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Archive pour la catégorie 'GRÉMILLON Jean'

L’Etrange Monsieur Victor – de Jean Grémillon – 1938

Posté : 31 octobre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

L'Etrange monsieur Victor

Un bourgeois bien installé et aimé de tous cache une double-vie au service de la pègre. Ce thème souvent repris par la suite (pour Le Bienfaiteur notamment, avec le même Raimu) vaut à Jean Grémillon l’une de ses grandes réussites. Le cinéaste est alors au sommet de son art : ce long métrage est tourné entre Gueule d’amour, immense succès, et Remorques, immense chef d’œuvre. L’Etrange Monsieur Victor semble plus anecdotique sur le papier. Mais la réussite est tout aussi frappante.

Il y a Raimu, d’abord, acteur extraordinaire qui sait être dans le même mouvement léger et drôle, et taciturne et inquiétant. La manière dont il utilise ses accents de comédie tout en laissant apparaître la noirceur de son regard est impressionnante. En particulier dans la dernière partie du film, où on attend vainement la rédemption qui semble évidente depuis longtemps. Mais on est chez Grémillon, cinéaste peu porté sur les sentiments faciles.

Il est donc question de culpabilité : cet homme qui cache habilement sa double-vie, et qui laisse un innocent condamné pour meurtre à sa place. Un homme totalement conscient de sa lâcheté, et prêt à tout pour se racheter. Enfin non, pas vraiment tout. Le faux coupable, c’est Pierre Blanchar, acteur toujours juste, mais pas toujours intense. C’est particulièrement frappant lors d’une scène clé, lorsque son personnage, échappé du bagne et réfugié chez Raimu, réalise qu’il est tombé amoureux de la femme de celui-ci, jouée par Madeleine Renaud. Elle laisse transparaître son trouble. Lui reste distant et dépassionné. Hélas.

Seul bémol, vraiment. Le film marque surtout pour la manière dont Grémillon filme le microcosme de ce petit quartier de Toulon : les scènes de rue grouillantes de vie, les sons du quartier résonnant dans l’appartement trop calme, l’ambiance des petits bistrots interlopes, les dialogues entre deux gamins… C’est dans ces petits détails, dans la vie que le cinéaste parvient à capter dans la moindre séquence, que repose la richesse du film.

Pattes blanches – de Jean Grémillon – 1948

Posté : 27 octobre, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Pattes blanches

Une nuit, sur une côte escarpée de Bretagne, les phares d’une voiture percent l’obscurité. L’automobile s’arrête au milieu de nulle part. Un homme d’âge mur en descend, sous le regard de sa passagère, belle femme nettement plus jeune qui découvre le pays. « Un beau pays », lui assure l’homme avec une fierté de coq dans le regard. Elle découvre au loin la silhouette d’un château. Et c’est son regard à elle qui s’éclaire…

En quelques secondes, en une poignée de plans plastiquement superbes, Jean Grémillon plante le décor, installe les bases d’une histoire dont on sent d’emblée qu’elle est placée sous le signe de la tragédie. Il y a du Rebecca dans ce film. Il y a aussi du Gueule d’amour ou du Remorques, deux chefs d’œuvre (nettement plus connus) du cinéaste qui plaçaient des personnages très charismatiques dans les bras d’un amour dévastateur.

Il y a de ça dans Pattes blanches, un film que, pourtant, Grémillon a récupéré un peu par hasard, lorsque Jean Anouilh qui devait le réaliser est tombé malade. D’où vient, alors, qu’il porte à ce point la patte de Grémillon ? Le cinéaste, qui n’avait plus connu de vrai succès public depuis dix ans (L’Etrange Monsieur Victor), et plus tourné de long métrage depuis six (Le Ciel est à vous, magnifique également) transforme cette histoire en une sorte conte tragique dont l’atmosphère flirte avec le fantastique.

