Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'KRAMER Stanley'

Devine qui vient dîner ? (Guess who’s coming to diner) – de Stanley Kramer – 1967

Posté : 24 juin, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, KRAMER Stanley | Pas de commentaires »

Devine qui vient dîner

Stanley Kramer est un cinéaste sincère, et très engagé. Un libéral, comme on dit aux Etats-Unis, dont les films sont des armes pour faire avancer le monde dans le bon sens. Bref, Stanley Kramer devait être un mec bien. Mais pas le réalisateur le plus enthousiasmant du monde, même s’il avait/a ses fans.

Son cinéma peut par moments être lourdement didactique. Il est dans Devine qui vient dîner ?, dénonciation très célébrée du racisme quotidien, un peu maladroit. Parce qu’à force de vouloir démontrer avec force les tares de ses contemporains, il ne réalise pas qu’il passe un peu à côté de sa cible.

Dans ce film, tourné à une époque où le mariage interracial est encore interdit dans plusieurs états américains, Kramer multiplie les effets pour souligner le trouble que provoque la découverte du ou de la fiancé(e), et de sa couleur de peau : les parents du personnage joué par Sidney Poitier ou ceux de Katharine Houghton (Katharine Hepburn et Spencer Tracy, quand même) ont à peu près la même réflexion atterrée…

Tous sont pourtant de braves gens, bien installés et ouvertement de gauche. La jeune fiancée, d’ailleurs, n’a pas même l’ombre d’un doute quant à l’accueil que ses parents si ouverts réserveront au brillant médecin à la réputation internationale dont elle est tombée amoureuse. Ah oui, parce qu’il est ça : un brillant médecin à la réputation internationale, et que ce détail qui devrait être sans importance, voire pas même mentionné, finit par obscurcir totalement le message.

Dans le cheminement mental de ce bon Spencer Tracy, patron de presse de gauche tellement bien qu’il est ami avec un prêtre alors qu’il n’est même pas croyant, la condition sociale du futur gendre a son importance. Facile d’être ouvert et d’affirmer dans un speech lénifiant que la couleur de peau n’est pas un sujet quand on a passé plus d’une heure à relativiser sa gêne en soulignant la réussite sociale dudit…

Autre petit problème, qui pèse assez lourdement aujourd’hui : la décision finale revient définitivement à l’homme, le seul chef de famille. Katharine Hepburn a beau être convaincue en quelques minutes par l’histoire d’amour (après un accueil qui en aurait refroidi plus d’un, quand même), elle se contente d’attendre avec anxiété la réaction de son mari, en bonne épouse qui ne s’est jamais rebellée. Avec ce film, l’antiracisme fait un minuscule pas. Pour le féminisme, il faudra attendre…

Cela étant dit, en flirtant avec la comédie, et en adoptant un rythme plein de vivacité, dans un décor de studio plein de charme (et cette vue improbable sur le Golden Gate, qui confirme qu’il est question du racisme dans un milieu très, très favorisé), Kramer fait les bons choix, et signe un film attachant et assez passionnant. Qui passe à côté de sa cible.

Pour que vivent les hommes (Not as a stranger) – de Stanley Kramer – 1955

Posté : 26 mars, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, KRAMER Stanley, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

Pour que vivent les hommes

Les mélodrames médicaux : un genre en soi qui promet son lot de larmes faciles et de bons sentiments, que ce soit dans la littérature ou au cinéma. N’y allons pas par quatre chemins : Stanley Kramer se vautre franchement dans ces deux pièges, et livre l’un de ces grands films prestigieux aussi aseptisés qu’un bloc chirurgical.

Ce qui sauve le film, au final, c’est la seule raison que l’on avait de vouloir le regarder : son superbe casting. Robert Mitchum, Frank Sinatra et Lee Marvin (dans un tout petit rôle, certes), côte à côte sur les bancs d’une fac de médecine, déjà, ça a de la gueule. Quand le prof s’appelle Broderick Crawford, et qu’une infirmière a le doux visage d’Olivia De Havilland (qui fait de grands efforts pour s’enlaidir et pour maîtriser l’accent suédois), alors là…

Dans la deuxième partie, Bob est devenu médecin et a épousé Olivia. Pour des mauvaises raisons, parce qu’au fond, c’est un sale type à qui il manque un cœur, comme lui a dit son alcoolique de père, joué par Lon Chaney Jr : « Il ne suffit pas d’avoir un cerveau, il faut avoir un cœur. » C’est dire la profondeur des dialogues, heureusement étouffés par une musique dramatique particulièrement présente.

