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Archive pour la catégorie 'par acteurs'

Entretien avec un vampire (Interview with the vampire) – de Neil Jordan – 1994

Posté : 10 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CRUISE Tom, FANTASTIQUE/SF, JORDAN Neil | Pas de commentaires »

Entretien avec un vampire

Il fut un temps où Tom Cruise était un acteur caméléon. A cette époque où, devant la caméra de Brian De Palma, il tournait l’adaptation d’une série TV un peu vieillotte (qui n’était pas encore la plus enthousiasmante des franchises d’action), il passait allégrement d’un genre à l’autre, d’un univers à l’autre : comédie romantique (Jerry Maguire), thriller paranoïaque (La Firme), grand film introspectif (Eyes Wide Shut).

Et voilà qu’il s’empare, contre l’avis de l’autrice Anne Rice, d’un personnage de vampire déjà culte dans la littérature : Lestat, grand blond athlétique qu’il incarne avec une conviction sans faille, révélant une intensité, une menace et des fêlures à côté desquelles beaucoup d’observateurs étaient passés jusqu’alors. Bien sûr, il y avait déjà eu Né un 4 juillet, mais le personnage de Ron Kovic, tel qu’il l’incarne dans sa jeunesse d’avant la guerre, n’était pas si loin de l’image de tête brûlée qui a fait la gloire de l’acteur.

Rien de tout ça dans Lestat, vampire apparemment sans état d’âme, sans empathie pour les mortels ou pour ses semblables, qui habite la Nouvelle Orléans de la fin du XVIIIe siècle comme un seigneur ou un demi-dieu ayant droit de vie et de mort sur les habitants de la ville. Un personnage auquel Tom Cruise apporte une profondeur et des failles inattendues, qui ne sont jamais assénées, toujours suggérées par des gestes, des regards…

C’est là qu’il « enfante » un autre vampire : un riche propriétaire ravagé après la mort de sa femme, qui rencontre ce vampire lui proposant de passer de l’autre côté, de renoncer à sa vie de mortel pour être son compagnon de vie… ou de mort… ou d’éternité. C’est Brad Pitt, et c’est son personnage qui est au cœur du récit. Et lui aussi est formidable, aussi intense et complexe que Cruise. Un mort-vivant, dans tous les sens du terme, qui laisse passer la vie et son humanité sans réagir, avec une fausse passivité qui ne trompe que lui.

Cela fait beaucoup d’éloges pour les deux stars, et encore pas grand-chose sur le film lui-même. C’est que revoir Entretien avec un vampire presque trente ans après me laisse à peu près la même impression que la première vision, et que le souvenir qu’elle m’avait laissé. La mise en scène de Neil Jordan est impeccable, et nous offre une plongée assez saisissante dans les nuits humides du Sud américain. La violence, parfois extrême, et le sang, souvent en profusion, créent un malaise authentique. Mais non, impossible de se laisser emporter vraiment et totalement.

Entretien avec un vampire est un film souvent impressionnant, esthétiquement parfait, mais étrangement froid. Plutôt que d’être réellement happé, on admire avec un peu de recul la prestation de Cruise et Pitt, ou celle d’Antonio Banderas, Christian Slater et surtout Kirsten Dunst, vampire enfermée à jamais dans un corps d’enfant. Etrange expérience de spectateur, finalement pas si loin de celle que vit le personnage de Pitt.

La Forêt pétrifiée (The Petrified Forest) – d’Archie Mayo – 1936

Posté : 13 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOGART Humphrey, MAYO Archie L. | Pas de commentaires »

La Forêt pétrifiée

Née une quinzaine d’années après ce film, la fille d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall s’appelle Leslie Howard Bogart. C’est dire l’importance qu’a, dans la vie de Bogart, l’acteur Leslie Howard, dont on se dit pourtant qu’ils n’ont strictement rien en commun : d’un côté, un charme désuet et british ; de l’autre, un charisme brut et dangereux. Il y a une raison à cela : en 1936, lorsque la Warner a décidé d’adapter la pièce de théâtre dans laquelle jouaient les deux acteurs, c’est Howard qui a imposé la présence de Bogart à l’écran, les producteurs préférant à cet obscur second rôle une valeur nettement plus sûre comme Edward G. Robinson.

