Les Desperados (The Desperadoes) – de Charles Vidor – 1943
« C’est le premier film en Technicolor de la Columbia », commente laconiquement Patrick Brion dans son encyclopédie du western, unique commentaire sur ce film à la fois bancal et classique, mais réservant quelques surprises. C’est surtout un western visuellement très réussi, magnifiquement éclairé dès la scène de braquage qui ouvre le film dans un beau clair-obscur.
L’histoire n’est pas renversante, ni neuve : un hors-la-loi qui cherche à se ranger arrive dans une petite ville, découvre que le shérif est un vieil ami qui fut son complice, et tous deux sont attirés par la même femme. Mais un braquage sanglant a eu lieu, et le nouveau venu fait un coupable idéal.
Classique, donc, mais un western porté par Glenn Ford et Randolph Scott, ça ne se refuse pas. Et Charles Vidor donne à cette rencontre une légèreté assez inhabituelle, transformant en scènes de comédie la plupart des moments dramatiques de l’histoire, en particulier grâce à la présence sympathique de Guynn Williams en sidekick adepte de la nitroglycérine.
Autre ressors comique : le patron du saloon, qui tente de garder calme et sourire en toute occasion, y compris lorsque les bagarres éclatent et que le matériel part en éclat autour de lui. Une telle légèreté affichée nous prive quand même d’un vrai suspense : peu importe la violence et la noirceur de certains aspects de l’intrigue, on sait bien que tout ça finira par un sourire.
Aux personnages de Ford et Scott, sympathiques mais un peu convenus, on peut quand même préférer celui de Claire Trevor, parfaite en patronne au grand cœur d’une maison de plaisir, et surtout celui d’Edgar Buchanan, qui campe le bon « oncle Willie », père aimant de la jeune amoureuse, et complice passif des vrais méchants. Un personnage trouble, complexe et attachant, franchement atypique.