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Archive pour la catégorie 'par acteurs'

Maverick : s.2 ép.19 – Duel at Sundown (id.) – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1959

Posté : 2 décembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Maverick Duel at sundown

Avant d’être un western parodique des années 90 avec Mel Gibson et Jodie Foster, Maverick était une série télé, dont le héros, un joueur de poker de l’Ouest, était incarné par James Garner. James Garner qui incarnera le père de son personnage dans l’adaptation cinématographique de 1994. La série est assez anecdotique, et a nettement moins bien vieillie que d’autres de la même période, comme Le Virginien ou, même Rawhide.

La série est restée inédite en France. Mais un épisode, au moins, figure dans quelques bouquins : le 19e de la deuxième saison, intitulé Duel at Sundown, dans lequel Maverick retrouve un vieil ami dont la fille s’est amourachée d’un jeune cowboy manipulateur et lâche. Et si cet épisode précis est important, c’est parce que le manipulateur en question est interprété par un certain Clint Eastwood.

C’est même le dernier rôle du jeune Clint avant ses premiers pas de vedette à part entière dans sa propre série, Rawhide, pour laquelle il venait de signer. Dans Maverick, il ne tient encore qu’un rôle secondaire, finalement assez mal écrit. Mais il y fait preuve d’un certain tempérament qui n’apparaissait pas dans ses tout premiers rôles, souvent nettement moins consistants.

L’épisode, pas transcendant et pas franchement trépidant, vaut surtout pour sa prestation. Et pour sa rencontre avec James Garner, qu’il retrouvera quarante ans plus tard pour Space Cowboys, autrement plus enthousiasmant.

La VRP de choc (The First Traveling Saleslady) – d’Arthur Lubin – 1956

Posté : 24 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, WESTERNS | Pas de commentaires »

La VRP de choc

« Well, I’m a lady »« You sure are, mâme ». Ce jeune soldat au grand sourire innocent, troublé comme un gamin maladroit devant les avances de Carol Channing, c’est Clint Eastwood, dans ce qui est l’un de ses rôles les plus conséquents d’avant Rawhide.

Il n’a qu’un second rôle, mais son nom apparaît en sixième position au générique (un rang plus loin que Francis in the navy, l’année précédente), et ses apparitions tout en niaisitude assumée sont incontournables pour tout fan de Clint. C’est d’ailleurs à peu près la seule raison valable de voir cette comédie westernienne qui n’a ni le côté trépidant d’un western… ni le côté simplement drôle d’une comédie.

La VRP de chox Clint

Il y a Ginger Rogers, quand même, dans le rôle de la première femme voyageuse de commerce, une sorte de militante des droits des femmes dans un monde très machiste, et dans un film très maladroitement féministe qui tape constamment à côté de la cible. Certes, les femmes y ont le dernier mot, mais toujours dans le cadre bien établi d’une relation traditionnelle dépendant largement des hommes : le mariage.

Tout ça est, tout de même, vaguement sympathique, et mené sans génie mais avec un certain rythme par Arthur Lubin, réalisateur mineur, mais important pour les débuts au cinéma (et à la télévision) d’Eastwood. Ce dernier étant la principale raison de revoir certains films d’un réalisateur dont les films sont, à quelques exceptions près (Impact surtout, mais aussi Des pas dans le brouillard), très dispensables. Dont celui-ci.

Brisants humains (Away all boats) – de Joseph Pevney – 1956

Posté : 21 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), PEVNEY Joseph | Pas de commentaires »

Brisants humains

Vie et déclin d’un navire de guerre… Ce pourrait être le titre de ce film de guerre presque naturaliste de la Universal, studio alors spécialiste des productions bon marché, qui a pour une fois cassé la tirelire pour ce qui est un relativement gros budget.

Relativement, parce que ce film sur la guerre du Pacifique, tourné une dizaine d’années après la fin du conflit, donne finalement peu de place aux scènes de combats. Il y a bien quelques échauffourées, et surtout une grande séquence assez spectaculaire d’attaque kamikaze, mais l’essentiel est ailleurs.