Le décor, pourtant, est planté dans la réalité : ce microcosme comme Grémillon aime les filmer. Un petit village de pêcheurs dont la quiétude vacille lorsque l’aubergiste, joué par Fernand Ledoux, revient accompagné de sa « nièce », beaucoup plus belle et beaucoup plus jeune que lui, dont il est évident pour tout le monde qu’elle est sa maîtresse. C’est Suzy Delair, étonnante et magnifique dans un rôle particulièrement complexe : séductrice, manipulatrice, passionnée, humaine…

Un mari, une épouse trop jeune, un amant ? Ce n’est pas si simple. Parce qu’il y a deux amants : un châtelain désargenté (Paul Bernard) et son demi-frère, un bâtard hanté par ses origines (Michel Bouquet, très jeune et déjà très inquiétant). Et parce que chacun porte en soi une sorte de fatalité liée au poids de l’héritage, ou simplement au destin contraire.

Grémillon embrasse tout ce petit microcosme avec un mouvement d’une fluidité extrême. Sa caméra grimpe un escalier en suivant un personnage, qui ouvre une porte et en dévoile deux autres. L’un s’en va, entraînant la caméra avec lui jusqu’à une salle où le point de vue passe à un autre personnage encore… C’est à la fois d’une extrême simplicité et d’une grande beauté.

Cette virtuosité discrète trouve son apogée la nuit du mariage, dont on ne dira rien si ce n’est qu’elle est d’une force irrésistible, le regard du cinéaste semblant épouser le vent violent qui se met à souffler… Grémillon ne tournera plus que deux longs métrages après celui-ci. La réussite de Pattes blanches est telle qu’on ne peut que regretter amèrement qu’il n’est pas plus tourné…

Remorques – de Jean Grémillon – 1939-1941

Posté : 5 juin, 2022 @ 8:00 dans 1930-1939, 1940-1949, GABIN Jean, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Remorques

Remorques marque la fin d’un cycle pour Gabin. Et quel cycle ! En cinq ans, l’acteur a enchaîné dix des plus grands chefs d’œuvre du cinéma français, série sans équivalent dans l’histoire. C’est la guerre qui y met un point final : le film est commencé avant la déclaration de guerre, et terminé bien après la débâcle. Le tournage chaotique ne se ressent en rien. Après Gueule d’amour, Grémillon offre à Gabin un nouveau monument, plus grand encore, plus impressionnant, plus tragique, plus beau.

La tragédie, ici, vient du plus profond des êtres. Et comme dans leur précédente collaboration, Gabin est un homme à l’apogée de sa vie, qui va se prendre un retour de bâton cruel en se confrontant à la réalité des autres. Le capitaine d’un remorqueur en haute mer, en l’occurrence, tel qu’on imagine Gabin : grand, beau, fort, imperturbable. Un socle, un bloc, celui sur qui se reposent son équipage aussi bien que sa femme. Jusqu’à ce que survienne l’impensable. Oh ! Rien de spectaculaire, non : une autre femme.

Sauf que cette femme-là apparaît dans une scène véritablement spectaculaire : un sauvetage en pleine mer, et en pleine tempête, dont Grémillon fait ressentir tout le danger et toute la vérité en jouant habilement avec des gros plans et des maquettes. Grand moment de cinéma d’aventures, où les embruns et la sueur se ressentent constamment.

Mais l’essentiel, bien sûr, est ailleurs : dans le regard de Gabin, paumé quand il se découvre aussi imparfait que ceux qu’il remettait à leur place quelques jours plus tôt seulement, parce que dans un tel équipage, on ne peut pas s’autoriser des faiblesses. Mais lui-même se retrouve tiraillé entre sa femme, Madeleine Renaud, et cette « sirène » sortie des flots, Michèle Morgan… Soudain, Gabin apparaît non plus comme un capitaine sûr de lui en toute circonstance, mais comme un homme, fatigué de sa vie de couple bien installé, et attiré par l’aventure d’une belle jeune femme.

