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Archive pour la catégorie '2010-2019'

A couteaux tirés (Knives Out) – de Rian Johnson – 2019

Posté : 2 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, JOHNSON Rian | Pas de commentaires »

A couteaux tirés

C’est donc pour donner des suites à ce film que Netflix a fait un chèque monumental. Sans doute y a-t-il un vrai potentiel derrière le personnage de détective qu’incarne Daniel Craig (juste avant d’endosser pour la dernière fois les fripes de 007), mais il faut bien le reconnaître : il n’y a quand même pas grand-chose de neuf sous le soleil. Ce « Benoît Blanc » aux origines indéterminées (mais à prononcer avec un c final sonore) est l’héritier à peine déguisé de Miss Marple et d’Hercule Poirot.

D’ailleurs, comme dans les grandes adaptations de l’œuvre d’Agatha Christie des années 70 et 80, et plus récemment dans celles de Kenneth Branagh, c’est un casting all-star que nous sort Rian Johnson, qui s’offre là une nouvelle virginité et un nouveau filon juteux, après avoir fâché une partie des membres de l’univers Star Wars. Toni Collette, Jamie Lee Curtis, Ana de Armas (avant Mourir peut attendre, donc), Michael Shannon, Don Johnson… et autant de coupables potentiels.

La formule est sans surprise : le film est construit en forme de Cluedo géant. Qui donc a tuer Christopher Plummer, richissime écrivain qui venait de déshériter à peu près tout le monde quand une mort violente et mystérieuse l’a fauché. Rien de bien neuf donc, même si côté scénario, il faut souligner l’originalité de la chose, qui nous dévoile très tôt le nom du coupable… Sauf que, bien sûr, non, c’est un peu plus compliqué.

Le film a un petit côté bâton de maréchal post-James Bond pour Daniel Craig, mais l’acteur s’amuse visiblement beaucoup à créer ce détective faussement nonchalant et très sûr de son talent. Et ce plaisir s’avère vite très communicatif, surtout quand Rian Johnson adopte un ton gentiment décalé et ne verse pas dans le suspens plus traditionnel, ce qu’il fait hélas dans la dernière partie. Mais ce premier film, sans rien révolutionner, donne plutôt envie de revoir Daniel Craig dans le rôle de ce Benoît BlanC. Et le c se prononce.

Jean-Claude Van Johnson (id.) – saison unique – créée par Dave Callaham et réalisée par Peter Atencio – 2016/2017

Posté : 1 janvier, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), ATENCIO Peter, CALLAHAN Dave, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Jean-Claude Van Johnson

JCVD s’offre décidément une nouvelle carrière étonnante avec cette manie de mettre en abîme son image de star. Cette série éphémère s’inscrit dans cette mouvance, avec un drôle de parti-pris. L’acteur Jean-Claude Van Damme serait en fait la couverture d’un agent secret d’élite. Si si.

Un espion à la retraite pour le coup, qui s’emmerde comme c’est pas permis en faisant du gras et en vivant dans une belle villa où les traces de son passé glorieux sont omniprésents : des affiches de ses films accrochés aux murs, une salle de sport qui n’a pas servi depuis longtemps…

Van Damme a cette capacité de se moquer de son image, acceptant de jouer une ancienne star de premier plan cantonnée à la VOD, qu’un quidam dans un bar confond avec Nicolas Cage. Et qui affiche un sourire d’enfant quand un méchant affirme que TimeCop est un meilleur film que Looper.

Manquerait plus qu’un bon réalisateur pour emballer tout ça… Mais c’est bien là que le bât blesse. La plupart des belles ambitions font flop dans cette série qui pourrait être réjouissante si elle n’était si molle. Alors après deux épisodes, on se désintéresse totalement de la chose, on ne sait même plus de quoi ça parle, et on souhaite à Van Damme d’inspirer un vrai grand cinéaste, un jour…

22.11.63 (11.22.63) – mini-série créée par Bridget Carpenter – 2016

Posté : 16 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CARPENTER Bridget, COLES John David, FANTASTIQUE/SF, FRANCO James, KENT James, MACDONALD Kevin, STRONG James, TÉLÉVISION, TOYE Frederick E.O. | Pas de commentaires »

22 11 63

Sorti il y a une bonne dizaine d’années, le roman de Stephen King m’avait emballé. Au sommet de son art, l’écrivain s’emparait d’un traumatisme fondateur de l’histoire américaine (l’assassinat de Kennedy) pour signer une grande fresque historique, nostalgique et intime passionnante et très émouvante. L’histoire d’un professeur qui découvre, grâce à un ami restaurateur, une sorte de porte, ou plutôt d’escalier mystérieux, le conduisant en 1958.