Pas grave : même lorsque le film change de décor, le casting reste trois étoiles. Marvin et Crawford disparaissent ? Charles Bickford apporte une truculence franchement bienvenue, et Gloria Grahame sème le trouble avec cette élégance de la luxure qui n’appartient qu’à elle. Simplement, était-il vraiment nécessaire de symboliser lourdement le passage à l’acte de Bob et Gloria (très jolie scène, d’ailleurs, tout en ellipse) par cette image d’un cheval libéré de son enclos ?

Oui, ce sont bien les acteurs qui assurent l’intérêt. Malgré tous les ratés de ce film trop propre et trop attendu, ils sont formidables. Mention à Bickford et Graham donc, mais aussi à Sinatra, à qui revient peut-être le plus beau moment du film, parce que rien n’y est trop explicite pour une fois : celui où l’étudiant insouciant qu’il était est confronté pour la première fois à des vrais patients. Sa prise de conscience de ce qu’est sa responsabilité, simple et sobre, est particulièrement réussie.

La Chaîne (The Defiant Ones) – de Stanley Kramer – 1958

Posté : 11 septembre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, CURTIS Tony, KRAMER Stanley | Pas de commentaires »

La Chaîne

« Ils doivent être des millions, et aucun ne se comprend ! » Tony Curtis et Sidney Poitier, prisonniers en cavale enchaînés l’un à l’autre, parlent des animaux qui les entourent, mais on jurerait que c’est d’eux-mêmes qu’il s’agit en fait : deux hommes que tout oppose dans ce Sud des Etats-Unis où leur couleur de peau respective représente une barrière infranchissable entre eux.

Le racisme qu’ils affichent l’un comme l’autre est de circonstance, et ne souffre aucune explication, aucune justification. Ils se détestent tout simplement parce que l’un est blanc, et l’autre et noir. « Negro » ? Ce n’est même pas une insulte, juste une vérité absolue. « Et il n’y a rien que tu puisses y faire », lance Curtis. Dans des circonstances « normales », ces deux-là ne se seraient pas parlé. Dans des circonstances exceptionnelles, ils auraient pu d’entre-tuer.

Sauf que tous deux courent (au sens propre) pour leur liberté, poursuivis par des policiers et leurs chiens. Et que la chaîne qui les relie par le poignet les oblige à courir ensemble, à se reposer ensemble, à affronter ensemble les danger, et à s’entraider plutôt que s’entre-tuer, parce que la survie de l’un dépend de celle de l’autre, tout simplement.

Le dispositif est habile, et la mise en scène est parfaite. Plutôt que de surjouer la haine et le rejet de l’autre, Stanley Kramer préfère filmer les doutes qui naissent dans le regard de l’un et de l’autre. Les interrogations que l’on devine aussi : au fond, pourquoi devrait-on se haïr ? Si les hommes ne se comprennent pas, c’est peut-être simplement parce qu’ils ne se parlent pas.

Dans le rôle du « Negro », qui d’autre que Sidney Poitier ? L’acteur allait devenir le symbole hollywoodien de la cause noire, et sa filmographie est parsemée de films (souvent excellents) dénonçant le racisme. Du coup, c’est plutôt Tony Curtis qui surprend. Loin de ses rôles de jeunes premiers, il est d’une intensité assez impressionnante, tout en laissant sourdre une émotion à fleur de peau.

En contrepoint de leur course en avant, le groupe de policiers est lui aussi joliment écrit, du flic va-t-en guerre joué par Charles McGraw au shérif débonnaire interprété par Theodore Bikel, deux personnalités qui disent beaucoup du rapport à l’autre souvent difficile. Dans ce road movie sans route, on croise d’ailleurs beaucoup d’êtres profondément seuls, de cet ancien bagnard que joue Lon Chaney Jr, à la mère de famille désespérément en manque d’amour (Cara Williams).

Finalement, la chaîne qui unit nos deux fuyards ressemble presque au symbole d’un nouveau départ, tourné vers l’autre. Au-delà du suspense très efficace, une belle leçon de vie.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr