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Archive pour la catégorie 'PICKFORD Mary'

Rosita, chanteuse des rues (Rosita) – d’Ernst Lubitsch (et Raoul Walsh) – 1923

Posté : 12 juin, 2019 @ 8:00 dans 1920-1929, FILMS MUETS, LUBITSCH Ernst, PICKFORD Mary, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Rosita

Il y en a qui galèrent pour se faire une place au soleil d’Hollywood. Et il y a Lubitsch, prince en son pays, que la plus grande star d’Amérique appelle pour la mettre en scène, lui déroulant le tapis rouge et lui offrant des moyens énormes. Rosita est donc le premier film américain du maître allemand, un « Mary Pickford movie » (un genre en soi) que, comme les autres grands noms qui ont dirigé l’actrice (Tourneur, Borzage), il transcende par son style et son regard.

Pas que Rosita soit le film le plus personnel de Lubitsch, ni même son plus abouti d’ailleurs : il y a dans cette grande histoire d’amour romanesque qui flirte avec la tragédie une sorte de tiraillement constant entre deux tons, deux univers. La romance et le tragique, le drame le plus sombre et la comédie la plus triviale.

Cela donne beaucoup de très beaux moments, que ce soit dans le drame (le héros qui découvre son destin à travers l’ombre d’un pendu) ou la comédie (la famille de Rosita qui débarque dans le palais). Mais il manque sans doute une vraie direction au film pour qu’il soit totalement réussi.

C’est en tout cas un rôle taillé sur mesure pour Mary Pickford : celui d’une pauvre chanteuse de rue dans le Séville des quartiers populaires, dont le roi d’Espagne s’entiche après l’avoir entendue le moquer devant la foule enthousiaste. Un roi particulièrement inconséquent plus intéressé par l’idée d’assouvir ses fantasmes que de régler les problèmes du peuple. Non pas que les questions sociales ou politiques soient mises en avant cela dit : à l’exception d’une scène savoureuse où Rosita malmène un collecteur d’impôts, cet aspect reste au stade de la toile de fond.

Lubitsch, cela dit, a des moyens visiblement très importants, qui lui permettent de mettre en scène la « populace » au milieu de laquelle évolue la jolie chanteuse de rue. Réussissant ainsi une séquence d’ouverture particulièrement impressionnante, la foule convergeant vers cette jeune chanteuse pleine de vie qui s’avance comme une rock star.

Ces scènes de foule sont peut-être, et assez bizarrement, les plus réussies du film : c’est là, au milieu de dizaines, voire de centaines de figurants, que Lubitsch capte le mieux ce que sont ses personnages. Le premier face-à-face avec le roi, dans ces conditions, ne manque pas de saveur.

Cela dit, Lubitsch est déjà Lubitsch. Il sait aussi filmer les alcôves, les couloirs… et les portes qui s’ouvrent (déjà) devant Mary Pickford, ces portes tellement présentes dans son cinéma, et qui accompagnent ici l’irrésistible ascension de la chanteuse qui devient comtesse.

Sans doute, en hésitant un peu moins entre comédie et drame, la dernière partie du film aurait-elle été plus forte, plus poignante. Mais ce final très lubitschien pour le coup, tout en expédiant un peu vite la question du « faux mort » (ah oui, il faut avoir vu le film), réserve un sort réjouissant à ce roi indélicat, dominé in fine par une reine qui sort tardivement de sa retenue pour remettre de l’ordre dans l’histoire. Féministe avant l’heure…

Secrets (id.) – de Frank Borzage – 1933

Posté : 23 février, 2019 @ 8:00 dans * Pre-code, 1930-1939, BORZAGE Frank, PICKFORD Mary, WESTERNS | Pas de commentaires »

Secrets 1933

Et me voilà euphorique et au bord des larmes… Pas parce que Secrets est le dernier film de Mary Pickford : j’ai eu 86 ans pour m’en remettre. Mais parce que la fiancée de l’Amérique a terminé sa carrière sur l’un de ses plus beaux films, sans aucun doute le plus riche et le plus dense.

