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Archive pour la catégorie '* Polars sud-américains'

Domingo et la brume (Domingo y la niebla) – d’Ariel Escalante Meza – 2022

Posté : 16 mars, 2023 @ 8:00 dans * Polars sud-américains, 2020-2029, ESCALANTE MEZA Ariel | Pas de commentaires »

Domingo et la brume

Dans un petit village de montagne du Costa Rica, les habitants déménagent les uns après les autres, leurs terres étant achetées par une grosse entreprise qui prévoit d’y faire passer une autoroute. Les travaux ont commencé, troublant la quiétude habituelle de ce coin reculé, mais un vieil homme refuse obstinément de vendre : Domingo, veuf qui craint s’il part d’être coupé du lien qui le relie encore à sa femme défunte…

Le thème de ce film costa-ricain (une première « ever » pour moi, me semble-t-il), l’obstination d’un homme qui ne veut pas céder aux sirènes de l’argent facile, préférant défendre jusqu’au bout un mode de vie simple et proche de la nature, évoque d’emblée le formidable As Bestas, l’un des meilleurs films de l’année dernière. Mais la comparaison ne va pas beaucoup plus loin que ce thème et la peinture d’un microcosme d’un autre temps rattrapé malgré lui par une modernité et un capitalisme présentés sans détour comme une menace.

En cela, le film d’Ariel Escalante Meza est un manifeste politique contre la déforestation, pour la sauvegarde des espaces naturels, et pour le respect d’un mode de vie séculaire. Mais le cinéaste, dont c’est le deuxième long métrage, signe un film nettement plus vaporeux que celui de Sorogoyen, flirtant avec le surnaturel, avec cette brume qui revient comme un mantra, et qui évoque autant le Fog de John Carpenter que le fantastique onirique de l’Oncle Boonme (c’est discutable bien sûr, mais c’est le film de Weerasetakhul qui m’est revenu à l’esprit devant certaines scènes nocturnes).

Cette brume, le héros du film (Domingo, donc) la voit comme une personnification de feu son épouse, qui vient lui rendre visite nuit après nuit. Et curieusement, cet aspect peut-être fantastique (et peut-être n’est-ce que la vision d’un homme trompé par l’alcool qu’il consomme en grandes quantités et de la culpabilité qui le ronge de ne pas avoir été un bon mari) donne un cadre plus concret au drame qui se noue, à ce refus obstiné de vendre comme le font tous ses amis, tous ses voisins.

Malgré une lenteur parfois un rien excessive (un travers habituel chez les « réalisateurs à festivals »), Ariel Escalante Meza signe un film envoûtant, d’une beauté formelle spectaculaire. Le gars a un sens du cadre et de l’image exceptionnels, et il ne me semble pas qu’il y ait dans ces quatre-vingt-dix minutes le moindre plan anodin. Chaque image est splendide, jouant avec des lumières quasi-surréelles et des ombres très profondes.

Le réalisateur sait aussi capter la profondeur du regard, beau, de Carlos Ureña, dont le visage fascine lorsqu’il n’est pas escamoté par un autre travers du cinéaste, qui a une tendance un peu trop appuyée à filmer ses personnages (longuement) de dos. L’émotion et la complexité des sentiments sont telles lorsqu’il cadre les visages que ce goût pour les dos lasse un peu. Mais il y a une vraie atmosphère dans ce film, une vraie intensité aussi. Le Costa Rica est donc aussi une belle terre de cinéma

Beckett (id.) – de Ferdinando Cito Filomarino – 2021

Posté : 23 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars européens, * Polars sud-américains, * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, CITO FILOMARINO Ferdinando | Pas de commentaires »

Beckett

Un couple d’Américains en voyage en Grèce. Un accident. Et tout déraille. L’homme, qui surmonte difficilement de gros problèmes de communication, se retrouve pris pour cible pour une raison qu’il ignore, dans un pays qu’il ne connaît pas, coupé du monde.

