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Archive pour décembre, 2023

Rien à perdre – de Delphine Deloget – 2023

Posté : 15 décembre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, DELOGET Delphine, EFIRA Virginie | Pas de commentaires »

Rien à perdre

Encore un grand rôle pour Virginie Efira, bouleversante en mère célibataire qui tente désespérément de ne pas sombrer quand son plus jeune fils est placé par les services sociaux, après un accident survenu alors qu’elle l’avait laissé seul pour aller travailler. Un sujet fort, du genre casse-gueule, qui glisserait du côté du pathos surchargé ou de la thèse engagée.

Et sur ces deux plans, Delphine Deloget, documentariste qui signe ici son premier long métrage de fiction, s’en tire assez brillamment. Côté thèse, la cinéaste évite les pièges en se focalisant sur le point de vue de la mère (jouée donc par une très grande actrice, ce qui aide). Ni jugement ni angélisme, donc : cette mère là est une femme bien, mais loin d’être parfaite, qui se repose sur son fils aîné pour palier ses propres manquements.

On sent bien où va la sympathie de la réalisatrice, ne serait-ce que par le côté tristement libérateur que provoque un certain coup de boule, et par la gêne que l’on ressent immédiatement : c’est mal, mais le moindre muscle du spectateur était à ce moment précis tendu vers une réaction qui ressemblerait à un hurlements, tant la situation s’apparente alors à un cauchemar à la Kafka, sans issue, sans autre possibilité d’échange que cette violence mortifère.

Côté pathos, le piège était donc encore plus tentant pour Delphine Deloget, qui fait le choix d’un sujet rude, abordé frontalement, au plus près du drame. Mais il n’y a pas d’effet facile dans sa mise en scène. Pas ou peu de larmes, mais un éprouvant sentiment d’étouffement qui se resserre sur la mère, et sur les nerfs du spectateur.

Au cœur de ce drame, les acteurs sont formidables, justes jusque dans la mesure, justes jusque dans le désespoir. Virginie Efira (bien sûr), mais aussi les deux jeunes interprètes de ses fils, ses deux frères, ses amis, et les agents des services sociaux, qui réussissent à faire ressentir leurs propres convictions, et leurs doutes.

On en sort secoué, remué, révolté et bouleversé, en se raccrochant aux éclats de vie et d’espoir que sème Delphine Deloget, cinéaste à suivre.

Los Cuatro Golpes – de François Truffaut – 1962

Posté : 14 décembre, 2023 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Los cuatro golpes

C’est bien parce qu’il est signé Truffaut que ce petit film amateur tourné visiblement en une soirée entre personnalités désœuvrées ait droit à une restauration en bonne et due forme. C’est ce qui est arrivé à Los 4 Golpes, dont le titre est un clin d’œil évident aux 400 coups, et que Truffaut a tourné en marge du festival de Mar del Plata en Argentine, où il venait présenter Jules et Jim.

Aucun rapport avec la première apparition d’Antoine Doinel d’ailleurs : ce très court métrage sans son (de ce qu’on peut en juger, le générique annonçant une musique de « Juan Sebastian Bach » est mensonger) n’évoque ni de près ni de loin l’enfance, mais « raconte » (les guillemets sont importants) le meurtre d’une femme d’un certain âge par un homme assez guilleret.

Ce dernier est joué par Truffaut lui-même, et la scène du meurtre est plutôt rigolote, en ce qu’elle brouille la frontière entre la fiction et la réalité, entre le personnage et le cinéaste : Truffaut rejoue le crime en cadrant le plan avec ses mains, puis en donnant des indications au caméraman avant que la victime ne s’effondre en tirant la langue

Difficile de dire à quel point Truffaut a pris cette petite chose au sérieux, mais ces trois petites minutes de film s’ouvrent tout de même sur un générique dans les règles, finalement assez étonnant. Accessoirement, c’est aussi le seul film que Marie Laforêt (dans le rôle d’une complice, qui se contente à peu près de jeter une fleur sur la victime) a tourné sous la direction de Truffaut.

Une balle signée X (No name on the bullet) – de Jack Arnold – 1959

Posté : 13 décembre, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, ARNOLD Jack, MURPHY Audie, WESTERNS | Pas de commentaires »

Une balle signée X

Les talents de Jack Arnold (qui sont grands, L’Homme qui rétrécit et quelques autres petits classiques en attestent) dépassent le simple cadre des films d’épouvante aux modestes budgets et en noir et blanc qui ont fait sa réputation éternelle. On lui doit aussi, notamment, une poignée de très bons westerns dont celui-ci, qui réinvente efficacement un thème très classique du genre.

Ou comment l’arrivée d’un étranger à la réputation de tueur va bouleverser le quotidien d’une petite ville de l’Ouest… Cet étranger, c’est Audie Murphy, dont le visage poupin surprend même les habitants qui le voient débarquer. C’est donc ce gamin, le fameux tueur qui fait trembler la région ? Le choix de Murphy est étonnant, et constitue l’une des belles idées du film : ce décalage entre l’apparence calme et sympathique du gars, et les émois que sa simple présence provoque.

Le film d’Arnold inverse habilement la notion de « whodunit ». Il ne s’agit pas à proprement parler de découvrir qui est le coupable, mais plutôt : qui est la victime. Pour qui ce tueur est-il arrivé en ville ? La réponse n’a guère d’intérêt. Ce qui en a en revanche, c’est la manière dont ce doute instille les esprits des bons citoyens, révélant peu à peu leur mauvaise conscience, leurs secrets enfouis. « Tout le monde a un ennemi. Tout le monde », assène Murphy.

