Play it again, Sam

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Archive pour décembre, 2022

Fille du Diable – de Henri Decoin – 1946

Posté : 24 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Fille du diable

Fille du Diable commence par une séquence incroyable. Un assaut lancé par la police sur un immeuble d’habitation où s’est réfugié un célèbre bandit dont personne ne connaît le visageÇa tire dans tous les coins, à l’arme lourde. Dans l’appartement où il se cache, le bandit tire pour tuer, à travers la fenêtre donnant sur la cour, et à travers la porte. Puis il enjambe le balcon, saute vers l’appartement voisin, puis celui du dessous, et il réussit à s’enfuir.

Son visage, dur et fermé, seul le spectateur à l’occasion de le voir : c’est celui de Pierre Fresnay, et c’est déjà un choc en soit. Pierre Fresnay dans la peau d’un tueur que rien ne peut vraiment rattraper. Un vrai méchant… Oui, sauf que dans ce film, la notion de bien et de mal échappe à tout jugement trop facile. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre de ces atouts : non seulement le film de Decoin évite tout manichéisme facile, mais il s’avère d’une complexité assez rare, refusant systématiquement de juger, de condamner, d’excuser…

Cette première séquence est aussi impressionnante par ses cadrages, la vivacité de son montage, et son utilisation de la musique d’Henri Dutilleux, déstructurée et fascinante. Image et musique qui jouent avec une telle force la même partition, voilà qui fait de Fille du Diable quelque chose comme un film précurseur, très en avance sur son temps.

C’est en tout cas un film passionnant, qui se permet d’abandonner un temps son personnage principal, accueilli comme un héros dans une petite ville, sous une fausse identité endossée par le plus miraculeux des hasards, pour s’intéresser à un autre personnage incroyable : une espèce de sauvageonne qui trimballe derrière elle un lourd passé et une amertume sans borne. C’est elle, la « fille du diable », bourgeoise bien née plongée dans la misère et le rejet de tous depuis la mort de ses parents, et souffrant de tuberculose.

Dans ce rôle, la jeune Andrée Clément (qui, triste ironie, mourra à 35 ans de la tuberculose) est à la fois inquiétante et émouvante, haineuse et fragile, aussi complexe que le bon médecin du village qui se livre à un chantage éhonté sans pour autant perdre son humanité, joué par Fernand Ledoux. On ne dira rien de la dernière scène, si ce n’est qu’elle atteint des sommets, et que les rapports humains y échappent définitivement à tout jugement facile. Au sommet de son art, Decoin signe l’une de ses grandes réussites, particulièrement méconnue.

La Nuit fantastique – de Marcel L’Herbier – 1942

Posté : 23 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, FANTASTIQUE/SF, L'HERBIER Marcel | Pas de commentaires »

La Nuit fantastique

Un étudiant en philosophie, contraint de travailler la nuit aux halles pour payer ses études, est tellement fatigué par son rythme de vie qu’il s’endort à la moindre occasion, et plonge dans des rêves où lui apparaît immanquablement une silhouette blonde, toute de blanc vêtue, dont il tombe profondément amoureux.

Toute la première partie du film est absolument magnifique : cette espèce de triangle amoureux entre le jeune homme (Fernand Gravey, formidable), une fiancée rêche et cassante (Christiane Nère) et une apparition fantomatique (Micheline Presle) inspire à L’Herbier un marivaudage lunaire et poétique enthousiasmant, où le verbe (superbes dialogues d’Henri Jeanson) et le jeu des acteurs, Gravey en tête, insufflent un charme irrésistiblement désuet. Et comme il y a Bernard Blier qui joue les témoins de cet étrange drame avec la gouaille réaliste qu’on lui connaît, le film atteint réellement des sommets.