Comme un symbole, ces deux femmes qui déchirent l’âme de Gabin sont interprétées par les deux actrices qui ont le plus marqué sa filmographie : Madeleine Renaud, co-vedette de trois de ses meilleurs films d’avant l’état de grâce (Le Tunnel, La Belle Marinière et Maria Chapdelaine), et Michèle Morgan, sa partenaire mythique du Quai des brumes (mais aussi de deux films plus méconnus, Le Récif de Corail et La Minute de Vérité). Leur présence à toutes les deux renforce encore la beauté intime et rude de ce joyau.

Lumière d’été – de Jean Grémillon – 1943

Posté : 2 mars, 2021 @ 8:00 dans 1940-1949, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Lumière d'été

Un décor presque idéal, un hôtel presque idyllique, une femme amoureuse presque heureuse… Les premières images de Lumière d’été sont des apparences, que Grémillon ne tarde pas à égratigner.

Oui, la montagne est belle tout autour, comme protectrice. Mais à y regarder de plus près, il n’y a là que roches et poussière, et ces barres rocheuses qui entourent le décor ressemblent à des murs qui obstruent tout horizon. Cet hôtel à la verrière majestueuse est constamment troublé par les explosions de la mine voisine. Et cet amant que la jeune femme attend tarde à venir. Pire : il finit par arriver, ivre et médiocre, génial Pierre Brasseur qui met à mal l’image du prince charmant.

L’arrivée de cette étrangère, jouée par Madeleine Robinson, cristallise tous les drames et révèle cette solitude insondable que chaque personnage porte au fond de lui. Une sorte de douleur sourde, et une incapacité à vivre en couple. Etrange hôtel qui a des allures d’Overlook (l’hôtel de Shining), un peu angoissant dans ce qu’il révèle des illusions perdues de chacun.

Ceux, surtout, de « Cricri », cette femme entre deux âges, qui a tout quitté un petit noble capricieux et manipulateur (Paul Bernard), et prête à tout pour le garder, refusant d’admettre la fin de ce qui ressemble à des derniers feux. Madeleine Renaud est sublime dans ce rôle pathétique d’une femme qui se raccroche à cette jeunesse insupportable qui s’enfuit déjà.

Le personnage du jeune homme qui ramène l’espoir serait bien anecdotique qu’il n’y avait la diction fascinante de Georges Marchal qui, à bien des égards, annonce avec vingt-cinq ans d’avance la Nouvelle Vague : cette manière si dénuée d’effets de dire les dialogues (très beaux) de Prévert.

Lumière d’été est un film superbe qui, en fait, n’appartient à aucun courant. Hors du temps, à la fois très moderne et très rétro, audacieux et radical dans sa peinture de l’humanité, et parsemé d’un humour d’un autre temps (Marcel Levesque, l’acteur des feuilletons de Feuillade, irrésistible en vieux bougon qui ne supporte rien), souvent ancré dans une profonde immobilité, mais avec de brusques mouvements : un impressionnant accident de voiture, une scène de bal ébouriffante et sous tension mais d’un réalisme étonnant, des ouvriers qui s’affairent avec un sens du détail sans esbroufe.

Ajoutons une musique fascinante qui semble parfois aller contre le drame… Lumière d’été, que Grémillon tourne après le sublime Remorques, est un film d’une richesse surprenante. Et beau, tout simplement.

Le Ciel est à vous – de Jean Grémillon – 1944

Posté : 20 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, GRÉMILLON Jean, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Le Ciel est à vous

Que de vie dans ce Grémillon ! Une histoire d’aviation, de défi, de passion dévorante, mais surtout une histoire de couple : Madeleine Renaud et Charles Vanel, tous deux immenses, un mécanicien et sa femme expropriés parce qu’un aérodrome doit être aménagé sur le terrain de leur maison, et dont la vie se trouvera chamboulée par ces avions qui les ont délogés.

Il y a de la vie, avec toute la complexité et tous les accidents que cela implique : des engueulades, des petites joies et des peines quotidiennes, des signes d’amour et des mesquineries, des inquiétudes, des envies… Il y a bien un fil conducteur : cette passion dévorante pour l’aviation qui bouscule cette famille bien installée. Mais Charles Spaak, Albert Valentin (au scénario) et Jean Grémillon (derrière la caméra) racontent moins une histoire qu’un amour.

