Zorro rides again (id.) – de William Witney et John English – 1937
Le titre laisse penser que c’est une suite, et c’en est une, en quelques sortes : la suite des grands films Zorro (celui de Fairbanks), qui serait contemporaine. Zorro est donc une légende morte : le souvenir d’un héros qui se battit pour le peuple à la frontière mexicaine, bien des années plus tôt. Mais deux ou trois générations plus tard, la violence est toujours là. Alors qui c’est qu’on appelle ?
Eh bien l’arrière-petit-fils de Zorro, le dernier héritier des Vega. Qui arrive de l’Est, et qui désole sa famille, tant il apparaît faible et jouisseur. Euh… Les gars… Ça ne vous rappelle rien ?… Visiblement pas, parce que la famille de l’héritier ne soupçonne pas le moins du monde que ce jeune citadin un peu précieux est le nouveau Zorro. Nouveau, nouvelle génération, mais le portait craché de son aïeul.
Rien de bien neuf sous le soleil de Californie, donc, à ceci près qu’on est au XXe siècle, et que les poursuites à cheval sont parfois contrariées par l’apparition d’une automobile, et que les attaques de train se font par avion !
A ceci près, aussi, que ce Zorro-là est un serial, en douze épisodes courts et intenses, qui sont signés par deux spécialistes du genre. Et que ça dépote. Oh ! La direction d’acteurs est, disons, approximative. Mais l’action, elle, est trépidante.
C’est d’ailleurs tout ce qu’on leur demande. Et qu’importe si le héros a les traits du terne John Carroll : on ne voit son visage que dans des moments sans importance (sans action, donc). Et qu’importe que le méchant soit incarné par Noah Berry : il n’existe vraiment qu’en plans larges.
Mais le duo English/Witney ne lésine pas sur le spectaculaire : trains qui déraillent, bombent qui explosent, fusillades extrêmes… Et bien sûr, un cliffhanger de dingue pour conclure chaque épisode, histoire d’être sûr que le spectateur reviendra à la séance suivante !
C’est dingue le nombre de bombes qui explose à dix centimètres de Zorro (dans un train, dans un hangar), avant qu’on se rende compte au début de l’épisode suivant qu’en fait non, c’était un peu plus loin, ou il avait eu le temps de sortir…
C’est aussi là-dedans qu’on trouve l’un des exemples les plus célèbres du cliffhanger tellement foutage de gueule qu’il en devient génial. Zorro, le pied coincé dans des rails, voit un train foncer vers lui. Il n’est plus qu’à 100 mètres… 50 mètres… 10 mètres… 1 mètres… fin de l’épisode… épisode suivant… Ah non, on a tout le temps, en fait ! Un classique.