Peu importe combien de temps il reste à cette époque, son retour au présent intervient toujours quelques minutes après son départ… Qu’importe les modifications qu’il apporte au passé, s’il retourne en 1958, il efface automatiquement tous ces changements. L’une des forces du roman résidait dans la manière dont King introduisait ce voyage dans le temps, avec une sorte d’évidence, sans que cet élément fantastique ne devienne envahissant. Le héros s’installait alors dans ce passé, bien décidé à empêcher l’assassinat de JFK avec l’espoir que cela rende le présent plus beau…

La mini-série reste très fidèle à l’intrigue et à l’atmosphère du roman, avec quelques choix scénaristiques à la marge (il arrive en 1960, et non plus en 1958). James Franco, qui rêvait d’adapter le roman, incarne un Jake Epping parfaitement conforme à l’idée qu’on s’en faisait : un homme un peu désabusé, fatigué par des échecs personnels à répétition, qui trouve sa place dans une époque à laquelle il n’appartient pas, et où des signes réguliers lui rappellent que sa présence est une aberration. Une manière d’introduire des éléments fantastiques avec naturel qui porte clairement la marque de King.

Le côté nostalgique fonctionne à plein régime, avec une reconstitution assez bluffante de cette Amérique où tout était encore possible… époque sans doute un brin fantasmée d’avant Dallas, et d’avant le VietNam. Et comme dans le roman, le plus bel aspect concerne l’histoire d’amour entre Jake et Sadie, si belle et si bouleversante, parce qu’on la sait sans avenir… ou sans passé, on ne sait plus trop. Et là, c’est la fibre romantique qui vibre à plein, jusqu’à cette ultime scène, qui noue l’estomac.

Rambo : Last Blood (id.) – d’Adrian Grunberg – 2019

Posté : 7 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), GRÜNBERG Adrian, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo Last Blood

Après avoir fait (probablement) ses adieux à Rocky avec le décevant Creed 2, Stallone fait (probablement) ses adieux à Rambo. Le voir renouer une fois de plus avec ses deux personnages fétiches n’est pas un hasard : comme à l’époque de Rocky Balboa et de John Rambo qui l’avaient sorti d’un long purgatoire, Stallone vient d’enchaîner quelques catastrophes industrielles. A 70 ans passés, il semble bien difficile pour lui de trouver un nouveau souffle au-delà de Rocky et de Rambo. Peut-être la série Tulsa King changera-t-elle la donne…

En attendant, ce Last Blood (une manière de boucler la boucle après l’inaugural First Blood de 1982) n’est pas le ratage complet souvent annoncé. On pourrait même le considérer comme la plus digne des suites, celle dans laquelle le personnage est finalement le mieux respecté. En tout cas le moins trahi. C’est que, depuis un Rambo 2 qui ne gardait à peu près du personnage que son côté machine de guerre, la saga a eu toutes les peines du monde à trouver son équilibre entre le traumatisme du vétéran façon seventies et cet aspect va-t-en guerre typique des eighties.

Avec John Rambo, en 2008, Stallone ne cherchait pas vraiment à trouver une porte de sortie satisfaisante, se contentant grosso-modo de recycler des aspects des trois premiers films. En revenant sur le sol américain, Last Blood se recentre sur le personnage de Rambo, qui mène depuis une dizaine d’années une vie paisible, tentant de garder ses fantômes à distance. C’est un peu comme si le William Munny d’Impitoyable et le Walt Kowalski de Gran Torino ne faisaient plus qu’un…

L’ombre de Clint Eastwood plane sur le film… Non : elle pèse sur le film, rappelant constamment ce qu’aurait pu être Last Blood si Stallone (scénariste du film) avait fait davantage confiance au potentiel dramatique de son film. La première partie est assez belle, se concentrant sur les relations du vétéran avec une ado qu’il considère comme sa fille, avec qui il a enfin trouvé la paix. Jusqu’à ce que la jeune femme, contre l’avis de son protecteur, ne décide de partir pour le Mexique, à la recherche de son vrai père, qui l’a abandonnée.

