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Archive pour août, 2023

Le Dossier noir – d’André Cayatte – 1955

Posté : 31 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, CAYATTE André | Pas de commentaires »

Le Dossier noir

Dans l’expression « cinéaste engagé », André Cayatte a davantage marqué les esprits pour son côté engagé que pour ses talents de cinéaste. Pourtant, Le Dossier noir révèle une vraie vision de cinéma. Film à thèse, oui, mais film avant tout, avec une authentique atmosphère, un sens très sûr de la mise en scène et du rythme, et de beaux personnages.

Et puis Cayatte est un excellent directeur d’acteur, ce qui ne gâche rien. Dans le rôle principal, celui d’un jeune juge d’instruction nommé dans une petite ville de province, le pourtant bien falot Jean-Marc Bory est parfaitement troublant et émouvant, annonçant avec quelques décennies d’avance le procureur de Burning Days. Surtout, les seconds rôles sont formidables, dépouillés de leurs manies habituelles : Noël Roquevert en pathétique flic aux ordres, Paul Frankeur en notable monarchique, ou Bernard Blier en superflic parisien sûr de son génie… Tous exceptionnels.

Il y a d’ailleurs beaucoup de personnages dans ce film, et des points de vue qui varient, le jeune juge d’abord omniprésent s’effaçant au fur et à mesure que l’enquête avance et que son rôle s’amenuise. En fait, le vrai point de vue, ce serait celui de la justice en marche. Mais une justice qui fait peu de cas de l’humanité. Entre la corruption et les petits arrangements avec la vérité, il n’y a pas grand monde qui trouve grâce aux yeux de Cayatte, si ce n’est ce petit peuple condamné à jouer de la figuration.

Le ton est acerbe. La justice, les notables, et même la cellule familiale, systématiquement étouffante (mon dieu, ce procureur réduit au silence par une femme, une mère, une sœur et une fille également castratrices)… Cayatte n’épargne personne. Mais ce qu’il condamne, au fond, c’est moins la médiocrité des femmes et des hommes que le système judiciaire lui-même, et cette figure du juge d’instruction tout puissant, ce pouvoir immense laissé entre les seules mains d’un homme, en l’occurrence un gamin à peine sorti de l’école.

Cayatte ne fait certes pas dans la demi-mesure, ce n’est pas le genre de la maison. Mais il a du style pour le coup. Sa mise en scène élégante et efficace, ainsi que la formidable distribution, font de ce Dossier noir un must (LE must?) de sa filmographie.

Le Fleuve de la dernière chance (Smoke Signal) – de Jerry Hopper – 1955

Posté : 30 août, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, HOPPER Jerry, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Fleuve de la dernière chance

Smoke Signal est tourné en 1955, et 1955 vient juste après 1954. Si, si. Et si c’est important, c’est parce que 1954 est l’année de River of no return, le merveilleux classique d’Otto Preminger avec Marylin et Robert. Dans Smoke Signal, il n’y a ni l’une ni l’autre, mais il y a Piper Laurie et Dana Andrews, ce qui n’est pas tout à fait aussi prestigieux, mais ça a tout de même beaucoup d’allure. Surtout, il y a aussi un fleuve particulièrement à descendre pour échapper à des Indiens. Et voilà pourquoi c’est important.

Le film de Jerry Hopper s’inscrit donc très clairement dans le sillage de celui de Preminger, gros succès qui a donné quelques idées aux producteurs. Et on ne va pas s’amuser à comparer les deux films, assez semblables sur le fond : Hopper n’est pas Preminger, il n’en a ni le talent, ni les moyens. Mais il est un cinéaste qui sait être efficace quand il le faut. Et il s’avère ici particulièrement inspiré pour filmer un scénario d’une précision assez remarquable.

De la première à la dernière image, il n’y a à peu près aucun temps mort, aucun ventre mou, aucune pause. Smoke Signal avance avec la même régularité et la même inexorabilité que ce fleuve qui donne au film son titre français. Il y a des remous, des écueils, des berges instables et menaçantes. Mais il y a surtout un débit que rien ne semble pouvoir arrêter.

