Intouchables – de Olivier Nakache et Eric Tolenado – 2011
Je suis donc probablement le dernier Français à avoir vu le film événement de Nakache et Tolenado. Et pour être complètement honnête, c’est sans grand enthousiasme que j’ai pris mon billet. Un peu pour François Cluzet, acteur fabuleux qui continue à m’épater film après film. Beaucoup pour accompagner ma femme, qui voulait m’y traîner depuis des semaines (des mois ?). Alors ? Ben alors tout ce que tout le monde dit depuis des semaines (des mois ?) est plutôt vrai : Intouchables est une vraie réussite, et c’est avec une vraie banane (et un petit pincement au cœur, quand même) que je suis sorti de la salle.
Inutile de s’étendre sur un film que tout le monde, ou presque, a vu (et visiblement aimé). Reconnaissons juste qu’Omar Sy est une belle révélation. Pas sûr, toutefois, qu’il trouve rapidement un autre rôle à la hauteur de celui-ci, taillé pour lui, et qui révèle d’avantage une personnalité très attachante qu’un acteur à suivre les yeux fermés : émouvant et hilarant, il touche continuellement juste, n’en rajoutant jamais dans le côté mec de banlieue à la vie pas facile. Il confirme tout le bien qu’on pensait de lui grâce au SAV et à ses précédents (petits) rôles.
Il est le pendant parfait d’un François Cluzet qui, avec un tel rôle, aurait pu facilement ramener la couverture à lui. Ce n’est évidemment pas le cas, bien au contraire : on sent chez Cluzet une belle humilité et une complicité totale avec Sy, qu’il semble regarder avec des yeux d’enfants amusées. C’est le plus bel aspect du film : les deux réalisateurs évitent tout apitoiement et tout pathos trop facile.
Jamais le handicap, pourtant écrasant, de Cluzet n’appelle la pitié. De mémoire de cinéphile, je n’ai jamais vu une telle approche. Dans un autre registre et une autre époque, c’est à peu près l’exact opposée de l’imbuvable Chained for life, insupportable nanar consacré à un autre handicap, très différent mais tout aussi insupportable. A dire vrai, les vannes continuelles d’Omar Sy sur le handicap finissent un peu par lasser, tout comme leur opposition de goût concernant l’art est lourdement abordée. Mais par leur relation.
Avant d’être un film sur le handicap et le regard de l’autre, Intouchables est avant tout une belle histoire d’amitié. Pas moins, et pas beaucoup plus. C’est à la fois sa force et sa limite, mais la réalisation est soignée et efficace. Que demander de plus…