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Archive pour la catégorie 'PICHEL Irving'

La Bagarre de Santa Fe (Santa Fe) – de Irving Pichel – 1951

Posté : 19 juillet, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, PICHEL Irving, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Bagarre de Santa Fe

La construction du chemin de fer, des bandits qui veulent saboter les travaux, des frères qui se retrouvent dans des camps opposés, des attaques de trains, des coffres forts qui explosent, des Indiens, des cow-boys, du whisky… Ben oui, c’est un western, pas de doute. Pas le plus percutant, certes, mais bien troussé, et plein de passages plutôt rigolos.

Sur le papier, le film ressemble quand même plus à un drame plein de violence et de suspense qu’à une comédie légère. A l’écran, le grand écart entre ces deux visions est pour le moins surprenant. Irving Pichel, qu’on a découvert dans d’excellents noirs méconnus (Sables mouvants et Ils ne vont pas me croire), sans oublier La Chasse du Comte Zaroff, a un peu le cul entre deux chaises, pour le coup, comme s’il ne savait pas toujours pour quel film il a été embauché.

Quand il choisit son camp, il fait mouche. C’est vrai pour la comédie, avec le duo de conducteur franchement réussi, ou l’inattendu concours de violons. C’est vrai aussi pour l’action pure avec, notamment, une dernière scène sur le train en marche assez remarquable. Est-ce la vitesse du train qui donne du rythme à cette ultime scène ? Elle permet en tout cas de terminer le film sur une très bonne note, en particulier grâce à la dernière fusillade, cachée la fumée de la locomotive.

Tout n’est pas de ce niveau, hélas. Randolph Scott est droit, charismatique, et très sympathique, mais il n’a pas encore la profondeur qu’il gagnera dans les films de Boetticher. Surtout, on ne croit jamais vraiment à la relation entre Scott et ses trois frères devenus adversaires. Là, le ton léger qui domine le plus souvent est plus que discutable. L’émotion, en tout cas, reste à la porte.

La Chasse du Comte Zaroff / Les Chasses du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game) – de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel – 1932

Posté : 15 octobre, 2014 @ 1:49 dans 1930-1939, PICHEL Irving, SCHOEDSACK Ernest B. | Pas de commentaires »

La Chasse du Comte Zaroff

La Chasse du Comte Zaroff a été tourné il y a plus de quatre-vingt ans, mais qu’a-t-on inventé depuis dans le domaine du suspense et de la peur, au cinéma ? Tourné pour une poignée de dollars seulement, et sans autre ambition que de rentabiliser les décors et l’équipe qui travaillaient au même moment sur King Kong, ce chef d’œuvre hallucinant reste aujourd’hui encore un modèle indépassable du genre. Le film est d’une densité et d’une efficacité impressionnantes, jouant sur le dynamisme des cadrages, sur la vigueur des mouvements de caméra…

Le film n’a pas seulement inspiré tout un pan du cinéma de suspense à venir avec son thème (des naufragés sur une île réalisent que l’homme qui les a recueillis veut les transformer en gibier pour ses parties de chasse), mais aussi avec son langage cinématographique. Le montage ahurissant lors du naufrage, les travellings immersifs de la chasse à l’homme, les contre-plongées dans les marécages baignés de brumes… Le film de Schoedsack et Pichel semble servir encore de grammaire cinématographique pour la plupart des cinéastes.

Aujourd’hui, La Chasse… surprend aussi par la modernité de son interprétation. Si Leslie Banks, réellement impressionnant, en fait des tonnes, Joel McCrea, lui, est absolument parfait en jeune héros effrayé par ce qu’il découvre. Mais surtout, Fay Wray, dans son personnage incontournable de « scream queen », est d’une sensualité troublante : on imagine bien la dose d’érotisme qu’elle apportait au cinéma de cette période pre-code d’Hollywood.

Et dire que le film n’a été produit, par la RKO, que pour réduire au mieux les risques pris en produisant ce qui devait devenir l’un des monuments de la firme : King Kong. Ernest B. Schoedsack et Meriam C. Cooper étaient chargés des deux projets, d’une part la grande œuvre, de l’autre ce film de complément dont le succès, à sa sortie, n’aura rien de comparable avec Kong.

C’est peut-être un cas unique dans l’histoire du cinéma : deux chefs d’œuvre immenses et incontournables ont été tournés par la même équipe, dans les mêmes décors, avec une partie du même casting (Fay Wray en particulier), et apparemment simultanément. Quelques mois d’un incroyable état de grâce, pour marquer à jamais l’histoire du 7ème art…

Sables mouvants (Quicksand) – d’Irving Pichel – 1950

Posté : 3 mai, 2014 @ 5:09 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, PICHEL Irving | Pas de commentaires »

Sables mouvants

Mickey Rooney, mort récemment à l’âge de 93 ans, était l’un des derniers acteurs encore vivant de l’âge d’or d’Hollywood. Il en reste peu : Olivia De Havilland, Lauren Bacall, Kirk Douglas… Petit hommage avec ce film noir méconnu dont il est le héros, un rôle plutôt à contre-emploi pour l’ancien enfant star, qui fut l’une des grandes vedettes d’Hollywood grâce aux comédies et aux musicals, quelques années plus tôt.

En 1950, la carrière de Mickey Rooney marque déjà un peu le pas, et l’acteur tente de se donner une image plus adulte avec ce rôle plutôt sombre d’un type banal dont les choix successifs le plongent dans une spirale infernale dont il ne parvient pas à s’extraire. Un pur anti-héros de film noir, donc.

