A l’intérieur (Inside) – de Vasilis Katsoupis – 2023

Un cambrioleur visiblement très expérimenté s’introduit dans un appartement high tech de New York pour dérober des tableaux de maîtres. Lorsqu’il veut sortir, un bug informatique l’enferme dans ce qui se révèle vite une véritable forteresse inviolable, d’où il est impossible de s’évader…
Voilà où en est la narration au bout d’environ deux minutes de métrage, expédié avec l’urgence du réalisateur qui veut visiblement passer à autre chose. Autre chose, c’est-à-dire pas un film d’évasion, encore moins un thriller de plus. La référence qui vient en tête dans un premier temps viendrait plutôt du film de survie, genre All is Lost.
Mais à la vision presque clinique du naufrage (dans tous les sens du terme) que proposait le film de JC Chandor, le premier long métrage Vasilis Katsoupis préfère quelque chose de plus extrême et de plus immersif : une vision intime et sensorielle de l’expérience extrême que vit le cambrioleur reclus, incarné par un Willem Dafoe qui est de toutes les scènes, de tous les plans, souvent seul à l’écran.
Le procédé est radical, et pourrait être fascinant, et glaçant. Il se révèle vite un peu répétitif et lassant. Sans doute le réalisateur n’a-t-il pas l’étoffe de ses ambitions : les dessins que trace le héros sur les murs sont autant d’indices troublants et dérangeants pour dire le désordre intérieur dans lequel il s’installe. Mais Katsoupis peine à donner corps à ce trouble grandissant, et à ce qu’on devine être sa vision.
En gros : nous plonger dans l’esprit qui s’égare de cet homme qui, dans le décor hyper moderne d’un appartement luxueux de Manhattan, se retrouve confronté à des besoins de plus en plus primaux : boire, manger, échanger, penser, espérer… On voit bien l’envie du cinéaste : nous livrer une sorte d’Apocalypse Now à huis clos. Mais le résultat, imparfait, a un petit côté répétitif qui lasse vite, et qui ennuierait s’il n’y avait l’interprétation habitée et hallucinée de Dafoe.