L’histoire est d’une simplicité exemplaire : un groupe d’hommes dans un environnement hostile tente d’échapper à une meute d’Indiens très remontés. A peu près rien de plus, si ce n’est Dana Andrews, toujours impeccable, dans le rôle assez trouble d’un blanc considéré comme un lâche ; William Talmadge en officier droit et honnête, mais décidé à faire passer Andrews par les armes ; et Piper Laurie dont le jeu atypique et profond transcende le statut de caution féminine.

C’est simple et direct. C’est aussi précis, concis, et efficace, grand film d’action non-stop qui répond à une logique de pure efficacité. Hopper tire le meilleur d’un budget visiblement très réduit. Il doit se contenter d’une poignée de figurants pour incarner une meute assez cheap d’indien… Ses transparences sont assez pourries… Mais qu’importe : le rythme et la construction sont à ce point impeccables que rien ne vient gâcher le plaisir.

… Sans laisser d’adresse – de Jean-Paul Le Chanois – 1951

Posté : 29 août, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Sans laisser d'adresse

C’est une jolie virée nocturne à laquelle nous convie Le Chanois, cinéaste qui n’a pas laissé que des bons souvenirs mais qui se dévoile ici sous son meilleur jour : celui d’un habile chroniqueur de la vie quotidienne des petits travailleurs parisiens.

L’histoire de ce brave chauffeur de taxi (Bernard Blier) qui trimballe une jeune femme tout juste descendue du train (Danièle Delorme) à travers les rues de la capitale où elle cherche en vain le père de son bébé, est l’occasion pour Le Chanois de nous plonger dans différents aspects de la vie nocturne.

Et dans la peinture des petites choses du quotidien, le cinéaste s’avère très à son aise, donnant du corps et de la vie à ces rencontres entre chauffeurs. Au fil de cette virée, on a aussi l’occasion de traverser la rédaction bouillonnante de vie d’un grand journal, ou les couloirs d’une maternité, ou encore la salle d’attente d’une gare… Et à chaque fois, le même sentiment de réalité et de justesse.

Bernard Blier, bonhomme et grande gueule à ses heures, est un guide idéal pour cette découverte de Paris, qui n’oublie pas de nous emmener dans une cave de Saint-Germain où chante Juliette Gréco dans son propre rôle, témoignage rare et intense de cette époque vibrante. Blier, donc, est formidable dans le rôle de cet homme si banal et si brave.

Et ce n’est pas si courant de voir un homme et une femme faire un tel compagnonnage sans que jamais le désir ou la séduction ne vienne troubler la donne. Le Chanois réussit avec ce film un petit miracle : un film qui n’élude en rien la dureté, voire la cruauté de l’existence, tout en étant constamment et parfaitement bienveillant. Un vrai feel-good movie…

L’Enquête est close (Circle of Danger) – de Jacques Tourneur – 1951

Posté : 28 août, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, TOURNEUR Jacques | Pas de commentaires »

L'Enquête est close

Un suspense autour des souvenirs encore frais de la seconde guerre mondiale… Non, Jacques Tourneur ne refait pas Berlin Express, trois ans plus tard. Si les deux films ont quelques points communs, ne serait-ce que sur la thématique, ils différent assez radicalement dans leur approche. Et ce Circle of Danger, nettement moins célébré, se révèle également passionnant, et très surprenant.

De la guerre, cette fois, on ne verra rien de concret, si ce n’est des regards perdus dans les pensées. Pas de ruines, pas de champs de bataille, et pour cause : toute l’action du film se passe sur les terres britanniques, à la brève exception des toutes premières minutes, au large de la Floride. Etrange et fascinant début d’ailleurs, à bord d’un bateau où des marins pompent pour alimenter un scaphandrier en air.

Magnifiquement filmée, avec ces reflets mouvants de la lumière dans les vague, cette introduction est totalement coupée de l’intrigue, sans autre lien qu’un possible symbole : celui de la vérité profondément enfouie qui émerge avec lenteur et difficulté… Qu’importe d’ailleurs : elle annonce surtout le talent formel intact du réalisateur de La Féline, qui sait créer une atmosphère avec si peu de moyens.