John David Washington est de toutes les scènes, presque de chaque plan. La grande force du film, c’est d’adopter son strict point de vue. Oh, rien de bien neuf là-dedans. Roman Polanski avait à peu près le même parti-pris pour Frantic, autre thriller dont le héros est un homme ordinaire pris dans une machination qui le dépasse, seul dans un pays dont il ne parle pas la langue. Pas grand-chose de neuf, donc, mais une efficacité indéniable, une grande intensité, et un vrai point de vue.

Sur la Grèce en l’occurrence, pays finalement rarement filmé dans le cinéma de genre, et ici totalement dépouillé de ses images toutes faites. Ce n’est pas la Grèce touristique que l’on découvre ici, encore que la première moitié se déroule dans une région de montagnes d’une grande beauté. C’est, plutôt, la Grèce de la crise financière, au bord de la rupture, où tout semble à l’abandon, poussiéreux. C’est surtout frappant dans la seconde moitié du film, à Athènes, ville pleine de vie, et d’une pauvreté omniprésente.

C’est le second film de Fernando Cito Filomarino, réalisateur italien qui renoue ici avec le thriller paranoïaque style Les Trois Jours du Condor. Avec une vraie efficacité, une réussite visuelle exempte de toute afféterie. On peut juste regretter la surenchère de rebondissements et de scènes d’action, comme si le cinéaste ne faisait pas suffisamment confiance à la seule force de son mystère. Alors c’est parfois un peu trop, mais les coups et blessures que se prend le pauvre John David Washington finissent par créer une étrange fascination, comme un violent trip qui chercherait à garder l’émotion à distance. Pour mieux la laisser éclater.

Le Médecin de famille (Wakolda) – de Lucia Puenzo – 2013

Posté : 27 juin, 2014 @ 4:30 dans * Polars sud-américains, 2010-2019, PUENZA Lucia | Pas de commentaires »

Le Médecin de famille

Romancière et réalisatrice, la jeune Argentine Lucia Puenzo adapte son propre roman Wakolda pour son troisième long métrage. Le signe que pour elle, ses deux modes d’expression sont le prolongement l’un de l’autre, et surtout que les sujets qu’elle choisit lui tiennent à cœur. Celui de ce Médecin de famille est très fort : l’Amérique du Sud comme terre d’accueil et laboratoire d’expérimentations des médecins nazis, réfugiés là après la Seconde guerre mondiale.

Succès critique et populaire très mérité dans le monde entier, le film de Lucia Puenzo arbore un classicisme très hollywoodien, avec une élégance folle et un sens de la narration impeccable. Pourtant, c’est bien le regard d’une sud-américaine que la réalisatrice-scénariste pose sur cette histoire. Le malaise, profond, qui se dégage constamment du film révèle une interrogation profonde d’une Argentine sur son propre pays : comment ses compatriotes, et son pays tout entier, ont-ils pu accueillir ainsi ces criminels…

Des horreurs nazies, on ne verra pas grand-chose. Mais le résultat n’en est que plus troublant : autour de la figure de Mengele, le charismatique monstre des camps, la réalisatrice met en scène des personnages pour la plupart charmants et parfaitement avenants mais qui, lorsqu’ils ne sont pas directement acteurs, accueillent les criminels nazis avec bienveillance.

Jusqu’où peut-on fermer les yeux ? C’est la question que pose le film à propos de ces parents qui se laissent convaincre que ce mystérieux médecin immigré qu’ils rencontrent par hasard peut aider leur fille, victime d’une croissance contrariée. Une question qui fait froid dans le dos, et qui peut évidemment s’appliquer à un peuple entier, complice plus ou moins passif des acteurs de la pire monstruosité de l’histoire de l’humanité.

Evitant tout ressors dramatique trop facile, toute caricature et tout artifice spectaculaire, Lucia Puenzo signe un grand film qui prend aux tripes, jusqu’à une dernière séquence extraordinaire, avec une musique dissonante qui fait bien mieux que renforcer le malaise…

• Le film est édité en DVD chez Pyramide Video. En bonus, un entretien avec Lucia Puenzo qui revient sur la genèse du roman et du film.

 

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