Dans les creux, en fait. En tout cas dans tout ce qui fait la vie à bord d’un tel navire, chargé de transporter les troupes vers les lieux des combats. Les premiers pas maladroits d’un équipage encore novice, l’attente, les amitiés et les inimitiés, et surtout la solitude du commandant, joué par la star maison Jeff Chandler.

Ce n’est certes pas le film le plus trépidant du genre. Joseph Pevney, d’ailleurs, n’a pas une réputation immense. Mais il se révèle un réalisateur habile et efficace, sans grande personnalité sans doute, mais capable de donner une vraie intensité quand il le faut. Il met en tout cas très « proprement » en images un scénario qui fait la part belle aux personnages.

La narration est parfaite, soulignant chaque individualité par ce qu’il accomplit (ou pas) plutôt que par des mots. C’est parfois sombre (le personnage de Chandler), mais souvent teinté d’humour (cet officier qui attend désespérément des nouvelles de sa femme enceinte), voire très léger (le marin chargé d’évacuer les déchets), mais toujours convaincant et pertinent.

Le réalisateur tire le meilleur d’acteurs souvent maison, aux tempéraments forts (Richard Boone, Charles McGraw, John McIntire) ou plus consensuels (George Nader, Julie Adams, Lex Barker), mais qui tous imposent leur personnalité sans étouffer le collectif de cet équipage, et de ce casting foisonnant.

Brisants humains Clint

Au passage, on remarque la courte apparition (un plan, mais aussi un dialogue) de Clint Eastwood, tout jeune en encore sous contrat avec la Universal, en infirmier très impliqué au côté du commandant dans la dernière partie, durant le grand morceau de bravoure du film.

Il y a beaucoup de petites idées originales qui font mouche, dont beaucoup soulignent la solitude et le dévouement du grand chef. Quand il tente de nouer la conversation avec des hommes trop occupés à lire des courriers de leurs proches qu’ils attendaient depuis si longtemps. Quand il tente, avec la parole et les gestes, d’écarter l’avion japonais qui se dirige droit vers le bateau…

Pas un chef d’œuvre, non. Mais avec cette attention portée aux détails, Away all boats se révèle original, convaincant, et très recommandable.

The Blues : Piano Blues (id.) – de Clint Eastwood – 2003

Posté : 18 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, DOCUMENTAIRE, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Piano Blues

Le documentaire occupe une place importante dans la carrière de Martin Scorsese. Il faudra, un jour, que ce blog se penche sur ce pan méconnu de sa filmographie. Il a notamment produit une série consacrée aux racines du blues : sept films confiés à autant de cinéastes (dont lui-même) passionnés par le genre.

La série se clôt par ce Piano Blues, signé Clint Eastwood, qui s’y met en scène interrogeant de grands pianistes pour ce qui est un grand cri d’amour au genre musical très large qu’est le blues autant qu’à l’instrument et à ceux qui lui consacrent leur vie.

Le procédé, dans un premier temps, semble assez rudimentaire : dans un studio, Clint accueille et interroge quelques grands pianistes, qui évoquent leurs premières influences, et se mettent aux claviers pour une sorte de bœuf entre amis, de nombreuses images d’archives mettant en scène lesdites influences.

Très classique, et assez banal finalement. Mais Clint est là. Et en interrogeant des pointures comme Ray Charles, Dave Brubeck, et d’autres grands moins unanimement connus comme Jay McShann ou Dr. John, ce sont ses propres souvenirs qu’il invoque : ses coups de cœur fondateurs du tournant des années 1950.

Et plus le film avance, plus il donne le sentiment de nous confronter à une source d’influence majeure de son cinéma, sorte de complément précieux à Honkytonk Man ou Bird, mais aussi porte d’entrée pour toute sa filmographie. De son premier film (Un frisson dans la nuit) à son implication dans la bande son de ses films plus récents, la musique est au cœur de la filmo de Clint, jusque dans les scores très jazzy de ses polars urbains.

Piano Blues est un jalon essentiel pour appréhender la cohérence de toute son œuvre, comme une porte ouverte vers la jeunesse et les passions les plus intimes du cinéaste. Passionnant.