Sur ce bateau, on découvre aussi le personnage principal, joué par Ray Milland : un Américain qui décide de tout plaquer pour aller en Grande-Bretagne mener l’enquête sur la mort suspecte de son jeune frère durant la guerre. Un membre de son commando aurait laissé entendre que le frangin a été abattu par l’un des siens, et pas par un Allemand… Ce qui mérite d’en savoir plus.

Les quartiers populaires de Londres, les mines du Pays de Galles, les Highlands d’Ecosse : cette enquête qui emmène le héros d’un témoin à un autre ressemble alors à une véritable collection de cartes postales britanniques, mais avec ce supplément d’âme qu’on attend d’un cinéaste de la trempe de Tourneur. Alors c’est aussi charmant que passionnant. Et mine de rien, ça évite consciemment les clichés.

Visuellement, certes, Tourneur assume ce côté cliché, et il fait de son héros un Américain un rien arrogant, un peu mufle, un peu homophobe, assez caricatural au fond. Mais il met en scène un scénario malin et brillant, qui surprend constamment, déjouant toutes les attentes jusqu’à un final superbe et déchirant dans les landes écossaises. Avec ce final, toutes les réserves qu’on pouvait avoir volent en éclat, et toutes les certitudes en même temps. Passionnant.

Souvenirs perdus – de Christian-Jaque – 1950

Posté : 27 août, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, CHRISTIAN-JAQUE | Pas de commentaires »

Souvenirs perdus

Etonnant film à sketchs, qui utilise le fil conducteur du service des objets trouvés pour raconter quatre histoires radicalement différentes. Le procédé n’est pas neuf et ne sert finalement que de vague prétexte pour introduire chaque histoire, chacune se rapportant à l’un des objets soigneusement étiquetés dans cet entrepôt très organisé. Mais la voix off des séquences intermédiaires est séduisante, quoi que toujours sur le même ton malgré la varié des registres.

Un premier sketch mélancolique, puis une farce exubérante, ensuite un sombre portrait de psychopathe… Difficile de trouver des points communs entre les sketchs, totalement indépendants les uns des autres, et assez radicalement différents, jusque dans la mise en scène de Christian-Jacques, qui s’autorise des effets lubitschiens dans les moments légers, une caméra désaxée et des ombres profondes pour son drame noir, et même une séquence muette et burlesque de rêve pour commencer son ultime histoire.

La meilleure et la plus réjouissante des quatre, cette ultime histoire qui nous plonge d’emblée dans les fantasmes nocturnes de Bernard Blier, excellent en agent de la paix autoritaire doublé d’un amoureux transit et un peu manipulateur. Il est à la fois touchant dans sa maladroite douceur, et odieux dans sa manière d’utiliser le fils de celle qu’il aime secrètement, affreux joueur de violon qui pourrit les oreilles du quartier… Nettement plus agréable à l’oreille : l’apparition d’un tout jeune Yves Montand qui chante (bien) plus qu’il ne parle, et qui sourit plus qu’il ne joue vraiment.

Le premier sketch est plutôt joli aussi : l’histoire de deux anciens amoureux (Edwige Feuillère et Pierre Brasseur) qui se retrouvent par hasard un soir de Noël, chacun mentant à l’autre sur sa réussite sociale sans vouloir s’avouer qu’ils sont tous deux seuls et pauvres. Entre les couloirs du Louvres et les jardins des Tuileries (pour une séance de flash-back par cartes postales interposées), c’est une virée dans le Paris qu’ils se fantasment que ces deux amoureux s’offrent cette jolie parenthèse teintée de mélancolie.

