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Archive pour la catégorie 'LOSEY Joseph'

X : l’inconnu / Docteur Adam contre l’inconnu (X : the unknown) – de Leslie Norman (et Joseph Losey) – 1956

Posté : 29 octobre, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, LOSEY Joseph, NORMAN Leslie | Pas de commentaires »

X l'inconnu

Dans la lignée de The Quatermass Experiment, X : the unknown surfe sur le thème très en vogue de la menace nucléaire. Sur le fond, le film n’apporte rien de bien neuf, si ce n’est une théorie forcément tirée par les cheveux qu’on oublie aussi vite que l’incontournable scientifique la sort à un public forcément convaincu à la première écoute. La croûte terrestre renfermerait une forme de pure énergie qui chercherait à sortir de là depuis des millions d’années. Et qui trouve justement le moyen de prendre l’air au lieu et au moment où des soldats s’entraînent à l’utilisation d’un compteur geiger. How convenient !

Hautement improbable, donc, mais Quatermass l’était tout autant, comme d’ailleurs beaucoup de petites productions Hammer de cette époque, ce qu’est le film de Leslie Norman. Ce dernier (qui sera un réalisateur récurrent de la série Le Saint) signe le film, mais ç’aurait pu (dû) être Joseph Losey. Déjà nettement plus aguerri (il a déjà réalisé le remake de M et La Bête s’éveille, notamment), Losey est aussi déjà blacklisté par pas mal d’anti-communistes. Ce fut semble-t-il le cas de Dean Jagger, l’interprète du scientifique, héros de ce film, qui aurait obtenu qu’il soit remplacé. Ce qui ne rend pas ce dernier très sympathique quand on y pense…

Et c’est bien dommage. Parce qu’à l’écran, il l’est franchement. En tout cas très charismatiques, le genre de scientifiques dont on sait qu’on peut compter sur eux pour sauver le monde en toutes circonstances. Jagger donne une sorte de colonne vertébrale à ce film qui trouve un bel équilibre entre le pur suspense et l’horreur, mais avec un flegme très british et un humour très présent qui contribue largement à rendre attachant le moindre des seconds rôles.

Comme ces soldats écossais à l’accent à couper au couteau (le film se passe en Ecosse) qui ne parlent que de leur envie d’aller prendre le thé, évoquant les horreurs qui se produisent avec un recul qui n’appartient qu’à ce fameux flegme britannique. L’humour n’est là que par petites touches, qui n’atténuent en rien l’intensité du suspense. Et de ce côté là aussi, le film est une réussite, à la fois très simple et direct dans sa facture, et d’une fluidité remarquable.

Peu d’effets spéciaux pour ce film, où le fantastique se cantonne le plus souvent à l’atmosphère, dans la grande tradition des films d’horreur fauchés et géniaux de Tourneur. Comme chez ce dernier, la découverte du « monstre » est repoussée à la toute dernière partie du film. Et sa représentation adopte un minimalisme qui fait mouche. Avant ça, de rares effets aussi fulgurants que marquants : la terre qui s’ouvre mystérieusement, un visage qui fond… De brefs moments d’horreur, qui renforcent la tension constante que maintient Norman. ET Losey ?

La Bête s’éveille (The Sleeping Tiger) – de Joseph Losey (sous le pseudonyme de Victor Hanbury) – 1954

Posté : 6 septembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars européens, 1950-1959, LOSEY Joseph | Pas de commentaires »

La Bête s'éveille

Sur la liste noire du McCarthysme, Losey s’exile en Europe, où il continue à tourner sous divers pseudonymes. Son nom ne figure donc pas au générique de ce Sleeping Tiger, attribué à un « Victor Hanbury », mais bel et bien l’œuvre de Losey. C’est aussi le premier de ses cinq films avec Dirk Bogarde, à qui il offrira son rôle le plus marquant dans The Servant, presque dix ans plus tard.

Ce premier film anglais a une filiation évidente avec les films américains de Losey, particulièrement avec son M. Dans les deux cas, le cinéaste dissèque les rouages du mal, avec une approche psychologique qui peut sembler simpliste par moments, et sous le couvert d’un film de genre. Et c’est vrai qu’on peut reprocher au film une psychologie un peu facile, voire discutable. Ou considérer que les trois personnages principaux ne sont, en fait, que des manipulateurs.