1h20, 50 ans d’une vie bien remplie, et l’occasion pour son réalisateur Frank Borzage (terminer sur un Borzage, quand même…) de passer de la comédie de mœurs victorienne au western, de la comédie débridée au drame le plus noir. Une sorte de condensée de cinéma, en quelque sorte, l’œuvre d’un cinéaste aussi à l’aise avec les techniques héritées du cinéma muet qu’avec le son.

Ça commence dans une grande famille de la Nouvelle Angleterre : un important armateur (C. Aubrey Smith) qui a décidé de marier sa fille à un beau parti, chiant comme la lune. Mais la belle (Mary Pickford) est tombée sous le charme du comptable de la famille (Leslie Howard), jeune homme droit et un rien excentrique, qui s’enfuit bientôt avec celle qu’il aime. Direction la Californie, voyage plein de charmes et de dangers que Borzage résume à une succession de plans aussi courts que percutants, montage ébouriffant à la puissance dramatique immense.

Secrets est plein de ces formidables ellipses qui balayent en quelques secondes une nuit, une année, une décennie, voire plus. Avec quelques fulgurances particulièrement marquantes : un simple plan très sombre sur les bottes d’hommes se balançant à un arbre, une série de berceaux d’enfants, un pommier replanté qui fleurit, la flamme d’une bougie qu’on éteint… Des plans magnifiques et évocateurs qui en disent tellement sur le poids du temps qui passe.

Ces ellipses sont comme des accélérations soudaines dans un récit qui sait aussi prendre son temps, quel que soit le ton : léger et drôle dans la première partie, celle de la rencontre et de la fuite des deux amoureux ; noir et intense lors de l’attaque des bandits, d’une violence particulièrement percutante et marquante.

Chacune de ces étapes de vie s’imprègnent durablement dans l’esprit du spectateur, comme autant de secrets partagés par les deux héros, que l’on suit jusqu’au soir de leur vie, désireux de se retourner vers ces cinquante ans si plein de moments forts, comme nous de replonger déjà dans ce film si beau, si complet, et si plein de vie.

En signant le remake de son propre film, tourné en 1924, Borzage choisit le camp de l’optimisme, et de la vie. L’amour plus fort que tout… Borzage, quoi…

Pauvre petite fille riche (Poor little rich girl) – de Maurice Tourneur – 1917

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:12 dans 1895-1919, FILMS MUETS, PICKFORD Mary, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Pauvre petite fille riche

Après Pride of the Clan, Mary Pickford retrouve Maurice Tourneur, signe que cette première collaboration a apporté toute satisfaction à la jeune star, dont on sait qu’elle aimait avoir la décision finale sur le film… ce qui l’a sans doute privée de nombreuses grandes œuvres : rares sont les cinéastes de la trempe de Tourneur à avoir travaillé avec Pickford.

Et la présence derrière la caméra de Maurice Tourneur change absolument tout : le cinéaste parvient à tirer une oeuvre personnelle d’un scénario (de Frances Marion, « star » des scénaristes, dont la carrière est intimement liée à celle de Pickford) absolument taillé pour l’actrice, une histoire pleine de clichés et d’effets faciles qui ressemble à des tas d’autres films de la « petite fiancée de l’Amérique ».

L’actrice – 24 ans à l’époque – interprète une gamine de… 11 ans avec un naturel troublant. Une enfant élevée dans le luxe mais sans amour. Le genre de thème que Frances Marion adorait, et qui semble au mieux très désuet aujourd’hui. Un peu niais, même, pour être précis.

Et c’est vrai que pendant toute la première moitié, on peine à trouver la patte de Tourneur, qui semble étouffé par le duo Pickford/Marion. Sauf quand même quelques jeux sur les reflets dans les miroirs, ou les vitres qui coupent la jeune héroïne du vrai monde… Quelques images, comme ça, qui nous rappellent la présence d’un grand cinéaste derrière la caméra.

