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Les dernières heures d’un bandit (Showdown at Abilene) – de Charles F. Haas – 1956

Posté : 4 décembre, 2013 @ 8:40 dans 1950-1959, HAAS Charles F., WESTERNS | Pas de commentaires »

Les dernières heures d’un bandit

La même année que La Corde est prête, Charles Haas tourne cet autre western pour la Universal. Le budget n’est pas énorme, on s’en rend compte dès les premières images particulièrement dépouillées, avec ce cavalier traversant seul une campagne aride traversée par un cavalier seul. Quant à l’Abilene du titre original, elle ressemble trait pour trait à la ville du précédent western de Haas, tourné dans les mêmes décors, filmés de la même manière, et avec une lumière qui laisse penser que le même chef opérateur est à l’œuvre (ce n’est pas le cas : (à John L. Russell pour Star in the Dust succède Irving Glassberg, l’excellent chef op de La Ronde de l’aube ou Capitaine Mystère de Sirk).

Ce dépouillement sera la règle jusqu’à la fin du film (court d’ailleurs : à peine plus d’une heure et quart), mais plutôt pour le meilleur : cette fois encore, Haas signe un beau western de facture modeste, mais au rythme parfait, et plein de belles idées de scénario et de mise en scène.

Cinéaste oublié, voire méprisé, Haas fait une nouvelle fois preuve d’élégance, d’efficacité, et même d’une certaine audace dans certains plans très joliment construits. C’est le cas notamment lors des retrouvailles entre l’ancien shérif de retour de la guerre après une longue absence, et son ancienne fiancée désormais promise à un autre, sous le regard inquiet de ce dernier. A l’écran, les anciens amants sont séparés par un grand miroir dans lequel se reflète le visage inquiet du rival, les deux autres disparaissant peu à peu.

Tout en étant très classique, l’histoire recèle aussi quelques belles idées. Le méchant, notamment, est particulièrement réussi : stéréotype du grand propriétaire tyrannique et trop ambitieux, auquel Lyle Bettger apporte une vrai potentiel de sympathie, d’autant plus qu’il est un infirme (il est amputé de la main droite), dont la vie est constamment brisée par les erreurs de celui qui est pourtant le vrai héros du film.

Dans ce rôle, Jock Mahoney est excellent. Acteur de série B, parfois un peu fade, il révèle ici un authentique talent de comédien, avec une belle présence physique. Charles Haas utilise parfaitement le corps athlétique de Mahoney et son passé de cascadeur. Imposant lorsqu’il assiste torse nu à la montée de la violence dans sa ville, il se jette littéralement dans l’action lors d’un saut d’une vivacité impressionnante.

Des petits westerns comme ça, j’en veux tous les jours !

• DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis, avec une présentation de Patrick Brion.

La Corde est prête (Star in the Dust) – de Charles F. Haas – 1956

Posté : 26 août, 2012 @ 4:52 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HAAS Charles F., WESTERNS | Pas de commentaires »

La Corde est prête 1

Il y avait une seule raison qui me donnait envie, depuis des années, de voir ce film : la présence, dans un minuscule rôle non crédité, d’un très jeune Clint Eastwood. C’est l’un des onze films qu’il tourna avant d’être révélé par la série Rawhide, et ce n’est pas le plus important, loin de là : il est un cow-boy nommé Tom qui doit se contenter d’une scène de dialogue sans grande importance avec le héros interprété par John Agar (déjà tête d’affiche de Tarantula et La Revanche de la Créature, deux précédentes apparitions au crédit d’Eastwood). Un désir de fan, donc, plus qu’une vraie envie de cinéphile.

Mais la surprise est bonne. Star in the dust est un western classique par son histoire, mais bourrée de bonnes idées, souvent originales, qui le rapprochent d’une tragédie grecque. Unité de lieu, unité de temps (ou presque : l’action se déroule entièrement entre le lever et le coucher du soleil, dans une petite ville comme tant d’autres), personnages tiraillés entre leurs liens du sang et leurs sentiments, et même un chœur antique, qui se résume aux apparitions furtives d’un cow-boy chantant la fameuse chanson de « Sam Hall », que Johnny Cash chantera quelques années plus tard.

Beaucoup de bonnes idées, donc, mais on peut regretter que certaines ne soient pas suffisamment explorer : le « chœur » aurait pu être plus présent notamment. Et puis on ne peut pas dire que la magie opère toujours. Malgré son ambition, l’originalité du traitement, et de nombreuses scènes vraiment réussies, Charles Haas échoue en partie à installer une atmosphère palpable.

La Corde est prête 2

Il réussit en tout cas à rendre originale et passionnante une histoire a priori très banales : un tueur enfermé dans une prison, condamné à être pendu le soir-même ; un shérif bien décidé à faire appliquer la loi ; les éleveurs qui tentent de sauver la peau du tueur qu’ils avaient embauché ; et les fermiers qui jurent de le lyncher pour venger la mort d’un des leurs.

Pas de génie dans la mise en scène, mais un scénario diablement malin, et particulièrement bien troussé, avec des seconds rôles parfaitement dessinés. Les personnages féminins, notamment, véritable âme du film. Même Mamie Van Doren, pas exactement l’actrice la plus exaltante de la décennie, parvient à rendre émouvant son personnage, tiraillée entre sa loyauté envers son salaud de frère, et son amour pour le shérif.

Et même John Agar est parfait. Il faut dire que c’est l’une des très bonnes idées du film : confier à cet acteur fade et peu charismatique le rôle d’un shérif qui vit constamment dans l’ombre de son père, et que personne ne prend vraiment au sérieux. Agar a à peu près tout joué : des militaires, des cow-boys, et même des scientifiques ; mais c’est sans doute la première fois qu’il trouve un rôle totalement taillé pour lui…

 

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