Le principe n’est pas nouveau : un petit garagiste « emprunte » 20 dollars dans la caisse de son patron, et c’est le début d’une descente aux enfers. Comment une simple décision, en apparence si anodine, peut avoir des répercussions tragiques… De Détour au Facteur sonne toujours deux fois, le coup du destin qui frappe ainsi est une constante dans le film noir. Mais Sables mouvants apporte à sa manière sa pierre à l’édifice du genre, en répétant ce principe avec un systématisme presque ludique.

Pour rembourser les 20 dollars empruntés, Dany, le personnage joué par Mickey Rooney, achète à crédit une montre qu’il met aussitôt au clou. Illégal : c’est désormais 100 dollars qu’il doit rembourser. Il détrousse alors un riche poivrot, mais un maître-chanteur l’oblige à voler une voiture… Et l’engrenage tourne à plein, avec à chaque étape un prix plus élevé à payer, et une menace plus lourde sur ses épaules.

On a envie de le baffer le Mickey, parce qu’il passe son temps à prendre de mauvaises décisions, parce qu’il cherche à jouer les durs avec son visage encore poupin (face à un Peter Lorre sans surprise, mais forcément intense), et parce qu’il est assez con, comme tous les héros de films noirs semble-t-il, pour s’enticher de la blonde un rien vulgaire sur le front de laquelle est écrit en lettres fluorescentes « attention ennuis » (Jeanne Cagney, la sœur de James), tout en rejetant constamment la douce et discrète brune Barbara Bates pourtant follement amoureuse de lui.

On connaît par cœur les trucs du film, mais Irving Pichel (co-réalisateur des Chasses du Comte Zaroff) donne une belle intensité à cet engrenage infernal, dont l’inéluctabilité rappelle les grandes réussites du genre, et a par moments des aspects de pure tragédie. Avec quelques beaux moments de réalisation, parfois attendus (les barreaux de la grille qui évoquent la prison qui menace le personnage), parfois original et plein de vivacité. Il y a notamment de belles scènes de nuit particulièrement vivantes, dans ce film entièrement tourné en décors naturels. Pichel y confronte la solitude et l’angoisse grandissantes de Rooney à la foule qui l’entoure, déambulant en quête de plaisirs innocents…

Malgré la fin, qui atténue l’impact du film, Sables mouvants est une belle réussite, restée inédite en France jusqu’à ce que le DVD permette enfin de le découvrir il y a quelques années seulement.

• Le film est édité dans la collection Serial Polar de Bach Films. En bonus : une présentation du film par Stéphane Bourgoin, et des évocations d’Irving Pichel et de Peter Lorre par Jean-Pierre Deloux.

Ils ne voudront pas me croire (They won’t believe me) – d’Irving Pichel – 1947

Posté : 2 septembre, 2013 @ 2:21 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, PICHEL Irving | Pas de commentaires »

Ils ne voudront pas me croire (They won’t believe me) – d’Irving Pichel – 1947 dans * Films noirs (1935-1959) ils-ne-voudront-pas-me-croire

Ce film noir méconnu n’a pas marqué l’histoire. La faute à une mise en scène un peu platounette d’Irving Pichel (le co-réalisateur des fameuses Chasses du comte Zaroff, quinze ans plus tôt), et à un noir et blanc sans profondeur qui empêchent le film de rivaliser avec les grandes réussites du genre. Mais ce film imparfait n’est surtout pas à mépriser. Il y a dans le scénario signé John Latimer (La Clé de verre ou La Grande Horloge) et Gordon McDonnell (L’Ombre d’un doute) une originalité et une audace qui le tirent de l’anonymat.

Les règles du genre sont bien respectées : notre anti-héros, interprété par le suave Robert Young, se retrouve prisonnier de ses choix désastreux, et de ses propres mensonges, jusqu’au point de non retour. Mais ce playboy est loin de la figure habituelle du film noir : c’est un parvenu lâche et manipulateur, qui a épousé une riche héritière pour son argent, et qui n’a pas le courage de quitter femme et confort pour ses maîtresses successives dont il semble pourtant amoureux.

La riche épouse mourra, on le sait dès les premières images : l’histoire est racontée par Robert Young, sur le banc des accusés pour son meurtre.

Drôle de film noir, où le héros est un lâche et un salaud, où la « femme fatale » est une épouse délaissée qui a perdu toute fierté et achète littéralement son mari pour le garder pour elle seule, et où le destin prend la forme d’un cheval blanc allongé près d’une rivière… C’est d’ailleurs la découverte de ce cheval par un jeune policier en uniforme qui représente le seul vrai moment de suspense du film. Alors que Young est emmené par les policiers près de l’endroit où sa femme est morte, il est sur le point d’être totalement blanchi lorsque le jeune flic insiste pour aller voir le cheval, scellant le destin du héros.

Mais l’essentiel est ailleurs : dans le portrait de cet homme si détestable qui réalise, en clamant son innocence, le poids de sa culpabilité. Dommage quand même que le personnage de l’épouse ne soit pas plus présent : elle aussi est passionnante, forte et minable à la fois.

La dernière scène va très loin dans l’ironie et le cynisme du destin. L’effet est un rien téléphoné et attendu, mais pas de quoi gâcher son plaisir.

 

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