Feu sans sommation (The Quick Gun) – de Sidney Salkow – 1964
Après deux ans d’absence, un cowboy revient dans sa ville natale dont il est parti dans un bain de sang, et où plus personne ou presque ne veut de lui. Avant d’arriver, il apprend qu’une bande de tueurs s’apprête à mettre la ville à feu et à sang. Malgré l’animosité de ses anciens amis, il décide de leur venir en aide…
De ce scénario de Steve Fisher, tiré de son propre roman, la Columbia a déjà tiré deux films : Top Gun en 1955, et Noose for a Gunman en 1960. Cette troisième version, tournée par un réalisateur qui ne m’a jamais emballé jusqu’à présent (Le Shérif de fer et Last Man of Earth, deux films assez catastrophiques), à une époque où le western américain est pour le moins en déclin, n’augurait donc rien de très bon. Rien de très ambitieux, en tout cas.
La surprise n’en est que plus grande, avec ce film qui, visuellement, ressemble à s’y méprendre à un western Universal des années 50. Ce qui est un grand compliment. A l’époque de sa sortie, alors que Pour une poignée de dollars imposait une nouvelle vision du genre, The Quick Gun devait ressembler à un film totalement dépassé. Aujourd’hui, paradoxalement, le film reste passionnant, et a nettement moins vieilli que la plupart des westerns « dans l’air du temps » des années 60.
La mise en scène de Salkow est très classique, et sans grande surprise la plupart du temps. Mais le réalisateur sait donner un rythme absolument parfait à son film. Et les séquences de nuit (grosso modo la seconde moitié du métrage) sont magnifiques, avec ces visions de la ville prise d’assaut et entourée de barrages enflammés.
Une scène, surtout, impressionne: le face-à-face précédant l’explosion de violence, entre la bande de malfaiteurs (menée par Ted de Corsia) et le shérif prêt à aller au bout de sa mission. Il y a quelque chose de déchirant et de superbe dans cette image de silhouettes découpées sur une nuit d’un gris profond, dont on sait bien que la quiétude qu’elle inspire ne va pas tarder à voler en éclats.
Dans le rôle de ce shérif droit et intègre, James Best (qui restera pour la postérité un shérif nettement moins strict: celui de la série Shérif, fais moi peur) est étonnant. A priori, l’acteur manque de charisme et son jeu paraît emprunté. Mais il apporte un mélange de droiture et de vulnérabilité absolument parfaits à son rôle, qui aurait pu n’être qu’un faire-valoir d’Audie Murphy, la star du film.
Au contraire, toute la première partie doit beaucoup à la complicité qui unit les deux acteurs, aux jeux pourtant radicalement différents. L’amitié complexe entre ces deux personnages est l’une des grandes réussites du film. Une bien belle surprise.
* Le DVD vient de rejoindre la collection Westerns de Légende chez Sidonis/Calysta, avec une présentation par Patrick Brion, qui semble ne pas donner grand crédit au film.