Ils le font avec un sens parfait de la narration, émaillant le film de signes dramatiques : ces orphelins qui reviennent régulièrement dans le cadre, ces traces d’huile sur le sol, quelques dialogues évocateurs… Derrière la légèreté apparente, les drames et les tragédies pointent déjà leur nez…

Beaucoup de mesquinerie aussi, autour de ce couple décidé à vivre leur amour librement. « Quelle est la plus belle marque d’amour ? s’interroge Vanel. Te laisser partir ou te retenir ? » Il est merveilleux (comme toujours, oui), elle est merveilleuse. Ils forment l’un des grands couples de cinéma, aussi beaux et unis que Louis Jouvet et Renée Devillers dans Les Amoureux sont seuls au monde. C’est dire…

Maldone – de Jean Grémillon – 1928

Posté : 25 avril, 2019 @ 8:00 dans 1920-1929, FILMS MUETS, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Maldone

Maldone, modeste haleur devenu riche propriétaire terrien, serait-il plus heureux s’il avait gardé sa vie d’antan ? Oui, sans doute, tant sa vie est passée de la légèreté à l’ennuie, du partage à la solitude, et tant son sourire a laissé la place à un visage grave. Pesante, cette nouvelle situation.

Mais dans ce beau film naturaliste de Grémillon, la réponse n’est peut-être pas si simple. Maldone, plus tout jeune et pas très beau, est surtout un homme qui se voit en séducteur et en aventurier, prenant des poses et se rêvant en homme libre, avec cette soif de liberté qui l’a poussé, il y a vingt ans, à fuir ce destin tout tracé. Mais est-il vraiment heureux pour autant ?

Est-il vraiment dupe de l’attrait qu’il exerce sur Zita, la belle romanichelle ? Cette jeune femme dont il fait le symbole de son bonheur perdu, mais dont les regards entendus ne laissaient guère de doute sur ses réelles intentions vis à vis de cet homme un peu rustre, et peu séduisant.

Grémillon fait de Maldone un homme pas totalement attachant, un peu pathétique, et surtout peu raccord avec son âge : une sorte d’ado attardé au regard triste, seul et plein de rêves brisés. La mise en scène du cinéaste adopte dès les premières scènes l’absence de relief de cette vie morne et monotone.

La caméra de Grémillon suit parfaitement le rythme du drame. Pesante d’abord, s’attardant longuement sur ce canal fendant tout droit un paysage sans relief. Puis soumise à un rythme saccadé lorsqu’arrive le drame (la mort de ce frère qu’il n’a pas vu depuis si longtemps). Et virevoltante lors de cette parenthèse pleine de vie qu’est le bal populaire.

Cette fête de village, Grémillon la filme au plus près des danseurs et des musiciens. Et lorsque le vieux serviteur fait son entrée pour annoncer à Maldone qu’il a hérité du domaine familial, c’est l’odeur même de ces fêtes, cette atmosphère de partage et de joie, que Grémillon réussit à faire sentir.

Ce n’est pas le film le plus émouvant de son auteur. Mais le portrait de cet homme pas à sa place (joué par Charles Dullin) est touchant, et annonce d’une certaine manière d’autres personnages du cinéma de Grémillon, à commencer par Gueule d’amour.

Daïnah la métisse – de Jean Grémillon – 1932

Posté : 6 avril, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, GRÉMILLON Jean, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Daïnah la métisse

Sur un bateau de croisière au milieu du Pacifique, une jeune femme, métisse à la beauté insolente, s’amuse de l’effet qu’elle produit sur les hommes. « Le plus important, c’est l’amour » lui répètent-ils. « La seule chose qui compte, c’est d’être désirée », rétorque-t-elle.

Un soir, elle rencontre l’un des mécaniciens du bateau, rencontre inattendue entre cette femme du monde belle et moderne, désirée par tous, et ce rustaud sans manière. Rencontre dont on pressent vite qu’elle va mener au drame.