Cette fidélité de Howard, qui a conditionné sa participation au film à celle de son camarade de scène, a radicalement changé la vie de Bogart : c’est sa prestation du gangster Duke Mantee, tueur que l’on sent tiraillé par des sentiments plus profonds, qui a révélé la star, lui ouvrant la voie vers le Roy Earle de High Sierra, puis vers ses rôles les plus iconiques des années 40. Et il se trouve qu’au delà de cet aspect forcément historique, La Forêt pétrifiée est un film formidable.

Archie Mayo ne cherche pas à échapper au procédé théâtral : son film respecte quasi scrupuleusement les unités de temps et de lieu. Toute l’action se déroule dans ce bar-restaurant-station essence perdu au milieu du désert de l’Arizona, sorte d’oasis poussiéreux totalement coupé du monde. Pourtant, la mise en scène de Mayo est très cinématographique, dans sa manière de faire ressentir la présence de la nature : les vastes paysages omniprésents, le ciel immense et étoilé, le vent qui souffle sur une terrasse, la poussière qui colle aux vêtements…

D’un procédé narratif assez classique (une petite communauté prise en otage par des gangsters en cavale, comme dans Key Largo ou Desperate Hours, deux autres Bogart), Mayo tire une sorte de fable autour de la révélation d’une jeune femme qui s’ouvre à sa propre vie. C’est Bette Davis, craquante et pétillante, peut-être un peu trop pour ce personnage qui étouffe littéralement dans cette vie qui ne lui offre aucun horizon.

On pourrait aussi s’agacer du détachement toujours très british de Leslie Howard, qui semble un peu daté aujourd’hui. Mais le couple qu’il forme avec Bette Davis est touchant, et la relation qu’il noue avec Bogart est assez fascinante. Justement parce que les deux acteurs, comme les deux personnages, sont deux opposés, attirés par un même idéal.

La Poursuite des Tuniques bleues (A Time for killing) – de Phil Karlson – 1967

Posté : 6 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1960-1969, FORD Harrison, KARLSON Phil, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Poursuite des Tuniques Bleues

Grand cinéaste de films noirs, Phil Karlson a aussi signé une poignée de westerns dont l’un, au moins, est formidable : Le Salaire de la violence, tourné en 1958. Plus tardif, cette Poursuite des Tuniques bleues n’est pas du même niveau : on peut lui reprocher quelques faiblesses étonnantes, particulièrement du côté des personnages.

Celui de Glenn Ford pour commencer, censé être le héros du film, et qui traverse une grande partie de l’histoire dans une sorte d’apathie incompréhensible. Hormis la première et la dernière séquences, il se contente d’être là, comme emprunté dans un uniforme yankee trop lourd, ou trop étroit… Difficile aussi de comprendre l’importance laissée à deux duos de soldats quasi-comiques (deux Confédérés qui passent le film à se battre, deux Nordistes qui tentent d’échapper à l’action) dans un film aussi sombre…

Parce qu’il est sombre ce film. Malgré son apparente simplicité (des prisonniers sudistes s’évadent, des soldats nordistes les pourchassent), le film de Karlson, écrit par le scénariste de 3h10 pour Yuma (un rôle autrement plus mémorable pour Glenn Ford), s’avère un pamphlet pacifiste assez fort, et d’une amertume surprenante. Si l’apathie de Ford est si gênante, c’est que son personnage semble d’abord très prometteur : cet officier forcé de donner la mort pour obéir aux ordres d’un officier déshumanisé.

Dans cette première scène, véritable moment de torture morale, le regard de Ford émeut par la lassitude qu’il dégage : alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, la mort qui continue à frapper paraît plus absurde et révoltante que jamais. Dans cette scène très forte, qui semble annoncer une filiation avec Le Bon, la brute et le truand (les prisonniers massés derrière un grillage), un autre Ford apparaît brièvement : Harrison, dix ans avant Star Wars, tout jeune et tout débutant.

La suite du film n’est pas tout à fait à la hauteur, mais réserve de belles surprises. Karlson réussit en tout cas à faire émerger des bribes d’humanité dans cette longue poursuite pleine de violence. Il filme des personnages fatigués, des hommes simples pour la plupart, qui ne demandent qu’à rentrer chez eux (jamais vu des soldats au cinéma réclamant à ce point de rentrer chez eux), mais contraints par des officiers aveuglés par leur devoir, ou leur rancœur : George Hamilton, pas mal en Sudiste que l’on sent tiraillé entre son envie de tuer et des restes d’humanité qui affleurent…

Et au milieu, une jeune femme, jouée par Inger Stevens, qui pourrait n’être qu’un argument charme comme il y en a tant dans l’histoire du western, mais qui s’avère beaucoup plus intéressante, beaucoup plus centrale. Sans dévoiler la fin du film, on peut quand même souligner ce dernier plan, lorsque la caméra se retrouve soudain au-dessus de la scène, cadrant Inger Stevens et Glenn Ford si proches, et si loin. Karlson est un cinéaste puissant.