Puis, les irruptions sporadiques des rêves tandis que le héros somnole finissent par devenir le corps du film, lorsque les somnolences se transforment en sommeil profond. Là, le film se révèle plutôt convainquant, et souvent fascinant. Ce qui pourrait aussi être traduit par «partiellement réussie ». Les premiers pas dans ce long rêve sont en tout cas étonnants : quand Fernand Gravey franchit les portes de ce premier bar, c’est un peu comme si L’Herbier, qui rend ici un hommage vibrant au cinéma des origines de Méliès, annonçait les occupants de la Loge Noire dans Twin Peaks : perception brouillée, dialogues dits à l’envers, absurde assumé… L’Herbier s’impose en précurseur inattendu de David Lynch.

Tout n’est pas du niveau de cette première scène, cela dit. L’ambition immense du film est parfois contredite par une approche esthétique un peu timorée. Mais quand L’Herbier désaxe ses cadres, insiste sur le phrasé traînant de Saturnin Fabre ou confronte ses personnages à des visions nocturnes coupées de toute réalité, cette Nuit fantastique atteint des sommets que peu de cinéastes approcheront dans les décennies suivantes.

La Chatte sort ses griffes – de Henri Decoin – 1960

Posté : 22 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

La Chatte sort ses griffes

Le succès de La Chatte, deux ans plus tôt, a donné des idées aux producteurs. Seul problème : l’héroïne, résistante piégée par les Nazis, finissait mal. Dans ces conditions, comment faire revenir Françoise Arnoul, qui avait fait sensation dans le premier film, et qui serait la raison d’être d’une possible suite.

Cette suite, donc, commence très exactement là où s’achevait le premier film : dans la rue, là où Cora, la « Chatte », a été abattue par ses anciens compagnons persuadés de sa traîtrise. Sauf que, après le générique de fin du premier film, et pendant le générique de début de celui-ci, Cora a été sauvée, ramenée à la vie par des médecins allemands. Qui lui ont fait un lavage de cerveau pour en faire une espionne.

Voilà un argument digne des serials les plus décomplexés des années 30. De fait, la suite, toujours signée Decoin, prend des raccourcis pour le moins audacieux : la facilité avec laquelle Cora revient à la vie, le fait qu’elle puisse infiltrer sans problème une Résistance qui lui faisait tellement peu confiance qu’elle en est (presque) morte… Tout ça sent la mauvaise idée et le fiasco à plein nez.

Pourtant, ça marche. Toutes ses réserves mises à part, et une fois l’idée même de cette suite improbable digérée, La Chatte sort ses griffes s’avère tout aussi passionnant et tendu que le premier film. Decoin y joue une nouvelle fois sur le trouble d’une jeune femme sans histoire plongée bien malgré elle dans un univers de violence, et qui refuse d’abdiquer.

Et cette fois encore, Françoise Arnoul est parfaite dans ce rôle, mélange de fragilité et de détermination, qui apporte au film ce je ne sais quoi de différent, comme si c’était son visage si insondable qui donnait son atmosphère et son rythme au film. Son regard lorsqu’elle assiste à la condamnation à mort d’un résistant par la résistance, sans intervenir, semble être un cri déchirant et silencieux.

Rien ne devait marcher dans cette suite tellement improbable. Pourtant, en assumant ses contraintes scénaristiques, en mettant une nouvelle fois en valeur son actrice principale, Decoin emporte plutôt la mise. Une suite réussie, donc, en dépit de tout.

Maléfices – de Henri Decoin – 1962

Posté : 21 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Maléfices

Decoin qui marche dans les pas de Jacques Tourneur ? Voilà qui mérite le détour, et voilà qui mérite d’être salué : même si, esthétiquement, on est loin des zones d’ombre chères au cinéaste de La Féline et de Vaudou (ici, c’est plutôt grand ciel lumineux et vastes horizons), ce Maléfices frappe d’emblée par la manière dont Decoin fait naître l’angoisse.

C’est frappant dès le générique de début, avec ce long travelling aérien sur une musique déstructurée et crispante soulignant parfaitement ce qui va être l’atmosphère du film, dévoilant le décor central du drame : une route immergée à marée basse reliant le continent rassurant (là où le héros vit avec sa douce épouse dans une maison chaleureuse) à la presque île menaçante (là où le même héros vit une liaison avec une femme belle et inquiétante, dans une villa angoissante).

