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Archive pour la catégorie 'WOO John'

Silent Night (id.) – de John Woo – 2023

Posté : 8 septembre, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), WOO John | Pas de commentaires »

Silent Night

Ô, jeune d’aujourd’hui ! Sans doute ne réalises-tu pas ce que John Woo a représenté pour le jeune d’il y a trente ans (bien tapés, oups). C’était au tout début des années 1990. Un petit film hong-kongais débarquait avec un peu de retard sur nos écrans français. Ça s’appelait The Killer, et ça a fait l’effet d’une bombe.

Je n’ai pas la moindre de l’effet que ce petit film aurait sur toi aujourd’hui, toi qui as peut-être été biberonné par les excès de Michael Bay ou les coups de tatanes de Jason Statham ou, pire, de Dwayne Johnson. Mais sache, quand même, que sans ce petit film, le cinéma d’action serait bien différent.

C’est qu’il a eu un effet dingue, ce petit film : dès Die Hard 2 en fait, tous les blockbusters américains lui doivent quelque chose. Ce n’est pas un hasard si John Woo a décroché son ticket pour Hollywood, signant une petite poignée de réussites (Volte Face, Mission Impossible 2) avant que son aura ne s’estompe, et qu’il reparte à Hong-Kong se refaire une santé.

Cette longue intro pour dire que Silent Night n’est pas un film anodin, parce qu’il marque le retour aux Etats-Unis de Woo, vingt ans après un Paycheck qui n’a pas laissé une grande trace dans l’histoire. Et parce que, depuis, tout a changé dans la manière de faire et de « consommer » le cinéma.

La preuve : ce retour est passé à peu près inaperçu. Ce qui est bien dommage. Pas que Silent Night soit une réussite majeure du réinventeur du gunfight. Mais il rappelle à quel point Woo est un formaliste novateur.

Loin de se reposer sur ses lauriers (pas même une colombe dans un coin), Woo se lance un vrai défi : réaliser un grand film d’action… muet. Les quelques (rares) répliques n’y changent rien : Silent Night est effectivement un pur exercice de style qui reprend de nombreux thèmes chers à Woo (l’enfance sacrifiée, le duo d’action mal assorti, la justice du talion…), mais soumis à cet écueil de poids : à l’image de son héros, père martyr privé de sa voix, personne ne parle dans le film.

L’exercice de style ne s’élève jamais de ce qu’il est (un exercice de style, donc), et souffre d’une distribution de ligue 8 (à part Joel Kinnaman, intense et convaincant, les acteurs sont remarquablement ternes), mais c’est d’une efficacité imparable, l’œuvre d’un grand formaliste, donc, qui réussit quelques plans (longs) assez dingues.

Sur le fond, Woo ne révolutionne rien. Sur la forme, il rappelle à ceux que ça intéresse encore qu’il en a toujours sous le pied…

Chasse à l’homme (Hard Target) – de John Woo – 1993

Posté : 2 février, 2022 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), WOO John | Pas de commentaires »

Chasse à l'homme

Il fut un temps où Jean-Claude Van Damme était le passage obligé pour tous les cinéastes hong-kongais s’attaquant à Hollywood. Tsui Hark s’y est cassé les dents (Double Team), Ringo Lam a tiré son épingle du jeu (Risque Maximum, et surtout Réplicant). John Woo, qui fut le premier, s’en sort honorablement, sans forcer son talent.

Enième variation sur le thème des Chasses du Comte Zaroff, le film est assez con, et bourré de clichés énormes. Ce qui n’est pas forcément rédhibitoire : Woo n’est pas réputé pour faire toujours dans la dentelle, loin s’en faut. Ce qui compte avant tout dans son cinéma, c’est le style, qui magnifie souvent des situations épurées à l’extrême.

Le style est bien là, mais un peu emprunté dans la première partie, comme si Woo se débattait avec un système qu’il ne maîtrise pas, et dont il essaye de faire émerger sa personnalité. Il faut attendre la dernière partie du film pour que ce style si personnel éclate vraiment : lors de ce très long gunfight, tout en excès, véritable massacre à la sauce Woo. Le cinéaste semble alors se libérer en se débarrassant de toute contrainte scénaristique.

Mais même là, le style de John Woo est mâtiné d’une touche de Van Damme. Curieux mélange, face auquel il est difficile de ne pas sourire : après avec vidé un chargeur (de 15 ? 20 balles ?) dans le buffet d’un méchant, Van Damme ajoute l’un de ses fameux coups de pied retourné pour le finir. Grand moment WTF…

Ce gunfight est hyper maîtrisé, et spectaculaire. Mais Van Damme y bondit, virevolte, et se livre même à des saltos vrillés (si si) assez surprenant… Et comme le scénario est décidément très con, les seconds rôles se pointent au milieu de l’action au gré des visions esthétiques de Woo, et au détriment de toute vraisemblance (la fille qui n’a aucune expérience de la violence et qui se précipite dans le gunfight pour aider le héros, Chance Boudreaux).

