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Archive pour la catégorie 'par acteurs'

LIVRE : Passé la Loire, c’est l’aventure – de Gilles Grangier (entretiens avec François Guérif) – 1989-2021

Posté : 11 mai, 2025 @ 8:00 dans GABIN Jean, GRANGIER Gilles, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Passé la Loire c'est l'aventure

« Passé la Loire, c’est l’aventure »… Rien que le titre donne envie de se plonger dans les souvenirs de Gilles Grangier, réalisateur qu’on aurait sans doute définitivement entouré sans le regard plein d’acuité de cinéphiles comme Bertrand Tavernier, qui défendait bec et ongle le bougre en reconnaissant la volatilité de son œuvre, mais surtout quelques grandes réussites.

Et c’est vrai qu’il y a quelques perles (souvent noires) dans la longue filmographie très inégale de Grangier. Des perles un peu trop vite éclipsées par une poignée de nanars assez indéfendables, comme les derniers films de sa longue collaboration avec Gabin (Les Vieux de la vieille et Archimède le clochard ne sont pas renversants, L’Âge ingrat et Le Gentleman d’Epsom sont pires). Mais le gars a aussi réalisé Le Rouge est mis ou Le Sang à la tête avec Gabin. Et sans lui, des réussites méconnues comme Reproduction interdite ou 125 rue Montmartre. Alors…

L’importance de Gabin dans son parcours est évidente, pour le meilleur et pour le pire : sa rencontre marque son âge d’or, et la tendance paresseuse de l’acteur son déclin. D’ailleurs, c’est à lui, Gabin, qu’on doit la belle citation qui donne son titre au livre : sur le tournage du Cave se rebiffe, une manière pour « le vieux » de refuser d’aller tourner en Amérique du Sud les scènes du film s’y déroulant vraiment.

C’est en tout cas tout un pan du cinéma français qui déroule dans ce livre : le cinéma populaire assumé d’un artisan qui prenait son art au sérieux, et que la Nouvelle Vague n’a pas épargnée. Ce n’est pas à proprement parler une autobiographie : Grangier livre ses souvenirs liés à chacun de ses films (jusqu’au plus obscur) dans le cadre d’une interview au long cours avec François Guérif. Un peu sur le modèle du fameux Hitchcock/Truffaut.

En feuilletant les pages, les souvenirs de Grangier font mine de rien le lien entre les débuts du parlant et la Nouvelle Vague. Il évoque sa rencontre avec Maurice Tourneur, grand maître du muet qui sera l’un de ses mentors (passionnant). Il se souvient d’actrices comme Jeanne Moreau « avec son côté un peu salope » (discutable). Il égratigne des acteurs qu’il n’appréciait visiblement pas des masses comme Pierre Fresnay, dominé par une Yvonne Printemps pas bien sympathique (très drôle).

200 pages ne permettent pas d’entrer dans le détail, et on a parfois un peu le sentiment de survoler les choses. Mais cette petite virée dans les mémoires de Grangier donne franchement envie de revoir certains de ces films un peu trop vite mis de côté.

Le plus sauvage d’entre tous (Hud) – de Martin Ritt – 1963

Posté : 4 mai, 2025 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, RITT Martin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Plus sauvage d'entre tous

Il y a quelque chose du Brick de Cat on a hot tin roof dans le personnage de Hud, qu’interprète Paul Newman cinq ans plus tard. Mais dans une version très sombre, plus cruelle que cynique : un homme en lutte contre son père, contre le monde, contre lui-même…

Hud est adapté d’un roman de Larry McMurtry, et on sent bien la patte du romancier. Comme dans son chef d’œuvre, Lonesome Dove, c’est l’histoire d’un monde qui touche à sa fin, et que les anciens regardent se déliter avec amertume. En l’occurrence le patriarche, joué par Melvyn Douglas, aussi désabusé par la chute de son monde que par l’égoïsme de son propre fils.

C’est un monde qui s’écroule, symbolisé par ce troupeau promis à l’abattage parce qu’il est porteur d’un virus contagieux. Avec ce troupeau, c’est tout le monde qu’il s’est construit qui va disparaître, ne laissant que des types comme Hud, qui ne recherche que son plaisir et son profit, sans plus croire en rien.

Sans doute Hawks, ou Wellman, auraient-ils donné un aspect plus tendu à cette histoire tragique, mais Ritt s’en sort très bien, offrant même à Newman l’un de ses plus beaux rôles, l’un des plus forts en tout cas, et aussi l’un des plus détestables, son égoïsme le poussant même jusqu’aux portes du viol.