Cette route entre terre et mer, qui apparaît et disparaît au rythme des marées, est un motif central, omniprésent. Le film semble n’être construit qu’autour de cette route, lieu d’incessants allers et retours, comme autant de doute dans l’esprit de plus en plus torturé du héros (Jean-Marc Bory), vétérinaire de campagne qui réalise un peu tristement qu’il ne désire plus sa femme, pourtant si belle et si aimante (Liselotte Pulver), et qui tombe entre les mains de cette mystérieuse femme dont il vient soigner le guépard…

Juliette Gréco, qui apporte la dimension mystérieuse qu’il fallait à ce personnage, influencée par les rites magiques de l’Afrique noire… L’histoire se passe près de Noirmoutier, mais ces rites magiques semblent omniprésents. Des vaches tombent malades, et un vieux fermier est persuadé qu’un ennemi lui a jeté un sort. Et les drogues que prend la mystérieuse brune, ne lui permettent-elles pas de quitter son corps pour assouvir une malédiction ?

Les promesses du début ne sont pas totalement tenues, en tout cas pas jusqu’au bout : le film cède à une conclusion plus convenable. Mais Decoin, malgré cette esthétique typique des années 60, très lisse et un peu terne, réussit un vrai film d’angoisse, qui joue parfaitement avec les peurs et les superstitions. Dans la production française, ce n’est pas si courant…

Le feu aux poudres – de Henri Decoin – 1957

Posté : 20 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, DECOIN Henri, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Le Feu aux poudres

En mode mineur, Decoin, avec cette histoire de trafic d’armes et de flic infiltré dans le port de Sète. Ce qui frappe en tout premier lieu, c’est la forme limite caricaturale des personnages auxquels on a un peu de mal à croire, pas aidés c’est vrai par les dialogues manquant de naturel d’Albert Simonin.

Raymond Pellegrin convainc très moyennement en jeune premier dont on comprend très vite qu’il est un flic infiltré. Peter Van Eyck n’est guère plus convaincant en trafiquant oscillant entre un charme tout en suavité et une jalousie maladive.

Il faut dire que l’objet de sa jalousie est Françoise Fabian, toute jeune et très belle, dans un rôle de nymphomane qui promet d’apporter une petite touche d’originalité à ce polar. Hélas, ces promesses ne sont tenues que dans la première scène et dans la toute dernière partie, où sa seule présence crée une sorte de malaise, souligné par un beau jeu sur le contre-jour. Entre deux, dommage que son personnage ne soit cantonné à un simple rôle de joli faire-valoir.

Guère convaincant, le film se regarde pourtant avec un certain plaisir, grâce au savoir-faire de Decoin qui réussit quelques scènes joliment tendues. Hésitant un peu sur le ton à adopter, il oscille entre la noirceur et une certaine légèreté, avec quelques beaux moments dans tous les tons : une fusillade finale parfaitement tendue, ou un intermède chanté par Dario Moreno (qui tient un rôle secondaire mais important de trafiquant jovial) et plein de charme.

Grand plaisir aussi de voir le grand méchant Charles Vanel jouant les amnésiques alors qu’il est interrogé par un jeune flic nommé Lino Ventura. Ce n’est pas fondamental, certes, mais c’est déjà beaucoup.

El Texican (The Texican / El Tejano) – de Lesley Selander – 1966

Posté : 19 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, MURPHY Audie, SELANDER Lesley, WESTERNS | Pas de commentaires »

El Texican

Marrant ce western où Audie Murphy passe une grande partie de son temps à chevaucher dans des paysages très vallonnés, montant et descendant de petites collines, semblant tourner en rond pour bien mettre en valeur les décors naturels, censés être les rives du Rio Grande.

Le film a en fait été tourné en Espagne, ce qui n’a rien d’étonnant dans ce mitan des années 1960 : on est alors en pleine vogue du western italien, et on sent clairement son influence sur cette coproduction américano-européenne. Dans les duels surtout, où Audie Murphy se retrouve systématiquement face à plusieurs tueurs, comme Clint Eastwood chez Sergio Leone. Dans l’utilisation d’une musique tonitruante aussi, hélas pas signée Morricone, et très encombrantes.