Mais c’est surtout dans la dernière partie que celui-ci s’exprime vraiment. En réservant une large part aux rêves et aux illusions, comme il l’avait fait dans L’Oiseau bleu, Tourneur sort Pauvre petite fille riche de l’anonymat, et signe une oeuvre forte, d’une grande richesse formelle.

Tirer un petit classique inventif et audacieux d’une histoire aussi facile et niaiseuse… Il fallait bien un cinéaste de la trempe de Tourneur père pour parvenir à cet exploit.

• Le film figure sur le coffret consacré à la période muette de Tourneur, édité il y a quelques mois par Bach Films. Avec des copies non restaurées, avec une qualité d’image très inégale, et globalement très médiocre.

Fille d’Ecosse (The Pride of the Clan) – Maurice Tourneur – 1917

Posté : 20 août, 2014 @ 3:03 dans 1895-1919, FILMS MUETS, PICKFORD Mary, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Fille d’Ecosse

Maurice Tourneur a été l’un des réalisateurs les plus importants dans la carrière de Mary Pickford, l’un des rares à avoir su tirer le meilleur du talent incontestable de la star : trop habituée à être le seul maître à bord, Pickford s’est trop souvent complu dans le rôle de fillette un peu fofolle qu’elle a tenu un nombre incalculable de fois, bien après ses 30 ans.

Dans Fille d’Ecosse, on sent que Mary Pickford s’est laissée diriger par ce cinéaste exigeant et perfectionniste, qu’elle retrouvera d’ailleurs dès l’année suivant pour Pauvre petite fille riche, une autre réussite. Solaire, mais plus grave qu’à l’accoutumée, la « petite fille de l’Amérique » reste romantique avant tout, mais sur un mode nettement plus adulte et profond que dans la plupart de ses films.

The Pride of the Clan se passe en Ecosse, mais l’histoire n’aurait pas été très différente dans les bas-fonds de New-York ou dans n’importe quel village du monde. Dans un petit village de pêcheur, sur une île aride des Highlands, Mary Pickford y est la fille du chef de clan, forcée de reprendre le flambeau après que son père a péri en mer. Ce pourrait être le cœur du film, mais ces débuts contraints en tant que chef de clan n’en occupent qu’une infirme partie : une scène, surtout, dans laquelle Mary Pickford, le fouet à la main, remet les villageois sur le chemin de la foi…

Il y a bien une intrigue: le fiancé de la jeune femme apprend que celle qui l’a élevé n’est pas sa mère, et que sa véritable génitrice est une riche dame du grand monde. Mais le film est surtout fait de petits riens que Tourneur fait durer, créant une atmosphère chaleureuse et authentique, comme lors de ce ceilidh (ces soirées dansantes traditionnelles en Ecosse) où, même dans un film muet, on sent la cornemuse et la bière réchauffer les cœurs.

Visuellement, et on le voit même dans une copie très abîmée, le film est une splendeur. Tourneur joue merveilleusement avec la lumière : celle de la lune, celle plus crue du jour, ou celle des bougies qui éclairent les intérieurs. Avec les contre-jours aussi, qui donnent lieu à quelques images magnifiques. Surtout, Tourneur filme la mer et les éléments qui se déchaînent avec une inspiration impressionnante.

De l’Ecosse elle-même, on ne voit pas grand-chose, dans ce film sans doute pas tourné sur place : quelques pierres surtout, et une rangée de maisons traditionnelles. Mais lorsqu’il est sur terre, Tourneur privilégie les gros plans, le paysage ne se dévoilant que lorsque la caméra est tournée vers la mer. Là, l’intime laisse place au spectaculaire. Un naufrage vu de la plage, un sauvetage en pleine mer… Les morceaux de bravoure sont filmés avec une incroyable modernité, dans ce film majeur de Mary Pickford, et de l’ère muette de Tourneur.

• Le film fait partie du coffret « Hommage à Maurice Tourneur » édité par Bach Films. Avec une qualité d’image loin d’être parfaite, mais franchement acceptable au regard de la qualité du film. En bonus, une présentation très enthousiaste de Patrick Brion.