Haut les flingues ! (City Heat) – de Richard Benjamin – 1984

Posté : 3 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, BENJAMIN Richard, EASTWOOD Clint (acteur) | Pas de commentaires »

Haut les flingues

Le projet promettait : un polar rétro teinté d’humour réunissant Clint Eastwood et Burt Reynolds, devant la caméra de Blake Edwards, qui a imaginé l’histoire et signe le scénario sous un pseudo. Mais la production est chaotique, et les rôles féminins principaux, initialement prévus pour Julie Andrews (la compagne d’Edwards) et Sondra Locke (celle d’Eastwood), ne cessent de changer d’interprète, tandis que le climat se détériore vite entre Clint et le réalisateur, qui finit par quitter le navire, remplacé par un Richard Benjamin nettement moins chevronné.

Le résultat est, pour le moins, décevant. La reconstitution du Kansas City de la Prohibition est nickel. La musique jazzy de Lennie Niehaus est très réussie. La photo joliment rétro de Nick McLean renvoie à cette Amérique des années 30… Pourtant, rien ne fonctionne vraiment. Le mélange entre noirceur et humour n’est guère convaincant, le film oscillant entre une violence excessive et ouvertement caricaturale, et un humour pour le moins potache.

La confrontation perpétuelle entre les deux stars, elle aussi pleine de promesses. Mais entre le privé rigolard joué par Reynolds et le flic très raide Eastwood, l’animosité affichée, cachant mal une profonde affection, se résume un peu trop à un concours du style « qui aura la plus grande », qui trouve son apogée lors d’une fusillade au cours de laquelle les deux hommes sortent l’un après l’autre des flingues de plus en plus gros en se regardant avec un sourire au coin des lèvres. Gênant…

Pastiche maladroit citant aussi bien Scarface que Certains l’aiment chaud, City Heat ne trouve jamais le ton juste. Burt Reynolds cabotine joyeusement, s’offrant un rôle taillé sur mesure (il co-produit avec sa co-star). Clint Eastwood, en retrait, se contente de grimacer quand il est en colère, se livrant alors à une caricature de son propre personnage. Un rendez-vous manqué, dont il ne reste que quelques belles images.

El Texican (The Texican / El Tejano) – de Lesley Selander – 1966

Posté : 19 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, MURPHY Audie, SELANDER Lesley, WESTERNS | Pas de commentaires »

El Texican

Marrant ce western où Audie Murphy passe une grande partie de son temps à chevaucher dans des paysages très vallonnés, montant et descendant de petites collines, semblant tourner en rond pour bien mettre en valeur les décors naturels, censés être les rives du Rio Grande.

Le film a en fait été tourné en Espagne, ce qui n’a rien d’étonnant dans ce mitan des années 1960 : on est alors en pleine vogue du western italien, et on sent clairement son influence sur cette coproduction américano-européenne. Dans les duels surtout, où Audie Murphy se retrouve systématiquement face à plusieurs tueurs, comme Clint Eastwood chez Sergio Leone. Dans l’utilisation d’une musique tonitruante aussi, hélas pas signée Morricone, et très encombrantes.

Il y a d’ailleurs beaucoup de maladresses, voire de lourdeurs dans cette petite production pas désagréable, mais sans grande surprise. Lesley Selander a du mal à trouver ses marques, oscillant constamment entre cette influence européenne et une approche plus classique du western, genre qui, à Hollywood, est alors en bout de course.

Est-ce de là que vient l’étrange nostalgie qui plane sur tout le film, et ce rythme un peu lent, un peu fatigué. Audie Murphy lui-même (qui ne tournera plus que deux films avant de mourir prématurément) incarne un mauvais garçon qui semble revenu de tout, profondément las. Son face-à-face avec un chasseur de prime venu le capturer est particulièrement étonnant, et même assez beau, les deux hommes qui se connaissent depuis longtemps paraissant résignés, accablés par ce destin qu’ils n’ont pas la force de contourner…

Un beau moment aussi, étonnant : l’arrivée du héros dans un saloon et son « dialogue » musical avec un cowboy qui entonne des ballades à la guitare, commentant la tension montante en improvisant cette chanson dans son coin. Un intermède musical qui reste hélas sans suite, dont on se dit qu’il aurait pu être la base d’une sorte de chœur antique très séduisant.

