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Archive pour la catégorie 'CORMAN Roger'

The Intruder (id. / I hate your guts) – de Roger Corman – 1962

Posté : 17 juin, 2019 @ 8:00 dans 1960-1969, CORMAN Roger, POLARS/NOIRS | Pas de commentaires »

The Intruder

Début des années 1960. La loi dite de l’intégration impose un quota d’élèves noirs dans les établissements scolaires. Y compris à Caxton, petite ville rurale du Sud ségrégationniste, où l’arrivée d’un mystérieux jeune homme va révéler des haines qui ne demandaient qu’à exploser.

C’est une curiosité, restée inédite en salles chez nous jusqu’en 2018. C’est pourtant, peut-être (il m’en reste beaucoup à voir), le chef d’œuvre de Roger Corman, celui en tout cas dont il s’est toujours dit le plus fier, le seul aussi à avoir perdu de l’argent lors de sa sortie. Presque un fait d’armes en soit, pour ce Guy Roux du système hollywoodien.

Réputé pour ses tournages à l’économie, Corman reste d’ailleurs fidèle à sa règle. The Intruder est en grande partie tourné en décors réels, avec des figurants du cru (qui ne savaient pas exactement ce que serait le ton du film), parfois à l’arrache, au cœur de ce Sud du Sud où le sujet même du film reste très brûlant à l’époque du tournage.

Ce contexte, ces décors, ces gueules aussi, et cette caméra qui semble faire partie de la foule mais dont on sent qu’elle est prête à être évacuée au moindre problème… Tout cela donne au film une sorte d’urgence, une fièvre, et pour tout dire une force qu’on n’attendait pas vraiment dans un film de Corman. Mais The Intruder possède bel et bien une puissance hors du commun. Un courage indéniable aussi, si on remet la production dans son contexte.

Ce jeune homme par qui les troubles arrivent, c’est William Shatner, qui a déjà fait pas mal de choses au théâtre et à la télévision, mais qui tient ici son premier premier rôle d’envergure (quatre ans avant Star Trek). L’acteur n’est pas transcendant habituellement, mais il est parfait ici, en symbole dégueulasse de la haine et du populisme, qui manipule les habitants de cette petite ville avec un double langage et une gueule d’ange, qui révèlent ce qu’il y a de pire chez beaucoup. Mais aussi ce qu’il y a de meilleur chez certains.

Outre le courage indéniable d’aborder un tel sujet, Corman marque des points en évitant tout manichéisme trop facile, et en confrontant le spectateur à ses propres préjugés. Il y a le personnage du journaliste bien sûr, très beau, que l’on voit prendre conscience du Mal que représente la ségrégation, système qui lui a pourtant toujours semblé naturel.

Mais le plus inattendu, c’est celui du voisin de chambre, Griffin, le représentant joué par Leo Gordon. Un type mal dégrossi, lourdingue et un peu vulgaire, que l’on a vite faite de cataloguer en quelques minutes à peine. A tort, comme on finira par le découvrir : il est l’âme du film, la claque qu’on prend dans la gueule, celui qui, lorsqu’on prend plaisir à voir Shatner se noyer, nous fait prendre de la hauteur. Un grand personnage, pour un grand film.

Cinq fusils à l’Ouest (Five Guns West) – de Roger Corman – 1955

Posté : 26 février, 2015 @ 5:37 dans 1950-1959, CORMAN Roger, WESTERNS | Pas de commentaires »

Cinq fusils à l'Ouest

Corman fait ses débuts derrière la caméra avec ce western déjà fidèle à sa réputation à venir : fauché, tourné en neuf jours (loin d’être un record pour lui), uniquement en extérieur, quasiment sans figurant, et avec des acteurs de seconds plans.

Il y a bien quelques baisses de rythmes, une ou deux bagarres un peu grotesques (surtout celle entre l’Indien et le jeune tueur fou), beaucoup plus de dialogues que d’action… Mais le film se révèle une agréable surprise.

Parce que Corman, à défaut d’être un grand auteur, est un habile réalisateur qui connaît déjà son métier.

Parce que le scénario est assez malin, sorte de préfiguration des 12 salopards, avec ces cinq condamnés à mort graciés et chargés par l’armée sudiste d’arrêter une diligence transportant un traître… et une fortune en or.

Parce que les personnages sont fortement marqués, même s’ils ne sont pas tous d’une grande finesse. John Lund, dans le rôle principal, ne fait pas grand-chose pour porter vers le haut un personnage mal défini. Guère expressif, peu charismatique, l’acteur est sans doute plus un choix économique qu’un vrai coup de cœur.

Plus intéressant : le rôle du joueur, interprété par un certain Touch Connors (Conners au générique, sans doute une erreur), qu’on connaîtra surtout pour son rôle-titre de la série Mannix, sous le nom de Mike Connors.

Et surtout, il y a Dorothy Malone, la sublime actrice de La Ronde de l’Aube de Sirk. Même dans un rôle plus modeste et pas beaucoup mieux écrit que ses collègues hommes, elle apporte ce petit quelque chose qui séduit et trouble à la fois, un mélange de force et de fêlure qui illumine chacune de ses scènes.

• Le film sort des oubliettes grâce à la collection Westerns de Légende de Sidonis. Bonus du DVD : une présentation par Patrick Brion.

Not of this Earth (id.) – de Roger Corman – 1957

Posté : 6 avril, 2012 @ 11:52 dans 1950-1959, CORMAN Roger, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Not of this Earth

Tout jeune réalisateur, Roger Corman était déjà le roi de la débrouille. Ce film d’invasion extraterrestre n’a pas dû coûter beaucoup plus que le prix de la pellicule. Seuls et uniques effets spéciaux : des lentilles blanches qui prouvent que les aliens (qui se résument à un quinquagénaire en apparence très normal, brièvement rejoint par une jeune femme… en apparence très normale) ne sont pas comme nous. Ah ! Et aussi un effet sonore très flippant qui prouve que la simple vue d’un alien peut être très dangereux.

Et pour cause : le quinqua très normal, qui vit dans une grande maison bourgeoise, version moderne du manoir hanté, est un extraterrestre ayant pour mission d’utiliser l’humanité comme un réservoir à sang pour sauver son propre peuple… ou d’éradiquer la race humaine si sa mission échoue… brrr…

Corman n’a pas de moyen, mais il a des idées. Il fait de son extraterrestre une version contemporaine du comte Dracula, qui tue des jeunes gens (au début en tout cas, pour appâter le spectateur avec de la chair fraîche, parce qu’au bout de quelques bobines, il finit par prendre tout ce qui lui tombe sous la main sans faire le difficile) pour récupérer leur sang, et vit dans une grande bâtisse dont les grands volumes et la cave inquiétants pourraient être une variation autour du château des Carpathes.

Budget serré, Corman filme beaucoup de plans extérieurs, dans ce quartier résidentiel aux longues allées dallées que le réalisateur filme avec de longs travellings qui évoquent avec vingt ans d’avance ceux, magnifiques, filmés par John Carpenter dans Halloween.

Corman sait raconter une histoire, et la pauvreté des moyens n’est pas vraiment un problème. Mais l’inanité du propos est tel que, après une première demi-heure plutôt haletante, la seconde moitié devient franchement poussive. On veut bien être bienveillant, mais pas trop longtemps… Sympa tout de même, mais au trente-sixième degré.

 

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