M’Liss (id.) – de Marshall Neilan – 1918

Posté : 28 novembre, 2011 @ 11:32 dans 1895-1919, FILMS MUETS, NEILAN Marshall, PICKFORD Mary, WESTERNS | Pas de commentaires »

MLiss

Un mélange de comédie et de mélodrame avec un fond de suspense ; un personnage de gamine aux allures de sauvageonne qui dissimule un cœur grand comme ça et une vocation cachée à mener une vraie vie de famille… Pas de doute, M’Liss était taillé sur mesure pour Mary Pickford, l’éternelle jeune fille américaine qui, du haut de ses 25 ans, interprète l’une de ces héroïnes à peine sorties de l’enfance qu’elle jouera encore pendant dix ans. Avec ce film, on est clairement en terrain connu, mais on ne s’en plaindra pas : il y a dans M’Liss absolument tout ce qui a fait la gloire de « la petite fiancée de l’Amérique » et qui fait toujours d’elle, près d’un siècle après, l’une des plus grandes stars du cinéma.

Il faut dire qu’il y a derrière la caméra un cinéaste qui la connaît par cœur : Marshall Neilan, l’un de ces grands oubliés de l’Histoire, qui fut pourtant l’un des réalisateurs les plus populaires de son époque, l’équivalent (au début des années 20) d’un Spielberg. Neilan avait commencé au bas de l’échelle à Hollywood, avant d’être repéré par Griffith et de devenir devant sa caméra le partenaire fétiche de la jeune Mary Pickford, dans des dizaines de courts métrages. Passé de l’autre côté de la caméra, il deviendra à son tour le réalisateur favori de l’actrice, signant avec elles quelques classiques (un peu démodés) du muet, comme Papa longues jambes.

M’Liss, il faut bien le reconnaître, a pris un sacré coup de vieux. La comparaison avec Sparrows, formidable film avec Mary Pickford que j’ai revu récemment, n’est pas flatteuse pour le film de Neilan, dont la mise en scène est la plupart du temps assez statique. Quelques passages, pourtant, étonnent par leur modernité : celle du délire alcoolisé du père de Mélissa (M’Liss), filmé avec des gros plans avec des contrastes agressifs en avance de 40 ans…. Ou encore une série de plans utilisant à merveille les décors naturels et des soleils couchants très cinégéniques.

L’histoire en elle-même est plutôt convenue, et repose sur des ficelles énormes. Dans une petite ville de pionniers, la fille un peu fofolle d’un poivrot tombe sous le charme du nouvel instituteur. Le film aurait pu se contenter de cette rencontre politiquement incorrect de deux mondes (l’attirance de l’instit pour cette jeune fille est clairement sous-entendu), mais s’y ajoute une obscure intrigue policière : le père de la jeune fille est le frère d’un riche homme d’affaires qui, en mourant, lui lègue une fortune. Mais le père est assassiné par un homme qui cherche à lui voler l’héritage. L’instit est accusé du meurtre, et seule M’Liss reste convaincue de son innocence. Elle finira par démasquer le coupable à l’issue d’une scène tendue et assez virtuose, qui tranche nettement avec l’essentiel du métrage, parfois un peu lent, souvent très daté. Mais toujours franchement charmant.

Les Moineaux (Sparrows) – de William Beaudine – 1926

Posté : 30 septembre, 2011 @ 8:45 dans 1920-1929, BEAUDINE William, FILMS MUETS, PICKFORD Mary | Pas de commentaires »

Sparrows

Voilà l’un des grands chef d’œuvre du muet, un film terrifiant et d’une grande cruauté, que Charles Laughton avait sans aucun doute en tête lorsqu’il a réalisé La Nuit du Chasseur. La comparaison est facile, mais il est difficile de ne pas la faire, tant on sent l’influence que Sparrows a eu sur le classique de Laughton. Mary Pickford, qui joue une adolescente alors qu’elle a déjà 33 ans, trouve là sans doute le rôle le plus fort de toute sa carrière, dans ce qui est peut-être son meilleur film.