Le deuxième sketch est à peu près totalement dénué de mélancolie, ou même de tendresse. François Périer y joue un jeune héritier qui s’amuse à séduire les femmes et à les quitter en utilisant de fausses identités, et dont l’une des conquêtes surgit, espère de tornade incarnée par Suzy Delair dans un rôle taillé pour elle. Un vrai vaudeville, avec portes qui claquent et quiproquos, jusqu’à une scène d’enterrement haute en couleur. Pas très fin, mais plein de vie…

Le troisième, enfin est le plus inattendu du lot : un vrai drame très sombre, avec un Gérard Philippe échappé d’un asile qui tue les membres de sa famille qui l’on fait enfermer, tente de fuir la police, et rencontre une jeune femme sur le point de se suicider qui reprend goût à la vie en le rencontrant (Danièle Delorme). Sombre et assez glaçant, loin, très loin des trois autres histoires.

Zhodi et Téhu, frères du désert – d’Eric Barbier – 2023

Posté : 26 août, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, BARBIER Eric | Pas de commentaires »

Zhodi et Téhu frères du désert

Après Le Nid du Tigre, nouvelle sortie familiale au cinéma, avec un film au thème assez similaire : l’escapade à travers des paysages spectaculaires d’un gamin qui se lie d’amitié avec un animal. Ici, un dromadaire, et le Sahara. Et trois ou quatre crans au-dessus, côté réussite.

Là encore, le film se complaît un peu trop dans les grands sentiments et les rebondissements faciles. Là encore, mais dans une moindre mesure, le méchant flirte avec la caricature. Et le personnage de la bonne samaritaine jouée par Alexandra Lamy n’apporte pas grand-chose (si ce n’est un nom populaire au générique). Bref, c’est du cinoche familial classique et pas franchement inventif.

Mais le film est réalisé par Eric Barbier, cinéaste plutôt sombre habituellement qui fait ses débuts dans la comédie d’aventure, raconteur d’histoire qui connaît son métier, et sait manipuler une caméra. Les images sont belles, et rendent justice à la grandeur envoûtante du désert. Le rythme est impeccable. Le film joue plutôt efficacement avec l’humour, l’émotion et (un peu) le suspense. Manque juste un peu de surprises…

Le Nid du Tigre (Ta’igara : an adventure in the himalayas) – de Brando Quilici – 2022

Posté : 25 août, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, QUILICI Brando | Pas de commentaires »

Le Nid du tigre

J’aimerais trouver du positif. Souligner les bons sentiments, ou au moins la beauté des paysages himalayens. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, et le fait de s’adresser à un public autour de 10 ans n’excuse rien : il n’y a pas grand-chose à sauver dans Le Nid du Tigre.

Ce film familial accumule à peu près tous les pires travers des productions télévisuelles au rabais des années 1980 ou 1990 : mal joué, mal filmé (non, même les paysages ne rattrapent rien), mal écrit… Cette histoire d’amitié entre un orphelin et un tigre est plombée par… à peu près tout, jusqu’à un méchant caricatural comme on n’en fait plus depuis Highlander 3 (j’avais envie de tacler ce fleuron des 90s au passage, si on peut plus être méchant gratuitement…).

En légitime défense – d’André Berthomieu – 1958

Posté : 24 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, BERTHOMIEU André | Pas de commentaires »

En légitime défense

J’avais découvert André Berthomieu avec Le Mort en fuite, comédie inégale filmée comme un film noir. Avec En légitime défense, c’est un peu l’inverse qui se produit : d’un polar plutôt sombre, il tire un film trop souvent léger, plombé il est vrai par un dialogue lourdement patoisant de Frédéric Dard, qui réussit à faire regretter les pires excès d’un Michel Audiard en roue libre.

Mais il y a des personnages attachants dans cette histoire de racket dans un quartier parisien qui semble bien être Pigalle. Il y a surtout une belle amitié, assez inattendue, entre le suspect et le flic bonhomme mais déterminé joué par Bernard Blier. C’est pour ce dernier que je me suis plongé dans le film, et c’est bien pour lui qu’il faut le voir, formidable dans un rôle assez atypique (même si des flics, il en a joué plus d’un).

