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Une bataille après l’autre (One battle after another) – de Paul Thomas Anderson – 2025

Posté : 24 octobre, 2025 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), ANDERSON Paul Thomas | Pas de commentaires »

Une bataille après l’autre (One battle after another) – de Paul Thomas Anderson – 2025 dans 2020-2029 54864187702_c0a76da1bc_z

C’est souvent très beau, quand un grand cinéaste s’attaque au film de genre, parce que l’apparence anodine du propos ne vient pas troubler le pur plaisir de la mise en scène, disons le style. Une bataille après l’autre s’inscrit en grande partie dans cette logique, et c’est un grand plaisir de cinéma.

En grande partie seulement, donc, parce que derrière le film de genre, le film d’action vers lequel PTA tendait depuis si longtemps, il y a quand même une vision très actuelle et très mordante de l’Amérique trumpienne, confirmant l’impression qu’avait donné Eddington d’Ari Aster : dans cette Amérique trumpienne, il n’y a point de grand film américain qui ne soit politique.

Politique, Une bataille après l’autre l’est donc, avec ses suprémacistes blancs et ses militants d’ultra-gauches, dans cette Amérique qui semble ne pas devoir évoluer. Les deux époques du récit, séparées d’une bonne quinzaine d’années, présentent en effet une société remarquablement inamovible. Une pure invention d’Anderson, pour cette adaptation libre d’un roman (de Thomas Pynchon, comme Inherent Vice) dont l’action se déroulait des années 60 aux années 80.

Mais, bien plus encore que dans le film d’Ari Aster, la lecture politique n’est qu’un sous-texte, qui n’altère en rien le plaisir presque primal de cinéma qu’offre le film, qui repose avant tout sur les émotions, quelles qu’elles soient. Et comme on est chez Paul Thomas Anderson, ces émotions sont aussi fluctuantes que généreuses. Du suspense au rire, de l’horreur au pathétique, il n’y a bien souvent pas même un pas à franchir.

Réjouissant, le film n’a au fond qu’un défaut majeur : celui de ne commencer véritablement qu’après une bonne demi-heure (trois quarts d’heure?) de projection. Qu’on ne se méprenne pas : toute la première partie est brillante, jouissive même. On y découvre le personnage principal, joué par Leonardo Di Caprio, expert en explosif d’un groupuscule d’extrême gauche spécialiste des actions coups de poings contre les symboles d’un état répressif, et amoureux d’une leadeuse charismatique et très déterminée, jouée par Teyana Taylor.

Cette première partie est à la fois explosive, engagée, brillante et hyper sexuée. Un peu développée, elle suffirait de matière à un long métrage bien plus réussi que l’immense majorité des films américains actuels. Mais elle n’en est pas moins un rien longue pour une simple introduction, que d’autres films auraient expédié par un simple carton. Avant d’arriver au cœur du sujet.

Une bonne quinzaine d’années plus tard, donc, où l’on retrouve l’ancien révolutionnaire Di Caprio en père célibataire et planqué au milieu de nulle part, ayant troqué l’action militante contre une consommation, disons conséquente, de drogue. Un homme rattrapé par son passé, en la personne d’un militaire taré persuadé qu’il est le vrai père de sa fille à lui.

La fille, c’est Chase Infiniti, jeune actrice très intense, mais dont le personnage d’ado idéale colle assez peu à l’image d’une ado que peut se faire le père d’adolescents (oui, c’est un jugement très personnel). Le taré, c’est Sean Penn, dont je continue à me demander, plusieurs jours après avoir vu le film, s’il est immense ou ridicule, s’il mérite un Oscar ou une baffe. Une chose est sûre : il est extrême, et impressionnant, dans le rôle d’un suprémaciste luttant contre son attirance pour une militante noire… pour faire court.