Ne dites jamais adieu (Never say goodbye) – de Jerry Hopper (et Douglas Sirk) – 1956

Posté : 17 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HOPPER Jerry, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Ne dites jamais adieu

Le décor bourgeois, l’histoire mélodramatique, Rock Hudson, et même les couleurs chaudes du film… Difficile de ne pas penser aux chefs d’œuvre de Douglas Sirk devant ce mélo méconnu signé Jerry Hopper. Le fait que ce soit une production Universal (comme les classiques de Sirk) n’explique pas tout : Sirk a effectivement travaillé sur ce film, cédant son fauteuil de réalisateur pour se consacrer à Écrit sur le vent. Il a toutefois signé lui-même quelques scènes.

Never say goodbye n’atteint pas les sommets de ses chefs d’œuvre : il n’a pas la même puissance émotionnelle, ni la même emphase. Mais la parenté est indéniable, et le mélo se révèle aussi touchant que passionnant. A vrai dire, ce pourrait bien être le plus beau film de la primo-carrière de… Clint Eastwood.

Oui, le tout jeune Clint, encore totalement inconnu mais sous contrat pour la Universal, qui enchaîne les apparitions au cinéma ou à la télé sans vraiment retenir l’attention. Ici, on le voit une poignée de secondes dans les premières minutes du film, dans un rôle de laborantin qui rappelle curieusement sa toute première panouille, dans La Revanche de la créature. C’est surtout pour lui l’occasion de donner la réplique à Rock Hudson, ce qu’il fait avec un plaisir apparent et on le comprend : sur un CV, à cette époque, c’est assez classe…

Ne dites jamais au-revoir Clint

Cette apparition est toutefois très anecdotique. Et c’est bien Rock le héros du film. Un père aimant, vivant avec sa fille dans le souvenir de sa femme disparue depuis des années. Lors d’un voyage en Europe, ce médecin reconnu tombe par le plus grand des hasards… sur cette épouse qu’il croyait morte. Choc, mystère, flash-back… Tout commence en 1945 à Vienne, dans une ville divisée par le rideau de fer. C’est là que le jeune médecin américain rencontre la belle autrichienne qu’il épouse bientôt, jouée par l’Allemande Cornell Borchers.

Un enfant naît de leur amour. Mais le bel américain est aussi un mâle à l’ancienne, jaloux et peu attentif aux envies de sa jeune épouse. Pas vraiment sympathique, en fait, et même odieux lorsqu’il se persuade que sa belle le trompe avec son vieil ami artiste, très joli rôle pour George Sanders. Crise de jalousie et d’autorité, séparation… La jeune épouse se réfugie chez son père, de l’autre côté du rideau de fer, où elle se retrouve bientôt piégée, morte aux yeux de tous.

Le drame est déjà prenant, mais c’est dans la dernière partie que le mélodrame se révèle le plus intense : les retrouvailles de la disparue avec sa fille, persuadée que sa mère est morte, qui voit cette femme qui arrive avec son père comme une intruse, à qui elle refuse de donner son amour. On imagine bien comment tout ça finira, on ne peut pas dire qu’on soit transporté par l’émotion, mais l’histoire est jolie, les acteurs parfaits, et l’atmosphère particulièrement prenante. Beau mélo.

Les Sorcières (Le Streghe) – de Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Franco Rossi, Vittorio De Sica – 1966

Posté : 15 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, BOLOGNINI Mauro, DE SICA Vittorio, EASTWOOD Clint (acteur), PASOLINI Pier Paolo, ROSSI Franco, VISCONTI Luchino | Pas de commentaires »

Les Sorcières

Silvana Mangano en star de cinéma rêvant d’une vie de femme. Silvana Mangano en conductrice taiseuse. Sivana Mangano en apparition angélique. Silvana Mangano en vengeresse sicilienne. Silvana Mangano en épouse frustrée… La star semble être la raison d’être de ce film à sketchs produit par Dino de Laurentiis, qui était alors son mari.

