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Archive pour la catégorie 'REED Carol'

Le Banni des îles (Outcast of the islands) – de Carol Reed – 1951

Posté : 4 avril, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, REED Carol | Pas de commentaires »

Le Banni des îles

Dans l’Asie colonisée de la fin du 19e siècle, un jouisseur britannique cynique et peu scrupuleux perd en quelques heures son job et son foyer. Il réussit à fuir la police qui le recherche en manipulant un capitaine de bateau, le seul homme qui lui ait jamais donné sa chance, et qui l’emmène jusqu’à une île inaccessible, par une voie maritime dont lui seul a le secret.

Après Le Troisième Homme, Carol Reed se sent visiblement en confiance, et plein d’ambition. Il porte son dévolu sur un roman de Joseph Conrad, et réaffirme son goût pour les immersions dans des décors inédits, pour un cinéma à visée ethnologique, qui ne sacrifie pas pour autant le récit et ses drames.

Le destin de ce « héros », sale type antipathique dont on a bien du mal à plaindre la déroute, est surtout l’occasion de confronter son regard d’occidental (celui du personnage comme celui du cinéaste) à une culture dont il ne connaît visiblement pas grand-chose, mais qu’il découvre avec une fascination manifeste, et dont il cherche à capter l’esprit avec des décors naturels pour l’essentiel, et de nombreux figurants hindous.

Ambitieux, le film n’est pourtant qu’à moitié réussi. Il semble même y avoir là deux films qui peinent à se comprendre. D’un côté, ces images fascinantes de la vie dans ce village sur le fleuve, avec de nombreux gros plans sur des gueules qui semblent surprises dans leur quotidien, comme des images volées à une société disparue. De l’autre, des compromis impardonnables pour un tel sujet, avec des acteurs européens lourdement maquillés pour jouer les personnages d’indigènes les plus importants. Gênant.

Une grosse erreur de casting, aussi : Ralph Richardson, qui fait un vieux loup de mer très carton-pâte avec son phrasé tout en outrances et en vibrato et un charisme réel mais théâtral, rompant brusquement et malheureusement avec la recherche de vérité du film. Dommage, parce que Trevor Howard, lui, est très bien dans le rôle principal, comme Robert Morlay, pathétique et inquiétant.

La confrontation de ces deux hommes, représentant deux aspects également détestables de l’arrogance coloniale européenne, colle elle parfaitement au propos du film, qui souligne derrière le drame humain la cohabitation impossible de deux cultures, deux civilisations qui ne se comprennent pas et, surtout, ne s’aiment pas.

Un peu le cul entre deux chaises, Carol Reed s’en tire avec les honneurs. Et faute de réussir un ensemble vraiment cohérent, il rappelle le temps que quelques séquences remarquablement construites qu’il peut être un cinéaste passionnant, comme lors de cette étreinte dans l’obscurité d’une cabane, troublée par l’irruption du vieil aveugle, scène visuellement splendide comme tout droit sortie d’un film noir. Ou la dernière séquence, sous la pluie, où le suspense et le pathétique atteignent des sommets…

Le Troisième Homme (The Third Man) – de Carol Reed – 1949

Posté : 17 novembre, 2014 @ 5:18 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, Palmes d'Or, REED Carol, WELLES Orson | Pas de commentaires »

Le Troisième Homme

Immense film noir, et témoignage hallucinant d’une espèce d’entre-deux grotesque et inquiétant, Le Troisième Homme n’a rien perdu de son pouvoir hypnotique. La beauté des images, le noir et blanc granuleux et contrasté, les ombres et les contre-plongées spectaculaires… Que le film ait été entièrement dirigé par Carol Reed ou qu’Orson Welles y ait participé comme on l’a beaucoup dit importe peu : le film est un chef d’œuvre unique qui doit sans doute à l’alchimie miraculeuse des immenses talents réunis.

Celui de Graham Greene, d’abord, dont l’univers littéraire trouve un prolongement parfait dans ce film, le seul pour lequel il a écrit un scénario original (le roman du même nom sera écrit après la sortie du film). Ceux qui connaissent et aiment l’œuvre de Greene (j’en suis) y retrouvent cette atmosphère si particulière, à la fois envoûtante et pleine de danger, où le romanesque se heurte à une réalité complexe et aux bouleversements du monde.

Son cadre est le sujet du film : ce centre international de la Vienne de l’immédiat après-guerre, lieu de privations et de trafics en tous genres où les forces armées des différents pays alliés doivent apprendre à cohabiter, et où les individus les plus décomplexés prospèrent. Une zone de non droit qui évoque le Far West des pionniers. Sans doute pas un hasard si le “héros”, Américain à la recherche d’un nouveau départ, est un auteur de westerns…

L’angoisse naît de l’incompréhension de ce microcosme. Joseph Cotten, étranger transformé en détective dans un milieu qu’il ne connaît et ne comprend pas, plonge de plus en plus profondément  au cœur de cette terre sacrifiée par la guerre, dans une obscurité de plus en plus marquée qui souligne la noirceur des âmes qu’il découvre au fur et à mesure qu’il perd ses illusions de jeunesse.

Alors que ses dernières illusions disparaissent à jamais, les fantômes de sa jeunesse perdue réapparaissent… C’est Orson Welles, dans le rôle mythique de Harry Lime. Tout un symbole, omniprésent dans le film alors qu’il n’apparaît réellement qu’au bout d’une heure. Un monstre absolu, pur produit de la guerre, qui procure un malaise de plus en plus profond. Car il est séduisant, ce monstre. Comme l’est la musique d’Anton Karas, envoûtante et légère, et tellement décalée qu’elle en devient oppressante.

Et les sublimes images nocturnes de ces rues en apparence pleine de charmes ne font que souligner l’horreur de ce qui s’y cache. Le cynisme absolu, le destin des enfants victimes, dont la fugitive vision de doudous abandonnés suffit à faire ressentir l’ampleur de la tragédie.

On n’est pas prêt d’oublier la première apparition de Welles, visage d’ange et cœur de pierre. Ou cette mythique poursuite dans les égouts, chasse à l’homme toute en ombres et en obscurité, qui confirme qu’il n’y a pas de héros qui naissent d’une guerre, et que la frontière entre le bien et le mal est bien difficile à situer lorsque l’ombre est mouvante (Clouzot ne disait pas autre chose dans Le Corbeau). Avec un style exceptionnel.

 

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