Il y a d’ailleurs beaucoup de maladresses, voire de lourdeurs dans cette petite production pas désagréable, mais sans grande surprise. Lesley Selander a du mal à trouver ses marques, oscillant constamment entre cette influence européenne et une approche plus classique du western, genre qui, à Hollywood, est alors en bout de course.

Est-ce de là que vient l’étrange nostalgie qui plane sur tout le film, et ce rythme un peu lent, un peu fatigué. Audie Murphy lui-même (qui ne tournera plus que deux films avant de mourir prématurément) incarne un mauvais garçon qui semble revenu de tout, profondément las. Son face-à-face avec un chasseur de prime venu le capturer est particulièrement étonnant, et même assez beau, les deux hommes qui se connaissent depuis longtemps paraissant résignés, accablés par ce destin qu’ils n’ont pas la force de contourner…

Un beau moment aussi, étonnant : l’arrivée du héros dans un saloon et son « dialogue » musical avec un cowboy qui entonne des ballades à la guitare, commentant la tension montante en improvisant cette chanson dans son coin. Un intermède musical qui reste hélas sans suite, dont on se dit qu’il aurait pu être la base d’une sorte de chœur antique très séduisant.

Des qualités, donc, dans ce western imparfait. Et surtout la présence de Broderick Crawford. Avec sa masse et son incroyable voix profonde, impérial et parfaitement juste comme toujours, même dans un rôle caricatural comme celui-ci. Le genre d’acteurs capable de sortir n’importe quelle série B de l’anonymat.

Chiens perdus sans collier – de Jean Delannoy – 1955

Posté : 18 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, DELANNOY Jean, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Chiens perdus sans collier

Il n’a pas l’air, comme ça, ce film, mais il y est quand même question d’un pédophile, d’une grand-mère qui se prostitue, ou de parents qui poussent leur fille à avorter… Oh ! Aucun de ces termes n’est explicité, mais tout de même, il y a dans cette adaptation (libre) du roman de Gilbert Cesbron une volonté d’être en phase avec l’époque, qu’il faut saluer.

Jean Delannoy n’est sans doute pas l’homme de la situation, quand même. Il eût fallu un cinéaste avec une toute autre aura pour réussir réellement ce projet, basé sur une radiographie d’une société qui ne parvient pas à intégrer sa jeunesse. Il y a dans le film une naïveté un peu confondante, qui n’est contrebalancée que par une sincérité totale.

Reconnaissons au film de Delannoy une bienveillance extrême, à travers cette série de portraits de gamins abîmés par la vie. Orphelins, ou grandissant dans des familles dysfonctionnelles (c’est un euphémisme), ils sont filmés certes avec une certaine naïveté, mais aussi avec une tendresse confondante. Et face à eux, Jean Gabin campe un juge des enfants qui révèle des doutes permanents.

Gabin qui doute… Ce n’est pas si courant à cette époque où il commence justement à incarner ce personnage sûr de lui et infaillible, qui se révèle l’homme de la situation quelle que soit la situation. Dans Chiens perdus…, c’est un peu plus compliqué que ça. Il veut bien faire, ce juge pour enfant, refusant de laisser ce gamin à une mère qui accepte d’être l’enjeu d’un jeu de cartes entre deux prétendants. Mais a-t-il raison ? Le sort qu’il réserve à l’enfant est-il plus enviable ?

C’est toute l’intelligence de Delannoy que de ne pas trancher définitivement, laissant au spectateur le dernier mot, ce qui n’est pas si courant dans ce genre de « cinéma social » auquel Gabin est alors habitué. Il est d’ailleurs très juste, Gabin, jamais trop démonstratif, ne laissant transparaître son humanité (profonde) que dans ses actes et son regard, pas dans ses postures.

