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Archive pour la catégorie 'OSHIMA Nagisa'

Contes cruels de la jeunesse (Seishun zankoku monogatari) – de Nagisa Oshima – 1960

Posté : 26 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, OSHIMA Nagisa | Pas de commentaires »

Contes cruels de la jeunesse

L’un des premiers films d’Oshima, qui devient d’emblée le porte-voix de la Nouvelle Vague japonaise, directement inspirée de celle qui bousculait alors le cinéma français.

Cette Nouvelle vague accompagne elle aussi un changement de mœurs dans la société japonaise, toujours marquée par la rigueur de ses vieilles règles.

Pas d’optimisme pour autant : cette jeunesse qu’il met en scène n’est pas celle qui a voulu dynamiter le système, mais la génération suivante, celle des petites sœurs dont les aînés trimbalent le mal-être de leurs illusions perdues.

Cette génération-ci, représentée par la jeune Makoto et son amant Kyoshi, a le semblant de liberté dont rêvaient leurs aînés, mais n’a plus de rêve ni d’ambition. Une génération perdue ? La cruauté du ton le laisse penser.

Pas de romantisme ici. Le jeune homme rencontre sa belle en la sauvant des griffes d’un homme plus âgé qui cherchait à abuser d’elle ? Il obtient aussitôt ses faveurs après s’être comporté avec la même violence que le « satyre », lui rendant en double la gifle qu’elle lui a donnée. Ce qui différencie l’un et l’autre, ce ne sont pas les valeurs ou le comportement, mais uniquement la jeunesse et la beauté…

Il y a bien quelques moments d’espoirs et de tendresses. « Il faut bien que je sois gentil de temps en temps, pour ne pas que tu partes avec un homme plus âgé », lance Kyoshi. Mais cet amour impossible est surtout marqué par la violence physique et morale.

L’issue est écrite d’avance…

* Le film fait partie des 10 DVD accompagnant l’encyclopédie des réalisateurs japonais édité par Carlotta.

Le Petit Garçon (Shonen) – de Nagisa Oshima – 1969

Posté : 20 mars, 2015 @ 1:43 dans 1960-1969, OSHIMA Nagisa | Pas de commentaires »

Le petit garçon

Comme pour La Pendaison, tourné l’année précédente, Oshima s’inspire d’un fait divers authentique et s’en sert pour livrer le portrait d’une société japonaise qui semble dans l’impasse. C’est bien cette impression qui se dégage du parcours de cette famille de laissés pour compte qui se livrent à de petites arnaques minables pour vivre.

Mais la comparaison avec le précédent film s’arrête là : Le Petit Garçon s’inscrit dans une veine narrative beaucoup plus classique, à mi-chemin entre le road movie et le huis-clos autour d’une cellule familiale a priori classique.

Mais devant la caméra d’Oshima, la famille ne représente pas un refuge. Le héros, un gamin d’une dizaine d’années, est balloté de ville en ville au gré des caprices d’un père qui vit de petites arnaques, incitant femme et enfants à se jeter sous les roues des voitures pour extorquer des dédomagements aux conducteurs rongés par la culpabilité.

Drôle de figure paternelle, pour cet enfant à qui son père fait des injections pour provoquer des hématomes, et à qui sa belle-mère plus tendre s’intéresse pour l’argent qu’il peut lui rapporter.

Bien sûr, on est révolté par le comportement de ces parents indigners, et surtout par l’innocence bafouée de ces gamins privés de l’enfance dont ils ont besoin. Mais il n’y a aucune explosion de pathos, dans ce film aux couleurs tantôt pastelles, tantôt saturées. Aucune tentation de la part d’Oshima de jouer aves les sentiments et les émotions du spectateur.

Pourtant, les gros plans sur le gamin, et la présence à ses côtés d’un petit frère en quête d’amour, sont absolument bouleversants.

• Le film fait partie du coffret regroupant neuf films d’Oshima qui vient d’être édité chez Carlotta. Evidemment indispensable, et agrémenté de présentations du spécialiste Mathieu Capel, qui apportent un éclairage passionnant et remettent les films dans leur contexte.

La Pendaison (Koshikei) – de Nagisa Oshima – 1968

Posté : 26 février, 2015 @ 5:56 dans 1960-1969, OSHIMA Nagisa | Pas de commentaires »

La Pendaison

Les premières minutes sont glaçantes, et édifiantes. Par une série de plans froids, une voix off nous dévoile le processus froid et presque clinique d’une exécution capitale. Les Japonais plébiscitent la peine de mort, assure cette voix off, mais sans s’imaginer ce que cela implique concrétement, et ce qu’est la vérité d’une exécution. C’est ce que décrit méthodiquement cette première partie d’un film inspiré d’un authentique tueur, un jeune Coréen vivant au Japon qui, en 1958, a violé et tué une étudiante avant d’être condamné à mort.

Durant ces quelques minutes, Oshima nous fait presque croire qu’il a choisi une forme de cinéma-vérité, un film-dossier visant à mettre le public japonais face à cette mort par pendaison. Mais la machine implacable de l’exécution a un accroc. Sans que l’on sache pourquoi, le condamné, R, ne meurt pas comme il l’aurait dû. A son réveil, ses bourreaux réalisent qu’il ne se souvient plus de qui il est, et encore moins des crimes qu’il a commis. Dans ces conditions, peuvent-ils l’exécuter de nouveau ?

La Pendaison n’est pas juste un pamphlet contre la peine de mort. C’est toute la société japonaise d’alors que Oshima passe en revue, avec cynisme et sans concession. Son film évoque l’absurdité d’un système encore marqué par les rites ancestraux, où la mise en scène dicte les destins. Un système qui pousse des geoliers à tout faire pour qu’un condamné à mort retrouve la mémoire avant son exécution. Mais un système qui se fissure et se met à douter.

Ces fissures sont au coeur d’un film qui oscille constamment entre le rêve et la réalité, où les cruelles interrogations et la mauvaise conscience des protagonistes se mettent à prendre corps. R est doublement un symbole : pas uniquement par rapport à la peine de mort, mais aussi parce qu’il est Coréen vivant au Japon, et qu’il symbolise ainsi une longue tradition de brimades et d’exclusions.

Près de dix ans avant L’Empire des Sens, c’est avec La Pendaison que la critique et le public français ont découvert Oshima. Avec ce film puissant mais souvent déroutant qui, à l’opposée de la plupart des grands cinéastes japonais ayant commencé avant-guerre, donne du Japon une image dénuée de toute beauté. Un film pas facilement aimable, qui prend le parti de bousculer et de déranger. Mission accomplie.

• L’excellent éditeur Carlotta a réuni neuf films d’Oshima dans un coffret, enrichi notamment d’intéressantes préfaces par un spécialiste du cinéaste, et du Japon : Mathieu Capel.

 

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