Bogarde, donc, en jeune délinquant « recueilli » par un grand psy qu’il a tenté de braquer, et qui a préféré l’héberger pendant six mois pour l’étudier « dans un cadre favorable ». Le samaritain ensuite, scientifique d’une placidité à toute épreuve (Alexander Knox, le héros du Vaisseau fantôme, lui aussi sur la liste noire d’Hollywood). Et l’épouse de ce dernier, modèle de femme aimante et dévouée (Alexis Smith, l’amoureuse d’Errol Flynn dans Gentleman Jim).

Un équilibre parfait, dont Losey filme les failles qui apparaissent, et ne cessent de grandir, dans ce qui s’apparente à un grand jeu de massacre, cruel et sous tension. Losey est un maître pour installer une atmosphère angoissante, de plus en plus étouffante, jusqu’au point de rupture. Chacun des trois personnages aura le sien, à sa manière, dans une succession de paroxysmes assez glaçants.

Plus glaçants que réellement convaincants d’ailleurs. Mais pas sûr que le réalisme à tout prix soit la priorité de Losey, qui semble transformer la belle maison familiale en décor de film d’horreur gothique au fur et à mesure que le drame se met en place, comme un piège qui se refermerait sur les personnages. C’est finalement dans le plaisir du pur film de genre que The Sleeping Tiger prend toute sa dimension.

Monsieur Klein – de Joseph Losey – 1976

Posté : 7 mars, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, LOSEY Joseph | Pas de commentaires »

Monsieur Klein

Grande claque que ce film de Losey, à la fois obscur et terrifiant. Film pas facile à appréhender, austère et opaque sur bien des aspects, mais pourtant passionnante et édifiante peinture du Paris de 1942.

La claque arrive en fait en quelques secondes, dès la première séquence. Dans une grande pièce froide, un « médecin » examine une femme nue avec froideur, analysant ses dents, sa morphologie, son crâne, comme on le ferait avec un cheval, commentant en ignorant sa présence-même sa probable judéité. Un moment déshumanisant, dont la pauvre femme ne sortira pas indemne. Dans le couloir, elle ne peut dire la vérité à son mari, qui lui-même semble lui mentir sur sa propre expérience.

Deuxième séquence, deuxième claque. On découvre Robert Klein, Alain Delon, cynique profiteur, homme d’affaires achetant des biens au rabais à des Juifs acculés. Jean Bouise en l’occurrence, digne et résigné. Delon, arrogant et carnassier, qui découvre sur le pas de sa porte un journal juif visiblement destiné à un homonyme…

Voilà comment, en quelques minutes seulement, Losey illustre la déshumanisation de cette période de haine, de mort et de rancœur. Qui est cet autre Robert Klein avec qui on confond le personnage de Delon ? Un Juif visiblement, mais pourquoi cette méprise ? Klein enquête pour détourner de lui les soupçons de « juiverie » qui commencent à peser. Et plus il enquête, plus l’attention se porte sur lui…

Losey signe une troublante plongée dans les abysses de la culpabilité, et de l’identité en ces temps troublés. Dans son enquête, Klein croise d’étranges personnages, une mystérieuse maîtresse qui pourrait s’appeler Isabelle… ou Françoise… ou Kathy, une châtelaine jouée par Jeanne Moreau, une concierge apeurée (Suzanne Flon), un photographe suspicieux (Gérard Jugnot)…

En même temps, Klein part à la recherche de ses propres origines, pour se dédouaner, mais aussi pour comprendre. C’est une enquête absurde, comme sortie d’un récit de Kafka. On se croirait aussi par moments chez David Lynch, avec ce trouble presque envoûtant sur l’identité et la personnalité du personnage.

Mais la dernière séquence, la rafle du Vel d’Hiv, remet douloureusement les pieds sur terre, et nous assène sans ménagement la monstruosité, la déshumanisation, la négation de l’individu, le trouble et la culpabilité. Un film pas confortable, vraiment pas. Mais un film qui vous poursuit bien après que les bruits de train se sont tus.

Temps sans pitié (Time without pity) – de Joseph Losey – 1957

Posté : 18 octobre, 2020 @ 8:00 dans * Polars européens, 1950-1959, LOSEY Joseph | Pas de commentaires »

Temps sans pitié

Un père ivrogne découvre à 24 heures de l’exécution que son fils a été condamné à mort. La séquence d’ouverture nous montrant clairement que le fils est innocent du meurtre pour lequel il a été condamné, mais aussi l’identité du vrai coupable, l’attention est entièrement tournée sur la course contre la montre désespérée d’un homme, écrivain et père raté, et alcoolique pathétique.

