Eden – mini-série réalisée par Dominik Moll – 2021
Une image, furtive, domine cette mini-série de six épisodes et ne cesse de la hanter : sur une plage grecque, la baignade des estivants est (à peine) troublée par l’irruption d’un canot pneumatique plein de migrants, qui débarquent et traversent la plage devant des témoins qui réagissent à peine…
Cette image, qui ne dure que quelques secondes (sur près de cinq heures de métrage) est une clé incontournable pour appréhender cette mini-série chorale, qui tente à travers une dizaine de personnages de capter le drame, mais aussi l’absurdité, de la crise migratoire.
Dominique Moll, aux manettes, aborde le sujet avec un mélange d’ambition démesurée et de simplicité totale. A travers ces six épisodes, il cherche rien moins que d’aborder tous les aspects de la crise. Mais il le fait avec des personnages et des situations qui sont autant de cas d’école. Pas des caricatures, mais des types.
Au cœur du récit : trois destins différents de migrants. Un ado et son frère qui tentent de traverser l’Europe pour rejoindre l’Angleterre, comme tant d’autres. Un jeune Syrien qui tente de tourner la page de son histoire pour étudier en Allemagne, bien accueilli par une famille aimante. Et en France, un coupe, venu de Syrie aussi, lui étant un grand médecin dont le témoignage semble important.
Autour de ces personnages en gravissent d’autres : des Grecs employés d’un camp de réfugiés, une famille allemande très bienveillante, des rencontres de passage, et une Française qui gère des camps de réfugiés, dont on ne sait trop si elle est motivée par son envie de faire de l’argent ou son humanité.
C’est Sylvie Testud, et son personnage est le moins convainquant de la série, le plus caricatural pour le coup, constamment filmé entre deux avions. L’émotion vient des autres personnages, confrontés à des drames autrement plus intimes et autrement plus touchants. Autour de destins parallèles, dont la plupart convergent vers la France, dans l’ultime épisode.
Chronique garantie sans divulgâchage. Tout juste peut-on souligner qu’entre espoir et désespoir, la frontière est parfois très ténue. C’est le sentiment qui domine dans ces beaux épisodes, édifiants et intimes.