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Archive pour la catégorie 'REICHARDT Kelly'

First Cow (id.) – de Kelly Reichardt – 2019

Posté : 15 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, REICHARDT Kelly, WESTERNS | Pas de commentaires »

First Cow

La première scène de First Cow a l’air totalement anodine, voire inutile. De nos jours, une promeneuse découvre au bord d’une large rivière les ossements de deux personnes, gisant côte à côte à quelques centimètres de profondeur… Rien de plus, si ce n’est ce gros bateau qui descend lentement le long du cours d’eau. Elle n’a l’air de rien cette introduction, suivie aussitôt du « vrai » début du film, pas loin de deux siècles plus tôt dans l’Oregon des pionniers.

Elle n’a l’air de rien, mais elle pèse constamment sur ce beau film de Kelly Reichardt, nous glissant bien plus que la fin tragique promise aux personnages principaux : avec ce gros bateau lancé dans une course lente mais inarrêtable, et avec ce paysage dont on réalisera tardivement qu’il a beaucoup évolué en 200 ans, c’est comme si la cinéaste nous faisait toucher du doigt le temps lui-même et le côté inéluctable voire anecdotique des événements.

La cinéaste sait comme personne filmer le temps qui s’étire, et rendre perceptible le sentiment de toute puissance de la nature, ou de l’environnement. La rencontre des deux personnages principaux est toute auréolée de ces deux aspects. Elle se déroule dans une forêt sombre et humide, loin des décors habituels du western, genre dont la réalisatrice ne garde à peu près rien des codes. Et ce sont deux individus dont on ressent profondément l’immense solitude qui se trouvent. Littéralement.

Cookie le cuisinier un peu paumé, et King-Lu le Chinois en quête de fortune, n’ont a priori rien en commun si ce n’est d’être livrés à eux-mêmes dans un environnement particulièrement hostiles. Ensemble, ils vont d’abord rompre leur solitude, et puis rêver d’un lendemain plus heureux, qu’ils pensent toucher du doigt lorsque le miracle se produit : l’arrivée d’une vache dans la propriété d’un homme riche et puissant. La première vache de l’État, que les deux hommes commencent à traire en cachette la nuit, pour confectionner des gâteaux que les colons s’arrachent bientôt.

La beauté du film, tiré d’un roman de l’éternel complice de Kelly Reichardt Jonathan Raymond, repose avant tout sur l’humanité que sait capter la cinéaste, et sur sa manière de donner corps à son décor, cet Oregon du début du XIXe siècle que l’on a le sentiment de découvrir tel qu’il était, grâce à un extraordinaire sens du détail. Ni héroïsme ni spectaculaire dans ce western, mais une tension constante, et surtout une manière de filmer l’amitié et l’espoir, la peur et la fatigue. Superbe.

La dernière piste (Meek’s Cutoff) – de Kelly Reichardt – 2010

Posté : 30 décembre, 2014 @ 5:47 dans 2010-2019, REICHARDT Kelly, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Dernière Piste

Le milieu du 19ème siècle, au coeur du continent américain. Une poignée de pionniers avancent lentement dans les paysages désertiques et poussiéreux, dans un environnement hotile et inquiétant. On a l’impression d’avoir vu ça mille fois ? Sur le papier, oui. Sauf que pour la première fois peut-être, ce « pitch » en quelques lignes se suffit à lui-même. Avec ce trip poussiéreux et hyper réaliste au coeur d’un Ouest sauvage totalement dépouillé de ses attraits romantiques, la réalisatrice Kelly Reichardt nous fait ressentir l’angoisse, l’ennui, les espoirs, la peur de ces pionniers qui traversent d’immenses étendues désertes et dangereuses.

Rien d’autre que la poussière, les montagnes, et l’horizon qui n’en finit pas de fuir. Rien d’autre que le quotidien sans aspérité de ces pionniers, ces gestes répétés jour après jour, les pas qui s’enchaînent inlassablement, et lentement. Rien pour rompre la monotonie des longues journées de marche. Pas d’incident dans ce film, si ce n’est l’apparition d’un Indien solitaire, désarmé, et dont on ne sait ce qu’il cherche et veut.

Pendant 100 minutes, Kelly Reichardt reste au plus près de ces voyageurs perdus, et nous place à leurs côtés, faisant partager les angoisses, les doutes, les espoirs, mais aussi l’ennui de ce voyage sans fin. Son propos n’est pas le suspense, ni l’issue du voyage (et jusqu’au bout, la réalisatrice garde son cap et son parti-pris audacieux), mais ce qu’il révèle de l’humanité la plus profonde de ces voyageurs.

Un film contemplatif ? Pas tout à fait. Lent, oui. D’une manière oppressante parfois. Mais la nature, aussi fascinante soit-elle, n’a pas cette beauté sauvage que l’on trouve dans beaucoup de westerns tardifs. Il ne s’agit ici que d’un environnement hostile, une sorte de purgatoire dont les voyageurs veulent absolument sortir.

On sent le poids de ce que ces familles ont laissé derrière elles, mais aussi de ce qu’elles espéraient trouver au bout de leur voyage. On sent les doutes, la difficulté de prendre des décisions et d’assumer le destin d’une communauté, aussi petite soit-elle, loin des codes habituels de la civilisation. Est-ce la fin de quelque chose, le voyage vers un nulle part hors de la vie ? Y a-t-il encore l’espoir d’un nouveau départ ? L’incertitude fait planer un sentiment terrible, et fascinant à la fois.

Tandis que l’assurance et la confiance du mari (Will Patton) s’effritent inexorablement, la fermeté de la femme (Michelle Williams) s’affirme, remettant en cause l’ordre établi, et faisant renaître un semblant d’espoir dans ce voyage au but illusoire. C’est oppressant, déstabilisant, et fascinant.

 

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