La Belle de Paris (Under my skin) – de Jean Negulesco – 1950
Un jockey américain fuit un passé trouble en Europe, accompagné par son jeune fils. Pas mal de belles choses dans ce film inégal, au scénario parfois bancal. A commencer par la vision qu’il donne du Paris de l’après-guerre, et d’une forme d’insouciance retrouvée : le Paris de la rive gauche surtout, avec ses terrasses bondées, ses clubs sombres et festifs, et ses jeunes hommes aux barbes soigneusement taillées.
Le jockey, c’est John Garfield, ce qu’on a un peu de mal à croire tant sa carrure sied mal au personnage, mais c’est aussi l’une des belles choses du film. Parce qu’il est toujours très bien, Garfield, et qu’il est ici très touchant dans le rôle de ce père paumé qui ne désire rien tant que d’exister, au moins aux yeux de son fils. Negulesco filme joliment la relation entre ce père et ce fils à qui manque un foyer.
Et c’est là qu’arrive la Frenchy du film : Micheline Presle (Prelle, aux génériques de ses quelques films américains), actrice assez juste et vraie, qui défend plutôt très bien un personnage tantôt peu crédible, tantôt passionnant : sa façon surtout d’essayer de se convaincre que les problèmes de Garfield et de son fils ne la concernent pas. Là, en filigrane, c’est le poids d’une Occupation pas si lointaine qui se dégage de ce pseudo désintérêt.
Un personnage très européen… en tout cas pour un film américain : une chanteuse de cabaret, bien sûr, qui interprète, longuement et bien, trois chansons au cours du film. Ces scènes sont d’ailleurs parmi les plus belles, pour la manière dont Negulesco filme le cabaret, la foule qui s’y masse, les personnages qui s’y meuvent et les drames qui s’y nouent.
Les nombreuses scènes dans les hippodromes souffrent de transparences très approximatives, mais elles ne manquent ni de souffle, ni de suspense. La dernière surtout, course tragique qui se transforme en règlement de compte spectaculaire à défaut d’être vraiment crédible. Du beau travail pour un Jean Negulesco très appliqué.