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Archive pour la catégorie 'FLEISCHER Richard'

20 000 lieues sous les mers (20.000 leagues under the sea) – de Richard Fleischer – 1954

Posté : 9 octobre, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, DOUGLAS Kirk, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

20 000 lieues sous les mers

Il y a des classiques qui ne prennent pas une ride, même 70 ans après, et même chez Disney. Cette grosse production familiale reste même la plus enthousiasmante de toutes les adaptations de l’œuvre de Jules Verne. Et dans ces années 50, elles sont nombreuses.

Mes souvenirs du roman ne sont pas suffisamment frais pour trancher la question de la fidélité. Le fait est que Ned Lang a pour l’éternité le dynamisme insolent de Kirk Douglas, et le capitaine Nemo le flegme désabusé de James Mason. Et le Nautilus ce design-là, très inspiré des constructions d’Eiffel.

Revoir le film trente ans après a quelque chose de rare, parce que les scènes clés sont à la hauteur des souvenirs qui en étaient restés. Le combat avec le poulpe géant bien sûr, qui reste spectaculaire et admirablement tendu malgré le côté artisanal et carton-pâte (ou plutôt caoutchouc-pâte) des effets spéciaux. Ou encore le fameux « duo » chanté/dansé entre Kirk Douglas et sa compagne otarie, assez irrésistible.

Il fallait un réalisateur de l’envergure de Richard Fleischer pour transcender ce genre de morceaux de bravoure. Ou pour se sortir avec les honneurs de séquences aussi casse-gueule que l’île aux cannibales, ou la chasse sous-marine. Fleischer qui, après s’être imposé comme un grand maître du film noir (à budgets modestes), à l’instar d’Anthony Mann, prouvait qu’il était également à l’aise à la tête d’une production aussi prestigieuse.

Grand film d’aventure familial, 20 000 lieues sous les mers est aussi un film dans l’air du temps, qui porte les angoisses et les grandes questions liées à l’atome, dans une décennie ou l’ombre d’un conflit nucléaire plane sur une grande partie du cinéma américain. Je dois bien avouer que cette dimension m’avait totalement échappé enfant. Elle est pourtant centrale dans ce film qui passe du drame le plus sombre à la comédie la plus légère avec une belle aisance.

Mr. Majestyk (id.) – de Richard Fleischer – 1974

Posté : 17 décembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Mr Majestyk

Mr. Majestyk est à la fois très con, et très réussi. L’un des derniers excellents films de Fleischer avant une fin de carrière assez problématique, et l’un des meilleurs « véhicules » pour un Charles Bronson au sommet, qui venait de tourner le premier Justicier dans la ville. Tout en reprenant le thème du citoyen qui n’est jamais mieux protéger que par lui-même, le film de Fleischer est nettement plus intéressant, et percutant, que celui de Michael Winner.

S’il y a une comparaison à faire, elle se tournerait plutôt vers Rambo, dont Mr. Majestyk est probablement une influence majeure. Dans les deux cas, le héros est un vétéran du VietNam qui ne demande rien à personne, mais qui devient la proie de prédateurs… avant de renverser la situation et de devenir lui-même le chasseur, en utilisant le terrain qui l’entoure. On l’imagine bien : avec son visage rude et sa carrure massive, Bronson fait un pré-Rambo très convainquant.

Il parle peu, Bronson, mais c’est hélas encore trop. Taiseux, il est un parfait en vétéran avide de tranquillité. Quand il ouvre la bouche, c’est pour sortir une réplique lourdement cool qui ruine immanquablement la crédibilité de son personnage. C’est étonnant (le scénar est signé Elmore Leonard, pas un manchot pourtant), et c’est très con, donc. Etonnant aussi : le personnage du flic (joué par Frank Maxwell), qui semble avoir 20 ans de trop pour l’être (flic), et qui se contente d’apparaître de loin en loin en traversant l’écran tranquillement, les mains dans les poches. « Vous ne voulez pas connaître ma version ? » s’étonne Bronson. Ben non…

Assez con aussi, le grand méchant, tueur bas du front (Al Lettieri, une gueule à défaut d’être un grand acteur) qui prend constamment les plus mauvaises décisions, et qu’un génial avocat réussit à blanchir malgré une évasion très sanglante. Evasion qui constitue le premier gros coup de fouet du film : là, avec une violence aussi cinglante que sèche, Fleischer rappelle brillamment qu’il a été l’un des grands spécialistes du film noir sec et tendu au tournant des années 1950.