Sur ce plan là aussi, Hud est un film remarquable, dans sa manière de filmer les relations toxiques, la domination machiste des hommes, et donnant à Patricia Neal un très grand rôle, celui d’une femme ballottée d’un sale type à l’autre. Et si c’était elle le cœur de ce film, beau et brutal ?

L’Homme au fusil (Man with the gun) – de Richard Wilson – 1955

Posté : 26 mars, 2025 @ 8:00 dans 1950-1959, MITCHUM Robert, WESTERNS, WILSON Richard | Pas de commentaires »

L'Homme au fusil

Un gunman qui arrive dans une ville sous la coupe d’un baron local, et soumise à la violence… On a vu ça dans quelques dizaines de westerns plus ou moins mémorables. Celui-ci coche toutes les cases attendues : la défiance et la duplicité des notables du coin, une love story qui couve, le duel final…

Pourtant, ce western en noir et blanc, signé Richard Wilson, sort très nettement du lot, par des tas de petits détails très originaux, et une belle manière de filmer la ville, qui marque les esprits dès le tout premier plan, qui nous fait entrer dans cette ville si semblable à d’autres en même temps qu’un personnage.

La manière dont Wilson filme ces rues a quelque chose de profondément authentique, pas si courant. Jusqu’au bois des maisons, qui semble élimé par le temps, jusqu’aux vitres vaguement dépolies, ou jusqu’à cet improbable lustre majestueux que l’on descend et que l’on remonte, trop extravagant pour ne pas être réel.

L’originalité repose aussi sur l’importance de la place des femmes dans cette communauté. D’ailleurs, après le premier coup de feu, c’est à une assemblée de femmes (dont une toute jeune Angie Dickinson) que l’on assiste, commentant avec un mélange de légèreté et de gravité les événements qui secouent la ville. Jusqu’au dénouement, les femmes tiendront une place centrale dans le récit.

Bloc de granit, Robert Mitchum passe aussi beaucoup de temps à être le jouet de ces femmes autour desquelles tout s’articule.

Les hommes sont plus en retrait, dans le commentaire, et surtout dans l’observation, à l’image du shérif (Henry Hull) ou le « représentant de commerce » (James Westerfield), qui passent leur temps à regarder, bien installés dans leurs fauteuils. Comment faire du neuf avec du vieux… L’Homme au fusil est assez exemplaire dans ce domaine.

Juge et hors-la-loi (The Life and Times of Judge Roy Bean) – de John Huston – 1972

Posté : 14 mars, 2025 @ 8:00 dans 1970-1979, HUSTON John, NEWMAN Paul, WESTERNS | Pas de commentaires »

Juge et hors la loi

La carrière de John Huston est passionnante pour plusieurs raisons. L’une d’elles est qu’elle semble dénuée de toute logique, totalement imprévisible. Douze ans après Le Vent de la plaine, le voilà donc qui renoue avec le western, genre auquel on ne l’associe pas naturellement, avec un film qui ne ressemble à aucun autre.

Scénariste du film, John Milius a souvent dit à quel point Huston avait dénaturé son histoire, donc la noirceur était sur le papier plus frontale, plus rude, plus directe. Huston, lui, choisit d’accentuer le trait, signant un film étonnant, qui flirte constamment avec le cartoon, voire avec la caricature.

Le ton, la musique, et même le jeu de Paul Newman, intense en juge Roy Bean… Huston force le trait à dessein, jusqu’à donner des aspects de dessin animé à son film. Et pourtant, il y a dans ce western de fin des temps quelque chose de profondément nostalgique et d’âpre, et une vérité étonnante.

Vingt ans avant Impitoyable, Huston livre sa version du western crépusculaire, comme le point final d’un genre alors en pleine évolution (Sergio Leone est passé par là, et Pollack signe Jeremiah Johnson la même année). Figure légendaire de l’Ouest d’avant la civilisation, le juge Roy Bean apparaît ainsi comme un vestige d’une époque qui disparaît sous nos yeux, jusqu’à un brasier infernal qui a sans doute beaucoup marqué Eastwood.

Les excès n’enlèvent rien à l’humanité d’un héros très relatif, bien au contraire. Sa dévotion pour l’actrice Lillie Langtry qu’il ne croisera jamais (Ava Gardner, qui marque le film de sa présence, en une seule courte scène), son attachement à un ours porté sur la bière, ou même sa tuerie inaugurale, sauvage et rageuse… Tout participe de l’humanité d’un personnage fascinant, qui découvre peu à peu sa propre obsolescence.

Quand Huston s’attaque au western, ce n’est jamais banal. Et Newman confirme qu’au-delà de son statut de superstar, il est un grand acteur, avide de ne pas se laisser enfermer par ce que le public attend de lui. Leur rencontre est enthousiasmante.

