenant je peux en dire…
Dès la première image, le manque d’ambition esthétique saute aux yeux : la manière dont F. Gary Gray filme La Havane est digne des pires cartes postales, enchaînement de clichés ni séduisants ni surprenants. Et puis c’est le numéro 8, et la logique seriale marque ses limites dès l’apparition de Michelle Rodriguez et Vin Diesel, le couple star : les rapports entre les personnages ronronnent, et tout semble fait pour que les amateurs de la série soient dans leur zone de confort.
Du coup on s’ennuie ferme en dehors des séquences d’action, vrombissantes et plutôt inventives, mais finalement pas si nombreuses. Quand les voitures foncent à travers les décors-clichés, les pneus qui crissent et les cascades improbables sauvent les meubles. Mais entre deux… Que c’est long ! Le scénario se contente de remplir le cahier des charges, en laissant de la place aux nombreux personnages qui se sont ajoutés au listing film après film (jusqu’à Kurt Russell, sous-employé), avec des hommages obligés à Paul Walker, mort pendant le tournage du numéro 7.
Quant aux acteurs, ils sont eux aussi en route libre. Vin Diesel est tellement empâté qu’il paraît incapable de jouer la moindre émotion, et Charlize Theron, dans le rôle de la grande méchante, semble momifiée, et totalement incapable de jouer quoi que ce soit… Seuls Dwayne Johnson et Jason Statham sauvent les meubles, avec des rôles de gros bras tout en dérision, qui se révèlent les plus à l’aise dans la comédie comme dans l’action.
Restent une vraie bonne idée complètement bâclée, et une fausse bonne idée étirée à l’envi. La bonne idée, c’est ces dizaines de voitures dont la méchante prend le contrôle à distance, et qui convergent toutes vers nos héros, tombant de parkings à étage lors d’une séquence impressionnante… et courte. La fausse bonne idée, c’est le clou du film : un affrontement sur la banquise entre de gentilles voitures et un méchant sous-marin nucléaire. Pourquoi pas jouer la surenchère à fond, d’ailleurs… Mais le décor de la banquise, dépouillé du moindre écueil et du moindre élément perturbateur, confirme le caractère complètement désincarné du film, froid, et finalement sans surprise.