C’est aussi l’une des affiches les plus excitantes de ce genre alors très en vogue en Italie : Visconti, Pasolini, De Sica, Rossi et Bologini derrière la caméra, Ennio Morricone à la partition, et quelques-unes des vedettes les plus en vue de ce côté là des Alpes devant la caméra, d’Annie Girardot à Toto en passant par… Clint Eastwood. Eh oui. Le résultat est, disons, inégal.

La sorcière brûlée vive (La strega bruciata viva) – de Luchino Visconti

Le premier sketch, le plus long, est d’une cruauté mordante. Une actrice célèbre passe la soirée dans une grande maison à la montagne, entourée « d’amis ». Les guillemets sont de rigueur, tant la star est ramenée à son statut déshumanisé, méprisée et jalousée par les femmes, convoitée par les hommes. Seule l’hôtesse jouée par Annie Girardot semble voir la femme derrière le fard.

C’est d’ailleurs lorsque la star est dépouillée de son maquillage qu’elle peut s’autoriser à laisser parler son humanité, sa volonté d’exister au-delà de ce statut figé auquel tout le monde la renvoie constamment. La cruauté de ces rapports est renforcée par l’apparente légèreté de cette soirée, où la musique et les rires sont omniprésents.

Très joliment photographié, avec une lumière chaude et tamisée propice à l’intimité, mais aussi aux comportements les plus débridés, ce segment signé Visconti est une vraie réussite, et offre à Silvana Mangano un très beau rôle.

Sens civique (Senso civico) – de Mauro Bolognini

Le deuxième segment, signé Mauro Bologni, est nettement plus léger (et le plus court de tous), pas moins ironique, mais plus anodin. Silvana Mangano est ici une automobiliste coincée à cause d’un accident, qui propose d’emmener un chauffeur blessé à l’hôpital. Elle traverse alors Rome à toute allure (des scènes qui semblent avoir été tournées en condition réelle), passant les hôpitaux les uns après les autres…

Tout repose sur le petit twist final, et sur le verbiage incessant du blessé joué par Alberto Sordi, qui se plaint d’être mourant tout en laissant transparaître sa nature profonde lors d’un bref moment de lucidité : « Mais vous êtes une femme ! Ah, si je n’étais pas blessé… » Six minutes montre en main, suffisant pour livrer une vision pas glorieuse des rapports femmes/hommes.

La Terre vue de la lune (La Terra vista dalla luna) – de Pier Paolo Pasolini

C’est une vraie farce qu’écrit et réalise Pasolini, tout au service de Toto, la star comique incontournable du cinéma italien. Affreux, bêtes et méchants… Ce pourrait être le titre de ce segment régressif dont l’humour peine à convaincre, tout comme les parti-pris esthétiques d’une laideur assumée : décors périurbains sans charme, couleurs criardes, costumes et maquillages comme sortis d’un mauvais dessin animé.

Silvana Mangano, curieusement en retrait cette fois, incarne une sorte d’apparition angélique, sourde et muette qui semble répondre aux attentes de Toto et de son fils, en quête de la femme idéale depuis qu’ils ont enterré leur femme et mère lors de la scène inaugurale, joyeusement cynique. Difficile de prendre ça au sérieux, quand même.

La Sicilienne (La Siciliana) – de Franco Rossi

La rupture de ton est radicale : Rossi filme ce très court segment d’une manière particulièrement dramatique, avec gros plans, jeux d’ombres et montage serré. Le style est presque brutal, mais la musique très présente n’y trompe pas : l’ironie est encore au cœur de cette histoire de vengeance sicilienne.

Mangano, tout en excès dramatiques, joue avec les sentiments exacerbés de l’île jusqu’à une tuerie finale et de grands cris éplorés dont l’outrance tranche radicalement avec l’intensité visuelle du film. Plutôt percutant, mais comme une simple parenthèse avant l’ultime segment, nettement plus riche.