Côté méchant, on n’est pas d’avantage dans la mesure. Lance Henricksen est un bad guy vraiment très très méchant. Pas le film le plus fin de la saison, c’est sûr. Mais on trouve quand même un moment assez beau. Non, pas celui où Van Damme se met debout sur sa moto pour… pour… parce que c’est comme ça. Non : lorsqu’un vétéran du VietNam, traqué par des tueurs, se retrouve dans une rue bondée de La Nouvelle Orléans, et réalise que tout le monde se contrefout de son sort, et qu’il n’est qu’un invisible. Sonné, il finit par se résigner, acceptant son sort. Le moment le plus politique et le plus beau du film.

Volte/Face (Face/Off) – de John Woo – 1997

Posté : 29 août, 2019 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, POLARS/NOIRS, WOO John | Pas de commentaires »

Volte Face

C’est l’époque où : a) Nicolas Cage était un champion du box office ; b) John Travolta était redevenu l’acteur que tout le monde s’arrachait ; c) John Woo était la nouvelle coqueluche d’Hollywood, où il amenait un ton encore inédit venu tout droit de Hong Kong. Une autre époque, donc : aujourd’hui, Woo est retourné d’où il venait, Travolta tourne ce qu’il peut, et Cage tourne douze films pendant qu’on peine à en regarder un seul…

Après deux coups d’essais en demi-teinte (le Van-Dammien Chasse à l’homme et le déjà travoltien Broken Arrow), John Woo atteignait même une sorte de seconde apogée (après celle de la fin des années 80) avec ce thriller d’action fantastique et son film suivant, le très beau Mission Impossible 2. Volte/Face a pourtant tout du projet casse-gueule, avec son scénario hautement improbable…

D’un côté, le super-flic Sean Archer (Travolta). De l’autre, le super-méchant Castor Troy (Cage). Le second a tué le fils du premier. Le premier traque le second sans répit depuis des années. Il finit d’ailleurs par l’arrêter, le laissant à demi-mort. Pour déjouer l’attentat que Castor préparait, Sean accepte de se faire greffer son visage le temps d’une opération ultra-secrète d’infiltration. Sauf que pendant l’opération, Castor se réveille, pique le visage de Sean, et massacre tous ceux qui étaient au courant de ce changement d’identité.

Toujours sur le fil, flirtant avec art avec le grotesque et le grand-guignol, Woo signe là l’un de ses plus beaux films. On y retrouve son thème de prédilection, celui des frères ennemis, ou des doubles opposés comme les deux facettes d’une même pièce, thème déjà au cœur de The Killer et qui sera encore celui de Mission Impossible 2. Mais ce thème atteint ici un autre niveau, parce qu’il devient concret et tangible. Le superflic devient effectivement le superméchant, et réciproquement. Et confrontés à leurs fêlures ou à leurs quotidiens respectifs, les deux hommes sont soumis aux mêmes troubles.

Ce trouble est particulièrement présent dans les (nombreuses) séquences tournant autour de miroir, intimes ou spectaculaires, mais toujours parlantes. Woo en fait des tonnes bien sûr, multipliant les ralentis et les effets soulignant le moindre mouvement. Mais on ne va pas reprocher à Bergman de filmer des visages en gros plan, non ? Et s’il en fait des tonnes, et pas uniquement dans les nombreux gunfights, c’est toujours avec un style cohérent et imparable et, oui, une authentique poésie visuelle du mouvement.

Nicolas Cage et John Travolta, jamais aussi bien que quand ils peuvent en faire trop, sont au top. Et le film, plus de vingt ans après, n’a rien perdu de sa force. Ne serait-il pas devenu un classique ?

Broken Arrow (id.) – de John Woo – 1996

Posté : 8 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), WOO John | Pas de commentaires »

Broken Arrow

Pas une colombe, pas un pigeon… Woo se la joue relativement modeste pour son deuxième film américain (après le Van Dammien Chasse à l’homme). On retrouve bien quelques-uns de ses thèmes et de ses figures de prédilection : beaucoup de ralentis, et l’opposition manichéenne entre deux doubles inversés. Mais on est loin, très loin, des outrances jouissives de The Killer, ou de Mission Impossible 2 et Volte/Face, ses deux films suivants, les deux sommets de sa carrière hollywoodienne.

Comme il se doit, Broken Arrow est con comme c’est pas permis. L’histoire n’a aucun intérêt, la psychologie inexistante, la vie humaine n’a aucun poids, et le réalisme cède toujours le pas face à l’effet immédiat. Il n’y a qu’à voir la représentation des militaires, digne de la plus mauvaise des séries B. Woo ne recherche que la cool attitude, et se contrefout de se rapprocher d’une quelconque vérité.

La palme, bien sûr, revient à Travolta, cabot sans filet, dont le moindre mouvement, la moindre réplique, la moindre mimique, est too much. Des tonnes, qu’il en fait, se la pétant « mec le plus cool du monde » dès qu’il tire une taffe à sa cigarette. Mais c’est tout l’intérêt du film : savoir ne pas se donner de limites.