Pas désagréable, mais pas transcendant non plus, le film évite assez consciencieusement toute grande surprise et tout grand accroc jusqu’à la scène finale, guet-apens lourd de tension, avec une incroyable poursuite/fusillade entre un ascenseur et une voiture (si, si). Là, tardivement et brièvement, Berthomieu se montre inventif et ambitieux, concluant son film par un moment vraiment mémorable.

Une lueur dans la nuit (Shining Through) – de David Seltzer – 1992

Posté : 23 août, 2023 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, SELTZER David | Pas de commentaires »

Une lueur dans la nuit

Il y a trente ans déjà, Une lueur dans la nuit semblait être un film d’un autre temps : un grand mélo hollywoodien sur fond de guerre, comme on en voyait dans les années 1940 et 1950. Et c’est vrai que le film aurait pu être tourné à cette époque : on y retrouve ce souffle romantique hollywoodien qui pourrait sembler désuet, mais qui au final lui donne tout son charme.

Ce décalage est d’ailleurs totalement assumé. Le personnage que joue Melanie Griffith passe ainsi son temps à se référer aux films de guerre qui l’ont marquée. Les mêmes que David Seltzer visiblement, qui signe un mélange de romance et d’espionnage sur fond d’Allemagne nazie, comme on n’en faisait déjà plus depuis cinquante. Et il a bon goût, qui cite en particulier The Mortal Storm, superbe film borzagien qui évoquait également un couple cherchant à fuit le nazisme.

N’en rajoutons pas : Seltzer n’est pas Borzage. Et le petit souffle qu’il donne à son film doit plus aux emprunts qu’il s’autorise qu’à son réel talent. On notera quand même, au détour de quelques scènes spectaculaires et romanesques, la cape rouge de Melanie Griffith voletant alors qu’elle court dans la nuit…

Mais le couple que l’actrice forme avec un Michael Douglas très convaincant a plutôt de la gueule. Et on s’amuse à reconnaître les références du film. Ce n’est d’ailleurs pas toujours bien difficile. Cette scène de séparation sur le tarmac d’un aéroport, le large chapeau de Melanie Griffith évoquant celui d’une certaine Ilsa dans un film de Michael Curtiz, ne serait-elle pas tirée d’un monument du cinéma hollywoodien ?

Le Mystère de la Tour Eiffel – de Julien Duvivier – 1928

Posté : 22 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1920-1929, DUVIVIER Julien, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Le Mystère de la Tour Eiffel

Curieux film que ce Duvivier muet, qui livre une vision à moitié parodique des serials alors très en vogue. Avec rebondissements à n’en plus finir, bandits internationaux, déguisements…

C’est l’histoire improbable d’un gang de malfaiteurs dont on ne comprend pas vraiment ce qu’est leur objectif ultime, si ce n’est celui de leur chef d’élimer celui qui se met en travers d’une fortune personnelle.

Mais qu’importe l’intrigue : elle est une excuse un peu bidon pour enchaîner les moments forts. Un peu à la manière de L’Homme de Rio finalement, que le film Duvivier semble annoncer à plus d’un titre : pour cette course effrénée qui multiplie les terrains de jeux, et pour ces cascades d’anthologie que le film nous offre.

Léger (et mineur), le film est l’une des rares comédies de Duvivier, particulièrement à l’aise lorsqu’il laisse libre court à la folie, comme dans cette scène où le « double » arrive chez lui et se laisse dévêtir, puis servir un verre, par une armée de serviteurs.

Bien plus que l’intrigue, c’est le style que Duvivier donne à son film qui procure le plaisir. On notera ainsi une très belle scène de rêve, avec ces ombres chinoises projetées, quelques trucages marrants (notamment pour le double-rôle), et des images fortes et magnifiques, comme cette caméra embarquée dans le camion de police, ou cette vue plongeante sur les lacets des Alpes.

Surtout, Duvivier filme la Tour Eiffel avec la même puissance que René Clair (Paris qui dort), lors d’une course poursuite finale hallucinante, extraordinairement vertigineuse, entre les entrelacs de la tour… dont on se demande bien ce que les méchants espèrent trouver au sommet, dans leur course désespérée.

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