Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'SODERBERGH Steven'

L’Anglais (The Limey) – de Steven Soderbergh – 1999

Posté : 14 avril, 2025 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SODERBERGH Steven | Pas de commentaires »

L'Anglais

Quand Soderbergh s’attaque au film de genre, il y a toujours ce petit truc qui fait du film quelque chose d’un peu différent. Souvent de manière imperceptible. Qu’il s’attaque à un géant du roman noir (Elmore Leonard pour Hors d’atteinte), ou à un classique du film noir (son remake de Criss Cross), le projet repose toujours sur une vision de la narration.

Dans The Limey, cette vision frappe en quelques secondes : un étonnant montage qui fait se succéder les plans de différentes temporalités. Passé, présent, futur, souvenirs, prescience ou fantasmes… Soderbergh fait se superposer des images qui se répondent, s’annoncent, se révèlent. Il découle de ce parti-pris esthétique une ambiance étonnante, à la fois implacable et désabusée. Comme si tout était déjà joué.

C’est d’ailleurs un peu le cas. L’Anglais du titre, c’est Terence Stamp, ressuscité à la fin de cette décennie 90s, qui incarne un père tout juste sorti de prison en Angleterre, qui débarque à Los Angeles pour venger la mort de sa fille, dont il ne sait même pas si sa mort est criminelle.

Ce rôle de père aurait pu être interprété par Michael Caine dans un film anglais des années 60. Ou pas Lee Marvin aux Etats-Unis. Ici, c’est Stamp, dont Soderbergh utilise des images de jeunesse tirées du film Poor Cow, de Ken Loach.

Parce que mine de rien, les 60s sont omniprésentes dans ce film contemporain. A travers le personnage de Stamp, décalé et comme sorti d’une autre époque. Et celui de Peter Fonda, le « méchant » du film, filmé avec son aura post-Easy Rider par un Soderbergh qui ne l’a pas choisi par hasard.

Il y a beaucoup de 60s, par ce qu’elles trimballent d’un paradis perdu : l’innocence d’une jeunesse volatilisée, happée par une usine à rêve qui dévore tout. Dans ce décor là, la marche morbide d’un Stamp vengeur semble absurde, coupée du monde. Et curieusement, c’est très beau.

The Insider (id.) – de Steven Soderbergh – 2025

Posté : 30 mars, 2025 @ 8:00 dans * Espionnage, 2020-2029, SODERBERGH Steven | Pas de commentaires »

The Insider

Ocean’s 12 : ça devait être le dernier film de Soderbergh que j’ai vu au cinéma. Et c’était il y a vingt ans. Pourtant, j’ai toujours aimé le cinéma du gars, sa manière de rester toujours curieux et inventif, d’être constamment là où on ne l’attend pas, sans autre logique apparente que son envie et son enthousiasme. Ni vraiment dans le système, ni totalement à côté. Palme d’Or à 26 ans avec son premier film, il aurait pu prendre le melon et cultiver son génie si précoce, mais non. Au lieu de ça, il enchaîne les films à un rythme assez dingue aujourd’hui : un ou deux films par an, dans tous les genres et dans tous les sens. Avec une constante : une extrême attention au cadrage, au montage, au rythme, qui signe immédiatement un film de Soderbergh malgré l’absence apparente de cohérence.

Avec The Insider, Soderbergh n’invente pas grand-chose en termes de narration : il nous plonge dans les méandres obscures du contre-espionnage britannique, avec ses jeux de dupes, ses mensonges et ses trahisons. Malgré la présence de Pierce Brosnan dans un rôle secondaire, on est bien plus près de l’univers de John Le Carré que de celui de James Bond avec cette intrigue exagérément complexe impliquant un danger pour l’humanité et une taupe dans le service. On se croirait presque revenu aux films d’espionnage de la guerre froide…

Mais Soderbergh conclut son long plan-séquence d’ouverture par la clé de son film : tout repose sur une histoire de couple. L’espion chargé de démasquer la taupe (Michael Fassbender) découvre alors que l’un des suspects est… sa femme, elle aussi espionne bien placée (Cate Blanchett). La caméra de Soderbergh restera constamment au plus près de l’un ou l’autre des deux époux, filmant leurs visages rendus opaques par une pratique professionnelle du mensonge et de la dissimulation.

C’est là que le film est vraiment original, et réjouissant. Et c’est là qu’il fallait des comédiens de la trempe de ces deux là : pour capter le trouble et le doute dans l’esprit de personnages qui ne laissent strictement rien transparaître, qui semblent même comme momifiés, dissimulés derrière un masque impassible, et un étrange accent. Et pourtant il passe, ce trouble, doublé à un cynisme et une ironie mordante… assez irrésistible.

