Jason Bourne : l’héritage (The Bourne Legacy) – de Tony Gilroy – 2012
On ne prend pas tout à fait les mêmes, mais on continue bel et bien. Ce quatrième « Bourne » n’a peut-être pas Jason Bourne pour héros (il est toujours porté disparu, depuis la fin du troisième film), mais son ombre plane indubitablement sur ce faux reboot. L’intrigue commence même au milieu de celle du troisième film : peu avant l’assassinat du journaliste dans la gare de Waterloo, étonnant choix de scénariste qui fait se chevaucher les deux films, plaçant l’histoire d’Aaron Cross, le super-espion interprété ici par Jeremy Renner, en parallèle avec celle de Bourne.
C’est d’ailleurs l’une des rares originalités du scénario. Passé derrière la caméra, Tony Gilroy, qui avait déjà écrit les précédents films de la saga, semble cette fois s’être entièrement concentré sur la mise en scène, au détriment d’un scénario jamais vraiment crédible, qui se résume à un simple survival, et se contente de revisiter les grands moments de la première trilogie.
L’apogée du film, une poursuite sur les toits d’un quartier populaire des Philippines, ressemble ainsi étrangement à celle de La Vengeance…, où Matt Damon sautait de toit en toit dans une séquence à couper le souffle. Portée par l’intense Jeremy Renner, cette nouvelle scène n’a pas à rougir de la comparaison. Le seul problème, c’est justement que la comparaison est incontournable.
L’autre faiblesse du film, par rapport aux trois précédents, c’est l’absence de Jason Bourne. Aaron Cross a beau être interprété par un Jeremy Renner absolument parfait (l’acteur a ce mélange d’humanité et de menace nécessaire au personnage), il n’est rien de plus qu’un espion poursuivi par ses anciens employeurs qui veulent sa mort. Il n’a pas les fêlures et la culpabilité de Bourne.
Mais on ne s’ennuie pas un instant… En tout cas pas après la première demi-heure. Si on se moque un peu de la conspiration, cette fois (Edward Norton, en cynique nettoyeur, n’a pas grand-chose à jouer), la course en avant d’Aaron Cross réserve son lot de plaisirs virils (et de beaux paysages).
Et puis il y a Rachel Weisz, actrice magnifique, qui interprète une scientifique en cavale avec Cross. Bourne était seul. Lui doit composer avec la sensibilité, la fragilité, et la détermination de cette femme plongée du jour au lendemain au cœur d’une violence qu’elle ne connaît pas. Grâce à elle, grâce au couple totalement mal assortis que ces deux-là forment, je replongerais bien pour un Bourne de plus…
• Voir aussi La Mémoire dans la peau, La Mort dans la Peau, La Vengeance dans la Peau et Jason Bourne.