Mais c’est surtout dans sa manière d’inscrire le thriller dans un contexte westernien que Fleischer marque des points avec son film. Le décor principal d’abord, autour d’immenses champs de pastèques dépouillés de tout attrait de carte postale. Bronson est l’interprète idéal dans cette Amérique profonde très éloignée du folklore hollywoodien habituel. Rien de glamour ici : juste l’Amérique laborieuse, dont Bronson est une parfaite incarnation.

Dans ce décor westernien, Fleischer signe une longue séquence de poursuite assez formidable, entre canyon et grandes étendues désertes. Cette scène, brillamment réalisée et d’une intensité folle, mérite à elle seule de découvrir ce Mr. Majestyk imparfait, mais passionnant.

La Fille sur la balançoire (The Girl in the Red Velvet Swing) – de Richard Fleischer – 1955

Posté : 27 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

La Fille sur la balançoire

Voilà un film qui vous laisse avec la gorge nouée, et une terrible amertume. Adaptée d’un authentique fait divers, et des minutes de l’un des procès les plus médiatiques du tout début du XXe siècle, cette grosse production en Cinemascope et Technicolor flamboyant est à la fois l’un des sommets de la carrière de Richard Fleischer, et l’un de ses films les plus méconnus.

Après ses enthousiasmants débuts qui ont fait de lui l’un des spécialistes de la série B noire (comme Anthony Mann à la même époque), Fleischer est devenu un habitué des grosses productions avec le succès de 20.000 lieues sous les mers. La Fille sur la balançoire a été tourné juste après. Les moyens à sa disposition sont énormes.

Techniquement, Fleischer bénéficie de tout le savoir de la Fox, avec un producteur et scénariste ambitieux, Charles Brackett (qui venait de signer Boulevard du Crépuscule, et Niagara), qui lui ouvre les portes d’une reconstitution en tout point parfaite : ce New-York du spectacle et de la haute-société, dans les coulisses desquels le film nous plonge.

Facile de se laisser déborder par de tels moyens, et d’en oublier l’essentiel. La mise en scène de Fleischer est certes simple et frontale (vraiment frontale la plupart du temps), privilégiant les plans larges et évitant les gros plans. Mais cette simplicité n’est pas une facilité : c’est un parti-pris qui place constamment les personnages, centraux, dans un environnement d’où toute idée d’intimité semble bannie. Quelques scènes toutefois rompent avec cette frontalité, avec l’utilisation de cadres dans le cadre qui soulignent l’enfermement psychique grandissant de la jeune femme.

Fleischer filme admirablement ce trouble naissant chez ses trois personnages principaux, tous obsédés d’une manière ou d’une autre par ce triangle amoureux. Le choix de Joan Collins, actrice pas franchement enthousiasmante, laisse un peu dubitatif. Mais Farley Granger est glaçant, et Ray Milland est impérial en homme qui échoue à rester raisonnable. Dommage que le rôle de sa femme vieillissante (Frances Fuller) reste à ce point dans l’ombre, à l’exception de deux courtes et très jolies scènes.

La peinture de cette société privilégiée mais oppressante intéresse visiblement nettement plus Brackett et Fleischer que le fait divers lui-même, avec lequel le scénario prend pas mal de libertés semble-t-il, simplifiant largement les enjeux de ce triangle amoureux : une jeune actrice pure, un architecte entre deux âges dont elle s’éprend, et le jeune millionnaire arrogant constamment prêt à exploser. L’issue du drame ne fait guère de doute, dès les premières minutes, loin d’une vérité historique semble-t-il nettement plus ambivalente. Beau film en tout cas, qui mériterait d’être redécouvert sur un écran très large.