Avec ce personnage foncièrement détestable, Losey bouscule mine de rien ce qui sera pas loin d’un film de genre assez classique. Il adopte le point de vue de son antihéros, nous fait partager ses visions éthyliques, sa fatigue et son désespoir. Et c’est un exercice de style assez brillant et d’une redoutable efficacité.

Dès cette scène d’ouverture d’ailleurs, avec cette caméra qui semble cadrer à côté, ces ombres profondes, cette violence silencieuse, et cette musique qui nous plonge en plein malaise. Pur film noir sur le papier, dont Losey tire un film très européen dans son esthétique.

Quelques flottements, une poignée de plans inutilement virtuoses (les visages qui se reflètent dans le miroir de la voiture), un jeu d’acteur un rien théâtral par moments… Des petites réserves qui n’enlèvent pas grand-chose à la puissance dramatique du film, et à la prestation habitée de Michael Redgrave, qui se livre à 100 % dans ce rôle de père minable qui se rachète sur le fil. Le rythme du film adopte sa propre urgence, ses temps morts.

Avec l’omniprésente de montres, horloges et autres cadrans aussi pesants et insupportables que leur absence. Tendu, et puissant…

M le maudit (M) – de Joseph Losey – 1951

Posté : 24 avril, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, LOSEY Joseph | Pas de commentaires »

M le maudit (Losey)

A quoi bon refaire M, le chef d’oeuvre de Lang ? A quoi bon, surtout, le refaire en respectant scrupuleusement sa construction, ses idées narratives et visuelles ? Le film de Losey n’est pas un remake plan par plan de celui de Lang, contrairement à ce qui a parfois été dit. Mais il n’en est quand même pas loin par moments : cette séquence d’ouverture pour commencer, copier-coller exact du film de 1933 transposé dans l’Amérique des années 50.

Difficile, donc, de se débarrasser de cette impression gênante d’une certaine vacuité dans cette entreprise (que l’on doit à un producteur ayant travaillé sur le film de Lang). Et pour le coup, on aimerait vraiment ne pas avoir à comparer ce remake avec son modèle. Car le film de Losey est, lui aussi, une splendeur.

Passons donc sur les idées narratives, qui viennent à peu près toutes du film de 1933. Mais la simple idée de transposer fidèlement cette histoire de tueur d’enfants de l’Allemagne de la République de Weimer au Los Angeles de l’après-guerre est en soit une idée assez fascinante. D’autant plus que la grande force du film repose sur la manière qu’a Losey de filmer la ville, et d’y placer ses personnages comme de simples éléments d’un grand tout.

Au rayon des bons points, il faut aussi souligner la richesse de certains personnages, qui passaient au second plan, voire étaient totalement inexistants dans le film originel. Le personnage du flic en particulier, obsessionnel et usé, formidablement interprété par Howard Da Silva. Ou celui de l’avocat alcoolique (Luther Adley) du chef de la mafia (Martin Gabel), qui ne retrouve son humanité qu’en défendant le tueur joué ici par David Wayne, le montrant comme un malade victime de la société.

C’est une différence majeure avec le film de Lang, qui n’essayait jamais de dédouaner le tueur interprété par Peter Lorre, malgré une troublante complexité. Ici, in extremis, le film se transforme en un plaidoyer à charge contre la société qui crée ses propres monstres. Pourquoi pas, mais la société que filme Losey semble nettement moins malade que celle de Lang…

Finalement, le film est une grande réussite sur le plan formel. Losey parvient à réinventer visuellement un film qui a déjà été génialement réussi vingt ans plus tôt. Et transpose les horreurs d’hier dans une Amérique contemporaine et ouvertement quotidienne (les séquences diurnes ont un aspect « réel » assez en avance sur son temps). On peut se poser la question du bien-fondé de l’entreprise. Ou prendre plaisir à cet excellent film noir remarquablement tendu.

* Blue ray d’excellente facture chez Sidonis/Calysta, avec d’intéressantes interventions de Bertrand Tavernier, François Guérif et Michel Ciment, et une interview d’Harold Nebenzal, producteur ayant débuté avec le film de Losey, mais dont le père avait produit le M de Fritz Lang alors que lui-même avait une dizaine d’années. L’entretien est assez anecdotique, mais il y a quelque chose de fascinant à écouter cet homme de 93 ans évoquer ses souvenirs de tournage en 1951, ses rapports difficiles avec Lang, et (un peu) ses souvenirs d’enfant à l’ombre des plateaux allemands…

 

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