L’histoire se passe dans un marais perdu du Sud des Etats-Unis, présenté comme un Enfer sur Terre. Au milieu de marécages impossibles à traverser, un couple de fermiers odieux tout droit sorti d’un conte horrifique des frères Grimm exploite des orphelins qui lui ont été confiés, mais qu’il fait travailler durement toute la journée, les faisant dormir dans une grange sans le moindre confort, et sans soin. Le portrait semble horrible… C’est pire encore : le film ne fait l’impasse sur aucun sévices, et aucun drame. On assiste même à la mort d’un bébé, dans une scène un peu trop mystique, mais bouleversante…

Toute la première partie repose sur cette peinture d’une jeunesse brisée, et aux efforts faits par Mary Pickford et ses petits protégés (les « moineaux » du titre) pour survivre et améliorer leur quotidien, pour échapper aux brimades de leurs bourreaux ou de l’affreux fils (vraiment très laid, ce pauvre garçon) de ces derniers, aussi méchant que ses parents. La charge est d’autant plus forte que le film de William Beaudine est une charge qui était alors d’actualité : dans les années 20, ces « fermes de bébés » existaient bel et bien, et recueillaient des orphelins, aussi bien que des enfants dont les parents ne pouvaient pas s’occuper eux-mêmes. Reste juste à espérer que la cruauté présentée dans le film dépasse la réalité d’alors…

Beaudine, qui fera l’essentiel de sa carrière « parlante » en dirigeant de petites productions parfois très limites (dont le Voodoo Man déjà chroniqué sur ce blog), rappelle qu’il est l’un des grands cinéastes du muet. C’est d’une caméra virtuose qu’il filme cette histoire, bénéficiant il est vrai d’un décor extraordinaire : la reconstitution de cette ferme et du marais qui l’entoure, gothique et inquiétante, fait beaucoup pour le film. Et puis au milieu du film viennent deux rebondissements tragiques : la mort du bébé, et l’enlèvement de la fillette d’un milliardaire. Le fermier se voit confier la garde de la petite fille, pendant que ses kidnappeurs récupèrent la rançon. Mais effrayé par l’arrivée possible de la police, le fermier décide de tuer l’enfant… Ce qui décide Mollie (Mary Pickford) à s’enfuir avec sa bande de gamins, tentant leur chance à travers les marais et leurs dangers…

Et c’est un autre film qui commence, plus fort encore : Beaudine tire le meilleur de son effrayant décor, utilisant la pénombre et les puits de lumière de ces sous-bois, la profondeur de champs (magnifique plan avec les enfants en file indienne à l’arrière plan, tandis qu’on découvre d’inquiétants crocodiles au premier plan) ou le montage alterné (le course du chien qui se rapproche dangereusement et rapidement des enfants) comme les plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Toute cette deuxième partie se regarde presque sans respirer, tant la tension est palpable.

C’est du très, très grand cinéma. Le happy end est un peu convenu, c’est vrai, mais qu’importe. Les horreurs de la première partie, et le suspense terrible de la seconde partie risquent de ne pas vous sortir de la tête avant longtemps. Promis…

La Petite Vendeuse (My Best Girl) – de Sam Taylor – 1927

Posté : 9 mars, 2011 @ 10:48 dans 1920-1929, FILMS MUETS, PICKFORD Mary, TAYLOR Sam | Pas de commentaires »

La Petite Vendeuse

J’ai toujours eu un petit faible pour cette bluette charmante d’une simplicité extrême : une petite employée d’un grand magasin tombe sous le charme d’un jeune stagiaire un peu maladroit, qui est en fait le fils du richissime propriétaire du magasin, arrivé là incognito pour faire ses preuves. Un monde sépare les deux jeunes gens ; mais bien sûr, l’amour dépasse toutes les barrières sociales…

Je crois bien être tombé sous le charme de « la petite fiancée de l’Amérique », comme on l’appelait dans les années 20, en voyant une scène de ce film : assise à l’arrière d’une camionnette en marche, le personnage joué par Mary Pickford fait ostensiblement tomber quelque chose pour que l’homme qu’elle aime déjà la rejoigne, courant avec un large sourire dans les rues de Los Angeles (la séquence a été tournée en décor réel, ce qui en accentue encore la force). Admirablement filmée, la scène vous file un sourire large comme ça : comment ne pas craquer devant le minois de Pickford ?