Et c’est là que ça se gâte. Parce que la relation fille/père est évacuée en une courte scène franchement ridicule. Parce que le Mexique est présenté d’emblée comme le lieu de tous les dangers où le pire des destins attend immanquablement une jeune Américaine en visite. Et parce que le pire des destins attend effectivement la jeune Américaine en visite. Pour la délicatesse, on repassera, mais Stallone émeut par sa présence fatiguée, par ce regard qui dit toute sa douleur et toute sa fatigue.

Reste la dernière partie, comme coupée du reste du film : un massacre sanglant et gore, vingt minutes au cours desquelles Rambo flingue, décapite, explose, découpe, charcute, charcle… Bref, il tue par tous les moyens dont il dispose, qui sont nombreux. C’est super violent, super efficace, et super bas du front. Et on se rappelle que, dans le film de 1982, Rambo ne tuait qu’une personne, et encore le faisait-il involontairement. Le premier sang versé était rare, et marquant. Près de quatre décennies plus tard, c’est sur des hectolitres de sang que le vétéran devenu mythe populaire tire sa révérence…

Deux fils – de Félix Moati – 2018

Posté : 7 novembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, MOATI Félix | Pas de commentaires »

Deux fils

Après le magnifique Lettre d’amour de Kinuyo Tanaka, on reste dans les premiers films avec ce très beau film signé par l’acteur Félix Moati. Il n’a que 28 ans quand il passe derrière la caméra, mais Deux fils affiche une étonnante maturité, dans sa manière de filmer des rapports familiaux intenses… et pas simples.

Benoît Poelvoorde est formidable dans un rôle de père célibataire totalement paumé, qui ne comprend plus vraiment le monde qui l’entoure, les personnes qui l’entourent, y compris ses deux fils, l’un jeune ado en révolte, l’autre tout jeune homme en pleine déprime, Vincent Lacoste et Mathieu Capela tout aussi formidables.

L’incompréhension entre les êtres les plus proches, l’incapacité à partager ses sentiments… et pourtant un amour fou, une admiration sans borne, que l’on ressent constamment dans cette famille très imparfaite et magnifique, pleines de failles et de grandeurs. Pathétiques ou sublimes ? Pour Moati, les deux vont de pairs, et c’est très beau.

Très beau la manière dont on découvre ces personnages : dans l’antichambre des pompes funèbres où Poelvoorde se glisse difficilement dans le cercueil prévu pour son frère qui vient de mourir, sous le regard de son plus jeune fils. Ce fils de 13 ans à peine, qui cultive son spleen à grandes lampées d’alcool plus ou moins fort. Et ce grand frère qui s’apitoie confortablement sur un amour depuis longtemps disparu.

Rien de bien spectaculaire dans le fond. Mais Moati filme ses personnages avec une liberté qui lui autorise tous les pas de côtés, toutes les pauses, suivant les pas de l’un ou de l’autre au gré des rencontres, des doutes, des coups de passion et des sentiments qui se révèlent ou se réveillent, au son d’une musique très jazzy et elle aussi très libre.

Le film dépeint avec finesse, émotion et profondeur cette insondable cellule familiale. Avec une certaine gravité mais sans lourdeur. Avec une touche de légèreté et un humour souvent irrésistible (Vincent Lacoste face à la psy du lycée… une stagiaire… la remplaçante du remplaçante). Un premier film très séduisant, à la belle atmosphère, qui donne envie de revoir Moati derrière la caméra.

Un homme à la hauteur – de Laurent Tirard – 2016

Posté : 18 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, TIRARD Laurent | Pas de commentaires »

Un homme à la hauteur

Une belle blonde rencontre un homme qui serait parfait… s’il ne mesurait pas un mètre trente-six. Parti-pris décalé et séduisant pour cette comédie romantique par ailleurs très classique dans sa forme. Un parti-pris qui transforme le film en une sorte de fable maligne et sympathique sur l’acceptation de la différence, sur le regard des autres.

Virginie Efira est parfaite dans le rôle… Non, arrêtons là : Virginie Efira est parfaite, point. Elle est parfaite comme est l’est toujours, et je commence à réaliser que je suis incapable d’évoquer Virginie Efira sans tomber en pâmoison devant sa présence, sa profondeur, son intelligence de jeu, sa justesse tout simplement. Une actrice de la trempe de Vivien Leigh, dont on sait qu’elle va transcender chacun de ses rôles.