Une soirée comme les autres (Una sera come le altre) – de Vittorio De Sica

Le film se termine en beauté avec le segment le plus original. Peut-être pas le plus intense, ni même le plus profond, mais le plus original. Et accessoirement celui pour lequel Les Sorcières a trouvé une place dans quelques livres de cinéma : parce que c’est dans ce segment, sous la direction de Vittorio De Sica, que la très jeune star Clint Eastwood a trouvé son premier rôle à contre emploi.

Parce que non, sa carrière italienne ne se limite pas aux trois westerns de Sergio Leone : avant de tourner Le Bon, la brute et le truand, Clint a joué dans ce film à sketch, apparaissant dans le générique de début portant chapeau de cowboy et revolvers à la main, mais tout sourire. Une vision très ironique, tant son personnage est aux antipodes de l’homme sans nom.

Il incarne ici le mari particulièrement ennuyeux et casanier de Silvana Mangano, épouse qui rêve de retrouver la flamme de la jeunesse, contrainte de partager le quotidien d’un mari qui ne pense qu’à se reposer, manger et boire son verre de whisky avant d’aller se coucher pour être dispo le lendemain matin pour une nouvelle journée de travail.

Sa prestation de bonnet de nuit est assez réjouissante, face aux airs joliment désespérés de Mangano, touchante et passionnée. Mais ce segment séduit surtout par les scènes très cartoonesques mettant en scène les fantasmes de l’épouse, qui imagine son mari se faire rudoyer ou retrouver une virilité éteinte, ou qui se voit en grande séductrice avec tous les hommes à ses pieds.

Les Sorcières se termine en beauté avec ce segment, qui est aussi l’une des curiosités les plus oubliées de la filmographie de Clint Eastwood. Rien que pour ça…

Million Dollar Baby (id.) – de Clint Eastwood – 2004

Posté : 10 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2000-2009, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Million Dollar Baby

Clint Eastwood en vieil entraîneur de boxe en bout de course, qui prend sous son aile une jeune prodige jouée par Hillary Swank, sous le regard d’un vieux briscard qui hante les salles d’entraînement incarné par Morgan Freeman. Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur pour le premier, de la meilleure actrice pour la deuxième, et du meilleur second rôle pour le troisième…

Bref : Million Dollar Baby apparaît comme l’un des grands classiques de la filmographie d’Eastwood. Et c’est vrai que le film est beau, d’une efficacité redoutable et profondément émouvant. Un film, pourtant, qui m’a toujours paru plus froid que Sur la route de Madison ou Breezy, deux autres mélodrames magnifiques d’Eastwood.

Peut-être cette sensation est-elle due à la couleur du film, aux choix esthétiques radicaux vers lesquels Eastwood dirigeait alors son cinéma : un rythme lancinant, mais surtout une image presque monochrome, aux ombres profondes. Bercé par le cinéma hollywoodien classique, Eastwood n’a sans doute jamais été aussi proche de réaliser un film en noir en blanc…

C’est dans ces choix esthétiques et formels que reposent les plus beaux aspects de Million Dollar Baby, film sur deux êtres laissés de côté par la vie, bien décidés à se raccrocher à ce qui ressemble bien à une dernière chance de réaliser leurs rêves. Film qui n’hésite pas à aller très loin dans le mélodrame lacrymal, dans une dernière partie éprouvante.

Ce pourrait être too much, mais le classicisme d’Eastwood atteint ici une telle perfection dans l’épure que le film reste parfaitement digne. Et beau. Grand réalisateur, Eastwood est aussi un grand directeur d’acteurs, qui a souvent offert à ses comédiens parmi leurs meilleurs rôles. C’est le cas d’Hillary Swank, avec le genre de personnages qui marque une carrière. Ou de Morgan Freeman, parfait en acolyte de l’ombre, sorte de Jiminy Cricket des salles de boxe, incarnation inattendue de la conscience et de la sagesse.

Mais les films d’Eastwood ne sont jamais aussi passionnants que quand il se met en scène lui-même, avec un regard souvent rude et intense sur son propre vieillissement. Voix rauque et rides profondes, renforcées par les jeux d’ombre, assumant son âge dans un film dont l’aspect crépusculaire est souligné par la belle musique composée par Clint… Comme tous ses meilleurs films, Million Dollar Baby parle en fait de lui, de ce rapport si profond à l’âge, au passé et aux regrets.