Et c’est quand il va le plus loin qu’il est le plus efficace, quand il se rapproche le plus de la bande dessinée, et surtout du jeu vidéo, dont il reprend quelques-uns des codes : la vision subjective (le bras armé en gros plan, qui semble être celui du spectateur), les armes que Christian Slater ramasse au fil de sa « mission », de plus en plus grosses, les décors qui donnent tous lieux à une baston ou une fusillade, comme à la fin d’un niveau de jeu vidéo.

Le film ne manque pas de ces moments d’outrances réjouissantes, entre deux plages banales et un rien ennuyeuses. Verdict ? Tiède, mais pas désagréable.

Mission : Impossible 2 (id.) – de John Woo – 2000

Posté : 14 octobre, 2010 @ 5:31 dans 2000-2009, CRUISE Tom, WOO John | Pas de commentaires »

Mission : Impossible 2 (id.) - de John Woo - 2000 dans 2000-2009 mission-impossible-2

Tom Cruise voulait faire de Mission : Impossible une franchise dont il confierait chaque épisode à un cinéaste important, qui y mettrait sa patte… Mission accomplie avec ce deuxième, radicalement différent du film de Brian de Palma, mais tout aussi enthousiasmant. Alors que le premier film jouait la carte de l’élégance et de la retenue, le film de John Woo prend le contrepied absolu : ici, on est dans la surenchère d’action, et dans un romantisme échevelé (sans mauvais jeu de mot en rapport avec la coiffure impeccable de Tom Cruise). Bref, on est dans un John Woo pur jus, et du John Woo des grands jours : à vrai dire, Mission : Impossible 2 est sans doute le meilleur film américain du réalisateur hong-kongais. Avec ce véhicule à la gloire de la star, Woo trouve l’occasion d’aller au bout de son style inimitable (quoi que souvent imité), fait de ralentis énormes, de gunfights hyper chorégraphiés, et d’arrangements musicaux sirupeux. Un cocktail qui pourrait nous conduire au bord de la nausée, mais qui donne d’immenses moments de pur plaisir cinématographique.

Dès les toutes premières images, on comprend bien que l’histoire n’a strictement aucun intérêt : la création d’un virus (qui pourrait bien menacer l’humanité, il faut bien ça) et de son antidote n’a franchement ni queue ni tête. On ne tarde d’ailleurs pas à s’en contreficher, comme on se fichait du plutonium des Enchaînés, de Sir Hitchcock, dont M:I 2 est un remake à peine déguisé. Ce « macguffin » (pour reprendre l’appellation chère à Hitch) n’est là que pour introduire l’intrigue principale du film : Ethan Hunt, pour sa nouvelle mission, doit recruter une charmante voleuse, dont il tombe raide dingue, avant d’apprendre que son rôle est d’aller retrouver le grand méchant du film, qui s’avère être l’ex de la dame. Vous remplacez Tom Cruise par Cary Grant, Thandie Newton par Ingrid Bergman, et Dougray Scott par Claude Rains, et vous avez Les Enchaînés

De cette intrigue, Woo et son scénariste Robert Towne (qui rempile après le premier film) ne garde que le triangle amoureux. Pour le reste, on est dans l’univers de John Woo, où tout est excessif et souvent beau à pleurer. Une course poursuite entre deux voitures, hommage à peine dissimulé à Goldfinger, se transforme en un extraordinaire ballet, les deux voitures semblant valser ensemble, au bord d’un ravin escarpé… Dans M:I 2 peut-être plus encore que dans ses autres films, John Woo semble à la recherche de la grâce permanente, dans le moindre déplacement de ses acteurs (Tom Cruise et Thandie Newton se dévisageant au ralenti de part et d’autre d’une danseuse de flamenco ; Dougray Scott rattrapant au vol l’écharpe de la belle…), et surtout dans les innombrables scènes d’action, dont aucune ne donne cette sensation si courante de déjà-vu au cinéma…

Dès le prologue, Woo atteint sa cible : l’avion de ligne qui s’écrase sur les Rocheuses nous propulse, dans un grand silence assourdissant, vers les fameux pics rocheux où Ethan Hunt/Tom Cruise se livre à une forme plutôt extrême d’escalade, qui file le vertige. Ce début souffle littéralement le spectateur, qui en prend plein les mirettes, avec des scènes d’action d’une inventivité rare. A pied, à moto, en hélico… Tom donne de sa personne, sans jamais abimer son brushing impeccable. Ça devrait être ridicule, mais c’est magnifique. Et le plus beau, c’est cette scène de gunfights au cours de laquelle Thandie s’injecte le sérum. J’en suis ma quatrième ou cinquième vision du film, et à chaque fois, cette scène (pourtant très conne, je le reconnais bien volontiers), où Tom laisse sa belle derrière lui et saute dans le vide, sous les balles qui fusent et une musique tonitruante, me file le frisson et me donne envie de chialer…

Tout n’est pas de ce niveau, mais franchement, quelle claque…

 

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