C’est donc le cas une nouvelle fois avec cette avocate brillante, belle, grande, charismatique, troublée par ses propres sentiments pour un homme à la taille d’enfant, tiraillée entre sa volonté de ne pas se plier au regard des autres, et le regard des autres. Tantôt intense, tantôt vaporeuse, elle est merveilleuse, émouvante dans cette salle de cinéma où son regard passe par tous les états, drôle lorsque ce même regard tombe pour la première fois, en deux temps, sur cet inconnu à la voix si pleine de promesse.

Jean Dujardin aussi est excellent, à la fois flamboyant et plein de failles, parfait dans le rôle de cet homme trop petit, mais tellement digne comme en témoigne son fils. Une sorte de symbole de la différence, du handicap. Et qu’importe si les trucages, mélange de simples jeux de caméra et de mise en scène, et de rares effets spéciaux (à la manière du Seigneur des Anneaux) sont un peu approximatifs, voire carrément voyants (on jurerait que Dujardin danse à genoux), on croit à cette différence de taille. Magie du cinéma…

Charmante comédie romantique donc, que Laurent Tirard réalise plutôt joliment, créant quelques belles scènes d’atmosphère (Viriginie Efira entrant dans une pièce sombre entourée par un halo de lumière et de brume) et de beaux moments de comédie. Mais à l’opposée de Contre-enquête, Un homme à la hauteur est nettement mieux réalisé qu’il n’est écrit. C’est même là que le bât blesse : dans une écriture qui frôle souvent la caricature, ou la bien-pensance. Pas de quoi gâcher le plaisir procuré par les acteurs.

First Cow (id.) – de Kelly Reichardt – 2019

Posté : 15 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, REICHARDT Kelly, WESTERNS | Pas de commentaires »

First Cow

La première scène de First Cow a l’air totalement anodine, voire inutile. De nos jours, une promeneuse découvre au bord d’une large rivière les ossements de deux personnes, gisant côte à côte à quelques centimètres de profondeur… Rien de plus, si ce n’est ce gros bateau qui descend lentement le long du cours d’eau. Elle n’a l’air de rien cette introduction, suivie aussitôt du « vrai » début du film, pas loin de deux siècles plus tôt dans l’Oregon des pionniers.

Elle n’a l’air de rien, mais elle pèse constamment sur ce beau film de Kelly Reichardt, nous glissant bien plus que la fin tragique promise aux personnages principaux : avec ce gros bateau lancé dans une course lente mais inarrêtable, et avec ce paysage dont on réalisera tardivement qu’il a beaucoup évolué en 200 ans, c’est comme si la cinéaste nous faisait toucher du doigt le temps lui-même et le côté inéluctable voire anecdotique des événements.

La cinéaste sait comme personne filmer le temps qui s’étire, et rendre perceptible le sentiment de toute puissance de la nature, ou de l’environnement. La rencontre des deux personnages principaux est toute auréolée de ces deux aspects. Elle se déroule dans une forêt sombre et humide, loin des décors habituels du western, genre dont la réalisatrice ne garde à peu près rien des codes. Et ce sont deux individus dont on ressent profondément l’immense solitude qui se trouvent. Littéralement.

Cookie le cuisinier un peu paumé, et King-Lu le Chinois en quête de fortune, n’ont a priori rien en commun si ce n’est d’être livrés à eux-mêmes dans un environnement particulièrement hostiles. Ensemble, ils vont d’abord rompre leur solitude, et puis rêver d’un lendemain plus heureux, qu’ils pensent toucher du doigt lorsque le miracle se produit : l’arrivée d’une vache dans la propriété d’un homme riche et puissant. La première vache de l’État, que les deux hommes commencent à traire en cachette la nuit, pour confectionner des gâteaux que les colons s’arrachent bientôt.

La beauté du film, tiré d’un roman de l’éternel complice de Kelly Reichardt Jonathan Raymond, repose avant tout sur l’humanité que sait capter la cinéaste, et sur sa manière de donner corps à son décor, cet Oregon du début du XIXe siècle que l’on a le sentiment de découvrir tel qu’il était, grâce à un extraordinaire sens du détail. Ni héroïsme ni spectaculaire dans ce western, mais une tension constante, et surtout une manière de filmer l’amitié et l’espoir, la peur et la fatigue. Superbe.