Des qualités, donc, dans ce western imparfait. Et surtout la présence de Broderick Crawford. Avec sa masse et son incroyable voix profonde, impérial et parfaitement juste comme toujours, même dans un rôle caricatural comme celui-ci. Le genre d’acteurs capable de sortir n’importe quelle série B de l’anonymat.

Chiens perdus sans collier – de Jean Delannoy – 1955

Posté : 18 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, DELANNOY Jean, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Chiens perdus sans collier

Il n’a pas l’air, comme ça, ce film, mais il y est quand même question d’un pédophile, d’une grand-mère qui se prostitue, ou de parents qui poussent leur fille à avorter… Oh ! Aucun de ces termes n’est explicité, mais tout de même, il y a dans cette adaptation (libre) du roman de Gilbert Cesbron une volonté d’être en phase avec l’époque, qu’il faut saluer.

Jean Delannoy n’est sans doute pas l’homme de la situation, quand même. Il eût fallu un cinéaste avec une toute autre aura pour réussir réellement ce projet, basé sur une radiographie d’une société qui ne parvient pas à intégrer sa jeunesse. Il y a dans le film une naïveté un peu confondante, qui n’est contrebalancée que par une sincérité totale.

Reconnaissons au film de Delannoy une bienveillance extrême, à travers cette série de portraits de gamins abîmés par la vie. Orphelins, ou grandissant dans des familles dysfonctionnelles (c’est un euphémisme), ils sont filmés certes avec une certaine naïveté, mais aussi avec une tendresse confondante. Et face à eux, Jean Gabin campe un juge des enfants qui révèle des doutes permanents.

Gabin qui doute… Ce n’est pas si courant à cette époque où il commence justement à incarner ce personnage sûr de lui et infaillible, qui se révèle l’homme de la situation quelle que soit la situation. Dans Chiens perdus…, c’est un peu plus compliqué que ça. Il veut bien faire, ce juge pour enfant, refusant de laisser ce gamin à une mère qui accepte d’être l’enjeu d’un jeu de cartes entre deux prétendants. Mais a-t-il raison ? Le sort qu’il réserve à l’enfant est-il plus enviable ?

C’est toute l’intelligence de Delannoy que de ne pas trancher définitivement, laissant au spectateur le dernier mot, ce qui n’est pas si courant dans ce genre de « cinéma social » auquel Gabin est alors habitué. Il est d’ailleurs très juste, Gabin, jamais trop démonstratif, ne laissant transparaître son humanité (profonde) que dans ses actes et son regard, pas dans ses postures.

Les enfants aussi sont justes. Et il faut reconnaître à Jean Delannoy, réalisateur très inégal, un vrai talent pour mettre en scène ces enfances sacrifiées. La première séquence, notamment, est très belle : ce moment où un enfant, seul, s’invente une réalité alternative, jouant (littéralement) avec le feu. Belles images, tensions extrêmes… Cette introduction pèse de son poids sur tout le film.

Rambo : Last Blood (id.) – d’Adrian Grunberg – 2019

Posté : 7 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), GRÜNBERG Adrian, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo Last Blood

Après avoir fait (probablement) ses adieux à Rocky avec le décevant Creed 2, Stallone fait (probablement) ses adieux à Rambo. Le voir renouer une fois de plus avec ses deux personnages fétiches n’est pas un hasard : comme à l’époque de Rocky Balboa et de John Rambo qui l’avaient sorti d’un long purgatoire, Stallone vient d’enchaîner quelques catastrophes industrielles. A 70 ans passés, il semble bien difficile pour lui de trouver un nouveau souffle au-delà de Rocky et de Rambo. Peut-être la série Tulsa King changera-t-elle la donne…

En attendant, ce Last Blood (une manière de boucler la boucle après l’inaugural First Blood de 1982) n’est pas le ratage complet souvent annoncé. On pourrait même le considérer comme la plus digne des suites, celle dans laquelle le personnage est finalement le mieux respecté. En tout cas le moins trahi. C’est que, depuis un Rambo 2 qui ne gardait à peu près du personnage que son côté machine de guerre, la saga a eu toutes les peines du monde à trouver son équilibre entre le traumatisme du vétéran façon seventies et cet aspect va-t-en guerre typique des eighties.