Ce petit film de jeunesse de Jean Grémillon (48 minutes, pas plus) est déjà une grande réussite, troublante et passionnante. L’atmosphère doit beaucoup au fait que le bateau est au milieu de l’océan, dans une sorte d’entre-deux, loin de toute terre.

Et c’est comme si la loi et les règles morales de la société de la société ne s’appliquaient plus, comme si tous se déshumanisaient. A l’image de cet envoûtant et très macabre bal des masques, au milieu duquel Daïnah (Laurence Clavius) semble perdue, oppressée, et qui la pousse vers ce destin tragique qui prend la forme du mécanicien, joué par Charles Vanel, parfait comme toujours.

On est marqué aussi par la froideur des personnages, cette manière si détachée d’affronter les crises, ou d’accueillir le pire des drames. Le personnage du mari surtout (Habib Benglia), magicien taiseux et grand lecteur, est particulièrement intriguant. Le fait qu’il soit noir (comme le titre du film d’ailleurs) n’est pas anecdotique : sa couleur de peau en fait la cible de tous les cancans de cette micro-bonne société improvisée. « Magie noire », « mari cruel »… Les rumeurs vont bon train.

La dernière image de ce film beau et angoissant vient balayer doutes et rumeurs d’un revers cinglant. Et fait éclater l’émotion qui, jusqu’à présent, était étrangement tenue à distance.

Gueule d’amour – de Jean Grémillon – 1937

Posté : 6 mars, 2013 @ 6:09 dans 1930-1939, GABIN Jean, GRÉMILLON Jean | Pas de commentaires »

Gueule d’amour – de Jean Grémillon – 1937 dans 1930-1939 gueule-damour

A travers le portrait déchirant d’un homme ravagé par la jalousie et le désir, Jean Grémillon signe l’un des plus beaux films sur la nostalgie. Précurseur du grand film noir américain, Gueule d’amour évoque en fait le cruel passage à l’âge adulte, la perte de l’innocence, et la nostalgie de l’enfance. Comment expliquer autrement ce surnom infantile que même Gabin prononce avec une certaine gêne : « Gueule d’amour ». Comment aussi expliquer autrement le tour, digne d’un jeu d’enfant, que Gabin et son pote jouent au restaurateur pour avoir un repas gratuit.

Ce jeune soldat au sourire d’ange, fier d’arborer un bel uniforme tel un déguisement, et qui s’amuse sans arrière-pensée de l’attirance qu’il exerce sur les jeunes femmes… Difficile d’imaginer plus enfantin que ce type insouciant qui aime se déguiser et semble presque totalement asexué.

Mais il y a Mireille Balin, vamp dont on devine immédiatement qu’elle apporte le malheur, et qui scelle le destin du pauvre Gabin dès qu’il croise son regard. A partir de là, ce sont les longues périodes d’attente et de frustration, le désir et le manque qui rongent les sangs, le doute et la jalousie qui vrillent la tête.

En quittant l’armée, Gueule d’amour imagine que tout lui réussira aussi bien à Paris. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que ce qu’il a lâché, ce sont ses années d’innocence et de pureté, et qu’il est entré dans une vie d’adulte autrement plus violente et cruelle.

C’est cette prise de conscience qui est le plus beau dans ce film: l’apparition de la nostalgie chez cet homme pas habitué à souffrir. A l’opposée de La Bandéra, autre film dans lequel Gabin interprétait un militaire, et qui avait fait de lui la plus grande star du cinéma français deux ans plus tôt.

Plus que l’intrigue de film noir, c’est bien cette nostalgie qui est au cœur du scénario de Charles Spaak, et qui pousse Gabin, lorsqu’il a perdu toutes ses illusions, à retourner à Orange, où il a vécu (sans s’en rendre compte alors) les plus belles années de sa vie. Trop tard : l’insouciance n’est pas une chose que l’on peut retrouver. C’est tout le sujet de ce chef d’œuvre terriblement émouvant, porté par un Jean Gabin exceptionnel.

 

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