Les Sentiers de la perdition (Road to Perdition) – de Sam Mendes – 2002

Posté : 2 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 2000-2009, MENDES Sam, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

Les Sentiers de la perdition

Trois ans après American Beauty, Sam Mendes change de registre et confirme son talent, en même temps que son goût pour les personnages troubles. Il nous plonge dans l’Amérique de la Prohibition, celle des gangsters de l’Illinois, avec l’ombre d’Al Capone qui règne, même si jamais il n’apparaît.

La période est particulièrement cinégénique, ce n’est pas nouveau, et a été au cœur de nombreux films, de Scarface à Il était une fois en Amérique. Mais le regard que porte Mendes réussit déjà ce petit miracle d’être neuf, avec une vision à la fois très réaliste et toute en épure, presque symbolique, de ce milieu des gangsters irlandais dont il est question.

Comme il le fera dix ans plus tard en réalisant son premier James Bond (Skyfall), la tragédie que met en scène Mendes ne peut qu’être shakespearienne, et familiale. Son film est intense, impressionnant même. Mais il est aussi et avant tout intime : l’histoire de liens pères-fils qui se croisent et se contrarient, jusqu’au point de non retour.

Tom Hanks est un mari et un père sans histoire. Un peu triste, et franchement austère, mais aimant et doux. Ce que son fils aîné ignore, et qu’il apprend en se glissant un soir dans le coffre de sa voiture, c’est que son père est un homme de main dévoué au service de la pègre, autrement dit un homme qui tue de sang froid et sans ciller. Ce qu’il voit de ses propres yeux, vous imaginez le choc…

Ce qu’il ignore aussi, c’est que le brave « old man » avec qui il aime tant passer du temps à jouer, et qui considère son père comme son propre fils, est le puissant patron de la pègre irlandaise. C’est Paul Newman, dont le charisme incroyable n’a en rien perdu de sa force, à l’approche du grand âge. Dans son dernier grand rôle, il est magnifique en père de cœur soumis au pire des choix.

Parce que le vieux Newman a un vrai fils de sang, héritier naturel mais indigne, joué par un Daniel Craig dans sa période pré-007, mais qui s’octroyait déjà le permis de tuer. En l’occurrence le fils gênant de Tom Hanks, témoin d’un meurtre qu’il n’aurait pas dû voir. Sauf que le rejeton indigne tue le mauvais gamin, et la mère avec.

Et voilà Tom Hanks forcé de prendre la fuite pour mettre son fils en sécurité, tout en cherchant à se venger de la famille de son mentor. Et voilà Paul Newman forcé de tourner le dos à celui qu’il aime comme un fils, pour ne pas abandonner ce vrai fils si indigne, conscient que la tragédie est en marche, et que rien désormais ne pourra l’arrêter.

Ajoutez à ça un tueur étrange, photographe fasciné par l’image de la mort (Jude Law), et quelques (rares) seconds rôles qui sont comme des stéréotypes résumant à eux seuls toutes les facettes d’une Amérique qui se débrouille comme elle peut de la Dépression… Les Sentiers de la perdition est un film fascinant, sur lequel plane constamment la mort et les regrets.

Visuellement, la reconstitution est très appliquée. Elle le serait même un peu trop s’il n’y avait cette pluie qui vient troubler le réalisme des situations, frôlant par moments l’abstraction comme dans le sommet esthétique du film : la grande séquence du règlement de comptes d’une beauté tragique assez hallucinante, face à face magnifique entre deux acteurs immenses, dont les regards hantent longtemps le spectateur.

LIVRE : I am Spartacus (id.) – de Kirk Douglas – 2013

Posté : 27 octobre, 2024 @ 8:00 dans CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, KUBRICK Stanley, LIVRES, MANN Anthony | Pas de commentaires »

LIVRE I am Spartacus

Avec Le Fils du chiffonnier, Kirk Douglas avait déjà signé l’une des autobiographies d’acteur les plus stimulantes, les plus honnêtes, et accessoirement l’une des mieux écrites aussi, révélant à un âge relativement avancé un vrai talent d’écrivain.