L’intrigue importe bien moins que l’idée de faire couple au sein d’un service de contre-espionnage. Le film, d’ailleurs (en dehors de notre ex-James Bond), ne repose à peu près que sur trois couples, à des stades très différents de leurs relations respectives. Le scénario (brillant, signé par l’incontournable David Koepp) s’articule par ailleurs autour de deux « dîners » entre amis où les six espions/conjoints se retrouvent autour de la table.

Là, la tension et la violence verbale sont autrement plus percutants et déstabilisants que n’importe quelle scène d’action sanglante (dont le film fait d’ailleurs une économie assez radicale). Même dans un film de genre comme celui-ci, c’est un pur exercice de style que signe Soderbergh. Pour lui décidément, l’intérêt n’est pas ce qu’on raconte, mais comment on le raconte…

Ocean’s eleven (id.) – de Steven Soderbergh – 2001

Posté : 18 janvier, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, SODERBERGH Steven | Pas de commentaires »

Ocean's eleven

Soderbergh s’empare d’un sympathique film de braquage des années 1960 qui réunissait le fameux rat pack de Frank Sinatra et Dean Martin et réunit une autre famille de cinéma, au moins aussi cool : George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, et quelques autres (Elliot Gould, Casey Affleck, Carl Reiner… du cool à la chaîne), vrai parenté, pour ce qui s’impose comme l’étendard du cool movie de la décennie, largement supérieur à l’original.

A vrai dire, Soderbergh lorgne au moins autant du côté des Sept mercenaires, en tout cas dans la première partie, avec Clooney dans le rôle de Yul Bryner, et Brad Pitt qui s’impose comme le digne héritier de Steve McQueen. Comme dans le classique de Sturges, le duo Clooney/Pitt rivalise de cabotinage pour se disputer la couronne du king of cool.

A ceci prêt qu’il y a d’emblée entre ces deux là bien plus de camaraderie que de compétition. Les personnages, et les acteurs, s’aiment, c’est flagrant, et cette complicité évidente joue un rôle majeur dans le plaisir immense que procure le film. Ocean’s 11 est d’ailleurs plus marquant, plus révolutionnaire même, en tant que film de bande, qu’en tant que film de braquage.

Le scénario est certes brillant, tient en haleine, et réussit à surprendre constamment, même si on sait bien que nos braqueurs maîtrisent parfaitement jusqu’au moindre détail. Mais ce sens du faux-semblant et de la manipulation, poussé ici au rang de grand art, reste le b-a-ba de ce genre.

Le plaisir repose vraiment sur les acteurs, sur ce qui le passe entre eux, sur la manière dont Soderbergh joue avec l’ironie et l’élégance de ses acteurs. Le casting, exceptionnel (il y a aussi Julia Roberts et Andy Garcia), aurait pu impressionner un autre cinéaste. Soderbergh, lui, sait capter l’alchimie qui les unit tous, pour en tirer un film léger, d’une fluidité parfaite. Inconséquent, et réjouissant.

A fleur de peau (Underneath) – de Steven Soderbergh – 1996

Posté : 6 novembre, 2014 @ 2:18 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SODERBERGH Steven | Pas de commentaires »

A fleur de peau

Le Criss Cross de Siodmak avait-il besoin d’un remake ? Réponse sans appel après avoir revu ce polar esthétisant de Soderbergh : non. En reprenant très fidèlement les rebondissements du film original, en choisissant certains acteurs visiblement pour leur ressemblance avec ceux de 1949, le cinéaste rencontre très vite la limite de son entreprise.

Car au petit jeu de la comparaison, A fleur de peau est systématiquement perdant. La construction qui multiplie les allers-retours temporels est bien moins efficace que la longue spirale infernale choisir par Siodmak, et les acteurs sont tous plus ternes : le trio Peter Gallagher- Alison Elliott-William Fichtner fait bien pâle figure face à Burt Lancaster, Yvonne de Carlo et Dan Duryea.

Surtout, Soderbergh multiplie les cadres savamment composés mais totalement vains, faits de carrés de couleurs vives et de cadres dans le cadre, comme s’il voulait rompre absolument avec le classicisme des images de Siodmak. OK, mais à quoi bon ?

Finalement, j’ai sans doute eu un grand tort : regarder ce remake aussitôt après l’original. Forcément, la comparaison est inévitable, et elle n’est jamais à l’avantage de Soderbergh. Une belle idée originale, quand même : le beau rôle, pas suffisamment exploité d’Elisabeth Shue, image du destin heureux qu’aurait pu avoir les personnages sans ces pulsions autodestructrices.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr