La Belle Aventurière (The Gal who took the West) – de Frederick de Cordova – 1949
Drôle de western, qui commence par l’arrivée d’une voiture dans une petite ville, et se termine par la vision d’un hélicoptère prêt à décoller… C’est l’une des particularités du film : La Belle Aventurière est raconté en flash-backs (pas une première, certes), par des vieillards qu’un journaliste interroge en les abreuvant de whiskys, pour préparer un reportage sur l’histoire de la famille O’Hara.
Cette drôle de construction, à la Rashomon ou à la Citizen Kane, aurait pu faire de ce film une œuvre ambitieuse et originale. Hélas, ce postulat est à peine exploité. Les points de vue successifs apportent certes quelques précisions différentes, mais n’amène pas le trouble ou les fausses pistes qu’on aurait pu attendre. A vrai dire, il n’y a qu’un unique épisode, sans grand intérêt, qui fait l’objet de discussions entre les narrateurs (le pseudo évanouissement de notre héroïne). Un peu léger. D’ailleurs, on se demande un peu pourquoi le scénario choisit cette construction, pour une histoire finalement assez anecdotique, qui n’atteint jamais l’ampleur des grands westerns classiques.
Car le film raconte ni plus ni moins qu’un triangle amoureux relativement classique, sur fond de querelle familiale. Rien de bien neuf sous le soleil de l’Ouest… Yvonne De Carlo, sublime bien sûr, joue une chanteuse qui arrive dans une ville pour être la vedette d’un théâtre qui appartient au patriarche O’Hara (Charles Coburn), dont les deux petits-fils (Scott Brady et John Russell) tombent amoureux de la jeune femme. Et comme les deux cousins se détestent déjà, cette rivalité ne va rien arranger… Le film se résume à cette rivalité, et on sent bien que les menaces d’effusion de sang ne se concrétiseront jamais : il y a derrière cette rivalité, et ces agressions verbales, une légèreté qui ne trompe pas.
Frederick De Cordova, artisan honnête à défaut d’être toujours très inspiré, ne prend visiblement pas son film au sérieux, et fait de son curieux western une bluette sans grand enjeu, et finalement sans grand intérêt. Ce qu’il prend au sérieux, par contre, c’est son actrice, LA star maison de la Universal à l’époque. Il a raison : Yvonne De Carlo est à tomber, et elle est de loin le principal attrait du film. Ses robes somptueuses, son sourire mutin, ses colères feintes, et son interprétation parfaite font beaucoup pour rendre très sympathique ce film platement réalisé.