Il confirme largement ce latent avec I am Spartacus !, écrit à… 95 ans. Loin d’être une redite de son précédent livre, celui-ci se concentre exclusivement sur une période bien précise : la préparation et le tournage de Spartacus, dont le grand Kirk semble se souvenir du moindre détail.

A-t-il une mémoire phénoménale ? Se base-t-il sur des notes conservées quelque part ? Qu’importe : la narration est précise, le style emballant, et l’honnêteté totale. Douglas lui-même s’en amuse, s’autorisant parfois des « pauses » dans le récit pour commenter sa propre arrogance d’autrefois, ses manières parfois brutales, avec la gêne de celui qui appris tardivement le plaisir d’observer les roses (c’est lui qui le dit).

Si le livre est si passionnant, c’est aussi parce qu’il y est question, tout à la fois, d’un tournage chaotique (Anthony Mann viré, Kubrick ingérable, Jean Simmons remplaçant la pauvre Sabina Bethmann, un budget explosé), d’une aventure épique (plus d’un an de tournage), et d’une Chasse aux sorcières qui vit encore de belles heures, et que Spartacus contribuera à balayer.

Kirk Douglas est évidemment le personnage principal du récit : il en est le narrateur, et le pivot du film. Mais la figure de Dalton Trumbo, scénariste blacklisté et œuvrant incognito sur le film jusqu’à ce que Douglas impose son nom au générique, est une figure passionnante, et édifiante dans ce qu’elle dit de l’Amérique d’alors, et d’Hollywood.

Ah ! Et en plus, le livre est aussi une magnifique déclaration d’amour à Anna, la seconde femme de Kirk, avec qui venait d’avoir deux fils, et qui était encore en 2013 à ses côtés.

Rawhide (id.) – créée par Charles Marquis Warren – saison 1 – 1959

Posté : 24 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HIBBS Jesse, McLAGLEN Andrew V., POST Ted, TÉLÉVISION, WARREN Charles Marquis, WESTERNS, WHORF Richard | Pas de commentaires »

Rawhide Incident of the TumbleweedIncident of the Tumbleweed (saison 1, épisode 1)

épisodes 1 à 10

1 : Le Wagon cellulaire (Incident of the Tumbleweed) – réalisé par Richard Whorf

Dès le premier épisode de cette série western, on comprend l’importance qu’elle a eu dans la carrière de Clint Eastwood. Une série western assez classique, sans éclat particulier, clairement pas au niveau du Virginien par exemple. Mais le show est bien fait, souvent plein de rythme et bien réalisé.

Surtout, Clint y tient un rôle de premier plan (son nom apparaît en même temps que celui d’Eric Fleming, le rôle principal), qui lui permet vraiment d’exister, de jouer sur la longueur, sur un ton léger ou plus sombre.

Dans ses années d’apprentissage, il a joué quelques silhouettes dans des films intéressants, ou des personnages plus importants dans des films pas terribles. Le plaisir qu’il a de trouver un vrai rôle est perceptible. Dans une série au long cours qui commence avec une idée sympa : ce wagon cellulaire qui occupe une place centrale.

2 : Le Trouble-Fête (Incident at Alabaster Plain) – réalisé par Richard Whorf

Clint a le beau rôle dès ce deuxième épisode, dans lequel il côtoie notamment Martin Balsam dans le rôle d’un prêtre. Deux particularités dans cet épisode original et sympathique : d’abord un mariage, puis l’importance du beau décor d’une mission au milieu de nulle part.

3 : L’Exécuteur (Incident with an executioner) – réalisé par Charles Marquis Warren

Petit chef d’œuvre de tension, et l’occasion pour Clint de jouer avec Dan Duryea (eh ouais!) dans le rôle d’un tueur dont la cible est l’un des passagers d’une diligence qui ont rejoint la troupe de Gil Favor. Lequel ? Charles Marquis Warren, qui réalise fort bien cet épisode, laisse planer le suspense. Parmi les passagers : un jeune frimeur interprété par James Drury, futur Virginien.