Avec John Rambo, en 2008, Stallone ne cherchait pas vraiment à trouver une porte de sortie satisfaisante, se contentant grosso-modo de recycler des aspects des trois premiers films. En revenant sur le sol américain, Last Blood se recentre sur le personnage de Rambo, qui mène depuis une dizaine d’années une vie paisible, tentant de garder ses fantômes à distance. C’est un peu comme si le William Munny d’Impitoyable et le Walt Kowalski de Gran Torino ne faisaient plus qu’un…

L’ombre de Clint Eastwood plane sur le film… Non : elle pèse sur le film, rappelant constamment ce qu’aurait pu être Last Blood si Stallone (scénariste du film) avait fait davantage confiance au potentiel dramatique de son film. La première partie est assez belle, se concentrant sur les relations du vétéran avec une ado qu’il considère comme sa fille, avec qui il a enfin trouvé la paix. Jusqu’à ce que la jeune femme, contre l’avis de son protecteur, ne décide de partir pour le Mexique, à la recherche de son vrai père, qui l’a abandonnée.

Et c’est là que ça se gâte. Parce que la relation fille/père est évacuée en une courte scène franchement ridicule. Parce que le Mexique est présenté d’emblée comme le lieu de tous les dangers où le pire des destins attend immanquablement une jeune Américaine en visite. Et parce que le pire des destins attend effectivement la jeune Américaine en visite. Pour la délicatesse, on repassera, mais Stallone émeut par sa présence fatiguée, par ce regard qui dit toute sa douleur et toute sa fatigue.

Reste la dernière partie, comme coupée du reste du film : un massacre sanglant et gore, vingt minutes au cours desquelles Rambo flingue, décapite, explose, découpe, charcute, charcle… Bref, il tue par tous les moyens dont il dispose, qui sont nombreux. C’est super violent, super efficace, et super bas du front. Et on se rappelle que, dans le film de 1982, Rambo ne tuait qu’une personne, et encore le faisait-il involontairement. Le premier sang versé était rare, et marquant. Près de quatre décennies plus tard, c’est sur des hectolitres de sang que le vétéran devenu mythe populaire tire sa révérence…

Méphisto – de Henri Debain et Georges Vinter – 1931

Posté : 13 novembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, DEBAIN Henri, GABIN Jean, VINTER Georges | Pas de commentaires »

Méphisto

Le film invisible, celui que les vrais amoureux de Gabin rêvaient de voir depuis des décennies : ce film dont on savait vaguement qu’il existait une copie conservée dans une cinémathèque (celle de Toulouse), mais qui n’était jamais sortie de sa boîte. Et voilà que les indispensables magiciens de Lobster Films se sont lancés dans une restauration du film, qui permet aujourd’hui de découvrir enfin ce film mystérieux, dans tous les sens du terme.

Verdict final, pour commencer : Méphisto n’est pas un chef d’œuvre. Très influencé par le Fantômas de Louis Feuillade, il reste encore très marqué par l’esprit de ces serials des premiers temps, avec un méchant au look iconique (chapeau profondément enfoncé, grand manteau, large écharpe dissimulant le visage), un super-enquêteur sur sa piste (Gabin en personne), des fausses-pistes, des rebondissements et des cliffhangers qui clôturent les différentes parties (le film est divisé en quatre chapitres).

Mais aussi : un rythme qui semble déjà approximatif en ce début des années 30. Le début, surtout, est assez poussif, avec un jeu d’acteur qui semble bien maladroit. Même Gabin paraît un peu emprunté. Il faut dire à sa décharge qu’il n’a que peu d’expérience de l’écran : il n’a alors à son actif qu’un unique long métrage, Chacun sa chance. Il est encore connu avant tout pour sa carrière au music-hall, où il se livre à des numéros très influencés par Maurice Chevalier.

En pleine enquête, on le voit donc monter sur scène (littéralement) le temps d’une chanson qui a tout d’un tube pour l’époque : « J’aime les grosses femmes »… Tout un programme ! Curieusement, c’est en montant sur scène dans un boui-boui marseillais que son personnage gagne en épaisseur, et que Gabin semble gagner en confiance. Son jeu s’affirme, sa présence s’impose. Ce n’est pas encore le grand Gabin, mais c’est un Gabin en construction, et c’est passionnant.