Le Chanteur de jazz (The Jazz Singer) – de Richard Fleischer – 1980

Posté : 23 mars, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, FLEISCHER Richard | 2 commentaires »

Le Chanteur de jazz 1980

Le principe même du film laisse dubitatif. Un remake du Chanteur de jazz, resté dans l’histoire essentiellement pour avoir été le premier film parlant (chantant, en fait, le film étant majoritairement muet, à l’exception des chansons entonnées par Al Jolson) ? Drôle d’idée… On ne peut pas dire que les premières scènes rassurent vraiment, avec cet hommage pas très inspiré au film d’Alan Crosland, qui sonne comme un passage obligé : le personnage principal se noircit le visage pour renforcer un groupe jouant dans un club pour Noirs.

L’un des principaux problèmes réside dans le fait que le film est nettement plus musical que l’original, et que les chansons sont en grande partie très quelconques, malgré le succès colossal que la bande originale rencontrera (a contrario du film qui, lui, sera un bide retentissant). Les quelques ballades sont plutôt sympas, mais malgré tout le respect que mérite le chanteur (et acteur occasionnel, pour le coup) Neil Diamond, ses morceaux plus rythmés censés être cool ont pris un immense coup de vieux.

Il n’est pas si mauvais acteur, Neil Diamond, nettement meilleur en tout cas que ce que la mauvaise réputation du film a laissé entendre. Il tient plutôt bien son rôle : celui du fils d’un « cantor » juif, qui rompt avec la tradition familiale en devenant vedette de variété. Jusqu’à ce que la culpabilité, liée au regard inquisiteur de son père, finisse par le ronger.

Et là, Fleischer fait fort. On sait bien qu’il n’est pas au sommet de son art, au cours de cette ultime décennie de sa carrière. Mais il frôle carrément le ridicule dès qu’il veut illustrer les grands mouvements d’humeur de son personnage : que ce soit la naissance de l’histoire d’amour avec ses détails si mignons (il se cogne contre les murs, si si), ou la fugue interminable du chanteur en plein mal-être sur les routes de l’Amérique profonde (avec barbe qui pousse à n’en plus finir).

Il y a de beaux moments, quand même : l’arrivée de Neil Diamond à Los Angeles par exemple, avec cette jeune Californienne qui s’attendait à trouver quelqu’un « avec un look un peu plus religieux », qui en dit beaucoup sur le communautarisme et l’absence d’ouverture sur l’autre. Et puis Fleischer signe de très belles images de New York, cadres puissants aux couleurs cuivrées.

Suffisant pour se dire que Jazz Singer (et on passe sur le fait qu’il n’y a pas l’ombre d’une note de jazz là-dedans) n’est pas la catastrophe industrielle parfois évoquée. Pas plus qu’il n’est digne des grands films d’autrefois de Fleischer.

Kalidor, la légende du Talisman (Red Sonja) – de Richard Fleischer – 1985

Posté : 15 mars, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Kalidor

Il y a des cinéastes qui restent au sommet jusqu’au bout. John Ford, William Wellman ou Stanley Kubrick sont de ceux-là. Et puis il y en d’autres… Oui, j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire : c’est une fin de carrière franchement pas glorieuse que vit Richard Fleischer dans ces années 80 où, visiblement, il n’y a pas grand-chose à sauver.

Après avoir signé un calamiteux Conan le destructeur, voilà que l’ancien grand peintre du Mal sur grand écran nous livre une sorte de nouvelle suite officieuse, qui aurait très bien pu s’appeler Conan 3 si ce n’était la mise en images d’un autre mythe de l’héroic fantasy : Red Sonja. Surtout que l’on retrouve Arnold Schwarzenegger tout aussi musculeux, tout aussi court vêtu, et tout aussi tranchant. Au sens propre.

Son personnage s’appelle donc Kalidor, et les distributeurs français semblent avoir bien compris qu’il était le meilleur atout (le seul à vrai dire) de ce film dont la vedette est censée être Brigitte Nielsen, actrice désastreuse pour faire simple et court. Non pas qu’Arnold livre une grande prestation d’acteur, mais au moins a-t-il cette présence indéniable.

Kalidor est même un cran au dessus de Conan le destructeur. L’histoire est tout aussi con, mais le rythme est plus convainquant, et les scènes d’action plutôt réussies, même si elles ont une fâcheuse tendance à tirer en longueur. On notera aussi la musique généreuse mais oubliable d’Ennio Morricone, ainsi que… eh bien rien. Mais c’est déjà pas si mal.

