Infiltré (Snitch) – de Ric Roman Waugh – 2012
Aujourd’hui est un grand jour : celui où j’ai vu un bon film avec Dwayne Johnson. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la version junior de Schwarzie prend de l’envergure avec ce film noir fort bien troussé par un auteur-réalisateur venu je ne sais d’où, mais pas dénué de talent le bougre.
Grotesque et tellement lisse qu’il en devenait invisible dans G.I. Joe 2 et autres superproductions sans cervelle, Johnson révèle enfin qu’il a la carrure (normal, vues les épaules) pour un cinéma plus adulte.
Inspiré de faits réels (c’est écrit au générique), le film raconte le combat d’un père sans histoire, petit patron du BTP, pour sauver son fils qui encourt une longue peine de prison pour une bêtise de jeunes avec un pote dealer. Prêt à tout, il passe un marché avec le procureur, et accepte de jouer les infiltrés pour piéger des pontes du trafic de drogue.
Très réussi, le film privilégie la tension à l’action. Il y a bien quelques rares explosions de violence : une course poursuite avec un poids lourd, une fusillade dans les étroits couloirs d’une petite maison. Mais la violence y est sèche et brutale, rien de fun ici.
L’ex-The Rock est très émouvant dans le rôle de ce père acculé, qui plonge de plus en plus profond dans un milieu qu’il ne connaît pas, et dont on sent qu’il ne pourra plus jamais s’extirper. Mais l’ancien taulard (Jon Bernthal) que le père de famille entraîne malgré lui dans sa spirale infernale est plus intéressant encore : ancien trafiquant décidé à tout subir pour mener une vie de famille plutôt que de replonger, il a tout de l’anti-héros tragique qui donne de la consistance au film. Et qui pose la question du bien-fondé des actes du père.
Et puis les seconds rôles sont parfaits, de Susan Sarandon en procureur cynique, à Barry Pepper dont la longue barbichette met en valeur le regard mort de celui qui en a trop vu.
Ric Roman Waugh signe un bon petit noir comme on les aime, une bien belle surprise.
• Des featurettes spéciales promo accompagnent le blue ray du film, édité chez Metropolitan.