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Archive pour la catégorie 'LOACH Ken'

The Old Oak (id.) – de Ken Loach – 2023

Posté : 23 novembre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, LOACH Ken | Pas de commentaires »

The Old Oak

Ken Loach a 87 ans, et il va bien. Il n’a en tout cas rien perdu de sa capacité d’indignation, ni de sa profonde empathie pour « les gens », comme dirait François Ruffin. Et c’est l’une des meilleures nouvelles de cette nouvelle année pleine de drames. De ces drames, Loach n’est vraiment pas du genre à faire comme s’ils n’existaient pas. Au contraire : au fil des ans et des films, il n’a jamais cessé d’en faire les sujets de ces drames plus ou moins graves.

Mais Ken Loach n’est pas qu’un citoyen engagé et révolté. C’est aussi, et surtout, un cinéaste qui croit en la force du cinéma, et de la fiction en générale. The Old Oak, qui aborde frontalement l’immigration massive, est à la fois un film réaliste et très documenté, et une fable que n’aurait pas reniée Frank Capra. En tout cas pas aujourd’hui.

La référence à Capra n’est pas anodine : The Old Oak a clairement quelque chose de La Vie est belle, dans sa manière de faire intervenir un miracle dans la vie d’un homme profondément bon qui ne réalise pas lui-même à quel point sa présence est précieuse à la cohésion d’une petite ville ; dans sa manière aussi de filmer une espèce de communion qui dépasse tous les cadres sociaux… Une fable donc, mais filmée avec le regard de Loach, tout aussi humaniste que celui de Capra, mais plus ancré dans l’actualité.

The Old Oak évoque les bouleversements que provoque l’arrivée de migrants syriens dans une petite ville minière sinistrée depuis la fermeture des puits. Le film est triste. Profondément, parce que ancré dans la réalité. Il est aussi, et tout aussi profondément, optimiste. Idéaliste, même : Loach filme la naissance d’une nouvelle communauté, qui réunit dans un même groupe des villageois « du cru » et des migrants.

Plutôt que d’opposer la misère des uns et des autres (opposition dont il ne nie pas l’existence), Loach évoque des hommes et des femmes qui décident de faire de la cohabitation de ces deux misères une chance, et une force. Et c’est beau parce que plein d’espoirs, et parce que le film met en scène de vrais héros, qui justement n’ont rien d’héroïque. A commencer par le patron du pub, vieille baderne fatiguée et découragée, qui remonte la pente grâce à la force d’une jeune migrante qui a traversé tant d’horreurs et garde la tête haute.

Cette amitié improbable avait sans doute besoin du regard si doux et conscient à la fois de Loach pour être si belle, si émouvante. Elle l’est. Et si Loach en reste là, comme il l’a laissé entendre, alors il aura refermé sa magnifique carrière de la plus belle des manières, sur une image qui symbolise mieux qu’aucune autre peut-être l’humanité et la beauté de son regard.

La Part des Anges (The Angels’ Share) – de Ken Loach – 2012

Posté : 7 août, 2012 @ 12:02 dans 2010-2019, LOACH Ken | Pas de commentaires »

La Part des Anges

Ken Loach revient à ce qu’il connaît le mieux : la chronique douce-amère, tendre, drôle et cruelle des petites gens dans la galère. Mais comment fait-il pour parler aussi justement et avec autant d’amour de ces types grossiers, voleurs et alcooliques ? Tout simplement en les aimant, justement. Il y a dans La Part des Anges une sincérité et une tendresse absolues, qui résument parfaitement le cinéma de Loach, et qui expliquent pourquoi ses films (et celui-ci en particulier), tout en s’inscrivant dans une longue tradition sociale du cinéma britannique, ne ressemblent à aucun autre.

A la fois hilarante et terriblement émouvante, sa chronique de quatre paumés de Glasgow qui trouvent la voie de la rédemption grâce à un whisky rarissime est un petit chef d’œuvre. Son héros, Robbie (Paul Brannigan, nouveau venu au passé aussi lourd que son personnage), est un marginal au passé rempli de violence et de haine. Condamné à des travaux d’intérêts généraux, il est sincérement décidé à changer de vie, et à se consacrer à sa petite amie et à leur bébé qui vient de naître. Mais pas facile d’échapper à son destin, quand la belle-famille veut le voir disparaître, et que ses vieux ennemis ont juré de lui faire la peau. Pas facile, quand on a son passé, d’avoir droit à une deuxième chance.

Mais le destin intervient, sous la forme d’un quinqua bonhomme, solitaire au grand cœur, le type chargé de faire appliquer les TIG, qui se prend d’affection pour ce paumé condamné dès la naissance, et partage avec lui son amour pour le whisky. Le pur malt plutôt que le mauvais vin : une belle métaphore pour symboliser la nouvelle vie que Robbie va tenter d’arracher en dépit du monde entier. Pas forcément dans les règles, en tout cas pas celles d’une société qui veut pas de lui. Car le destin ne fait pas tout : encore faut-il savoir saisir sa chance. Alors Robbie imagine le vol du whisky le plus cher du monde, avec ses trois potes.

Uune cleptomane, un apathique, un idiot… voilà les complices de Robbie. Et Ken Loach ne fait rien pour les rendre plus beaux qu’ils ne sont. Pourtant, on les aime ces paumés dont on sait qu’ils ne sauront pas, comme Robbie, saisir leur chance. Ils sont tête-à-claques, vulgaires, voleurs, mais authentiques et tellement attachants.

Ken Loach n’est pas un donneur de leçon, et c’est ça qui fait la force de son cinéma. L’émotion et l’humour ne sont jamais loin l’un de l’autre, dans un équilibre parfait qui nous fait passer de l’émotion la plus pure devant la paternité nouvelle de Robbie au rire franc devant l’air ahuri de son pote.

Voir ces quatre citadins des banlieues de Glasgow se retrouver en kilt au cœur des Highlands est une image inoubliable. Comme de voir ce whisky sans âge et hors de prix trimballé dans des bouteilles d’Irn Bru : qui n’a jamais bu cette horreur en bouteille, et qui n’aime pas le whisky, peut difficilement réaliser l’ampleur de ce sacrilège.

D’un optimisme inhabituel, La Part des Anges est tout sauf politiquement correct : Loach n’y respecte ni les institutions, ni le plus grand whisky du monde. Il ne respecte finalement que les êtres humains. C’est ce qui fait de son film une merveille gorgée de vie, et authentique comme un grand cru.

 

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