Avatar, la voie de l’eau (Avatar : The Way of Water) – de James Cameron – 2022
Treize ans d’attente (enfin… un peu pour ceux qui, comme moi, ont attendu fin 2022 pour découvrir Avatar), treize ans sans long métrage de fiction, treize ans de frustration pour les amoureux d’Abyss et Terminator 2 (ses deux chefs d’œuvre, n’est-ce pas?). Et la seule question qui se posait vraiment… Non pas : est-ce qu’Avatar 2 se montrera à la hauteur stratosphérique des précédents films du réalisateur ? Mais : est-ce que Cameron a toujours cette patte qui n’appartient qu’à lui ? Cette façon de rendre évidentes les situations les plus complexes, les plus chaotiques…
Disons pour faire simple que Cameron a un langage cinématographique qui s’apparente à la fameuse ligne claire de la bande dessinée. Et oui, il l’a toujours, avec la même acuité, le même sens inné de la narration et de l’action. Bref : Cameron reste sans conteste l’un des grands narrateurs du cinéma contemporain. L’un des plus ambitieux visuellement aussi. Et, hélas, l’un des très rares habitués des blockbusters pour qui les effets spéciaux et le grand spectacle sont, toujours, au service du film, et pas leur seul objectif.
En cela, James Cameron est peut-être le seul (en tout cas l’un des rares) cinéaste que l’on puisse comparer à Spielberg. Comme son aîné, il a inventé une forme ultime de divertissement, que beaucoup ont copié en ne gardant que l’aspect spectaculaire innovant, et en oubliant qu’il y avait derrière ça le regard d’un auteur. Cameron est un auteur, c’est une évidence. Et ça l’est particulièrement dans cette (première) suite tardive, qui prolonge l’expérience du premier film, tout en étant une sorte de synthèse de toute l’œuvre du cinéaste.
Avatar 2 est un film passionnant. C’est aussi un film frustrant. Parce qu’il semble acter le fait que Cameron va passer le reste de sa carrière sur Pandora, et parce qu’il n’apporte pas grand-chose de neuf. OK, la forêt a laissé la place à la mer. Mais à part ça ? On reprend les mêmes, ou presque, et on recommence. Deux personnages phares (interprétés par Sigourney Weaver et Stephen Lang) ont disparu ? On trouve des solutions un peu faciles pour les faire revenir d’une manière ou d’une autre… C’est l’avantage des avatars : ça permet beaucoup de choses.
Pour le reste, l’histoire se résume à quelques rebondissements, et le film, qui dure plus de trois heures, aurait pu sans problème être deux fois moins long sans qu’on n’y perde grand-chose. C’est spectaculaire et grisant (même en 2D), mais ni plus ni moins que le premier film. Et le grand morceau de bravoure qui vient clore le film, à bord d’un bateau en pleine déroute, s’apparente à une sorte d’immense best-of du cinéma cameronien, citant dans la même scène Titanic, T2, Abyss et le premier Avatar. Cameron n’a rien perdu de son savoir-faire, mais on aimerait qu’il se remette à nous surprendre. Juste une dernière fois.