Les Compagnons de la gloire (The Glory Guys) – de Arnold Laven (et Sam Peckinpah) – 1965
Ce western méconnu le serait-il moins s’il avait été signé par Sam Peckinpah ? Sans doute, mais le futur cinéaste de La Horde sauvage, auteur du script original, n’a semble-t-il réalisé que quelques plans avant d’être remplacé par Arnold Laven, qui est aujourd’hui loin d’avoir la « carte » comme Peckinpah. Ce qui, ici en tout cas, est plutôt injuste.
Une chose est sûre : The Glory Guys alterne le pire et le meilleur. Côté pire : des acteurs souvent approximatifs, pas très bien dirigés, d’où surnagent quelques seconds rôles hauts en couleur, et surtout un jeune James Caan très chien fou ; des dialogues qui semblent parfois sortis d’un film de vacances ; et un premier quart d’heure qui laisse augurer un vrai nanar.
Et puis il suffit de quelques fulgurances de mise en scène (un baiser passionné et étourdissant entre Tom Tryon et Senta Berger), de beaux moments de grâce (un couple qui continue à danser alors que la musique s’arrête), et d’une poignée de plans sublimes montrant une colonne de soldats se mettant en marche dans une nature plongée dans une semi-obscurité, entre chiens et loups… Et le film prend soudain une nouvelle dimension.
La nature, sauvage, impressionnante, superbe, joue un rôle primordial, en particulier dans la seconde partie, où les soldats sont ramenés à leur condition de simple mortel, et où le marivaudage et l’humour du début cèdent la place à la tragédie et au sentiment de révolte. Le cinemascope et la couleur magnifique sont parfaitement utilisés pour mettre en valeur ces grandes étendues escarpées, et ces ciels pesants…
Cette nature omniprésente donne une dimension singulière aux drames qui se jouent : les deux hommes qui se disputent l’amour d’une femme, le général cupide (inspiré de Custer) qui mène ses hommes au massacre, la jeune recrue qui attende désespérément son ordre de démobilisation, le soldat – tête de turc qui pleure la mort de son « bourreau » de lieutenant.
Parfois approximatif, par moments carrément raté, le film est aussi souvent impressionnant : par ses grandes scènes de batailles, amples et originales ; par la place laissée à la nature ; et par ces petits moments plus anodins où la magie opère.