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Archive pour la catégorie 'CAREWE Edwin'

Evangeline (id.) – de Edwin Carewe – 1929

Posté : 8 octobre, 2010 @ 6:22 dans 1920-1929, CAREWE Edwin, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Evangeline (id.) - de Edwin Carewe - 1929 dans 1920-1929 evangeline

On l’a oublié aujourd’hui, mais Edwin Carewe fut un réalisateur important à Hollywood, vers la fin du muet. On lui doit en particulier de très grosses productions épiques et romanesques, peuplés de personnages très marqués par leur dévotion religieuse : Resurrection en 1927, Ramona (l’adaptation d’un roman à succès déjà porté à l’écran par D.W. Griffith - ici) en 1928, et ce Evangeline, qui surfe évidemment sur le succès des deux précédents films. On y retrouve le même ton, la même actrice (Dolores Del Rio), le même romantisme tragique, et la même importance de la religion : les personnages sont des êtres profondément pieux, ce qui visiblement plaît beaucoup à Carewe (qui a d’ailleurs reçu le soutient des autorités religieuses pour le tournage de son film), et qui colle parfaitement au cadre de son histoire, à savoir l’Acadie du milieu du XVIIIème siècle.

Une époque tragique pour cette province du Nord de l’Amérique, puisque le peuple « historique » est déporté par les Anglais, qui gouvernent le pays, en l’espace de quelques années seulement. Cette tragédie est le sujet même du film de Carewe (dont le scénario s’inspire d’un célèbre poème racontant le terrible destin d’une Acadienne ayant vécu cet exode forcé), mais ce qui concerne tout un peuple est symbolisé par un seul village. C’est un choix narratif qui ne plaira évidemment pas aux puristes de l’Histoire, mais qu’importe : en simplifiant le récit, le film gagne en efficacité, le destin de milliers de personnes étant symbolisé par celui d’une poignée de personnages.

Le résultat est un mélodrame flamboyant, passionnant, et franchement plombant dans sa dernière partie.

Ça commence en fait comme un beau mélo bucolique, avec deux jeunes gens amoureux, un village où il fait bon vivre, un amoureux éconduit, et un mariage qui se prépare dans la liesse générale. Mais l’ombre de la tragédie à venir plane, et se noue bientôt à grands coups de bottes qui claquent. Point de grands combats, ici, même si la violence est souvent à deux doigts d’exploser : mais à chaque fois, le bon homme d’église est là pour rappeler le principe de non violence. Oui, les Acadiens savaient mieux que quiconque tendre l’autre joue… On a l’air de se moquer, là, mais cette première partie est terriblement émouvante, et le magnétisme de Dolores Del Rio, visage atypique, mais d’une grande beauté, n’est pas étranger à cette émotion qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus.

Pendant toute la première heure, l’émotion ne cesse de monter, et c’est le ventre serré qu’on arrive au point culminant du film : cette extraordinaire séquence de l’exode forcée, où des centaines de soldats anglais obligent des milliers de pauvres Acadiens à s’embarquer dans des bateaux, dont les destinations sont inconnues. Et ce n’est pas du cinéma au rabais que Carewe nous offre là : chaque Acadien, chaque soldat, et chaque bateau, est bien présent à l’écran (et sans effets spéciaux, s’il vous plaît). On se rend compte, alors seulement, qu’on est dans une très grosse production. Mais surtout, dans un grand film, car la dimension de cette séquence ne paralyse pas le réalisateur, qui nous offre ici un moment terrifiant de cinéma, illustrant en quelques minutes l’atrocité qu’on impose à tout un peuple : sans ménagement, les soldats poussent les Acadiens vers les bateaux, n’hésitant pas à séparer les mères des enfants, les épouses des maris… et Evangeline de son fiancé.

Après cette montée graduelle et constante en puissance, jusqu’à un sommet d’émotion, c’est comme un autre film qui commence, un peu moins convaincant, hélas : Evangeline va passer des années (mais vraiment des années) à rechercher son bien-aimé, parcourant le Sud de l’Amérique (dans de magnifiques paysages de Louisiane, notamment, où le film a réellement été tourné), mais les élipses plutôt brutales ne permettent pas de prendre la dimension du temps qui passe. Autant le dire, il arrivera les pires catastrophes autour d’Evangeline, au cours de son interminable quête. C’est déchirant, violent, douloureux. Et franchement plombant.

NEWS : fin du muet, début du parlant, cinq films restaurés en DVD

Posté : 14 septembre, 2010 @ 4:09 dans 1895-1919, 1920-1929, 1930-1939, BEAUDINE William, CAREWE Edwin, FITZMAURICE George, GRIFFITH D.W., LEONARD Robert Z., LeROY Mervyn, NEWS, WOOD Sam | Pas de commentaires »

News fin du muet

Les Films du Paradoxe éditent fin octobre cinq films hollywoodiens restaurés, dont la plupart sont inédits en DVD. Au programme de cette fournée : deux films du début du parlant, et surtout trois muets particulièrement importants, parmi lesquels Sparrows (1926), le chef d’œuvre de William Beaudine avec Mary Pickford, film qui a visiblement inspiré Charles Laughton pour La Nuit du Chasseur. La petite fiancée de l’Amérique interprète une orpheline qui vit avec d’autres enfants dans la bicoque d’un homme qui les exploite, au cœur des marais. Le film existait déjà en DVD chez Bach Films. Cette nouvelle édition est proposée avec, en bonus, un court métrage de Griffith datant de 1910 : Ramona.

Autre film à ne pas rater : Beyond the Rocks (1922), un film de Sam Wood avec un couple de légende, Gloria Swanson et Rudolph Valentino (c’est leur unique collaboration). Cette histoire d’amour impossible entre une femme mariée et un noble européen, était réputée perdue, jusqu’à sa redécouverte en 2003. En bonus : une présentation par Martin Scorsese, et surtout un autre film tourné par Valentino : Delicious Little Devil, de Robert Z. Leonard (1919).

Les trois autres films sont de vrais raretés, présentés dans des éditions simples, sans bonus.

Evangeline, d’Edwin Carewe (1929) : une histoire d’amour en Acadie, contrariée lorsque les Britanniques envoient les hommes en exil ; l’héroïne passera sa vie à rechercher son bien-aimé…

The Locked Door, de George Fitzmaurice (1929) : l’un des premiers films parlants, et la deuxième apparition de Barbara Stanwyck. L’actrice interprète une jeune femme fraîchement mariée, qui voit réapparaître l’homme qui avait tenté d’abuser d’elle quelques mois plus tôt.

Tonight or never, de Mervyn LeRoy (1931) : Gloria Swanson interprète une chanteuse d’opéra qui finira par devenir une grande cantatrice, lorsqu’elle connaîtra enfin la passion…

Tous ces DVD seront en vente le 20 octobre.

 

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