88 minutes (id.) – de Jon Avnet – 2007
Pas si mal, ce thriller dont j’avais gardé un souvenir assez médiocre. Bien meilleur, en tout cas, que La Loi et l’ordre, navrant polar également réalisé par Jon Avnet (l’anagramme de « navet », remember ?) avec Pacino, et DeNiro.
Le film souffre quand même par moments du manque d’inspiration du réalisateur, qui fait des purs moments de suspense (la séquence d’ouverture, ou une autre scène dans un appartement dont on se demande s’il est vide ou non) d’interminables accumulations de clichés qui faisaient les belles heures des séries policières des années 70 et 80 style Starsky et Hutch.
Avnet est loin d’éviter tous les clichés. La fin est ainsi tellement attendue qu’elle en devient pénible. Les fausses pistes qui émaillent le film peuvent-elles encore tromper qui que ce soit, alors que le scénario, et la mise en scène, recyclent des recettes éprouvées depuis des décennies ? Par moments, quand même, Avnet dépasse les bornes.
Mais il y a, à côté de ça, des tas de belles idées originales et pertinentes, qui sortent 88 minutes du tout-venant du thriller hollywoodien. Pas le compte-à-rebours, vieux truc rabâché depuis toujours, mais le fait que le héros, Al Pacino, passe une bonne moitié du film l’oreille collée à son téléphone portable. Peu d’action physique, finalement, mais un suspense efficace qui passe essentiellement par ces appels que le psychologue, interprété par Pacino, reçoit à longueur de métrages.
Les « 88 » minutes du titre, c’est le temps qu’il lui reste à vivre, selon les dires d’un mystérieux interlocuteur. Une affirmation, ou une menace, qui pousse Pacino à se méfier de tous, à décortiquer ce qui est sa vie, et à se méfier des multiples femmes qui la peuplent : toutes celles qu’il baise sans vraiment s’en soucier. C’est aussi une particularité du film : faire du héros un queutard vieillissant qui collectionne les conquêtes féminines mais réalise, face à la crise, qu’il ne connaît réellement aucune des personnes qui l’entourent.
Dans le rôle, Pacino n’est pas étonnant comme il peut l’être dans ses grands jours. Mais, même en mode mineur, il est parfait et sort le film de l’anonymat.