Les enfants aussi sont justes. Et il faut reconnaître à Jean Delannoy, réalisateur très inégal, un vrai talent pour mettre en scène ces enfances sacrifiées. La première séquence, notamment, est très belle : ce moment où un enfant, seul, s’invente une réalité alternative, jouant (littéralement) avec le feu. Belles images, tensions extrêmes… Cette introduction pèse de son poids sur tout le film.

Peaky Blinders (id.) – saison 6 – créée par Steven Knight – 2022

Posté : 17 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars européens, BYRNE Anthony, KNIGHT Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 6

La mort est plus présente que jamais dans cette ultime saison. Cette mort qui se refuse implacablement à Tommy. Cette mort qui le hante depuis les tunnels de France qui continuent à le traumatiser tant d’années après la guerre. Cette mort qu’il distribue ou qu’il ne distribue pas selon sa propre volonté. Cette mort qui frappe la plus proche de ses alliées aussi, et dont on sent qu’elle peut n’épargner personne… Et encore cette petite liste ne concerne-t-elle que le premier quart d’heure du premier épisode de cette sixième saison.

Depuis ses débuts, Peaky Blinders est marquée par la violence et la mort. Mais jamais la noirceur n’avait encore atteint une telle complexité que dans ce final, en forme de descente aux enfers. Désormais, ce n’est plus la famille contre le reste du monde. La famille a perdu son socle, que la disparition prématurée d’Helen McCrory avant le tournage de cette saison a rendu inévitable. Le show, d’ailleurs, rend un hommage réellement vibrant à l’actrice, en mettant en scène la mort de son personnage avec une gravité qui pèse sur toute la saison.

Les guerres, donc, sont aussi intestines. De quoi vérifier que, non, le personnage de Tommy (Cillian Murphy, toujours incroyablement intense) n’a aucune limite. Il reste la colonne vertébrale de la série, dont l’esthétique de plus en plus sombre semble adopter son propre état d’esprit… Tourmenté, ravagé, confronté à la pire des douleurs… La longue ouverture sur une île de Saint-Pierre et Miquelon battue par les vents et les embruns annonce d’ailleurs la couleur : temps couvert, sans horizon.

En plongeant de plus en plus profondément dans des abymes de noirceur, Peaky Blinders aura en tout cas réussi à maintenir de bout en bout une ambition folle et une esthétique très léchée, qui n’a cessé d’évoluer tout en restant cohérente. Six saisons, pas une de plus… La saga sombre et violente de la famille Shelby devrait se poursuivre sur grand écran. Vivement.

22.11.63 (11.22.63) – mini-série créée par Bridget Carpenter – 2016

Posté : 16 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CARPENTER Bridget, COLES John David, FANTASTIQUE/SF, FRANCO James, KENT James, MACDONALD Kevin, STRONG James, TÉLÉVISION, TOYE Frederick E.O. | Pas de commentaires »

22 11 63

Sorti il y a une bonne dizaine d’années, le roman de Stephen King m’avait emballé. Au sommet de son art, l’écrivain s’emparait d’un traumatisme fondateur de l’histoire américaine (l’assassinat de Kennedy) pour signer une grande fresque historique, nostalgique et intime passionnante et très émouvante. L’histoire d’un professeur qui découvre, grâce à un ami restaurateur, une sorte de porte, ou plutôt d’escalier mystérieux, le conduisant en 1958.

Peu importe combien de temps il reste à cette époque, son retour au présent intervient toujours quelques minutes après son départ… Qu’importe les modifications qu’il apporte au passé, s’il retourne en 1958, il efface automatiquement tous ces changements. L’une des forces du roman résidait dans la manière dont King introduisait ce voyage dans le temps, avec une sorte d’évidence, sans que cet élément fantastique ne devienne envahissant. Le héros s’installait alors dans ce passé, bien décidé à empêcher l’assassinat de JFK avec l’espoir que cela rende le présent plus beau…

La mini-série reste très fidèle à l’intrigue et à l’atmosphère du roman, avec quelques choix scénaristiques à la marge (il arrive en 1960, et non plus en 1958). James Franco, qui rêvait d’adapter le roman, incarne un Jake Epping parfaitement conforme à l’idée qu’on s’en faisait : un homme un peu désabusé, fatigué par des échecs personnels à répétition, qui trouve sa place dans une époque à laquelle il n’appartient pas, et où des signes réguliers lui rappellent que sa présence est une aberration. Une manière d’introduire des éléments fantastiques avec naturel qui porte clairement la marque de King.