Le Juge Thorne fait sa loi (Stranger on horseback) – de Jacques Tourneur – 1955

Posté : 13 mars, 2025 @ 8:00 dans 1950-1959, CARRADINE John, TOURNEUR Jacques, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Juge Thorn fait sa loi

Une durée réduite idéale pour un complément de programme (1h05), un procédé couleurs discutable (l’Ansco Color, ses sautes de tons et ses teintes passées), et une histoire très simple (un juge itinérant qui tient à traduire en justice le fils problématique du potentat local)… Ce western a tout d’un film bis comme on en tournant en série à l’épique. De là à dire que Tourneur fils est dans le creux de la vague…

Eh bien il y a un pas qu’il serait indécent de franchir. Certes, Le Juge Thorne… est une petite production fauchée. Et certes, Tourneur fait avec les moyens qu’il a. Mais le film, sans atteindre les sommets de ses séries B fantastiques ou de ses films noirs, fait partie des westerns les plus intenses de Tourneur, grâce à des tas de petits détails enthousiasmants.

Autour de Joel McCrea (qu’il dirige la même année dans Wichita), acteur toujours parfait, qui est donc parfait en juge itinérant qui débarque dans une contrée de l’Ouest encore dépourvue de loi, gravitent plusieurs personnages qui, tous, flirtent avec les stéréotypes, en y ajoutant une bonne dose de nuances. Ce qui change tout, et ce qui donne quelques très beaux moments.

On peut aussi citer les regards goguenards du shérif (Emile Meyer), aux ordres mais ravi de voir le juge bousculer le soi-disant ordre établi. Ou le « colonel » joué par John Carradine, notable local corrompu, mais dont la position est inhabituellement complexe (il est d’ailleurs absolument formidable, Carradine). Ou le puissant potentat lui-même, John McIntire, dont on devine très vite la grandeur cachée.

Les personnages féminins ne sont pas inintéressants sur le papier, mais ils ne sont pas gâtés par une distribution de second plan. Dans le rôle a priori très riche de la nièce du potentat, Miroslava s’avère une actrice bien peu emballante. Côté parité, le constat est plutôt amer : Le Juge Thorne… est avant tout un film d’hommes.

Aude-là des limites techniques du film, liées à une production modeste, c’est bien là le principal défaut de ce western qui réussit, à partir d’une histoire très classique, à être très original, et très séduisant.

Maverick : s.2 ép.19 – Duel at Sundown (id.) – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1959

Posté : 2 décembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Maverick Duel at sundown

Avant d’être un western parodique des années 90 avec Mel Gibson et Jodie Foster, Maverick était une série télé, dont le héros, un joueur de poker de l’Ouest, était incarné par James Garner. James Garner qui incarnera le père de son personnage dans l’adaptation cinématographique de 1994. La série est assez anecdotique, et a nettement moins bien vieillie que d’autres de la même période, comme Le Virginien ou, même Rawhide.

La série est restée inédite en France. Mais un épisode, au moins, figure dans quelques bouquins : le 19e de la deuxième saison, intitulé Duel at Sundown, dans lequel Maverick retrouve un vieil ami dont la fille s’est amourachée d’un jeune cowboy manipulateur et lâche. Et si cet épisode précis est important, c’est parce que le manipulateur en question est interprété par un certain Clint Eastwood.

C’est même le dernier rôle du jeune Clint avant ses premiers pas de vedette à part entière dans sa propre série, Rawhide, pour laquelle il venait de signer. Dans Maverick, il ne tient encore qu’un rôle secondaire, finalement assez mal écrit. Mais il y fait preuve d’un certain tempérament qui n’apparaissait pas dans ses tout premiers rôles, souvent nettement moins consistants.

L’épisode, pas transcendant et pas franchement trépidant, vaut surtout pour sa prestation. Et pour sa rencontre avec James Garner, qu’il retrouvera quarante ans plus tard pour Space Cowboys, autrement plus enthousiasmant.

La VRP de choc (The First Traveling Saleslady) – d’Arthur Lubin – 1956

Posté : 24 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, WESTERNS | Pas de commentaires »

La VRP de choc

« Well, I’m a lady »« You sure are, mâme ». Ce jeune soldat au grand sourire innocent, troublé comme un gamin maladroit devant les avances de Carol Channing, c’est Clint Eastwood, dans ce qui est l’un de ses rôles les plus conséquents d’avant Rawhide.

Il n’a qu’un second rôle, mais son nom apparaît en sixième position au générique (un rang plus loin que Francis in the navy, l’année précédente), et ses apparitions tout en niaisitude assumée sont incontournables pour tout fan de Clint. C’est d’ailleurs à peu près la seule raison valable de voir cette comédie westernienne qui n’a ni le côté trépidant d’un western… ni le côté simplement drôle d’une comédie.

La VRP de chox Clint

Il y a Ginger Rogers, quand même, dans le rôle de la première femme voyageuse de commerce, une sorte de militante des droits des femmes dans un monde très machiste, et dans un film très maladroitement féministe qui tape constamment à côté de la cible. Certes, les femmes y ont le dernier mot, mais toujours dans le cadre bien établi d’une relation traditionnelle dépendant largement des hommes : le mariage.

Tout ça est, tout de même, vaguement sympathique, et mené sans génie mais avec un certain rythme par Arthur Lubin, réalisateur mineur, mais important pour les débuts au cinéma (et à la télévision) d’Eastwood. Ce dernier étant la principale raison de revoir certains films d’un réalisateur dont les films sont, à quelques exceptions près (Impact surtout, mais aussi Des pas dans le brouillard), très dispensables. Dont celui-ci.

Brisants humains (Away all boats) – de Joseph Pevney – 1956

Posté : 21 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), PEVNEY Joseph | Pas de commentaires »

Brisants humains

Vie et déclin d’un navire de guerre… Ce pourrait être le titre de ce film de guerre presque naturaliste de la Universal, studio alors spécialiste des productions bon marché, qui a pour une fois cassé la tirelire pour ce qui est un relativement gros budget.

Relativement, parce que ce film sur la guerre du Pacifique, tourné une dizaine d’années après la fin du conflit, donne finalement peu de place aux scènes de combats. Il y a bien quelques échauffourées, et surtout une grande séquence assez spectaculaire d’attaque kamikaze, mais l’essentiel est ailleurs.

Dans les creux, en fait. En tout cas dans tout ce qui fait la vie à bord d’un tel navire, chargé de transporter les troupes vers les lieux des combats. Les premiers pas maladroits d’un équipage encore novice, l’attente, les amitiés et les inimitiés, et surtout la solitude du commandant, joué par la star maison Jeff Chandler.

Ce n’est certes pas le film le plus trépidant du genre. Joseph Pevney, d’ailleurs, n’a pas une réputation immense. Mais il se révèle un réalisateur habile et efficace, sans grande personnalité sans doute, mais capable de donner une vraie intensité quand il le faut. Il met en tout cas très « proprement » en images un scénario qui fait la part belle aux personnages.

La narration est parfaite, soulignant chaque individualité par ce qu’il accomplit (ou pas) plutôt que par des mots. C’est parfois sombre (le personnage de Chandler), mais souvent teinté d’humour (cet officier qui attend désespérément des nouvelles de sa femme enceinte), voire très léger (le marin chargé d’évacuer les déchets), mais toujours convaincant et pertinent.

Le réalisateur tire le meilleur d’acteurs souvent maison, aux tempéraments forts (Richard Boone, Charles McGraw, John McIntire) ou plus consensuels (George Nader, Julie Adams, Lex Barker), mais qui tous imposent leur personnalité sans étouffer le collectif de cet équipage, et de ce casting foisonnant.

Brisants humains Clint

Au passage, on remarque la courte apparition (un plan, mais aussi un dialogue) de Clint Eastwood, tout jeune en encore sous contrat avec la Universal, en infirmier très impliqué au côté du commandant dans la dernière partie, durant le grand morceau de bravoure du film.

Il y a beaucoup de petites idées originales qui font mouche, dont beaucoup soulignent la solitude et le dévouement du grand chef. Quand il tente de nouer la conversation avec des hommes trop occupés à lire des courriers de leurs proches qu’ils attendaient depuis si longtemps. Quand il tente, avec la parole et les gestes, d’écarter l’avion japonais qui se dirige droit vers le bateau…

Pas un chef d’œuvre, non. Mais avec cette attention portée aux détails, Away all boats se révèle original, convaincant, et très recommandable.

The Blues : Piano Blues (id.) – de Clint Eastwood – 2003

Posté : 18 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, DOCUMENTAIRE, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Piano Blues

Le documentaire occupe une place importante dans la carrière de Martin Scorsese. Il faudra, un jour, que ce blog se penche sur ce pan méconnu de sa filmographie. Il a notamment produit une série consacrée aux racines du blues : sept films confiés à autant de cinéastes (dont lui-même) passionnés par le genre.

La série se clôt par ce Piano Blues, signé Clint Eastwood, qui s’y met en scène interrogeant de grands pianistes pour ce qui est un grand cri d’amour au genre musical très large qu’est le blues autant qu’à l’instrument et à ceux qui lui consacrent leur vie.

Le procédé, dans un premier temps, semble assez rudimentaire : dans un studio, Clint accueille et interroge quelques grands pianistes, qui évoquent leurs premières influences, et se mettent aux claviers pour une sorte de bœuf entre amis, de nombreuses images d’archives mettant en scène lesdites influences.

Très classique, et assez banal finalement. Mais Clint est là. Et en interrogeant des pointures comme Ray Charles, Dave Brubeck, et d’autres grands moins unanimement connus comme Jay McShann ou Dr. John, ce sont ses propres souvenirs qu’il invoque : ses coups de cœur fondateurs du tournant des années 1950.

Et plus le film avance, plus il donne le sentiment de nous confronter à une source d’influence majeure de son cinéma, sorte de complément précieux à Honkytonk Man ou Bird, mais aussi porte d’entrée pour toute sa filmographie. De son premier film (Un frisson dans la nuit) à son implication dans la bande son de ses films plus récents, la musique est au cœur de la filmo de Clint, jusque dans les scores très jazzy de ses polars urbains.

Piano Blues est un jalon essentiel pour appréhender la cohérence de toute son œuvre, comme une porte ouverte vers la jeunesse et les passions les plus intimes du cinéaste. Passionnant.

Ne dites jamais adieu (Never say goodbye) – de Jerry Hopper (et Douglas Sirk) – 1956

Posté : 17 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HOPPER Jerry, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Ne dites jamais adieu

Le décor bourgeois, l’histoire mélodramatique, Rock Hudson, et même les couleurs chaudes du film… Difficile de ne pas penser aux chefs d’œuvre de Douglas Sirk devant ce mélo méconnu signé Jerry Hopper. Le fait que ce soit une production Universal (comme les classiques de Sirk) n’explique pas tout : Sirk a effectivement travaillé sur ce film, cédant son fauteuil de réalisateur pour se consacrer à Écrit sur le vent. Il a toutefois signé lui-même quelques scènes.

Never say goodbye n’atteint pas les sommets de ses chefs d’œuvre : il n’a pas la même puissance émotionnelle, ni la même emphase. Mais la parenté est indéniable, et le mélo se révèle aussi touchant que passionnant. A vrai dire, ce pourrait bien être le plus beau film de la primo-carrière de… Clint Eastwood.

Oui, le tout jeune Clint, encore totalement inconnu mais sous contrat pour la Universal, qui enchaîne les apparitions au cinéma ou à la télé sans vraiment retenir l’attention. Ici, on le voit une poignée de secondes dans les premières minutes du film, dans un rôle de laborantin qui rappelle curieusement sa toute première panouille, dans La Revanche de la créature. C’est surtout pour lui l’occasion de donner la réplique à Rock Hudson, ce qu’il fait avec un plaisir apparent et on le comprend : sur un CV, à cette époque, c’est assez classe…

Ne dites jamais au-revoir Clint

Cette apparition est toutefois très anecdotique. Et c’est bien Rock le héros du film. Un père aimant, vivant avec sa fille dans le souvenir de sa femme disparue depuis des années. Lors d’un voyage en Europe, ce médecin reconnu tombe par le plus grand des hasards… sur cette épouse qu’il croyait morte. Choc, mystère, flash-back… Tout commence en 1945 à Vienne, dans une ville divisée par le rideau de fer. C’est là que le jeune médecin américain rencontre la belle autrichienne qu’il épouse bientôt, jouée par l’Allemande Cornell Borchers.

Un enfant naît de leur amour. Mais le bel américain est aussi un mâle à l’ancienne, jaloux et peu attentif aux envies de sa jeune épouse. Pas vraiment sympathique, en fait, et même odieux lorsqu’il se persuade que sa belle le trompe avec son vieil ami artiste, très joli rôle pour George Sanders. Crise de jalousie et d’autorité, séparation… La jeune épouse se réfugie chez son père, de l’autre côté du rideau de fer, où elle se retrouve bientôt piégée, morte aux yeux de tous.

Le drame est déjà prenant, mais c’est dans la dernière partie que le mélodrame se révèle le plus intense : les retrouvailles de la disparue avec sa fille, persuadée que sa mère est morte, qui voit cette femme qui arrive avec son père comme une intruse, à qui elle refuse de donner son amour. On imagine bien comment tout ça finira, on ne peut pas dire qu’on soit transporté par l’émotion, mais l’histoire est jolie, les acteurs parfaits, et l’atmosphère particulièrement prenante. Beau mélo.

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