Conan le destructeur (Conan the Destroyer) – de Richard Fleischer – 1984

Posté : 22 avril, 2018 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Conan le destructeur

Richard Fleischer est un réalisateur au parcours assez fascinant, dont la filmographie regorge de petites merveilles, ou de curiosités hautement recommandables. Ce constat étant fait, et le gars m’ayant rarement déçu jusque là, il paraissait indispensable de surmonter mes a priori et de découvrir sa première incursion dans la heroic fantasy (Kalidor, à la triste réputation, suivra encore), suite d’un petit classique du genre qui lança la carrière ciné de Schwarzenegger.

Bref, bien décidé à guetter dans les détails d’un grand cinéaste derrière la caméra, je me réjouis d’abord des plans joliment chiadés, de ces belles images qui émaillent le film. Et, pour finir, de ce très beau dernier plan qui annonce une suite que l’on continue à annoncer, plus de trente ans plus tard. Fleischer a un sens du cadre qu’il faut lui reconnaître, jusqu’à ces dernières réalisations. Donc.

Mais quel ennui ! Les exploits de Conan s’enchaînent avec un fil conducteur dont on se fout totalement, avec un humour lourdingue et des scènes d’action un peu molles du genou. Dans sa construction, le film évoque moins le premier Conan le barbare que Josey Wales hors-la-loi, avec ce voyageur dont la compagnie ne cesse de s’agrandir au gré de ses rencontres. Mais là où Eastwood créait une sorte de famille symbolique, lui ne fait qu’accumuler les personnages trop stéréotypés.

Le film n’existe en fait que pour mettre en valeur le physique incroyable de Schwarzenegger. Mais pour cela, mieux vaut revoir Predator, et laisser Fleischer tranquille…

Les Vikings (The Vikings) – de Richard Fleischer – 1958

Posté : 5 octobre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Les Vikings

Mel Gibson rêve depuis des années de réaliser le film ultime sur les Vikings. Mais il ferait mieux de réviser sa cinéphilie : ce film ultime existe déjà, même qu’il s’appelle très sobrement Les Vikings, et que c’est l’excellent Richard Fleischer qui l’a réalisé il y presque 60 ans. Même qu’il y a Kirk Douglas et Tony Curtis en (demi-) frères ennemis là-dedans, que Janet Leigh y est sexy comme jamais, et que Ernest Borgnine y est un truculent et réjouissant chef Viking.

Voilà donc un très grand film d’aventures tourné en Cinemascope et dans un Technicolor magnifique : la photo, signée Jack Cardiff, est sublime, aussi bien dans les scènes intérieures de beuverie que dans les extérieurs en décors naturels, ou sur la mer baignée de brouillard. Mais Les Vikings est plus que ça. Les moyens conséquents dont Fleischer dispose permettent d’offrir une reconstitution d’une rare ambition, fascinante par sa précision, que ce soit pour filmer le quotidien du village Viking (dans des paysages à couper le souffle), ou la défense qui s’organise dans le château anglais assiégé.

Cette ambition n’écrase jamais Fleischer, qui se montre aussi à l’aise dans la superproduction que dans les séries B de ses débuts. Ici, il réussit constamment le plan juste et souvent inattendu : une contre-plongée sur le pont-levis qui se baisse, une plongée vertigineuse sur Kirk et Tont qui se battent au sommet du château, ou ce magnifique travelling filmant en gros plan les visages des Vikings prêts à affronter la mort… C’est du très grand cinéma hollywoodien, visuellement superbe.

Le scénario relève de la même ambition, avec cette histoire de deux ennemis qui découvrent trop tard qu’ils ont le même père. Les regards perdus des deux acteurs dans leur ultime scène ensemble sont inoubliables, image digne des plus grandes tragédies. Même l’histoire d’amour (avec un tendre baiser entre Janet et Tony que Jamie Lee doit se repasser en boucle) dépasse les conventions du genre, lors de cette scène où Janet Leigh laisse transparaître une attirance trouble pour la brute Einar, tout en clamant son amour pour Eric.