The Old Man and the Gun (id.) – de David Lowery – 2018

Posté : 18 septembre, 2022 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, LOWERY David | Pas de commentaires »

The Old Man and the Gun

C’est basé sur une histoire vraie, mais ça n’a pas grande importance. The Old Man and the Gun est avant tout un joli film pour clore (ou presque, et sûrement) une grande carrière d’acteur. Si on oublie (et je n’ai aucun mal à le faire) une ultime ultérieure panouille chez Marvel, ce pourrait bien être la toute dernière apparition de Robert Redford au cinéma. Et même s’il y a dans sa filmographie quantité de chefs d’œuvre autrement plus marquants (au hasard : La Poursuite impitoyable, Willie Boy, Les Trois Jours du Condor), il y a bien pire pour tirer sa révérence.

L’histoire de ce vieux braqueur de banque qui, à (bien) plus de 70 ans, continue à voler non pas pour gagner sa vie mais pour simplement vivre, ressemble au clin d’œil d’un vieil acteur qui n’a pas l’intention de partir sans un ultime baroud d’honneur, sans avoir une dernière occasion de jouer les séducteurs à l’œil qui frise, avec ce regard de sale gosse gentiment insolent, qui ne l’a jamais vraiment quitté.

Le film serait franchement anecdotique s’il n’y avait cette dimension testamentaire pour Redford. Mais elle est bien là, cette dimension, et ça change tout. La légèreté du ton, à l’opposée d’un Gran Torino auquel le film a injustement été comparé, le refus obstiné de se prendre au sérieux, jusqu’à ne plus même filmer les braquages eux-mêmes, la position souvent en marge de l’action du personnage de Redford… Tout ça concourt à dédramatiser un thème qui est, quand même, celui d’une vie qui s’achève.

Mais tant qu’il y a de la vie, il y a de la légèreté, du bonheur. Et c’est presque une leçon de vie, joliment insolente, que le film nous offre, et que reçoit parfaitement le flic interprété par le grand Casey Affleck, formidable comme toujours. Des tas d’acteurs impeccables sont d’ailleurs réunis pour ce baroud d’honneur de Redford : des vieilles badernes comme Danny Glover ou Tom Waits, la trop rare Sissy Spacek, ou même l’excellente Elizabeth Moss dans un petit rôle inattendu.

Il y a des films dont on sent bien qu’ils sont très mineurs et qu’ils n’apportent pas grand-chose, mais dont on tombe tout de même sous le charme. C’est le cas de The Old Man and the Gun.

Creed 2 (Creed II) – de Steven Caple Jr. – 2018

Posté : 17 septembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CAPLE Jr., STALLONE Sylvester, Steven | Pas de commentaires »

Creed 2

Creed 2, ou Rocky 8, ou Rocky 4 – la suite. C’est un peu tout ça à la fois, et c’est là la force et la limite de ce qui pourrait bien être l’ultime apparition de Stallone dans les frusques de son personnage mythique, ce Rocky Balboa à qui il doit tout et qui l’accompagne depuis quarante-deux ans. Un compagnonnage unique dans l’histoire du cinéma, qui s’achève avec une double-suite elle aussi unique en son genre.

Pas que Creed 2 soit un film particulièrement original. Il ne l’est pas à bien des égards, se contentant très largement de répéter et de mettre en abîme des situations vues dans les précédents opus. La construction dramatique elle-même, autour de deux combats successifs aux conclusions très différentes, rappelle ainsi à la fois le diptyque Rocky-Rocky 2, et le dispensable Rocky 3.

Mais c’est bien une suite directe du caricatural Rocky 4 et de l’excellent premier Creed que signe Stallone, co-scénariste du film. Et c’est là que le vrai miracle apparaît : Au film déshumanisé de 1985, devenu un symbole désolant de l’Amérique reaganienne triomphante, Creed 2 donne une suite désenchantée et assez belle, dans laquelle le personnage tristement monolithique du film original dévoile une humanité aussi inattendue qu’émouvante.