La réalisation de Sam Taylor, constamment inventive et souvent étonnamment moderne, fait beaucoup pour le film. Dès la première séquence, le ton est ouvertement décalé, et surprend autant qu’il séduit (ça commence quand même par un plan de Mary Pickford perdant sa culotte !). Et ça n’arrête plus de tout le film, mené à un rythme trépidant qui n’est pas sans rappeler les grandes comédies de Capra (difficile de ne pas penser à Vous ne l’emporterez pas avec vous, en particulier dans la dernière séquence).

Le film est, comme ça, jalonné de scènes inoubliables : celle du camion, donc, mais aussi ce joli passage où les deux futurs amants déjeunent tête à tête dans l’espace confiné d’une caisse en bois dans la remise ; celle où Mary Pickford veut présenter Joe à sa famille mais, tombant sur une dispute, fait croire au jeune homme qu’ils arrivent au cœur d’une répétition théâtrale ; la rencontre avec les riches parents de Joe ; la séquence du tribunal (avec le chaplinesque Mack Swain en juge débonnaire)…

My best girl est sans doute l’un des plus beaux films de Mary Pickford. C’est aussi, hélas, la fin d’une époque : il s’agit de l’ultime film muet de la star (et donc du début de la fin de sa carrière). Elle y donné la réplique au séduisant Charles « Buddy » Rogers, qui deviendra quelque temps après son dernier mari, après sa séparation d’avec Douglas Fairbanks, avec qui elle formait le couple le plus glamour de toute cette décennie magnifique. La fin d’une époque, je vous dis…

Ramona (id.) – de D.W. Griffith – 1910

Posté : 5 octobre, 2010 @ 6:17 dans 1895-1919, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, GRIFFITH D.W., PICKFORD Mary | Pas de commentaires »

Ramona (id.) - de D.W. Griffith - 1910 dans 1895-1919 ramona

Ramona, c’est l’un des premiers Griffith « important ». Le réalisateur, patron de la Biograph, avait déjà signé des dizaines de courts métrages au tournant des années 1910. Mais c’est l’une des premières fois qu’il laisse entrevoir ses ambitions énormes, et l’ampleur de ses grands films à venir, de La Naissance d’une Nation à America en passant par A travers l’orage. Pour ce film de deux bobines, il s’empare d’un roman écrit par Helen Hunt Jackson à la fin du XIXème siècle, l’histoire d’une jeune femme qui refuse d’épouser le riche propriétaire qu’on lui destine, pour vivre son amour avec un pauvre paysan mexicain. Mais leur vie sera émaillée de drames de plus en plus terribles…

Griffith a visiblement le plus grand respect pour ce roman, qu’il tente d’adapter le plus fidèlement possible. C’est d’ailleurs le problème : comment raconter en à peine plus de vingt minutes les multiples tragédies que vit la pauvre Ramona ? Le film se contente donc d’être une illustration sage et un peu froide du roman, qui aurait mérité une adaptation plus ample, et plus longue. C’est ce que fera Henry King en 1936, et surtout Edwin Carewe en 1928, dans un Ramona qui connaîtra un tel succès que le réalisateur retrouvera son actrice du film, Dolores Del Rio, pour un Evangeline qui en prolonge l’esprit.

Le Ramona de Griffith reste cependant dans les mémoires pour avoir offert à la très jeune Mary Pickford l’un de ses premiers grands rôles. Celle qui n’allait pas tarder à devenir la « petite fiancée de l’Amérique » n’avait alors que 17 ans, et enchaînait les courts métrages pour son « patron », Griffith.

 

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