On la comprend bien d’ailleurs : face à un Tony Curtis un peu effacé derrière sa barbe, Kirk Douglas (également producteur et au sommet de sa carrière, entre Les Sentiers de la gloire et Le Dernier Train de Gun Hill) est extraordinaire d’intensité, inquiétant et séduisant à la fois. Un grand rôle, dans un grand film.

Don Angelo est mort (The Don is dead) – de Richard Fleischer – 1973

Posté : 3 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1970-1979, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Don Angelo est mort

Évacuons le sujet tout de suite : oui, le triomphe du Parrain premier du nom, l’année précédente, est la principale raison d’être de ce film… et de l’oubli à peu près total dans lequel il est tombé depuis. Il y a sans doute pas mal d’opportunisme à l’origine de cette production, mais cet opportunisme a fini par se retourner contre cette adaptation (par lui-même) d’un roman de Marvin H. Albert. Parce que la comparaison avec le chef d’œuvre de Coppola est incontournable, à plus d’un titre.

Il s’agit de familles de mafieux, d’une guerre qui éclate entre elles, il est question d’honneur et de trahison, et de défiance vis à vis de la drogue. Mais surtout, c’est l’histoire d’un jeune homme qui tente d’échapper à ce monde de violence pour lequel il est destiné, et dont il finira par devenir l’un des piliers. Frederick Forrest (que l’on reverra l’année suivante dans Conversation secrète… de Coppola) est très bien dans le rôle, mais souffre également de la comparaison avec Pacino. Dans celui du bad guy dont la violence appelle la violence, Robert Forster (le futur héros de Jackie Brown) est lui aussi impeccable, mais n’a pas la brutalité à fleur de peau de James Caan.

Pourtant, passée l’étape de la frustration, le film est une vraie réussite. L’interprétation d’Anthony Quinn y est pour quelque chose. Le « Don Angelo » du titre, c’est lui, chef respecté et aimé d’une famille toute puissante, mais aussi homme seul, passant le plus clair de son temps sans compagnie dans sa grande maison. Il y a dans son regard, et dans la manière un peu nostalgique qu’il a d’ouvrir ses bras à cette femme par qui le malheur va arriver, quelque chose de très émouvant que l’on n’attendait pas.

Ce qui surprend aussi, c’est la simplicité des rapports humains, l’absence de fioriture et de décorum. Les affaires, les règlements de compte, les machinations… Tout cela se fait le plus naturellement du monde, au coin d’une table ou au téléphone, et les chefs de famille se salissent le plus souvent les mains eux-mêmes, comme le personnage joué par Abe Vigoda, silhouette attachante échappée du Parrain.

Richard Fleischer vient d’enchaîner quelques-uns de ses plus grands films (Terreur aveugle, L’Etrangleur de Rillington Place, Les Flics ne dorment pas la nuit), lorsqu’il réalise celui-ci, visiblement pas celui pour lequel il s’est le plus impliqué. Mais il réussit quelques grandes scènes sombres et violentes, comme ce deal de drogue qui ouvre le film, ou cette impressionnante nuit de règlement de comptes. Avec un classicisme très efficace, il apporte également une belle touche d’humanité à cette histoire profondément sombre.

Soleil vert (Soylent Green) – de Richard Fleischer – 1973

Posté : 9 mai, 2017 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Soleil Vert

Classique de la SF, Soleil Vert n’a pas si mal vieilli. Plus, pour être honnête, que l’immense majorité des films de Fleisher, mais moins que le tout-venant du genre de cette décennie. Sans doute pour une raison toute simple : le futur décrit dans le film ressemble à s’y méprendre à l’Amérique de 1973, sans gadget, sans architecture improbable (à part quelques intérieurs qui, eux, semblent aujourd’hui bien datés), et en version toute pourrie.

C’est l’une des belles idées du film : faire du futur une sorte de présent alternatif où les dérives des hommes auraient été poussées à l’extrême, et où ne subsisterait plus que la misère, et des villes moribondes noyées dans un perpétuel nuage verdâtre (qui paraît un peu cheap) de pollution. Pas de voiture volante, rien d’autre que les quartiers populaires de New York transformés en cloaque où les habitants semblent n’attendre que la mort.