Symbole glacé et monstrueux d’une Russie déshumanisée à l’extrême en pleine guerre froide, Ivan Drago est désormais un paria vivant seul avec son fils dans une Ukraine triste et morne… Quatre ans après la sortie du film, voilà un contexte qui prend un tout autre relief. Bien sûr, ce n’est pas d’une finesse révolutionnaire, mais il y a quelque chose de très beau à voir Stallone-Balboa réhabiliter le plus désincarné de ses adversaires, jusqu’à lui offrir une conclusion bouleversante.

Il y a une limite quand même, et elle est de taille. Et elle tient au fait que jusqu’ici, je n’ai pas encore abordé le personnage principal de Creed 2 : Adonis Creed, fils d’Appolo et protégé de Rocky, à qui Michael B. Jordan apporte une belle intensité, autant à l’aise dans la puissance des combats que dans la sensibilité des rapports humains. Mais Adonis n’existe réellement que par ce qu’il renvoie de Rocky.

C’était déjà sensible dans le premier Creed, où l’équilibre entre les deux personnages était joliment trouvé. Ici, c’est plus problématique, parce que Rocky est nettement plus en retrait. Il a bien quelques très beaux moments, dont on sent qu’ils ont été pensés par Stallone pour lui permettre de faire ses adieux au personnage. Mais la plupart du temps, Creed/Jordan tente de voler de ses propres ailes.

Tente, seulement. Parce que non, Adonis Creed n’est pas le nouveau Rocky Balboa. Il n’en a pas le cœur, l’humanité, ce petit quelque chose qui fait de Rocky l’un des grands personnages du cinéma. En fait, Creed n’existe pas sans Rocky : il en est un prolongement, le reflet d’une jeunesse envolée. Savoir que Stallone n’apparaîtra pas dans Creed 3, que Michael B. Jordan a lui-même réalisé, n’est pas vraiment la nouvelle la plus excitante de l’année.

• Lire aussi : Rocky ; Rocky 2, la revanche ; Rocky 3, l’œil du tigre ; Rocky 4 ; Rocky 5 ; Rocky Balboa ; Creed, l’héritage de Rocky Balboa.

Au poste ! – de Quentin Dupieux – 2018

Posté : 12 septembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, DUPIEUX Quentin | Pas de commentaires »

Au poste

Séduit et intrigué, plus que réellement convaincu par Incroyable mais vrai… Une deuxième plongée dans l’univers de Dupieux s’imposait rapidement. Verdict : séduit et intrigué, plus que réellement convaincu.

Cette fois encore, le marketing autour du film est imparable, avec son affiche qui évoque très ouvertement les polars de Belmondo des années 70, du genre Peur sur la ville. Pourtant, le dispositif choisi par Dupieux évoque moins le Bebel flamboyant qu’un autre classique un rien plus tardif : Garde à vue, avec son face-à-face entre un flic et un suspect dans un commissariat quasi-désert.

Mais on est bien chez Dupieux, et clairement pas chez Claude Miller. Dans Au poste !, le face-à-face relève également du plaisir de l’acteur, mais bien d’avantage du côté de l’absurde et du non-sens. Voire même du surréalisme, jusqu’à un rebondissement final en forme de mise en abîme pour le moins audacieuse… qui laisse pour le moins dubitatif.

Dans ce huis-clos étonnant, le suspect joué par Grégoire Ludvig (l’un des membres du Palmashow) est interrogé par le commissaire Benoît Poelvoorde. Et dans le rôle de Guy Marchand… pardon, du flic chargé de surveiller le suspect, Marc Fraize, extraordinairement lunaire et décalé. Devant la caméra de Dupieux, tous les flics ont une curieuse particularité physique. Benoît Poelvoorde a un trou dans la poitrine qui laisse échapper la fumée de sa cigarette. Marc Fraize a un œil comme gommé de son visage. Même Philippe Duquesne a une jambe engoncée dans un appareillage volumineux.

C’est très drôle, et c’est surtout du décalage que vient l’humour. L’absurdité de l’interrogatoire, la rencontre hallucinante entre Poelvoorde et son fils joué par Orelsan, jeune homme dépressif qui lance à son père : « La semaine dernière j’ai voulu me suicider, mais j’ai regardé la télé à la place. » Formidable utilisation des flash-backs aussi : des souvenirs dans lesquels les personnages du présent s’incrustent et interagissent. Séduisant, et intriguant. Une troisième plongée dans l’univers Dupieux s’impose…

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