Comme il est passionnant de le voir dominer les débats dans ce qui est son premier rôle de flic (il faudra attendre près de vingt-cinq ans pour le revoir endosser l’imper du policier, ce sera pour Razzia sur la chnouf), véritable héros quasi-omniprésent à l’écran. Il lui manque encore un peu d’épaisseur, c’est vrai. Mais à sa décharge, le scénario est assez improbable, avec un « génie du crime » dont on se demande bien ce qu’il cherche vraiment, et qui passe quand même tout le film à rater à peu près tout ce qu’il essaye…

Mais il y a quelques belles idées (le « résumé » des épisodes précédents qui utilise la voix populaire autour des journaux du jour), de beaux moments de suspense (la scène du train, ou celle de la cave, fort joliment réalisées et très tendues), une belle manière de filmer les ruelles de Marseille, ou les extérieurs parisiens. Une fraîcheur aussi, et une générosité dans l’action et les rebondissements. Et le plaisir, immense, de découvrir cette curiosité. Enfin.

Justice pour tous (… And Justice for all) – de Norman Jewison – 1979

Posté : 5 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1970-1979, JEWISON Noman, PACINO Al | Pas de commentaires »

Justice pour tous

Norman Jewison ne fait pas toujours dans la dentelle. Mais il a un ton, une manière assez personnelle mine de rien de s’emparer de genres très codifiés du cinéma américain et de s’en amuser, quitte à se défaire de toute nécessité d’être réaliste. Le personnage principal de Justice pour Tous s’inscrit dans cette tradition des personnages « jewisoniens » (comme le Steve McQueen de Thomas Crown) qui flirtent avec la caricature, incarnant une sorte d’idéal.

Un avocat en l’occurrence, grande figure du cinéma hollywoodien, qu’Al Pacino incarne comme un être pur au service de clients forcément innocents. Toujours et incontestablement innocents. Naïf ? Oui, un peu. Radical ? Oui, aussi : Jewison filme la justice comme une foire où la folie guette à tous les postes. Pacino est une figure intègre qui se débat comme il peut dans un monde qui semble n’être fait que de mensonges, de manipulation, de cynisme…

Mais le film se révèle fort et nuancé, dans sa manière de présenter la justice dans ce qu’elle a de meilleur et de pire. Humaine au fond, et dépendante de ceux qui la rendent : des hommes et des femmes, avec leurs failles. L’histoire est assez passionnante : belle idée d’amener le jeune avocat à défendre un juge qui n’a cessé de l’humilier et qu’il fait. Mais c’est la manière dont Jewison évoque les failles de ces représentants de la justice chez qui tout le monde attend l’infaillibilité qui convainc le plus dans ce film de procès passionnant, genre qui n’a cessé de se réinventer.

Risky Business (id.) – de Paul Brickman – 1983

Posté : 4 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, BRICKMAN Paul, CRUISE Tom | Pas de commentaires »

Risky Business

Avant Top Gun, il y eut Risky Business, premier gros succès pour Tom Cruise, film devenu culte grâce à une scène, qui fit de l’acteur de 21 ans l’une des coqueluches de l’Amérique d’alors : Cruise, en chemise et caleçon, les mollets bien en valeur, se lançait seul dans une danse évocatrice au son de la chanson « To old time rock & roll ».

Presque quarante ans plus tard, le film surprend encore par l’audace de son propos : c’est quand même l’histoire d’un fils de bonne famille, bien propre sur lui (il s’appelle Joel Goodson, c’est dire), qui abandonne joyeusement toutes ses illusions d’enfant pour se lancer dans le capitalisme en devenant mac à succès après sa rencontre avec une jolie prostituée (Rebecca De Mornay, la petite amie d’alors de Tom). Difficile de faire plus cynique.

Cela étant dit, le film, formellement, est très marqué par l’esthétique des années 80, dont Cruise devient instantanément l’une des grandes figures, avec son sourire tout en dents, ses lunettes de soleil et sa joyeuse insolence. Ce n’est pas déplaisant, c’est même assez amusant par moments, particulièrement dans la première partie où le jeune homme bien comme il faut se retrouve confronté à des tentations auxquelles il n’est pas habitué. Mais ça ne va jamais plus loin.

A vrai dire, Risky Business serait sans doute tombé dans un oubli éternel (et pas immérité) s’il ne marquait pas justement l’éclosion de celui qui allait devenir la plus grande star de sa génération. Il lui faudra toutefois attendre trois ans et le triomphe de Top Gun pour que les portes de la gloire s’ouvrent bien grandes pour lui.

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