Un Monstre à Paris – de Eric Bergeron – 2011
Joli dessin animé, basé sur une histoire très, très classique, vaguement inspiré du mythe de Frankenstein (deux gentils maladroits s’amusent avec des produits chimiques, qui transforment une mite en un monstre qui sème la terreur à Paris ; sauf que le montre est gentil), mais rehaussé par un style visuel très séduisant. Eric Bergeron donne vie au Paris du siècle dernier, et plus précisément celui de 1910, l’année des grandes inondations dans la capitale. Voir la Seine déborder de son lit n’est pas juste un clin d’œil nostalgique au Paris de l’avant-guerre : ce fait historique est plutôt habilement intégré à l’histoire, puisque le « monstre » est vu par les autorités comme une opportunité pour divertir l’opinion publique, furieuse contre ses dirigeants…
Le meilleur, dans ce long métrage français qui vaut bien mieux que tous les derniers Disney réunis, c’est l’atmosphère « villageois » de Montmartre, joliment rendu par le beau coup de crayon de Bergeron.
C’est, aussi, le casting vocal, impeccable et intelligent. Les acteurs ne sont pas simplement choisis pour pouvoir mettre leur nom sur l’affiche : ils sont l’essence même de leurs personnages. Gad Elmaleh est irrésistible en frimeur au grand cœur ; mais c’est surtout Vanessa Paradis qui séduit, dans le rôle de l’ange de Montmartre, chanteuse de cabaret à la voix envoûtante, qui forme bientôt un duo scénique avec le monstre, qui chante et joue de la guitare comme Mathieu Chédid. Normal, c’est lui qui prête sa voix, et on regrette simplement que le réalisateur n’ait pas laissé davantage de place aux numéros musicaux.
On se console avec les clins d’œil rigolos à la culture française dans tous ses états, de la fameuse coiffure de M au « C’est mon vélo ! » d’un gendarme qui a les traits et la voix de Bourvil.