Et Di Caprio ? Dans un rôle taillé pour lui, assez proche bizarrement de celui de Killers of the flower moon, où il jouait déjà un type limité (l’intellect là, la drogue ici) et dépassé par les événements, il est assez exceptionnel. Génial, même, quand il doit prendre la fuite et prendre des décisions radicales alors que son esprit est embrumé par la drogue. La longue scène où il tente de joindre un chef de réseau alors qu’il est incapable de se souvenir du mot de passe adéquat est un très grand moment de comédie.

Il y a surtout, dans ce film étonnant et foisonnant, un véritable miracle, qu’on croyait définitivement impossible : Paul Thomas Anderson réussit l’exploit de réinventer une figure usée jusqu’à la corde du cinéma hollywoodien, celle de la poursuite en voiture. Celle d’Une bataille après l’autre est un immense moment de cinéma, aussi haletante que surprenante, où les voitures épousent les bosses d’un paysage fait de hauts et de bas, où les distances sont constamment incertaines. L’effet provoqué par ces images est d’autant plus sidérant qu’elles arrivent au climax du film, à l’endroit même vers lequel convergent les 2h40 précédentes.

Quoi qu’on en pense, il y a dans Une bataille après l’autre plus de grand cinéma que dans l’immense majorité des films américains de ces quinze dernières années. Peut-être Donald Trump aura-t-il au moins cette qualité : celle d’inspirer de grands films à de grands cinéastes.

The Master (id.) – de Paul Thomas Anderson – 2012

Posté : 8 août, 2013 @ 11:44 dans 2010-2019, ANDERSON Paul Thomas | Pas de commentaires »

The Master (id.) – de Paul Thomas Anderson – 2012 dans 2010-2019 the-master

Avec Magnolia, PT Anderson avait réussi l’un des plus grands trips cinématographiques de la décennie précédente, un extraordinaire voyage sensoriel qui s’inscrivait dans la lignée d’Apocalypse Now de Coppola, ou de Lost Highway de Lynch. Depuis, aussi passionnante sa filmographie soit-elle, le cinéaste n’a plus jamais tout à fait été aussi enthousiasmant.

The Master n’est pas, lui non plus, à la hauteur de son chef d’œuvre. Mais cette rencontre de deux individus hors du commun, dans l’Amérique de l’après-guerre, est un film qui bouscule, et qui impressionne par la maîtrise du cinéaste. Inspiré par le parcours de Ron Hubbard, le charismatique et controversé fondateur de la scientologie, The Master raconte la rencontre, déterminante, entre un « maître à penser » dont la « famille » ne cesse de grandir, et un vétéran du Pacifique totalement paumé, dont le cerveau a visiblement été bien abîmé par l’alcool qu’il distille lui-même.

Le film n’est pas un procès à charge de la Scientologie. Même si Anderson livre une vision de la secte qui fait souvent froid dans le dos, il ne juge rien ni personne, si ce n’est cette Amérique des années 50 pudibonde et hypocrite, dont le film ressuscite l’esthétique d’une manière éclatante, grâce à une photographie magnifique et l’utilisation (devenue rare) du 70 mm.

Philip Seymour Hoffman, dans le rôle du prédicateur, et Joaquin Phoenix, dans celui du paumé, sont exceptionnels. Ils sont les piliers du film, qui tourne entièrement autour de leur relation, de leur attirance-répulsion qui donne le ton, très changeant, de chaque scène. Chacune de ces scènes peut être considérée comme un petit chef d’œuvre, Anderson faisant preuve d’une maîtrise formelle hors du commun.

Brillant et passionnant, The Master reste toutefois trop froid, trop distant. L’émotion, trop souvent, ne fait qu’affleurer. Avec ce portrait croisé de deux hommes qui semblent se compléter, Anderson ne renouvelle pas ce qu’il avait si brillamment réussi avec Magnolia, un film chorale aux nombreux personnages : créer un véritable mouvement cinématographique.

• Le DVD de The Master a récemment été édité par Metropolitan Films.

 

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