4 : Les Malheurs de Sophie (Incident of the Widowed Dove) – réalisé par Ted Post

Episode inégal, mais intéressant, qui met en scène une première tension entre Rowdy Yates (Clint) et Gil Favor (Fleming), pour une femme évidemment. Les deux hommes quitter leurs rôles bien cadrés. Clint/Rowdy se rebelle. Gil, lui, d’habitude si sûr de lui et si infaillible dans ses décisions, enchaîne les conneries. On s’en réjouit !

C’est aussi la première collaboration de Clint et Ted Post, futur réalisateur de Pendez-les haut et court et Magnum Force.

5 : Au bord de la folie (Incident of the Edge of Madness) – réalisé par Andrew V. McLaglen

La caravane n’est ici qu’un prétexte pour la confrontation d’une poignée de monstres pathétiques, interprétés notamment par Marie Windsor et Lon Chaney Jr. Affrontement passionnant, dont Favor et Yates ne sont que des observateurs à peine actifs.

6 : Le Pouvoir et la Charrue (Incident of the Power and the Plow) – réalisé par Andrew V. McLaglen

Après Dan Duryea, Brian Donlevy… Rawhide est l’occasion pour Eastwood de croiser quelques acteurs de l’âge d’or. Et Andrew McLaglen, héritier (discutable) de cette période.

L’épisode est bienveillant et un peu naïf, autour d’un comanche qui rêve de devenir fermier… Un moment savoureux, quand même : lorsque le cuisinier lancer à un Rowdy/Clint toujours un peu béat : « Il faut toujours que tu t’étonnes de tout ? ».

7 : La Vie à un fil (Incident at Barker Springs) – réalisé par Charles Marquis Warren

Une histoire de vengeance pas si banale que ça, et qui évoque mine de rien le poids des choix du passé, le destin du gunman, thème classique du western. Et très belle réalisation de Charles Maris Warren lui-même, notamment pour le superbe duel final, expéditif du côté du vrai héros de cet épisode (Paul Richards), attentiste pour Favor et Yaves.

Rawhide Incident West of LanoIncident West of Lano (saison 1, épisode 8)

8 : A l’Ouest de Lano (Incident West of Lano) – réalisé par Charles Marquis Warren

La caravane croise la route de quatre jeunes femmes, belles et légères. A l’image de cet épisode enlevé et romantique, avec le cœur de Favor qui se met à trembler.

Encore un bel épisode de Charles Marquis Warren, qui ose une terrible rupture de ton, passant brusquement de la romance à la tragédie, pour terminer sur une très belle image de piéta.

9 : Plus de peur que de mal (Incident of the Town in Terror) – réalisé par Ted Post

Pas de méchant ici, mais une ville terrorisée à l’idée que la caravane apporte une épidémie mortelle. Voilà un épisode qui évoque une actualité sanitaire encore dans toutes les mémoires, où le virus commence à décimer le troupeau et les hommes. A commencer par Rowdy, que la maladie terrasse soudain après une première partie qui semblait si légère.

10 : Le Veau d’or (Incident of the Golden Calf) – réalisé par Jesse Hibbs

Le convoi croise la route d’un étrange prédicateur perdu au milieu de la plaine. On se doute bien qu’il n’est pas tout à fait l’homme de dieu qu’il prétend être, et pas seulement parce qu’il a la tête de Macdonald Carey. Parce qu’à force de jouer avec l’énorme pépite qu’il a dans la poche tout en refusant de dire où il l’a trouvée, pour ne pas confronter les hommes de Gil à la cupidité, on voit bien qu’il ne fait rien d’autre que titiller cette cupidité.

Scénario un rien alambiqué, et un peu tiré par les cheveux. L’action est très limitée (un cow-boy qui tombe maladroitement d’un cheval, un duel tué dans l’œuf…), à l’exception d’une bagarre à mains nues dans un saloon. Clint joue les faire-valoir, se contentant d’une poignée de répliques. Mais l’épisode est franchement plaisant.

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