Le côté nostalgique fonctionne à plein régime, avec une reconstitution assez bluffante de cette Amérique où tout était encore possible… époque sans doute un brin fantasmée d’avant Dallas, et d’avant le VietNam. Et comme dans le roman, le plus bel aspect concerne l’histoire d’amour entre Jake et Sadie, si belle et si bouleversante, parce qu’on la sait sans avenir… ou sans passé, on ne sait plus trop. Et là, c’est la fibre romantique qui vibre à plein, jusqu’à cette ultime scène, qui noue l’estomac.

Ce n’est qu’un au revoir / Voyage sans retour (‘Till we meet again) – de Frank Borzage – 1944

Posté : 15 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, BORZAGE Frank | Pas de commentaires »

Voyage sans retour

Nettement moins connu que Three Comrades ou The Mortal Storm, deux superbes drames sur les ravages du Nazisme, ‘Till we meet again n’en est pas moins une grande réussite qui porte évidemment la marque de Borzage, grand cinéaste d’une délicatesse décidément infinie. On hésite à parler d’une histoire d’amour ici, tant cette histoire d’amour est radicalement impossible entre les deux personnages principaux…

Dans la France occupée, donc, un aviateur américain se réfugie dans un couvent pour échapper aux Allemands. L’une des sœurs, qui vit là depuis ses 8 ans, doit se résoudre à sortir de ce couvent qu’elle n’a plus quitté depuis son arrivée, pour aider l’Américain à quitter le pays. A priori déjà, une histoire d’amour entre un soldat et une religieuse est impossible… Mais si on ajoute un passif douloureux entre la jeune femme et les hommes, et une épouse que le soldat évoque avec une tendresse immense…

Pas de happy end hollywoodien possible entre ces deux-là donc, on le sait d’emblée. Pourtant, ou peut-être grâce à cette certitude, la relation qui se noue entre eux est d’une beauté ravageuse. Elle est belle cette scène où, dans la maison où ils se sont réfugiés, la jeune femme réalise le bonheur de vivre au plus près d’un homme, dans cette famille éphémère qu’ils se sont créés. Et il est magnifique ce regard de l’homme, Ray Milland, posé sur cette femme, Barbara Britton, dont il sait qu’il ne la reverra pas.

C’est toute la puissance du cinéma de Borzage qui se concentre dans ce simple regard, qui véhicule tellement plus d’émotion que n’importe quel long discours. La pureté des sentiments exacerbés dans un contexte de violence et de haine… Et là aussi, Borzage révèle une sensibilité extrême, dans son refus de déshumaniser totalement le personnage de l’officier allemand, monstrueux mais pas dénué de sentiments.

Dans la scène où il annonce vouloir « utiliser » trois jeunes religieuses de 15 ans, il est terrifiant. Et l’évocation de ce qui pourrait advenir de ces adolescentes est plus dure peut-être que toutes les exactions auxquelles on assiste réellement. Ce qui n’empêche pas Borzage de filmer son trouble lorsque ses hommes abattent par mégarde la mère supérieure du couvent, scène terrible, qui propulse la jeune religieuse en dehors de son refuge.

Tout au long du film, on retrouve la délicatesse de Borzage, dans sa manière de filmer le visage si doux et pur de Barbara Britton, ou le regard las et tendre de Ray Milland. Dans des détails aussi : cette tache de sang que Milland essuie sur la joue de Barbara Britton ou, plus tôt dans le film, les colombes qui s’envolent lorsque les jeunes religieuses sont troublées dans leurs prières par des coups de feu… Du beau, du grand Borzage.

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