Robin des Bois, prince des voleurs (Robin Hood : prince of thieves) – de Kevin Reynolds – 1991
Voir Kevin Costner, le plus Américain des acteurs de sa génération, incarner Robin des Bois, mythe anglais par excellence, c’est un peu comme voir John Wayne incarner un guerrier mongol : inimaginable ! (Comment ? Ça existe ?) Et pourtant, une fois admis que l’accent du Kevin ne sonne pas très Nottinghamshire, il faut bien admettre que le costume lui va comme un gant…
Même : ce Robin des Bois, prince des voleurs, dont j’avais gardé un souvenir un peu kitsch déjà très daté, passe plutôt très bien l’épreuve du temps, finalement. Le plaisir que j’ai pris à le revoir et à le faire découvrir à mon plus jeune fils m’a en tout cas rappelé celui que j’avais pris lors de sa sortie en salles, il y a une paire d’années.
C’était alors un film totalement dans l’air du temps, avec le souffle épique et romantique et les excès habituels du cinéma d’action américain de ce début des années 90. Costner est alors au sommet de sa gloire : il sort du triomphe de son Danse Avec Les Loups, et allait encore connaître quelques sommets (JFK, Un monde parfait, et le succès populaire de Bodyguard) avant son déclin.
Ce Robin des Bois entérine même son statut de grande figure du cinéma populaire, faisant de lui un héritier possible d’Errol Flynn. Ce qu’il n’est pas, d’ailleurs : grande figure américaine, Costner évoque bien d’avantage un mélange de Gary Cooper et de Henry Fonda, mais alors très en phase avec son époque.
Il serait d’ailleurs idiot de comparer avec d’autres versions de Robin des Bois, celle de Michael Curtiz notamment. Devant la caméra de Kevin Reynolds, qui signera aussi le naufrage de Waterworld, Costner s’approprie le mythe. Si l’histoire est bien connue et universelle, il y insuffle quelques notions nouvelles comme la peur de l’autre (le personnage de Morgan Freeman) ou la filiation (Christian Slater).
Pour le reste, le film est enlevé, plein d’humour et de rebondissements, les scènes d’action sont généreuses et inventives, Mary-Elizabeth Mastrantonio apporte une petite touche (relative) de féminisme à Lady Marian, et Alan Rickman nous réjouit en en faisant des tonnes dans le rôle du méchant shérif de Nottingham. Ça ne révolutionne rien, mais c’est un petit plaisir nostalgique qui ne se refuse pas.