Comme la plupart des films de SF, Soleil Vert ne parle d’ailleurs que d’aujourd’hui. Sa portée politique, valable en 1973, l’est tout autant aujourd’hui : film écolo, cri d’amour à la nature et aux beautés de notre planète, dénonciation du capitalisme cynique et jusqu’au-boutiste… Le film s’ouvre d’ailleurs sur un montage de photos, toutes authentiques, qui retracent l’évolution de la société au cours du 20e siècle, et les effets sur l’environnement.

De l’enquête que mène le petit flic Charlton Heston après le meurtre d’un riche privilégié, on s’attend à ce qu’en sorte un terrible secret, une machination machiavélique des puissants. La vérité, dévoilée dans les dernières minutes, est à la fois plus simple, et plus terrible.

Le meilleur du film, c’est quand même la cohabitation de deux générations de star : Heston et Edward G. Robinson (on pourrait ajouter Joseph Cotten, dans un second rôle marquant), le second jouant le rôle du vieillard qui ressasse inlassablement les souvenirs d’une Terre que son jeune ami n’a jamais connue. La plus belle scène, c’est peut-être celle du repas entre Robinson et Heston, l’un découvrant la vraie nourriture avec plaisir, l’autre retrouvant les goûts de son enfance avec plus de douleur que de joie. Dans un cadre feutré, sans effets spéciaux et sans fioriture, Fleischer signe là un magnifique moment de cinéma.

Les Flics ne dorment pas la nuit (The New Centurions) – de Richard Fleischer – 1972

Posté : 8 avril, 2017 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Les Flics ne dorment pas la nuit

Cinéaste mésestimé, Fleischer a pourtant beaucoup apporté aux divers genres auxquels il s’est confronté, et tout particulièrement au noir, dont il a été l’un des grands noms dès les années 40, en lui apportant une approche très réaliste, mêlée à une vision presque romantique du genre. Cette logique trouve une sorte d’aboutissement avec The New Centurions, l’un des plus beaux films consacrés à la police américaine.

Sorti à la même époque que French Connection ou Serpico, le film de Fleischer va beaucoup plus loin dans cette vision réaliste du quotidien de la police, avec des choix nettement plus radicaux à leur manière. Pas de grande enquête au long cours ici, ni de flics pourris qui gangrènent l’institution. Non, Fleischer s’intéresse d’abord aux hommes, à ces policiers en uniforme qui roulent toute la nuit pour aller à la rencontre de cette étrange faune humaine, dans les quartiers défavorisés de Los Angeles.

Des types bien, une société malade, une succession de petits moments tantôt légers, tantôt tragiques, tantôt violents. Des drogués, des tueurs, des mères irresponsables, des solitudes, des désespoirs… Et au milieu, ces hommes en bleu qui veulent faire au mieux, pour aider ce public qui ne les aime pas forcément. Fleischer filme cette société avec une acuité sidérante, grâce à laquelle le film semble aujourd’hui encore d’une incroyable actualité. Et il filme ces flics avec une empathie évidente, et une nostalgie inattendue.

Dans le rôle principal, Stacy Keach est excellent, jeune recrue idéaliste qui devient accro à la rue et à ses malades. Mais le film est aussi habité par la présence de George C. Scott, magnifique en vieux briscard qui se berce d’illusions sur sa retraite toute proche. Un homme bien, qui fait la différence entre la loi et le bien, et qui comprendra trop tard qu’il a tout sacrifié à cette vie de dévouement.

Un tel chant d’amour à la police pourrait être douteux. Il est superbe. Au sommet de son art, Fleischer s’offre quelques fulgurances de mise en scène (la poursuite dans ce tunnel qui n’en finit plus de réduire l’écran), mais privilégie les personnages (les seconds rôles sont tous formidables, parmi lesquels Erik Estrada, le futur Ponch de la série télé ChiPS). Du puR Fleischer, donc. Et du grand Fleischer.

* Le film fait partie du formidable coffret que Carlotta a consacré à Fleischer, avec deux autres évocations du Mal, dans des genres très différents : Terreur aveugle et L’Etrangleur de Rillington Place. Trois films tournés à la même époque (entre 1971 et 1972), trois facettes du talent de Fleischer, trois grands films. Et des bonus passionnants.

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