La mauvaise conscience populaire est un thème courant, mais souvent annexe dans le western (dans des classiques aussi différents que L’Etrange incident ou L’Homme des hautes plaines). Ici, elle est le sujet même du film, Arnold s’attachant à filmer la manière dont la culpabilité et la peur s’emparent des habitants, les uns après les autres. Comme un virus que la seule présence d’un Audie Murphy laconique et rigolard propage.

Le film est concis et percutant : 1h17, remarquablement construit. En Cinemascope et Technicolor, Arnold signe un western conceptuel qui dézingue sans en avoir l’air la bonne conscience de l’Amérique. Grand petit film.

The Player (id.) – de Robert Altman – 1992

Posté : 12 décembre, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, ALTMAN Robert | Pas de commentaires »

The Player

Robert Altman s’était offert une nouvelle vague d’admirateurs avec cette « comédie » on ne peut plus cynique sur les coulisses impitoyables d’Hollywood, qui refit de lui l’un des cinéastes les plus hype du moment, tendance renforcée avec son film suivant, Short Cuts, qu’il faudrait que je revoie de toute urgence.

C’est en tout cas avec The Player que l’ado que j’étais alors a découvert le cinéaste. Et je n’avais pas gardé en tête l’extrême cruauté de cette farce qui pourrait être une sorte de double machiavélique du Bûcher des Vanités, autre film de ce début des années 90 qui mettait en scène un homme à qui tout réussit dont l’équilibre est bouleversé par un cadavre un peu encombrant. Et au jeu des comparaisons, Hollywood s’avère un univers encore plus pourri que celui de la bourse. C’est dire.

The Player est un réjouissant jeu de massacre, dans lequel Altman offre à un acteur réputé pour son progressisme et son humanisme (Tim Robbins, très grand dans tous les sens du terme) un rôle de carnassier séducteur et très souriant. Charmant donc, mais dénué d’à peu près tout scrupule, et de tout état d’âme.

Le tour de force d’Altman avec ce film repose moins sur la scène d’ouverture, long plan séquence un peu factice dans les coulisses des studios qui cite (dans les dialogues) celui de La Soif du mal, que dans le fait d’avoir réuni, pour dézinguer la machine à rêve, à peu près tous ceux qui comptent dans le Hollywood du début des années 90.

The Player possède en effet l’un des plus beaux castings de cette décennie (les autres étant aussi dans des films d’Altman, de Short Cuts à Prêt à porter). On y croise Whoopi Goldberg, Greta Scacchi, Fred Ward ou Sydney Pollack dans de « vrais rôles », mais aussi d’innombrables guests dont de réjouissants Jeff Goldblum, Malcom (et Andie) McDowell et Burt Reynolds, jusqu’à un final incarné par les symboles les plus forts de ce Hollywood tout puissant de l’époque, Julia Roberts et Bruce Willis. Incroyable jeu de massacre…

Un amour désespéré (Carrie) – de William Wyler – 1952

Posté : 11 décembre, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, WYLER William | Pas de commentaires »

Un amour désespéré

Rien à voir avec la Carrie de Stephen King et Brian De Palma… Celle-ci est une jeune fille de la campagne qui quitte le cocon familial pour aller tenter sa chance dans la grande ville, Chicago en l’occurrence, où elle rejoint sa grande sœur qui a eu la chance d’épouser un ouvrier. Pour elle, l’aventure s’avère plus difficile. Un petit boulot qu’elle perd, et la voici paumée, sans le sou, forcée d’accepter l’épaule bienveillante d’un bon gars un peu lourdaud qu’elle avait croisé dans le train.

Mais il y a le directeur du beau restaurant où le bon gars l’emmène, un homme élégant vivant dans le luxe avec femme et grands enfants, plus vieux qu’elle et bien installé… Et ces deux-là tombent désespérément amoureux. Fin de la première partie. La seconde sera une longue descente aux enfers, dans le genre gros mélo hollywoodien bien plombant, remarquablement lénifiant, dont on sort abattu et sans même l’envie de pleurer.

Malgré tout le savoir-faire de William Wyler, malgré la qualité de la production, la beauté des images et des décors, l’interprétation impeccable de Jennifer Jones et Laurence Olivier, cette seconde moitié désespérante a quelque chose d’assez convenu, et même un peu agaçante. Parce qu’elle transforme en simple mélodrame à gros effets une histoire qui s’annonçait bien plus profonde et audacieuse.

Tout ça pour revenir à la première moitié du film, passionnante et pour le coup beaucoup plus troublante. On y assiste donc à la naissance d’une histoire d’amour dont on se demande constamment s’il ne s’agirait pas plutôt d’une histoire de désespoir… Elle, vivant à la bonne et dans le déshonneur (on est au début du XXe siècle) avec un homme certes gentil, mais avec qui elle n’est pas mariée, et aspirant à tout autre chose. Lui, homme mal marié qui étouffe avec une épouse qu’il n’aime pas, et des enfants suffisamment grands pour ne plus avoir besoin de lui…

Ce sont deux êtres qui n’en peuvent plus de leurs carcans que filme Wyler, avec l’intensité du désespoir. Deux êtres qui semblent se raccrocher l’un à l’autre comme on se raccroche à une ultime branche avant de sombrer. Et mine de rien, c’est une critique assez radicale des conventions et de la bien-pensance que signe Wyler, à travers ce couple naissant au destin de tragédie.

 

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