Marlowe (id.) – de Neil Jordan – 2022
Plutôt excitant de revoir le cinéma américain s’intéresser à Philip Marlowe, grande figure de la grande époque du film noir immortalisé par Dick Powell, Robert Montgomery et surtout Humphrey Bogart, et qu’on n’avait plus revu depuis le remake du Grand Sommeil avec Robert Mitchum.
Plutôt excitant, aussi, de savoir que c’est Liam Neeson qui enfile l’imper, rappelant qu’avant de se perdre dans des actioners interchangeables, le gars s’était illustré dans des tas de choses très différentes, et notamment dans le néonoir Faute de preuves, qui m’avait laissé un souvenir assez fort dans mon adolescence (pas revu depuis…).
Plutôt excitant encore de voir l’affiche du film, la revenante Jessica Lange dans un rôle trouble, et le pas manchot Neil Jordan aux manettes. S’il n’est pas le réalisateur le plus excitant de ces dernières décennies, Jordan a au moins un authentique savoir-faire, ne serait-ce que dans l’art de créer une atmosphère tendue. Ce qui pour un film noir est plutôt un bon signe.
Verdict ? Eh bien c’est tortueux à souhait, Neeson est très convainquant, Jessica Lange et Diane Kruger sont énigmatiques telles qu’on les attendait, la reconstitution du L.A. des années 30 est particulièrement soignée. Bref, cette adaptation d’un roman de John Banville (non, pas de Raymond Chandler) ne démérite pas.
Mais (on le sentait arriver ce « mais », non ?) tout ça reste très, trop propre. Jordan semble écraser par les grands maîtres dans les pas desquels il marche (dont Hawks, quand même), et son Marlowe reste un hommage plaisant, qui ne dépasse jamais le statut de pastiche soigné. Plaisant, quand même, c’est déjà pas mal…