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Archive pour la catégorie '1990-1999'

Une lueur dans la nuit (Shining Through) – de David Seltzer – 1992

Posté : 23 août, 2023 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, SELTZER David | Pas de commentaires »

Une lueur dans la nuit

Il y a trente ans déjà, Une lueur dans la nuit semblait être un film d’un autre temps : un grand mélo hollywoodien sur fond de guerre, comme on en voyait dans les années 1940 et 1950. Et c’est vrai que le film aurait pu être tourné à cette époque : on y retrouve ce souffle romantique hollywoodien qui pourrait sembler désuet, mais qui au final lui donne tout son charme.

Ce décalage est d’ailleurs totalement assumé. Le personnage que joue Melanie Griffith passe ainsi son temps à se référer aux films de guerre qui l’ont marquée. Les mêmes que David Seltzer visiblement, qui signe un mélange de romance et d’espionnage sur fond d’Allemagne nazie, comme on n’en faisait déjà plus depuis cinquante. Et il a bon goût, qui cite en particulier The Mortal Storm, superbe film borzagien qui évoquait également un couple cherchant à fuit le nazisme.

N’en rajoutons pas : Seltzer n’est pas Borzage. Et le petit souffle qu’il donne à son film doit plus aux emprunts qu’il s’autorise qu’à son réel talent. On notera quand même, au détour de quelques scènes spectaculaires et romanesques, la cape rouge de Melanie Griffith voletant alors qu’elle court dans la nuit…

Mais le couple que l’actrice forme avec un Michael Douglas très convaincant a plutôt de la gueule. Et on s’amuse à reconnaître les références du film. Ce n’est d’ailleurs pas toujours bien difficile. Cette scène de séparation sur le tarmac d’un aéroport, le large chapeau de Melanie Griffith évoquant celui d’une certaine Ilsa dans un film de Michael Curtiz, ne serait-elle pas tirée d’un monument du cinéma hollywoodien ?

L’Inconnu dans la maison – de Georges Lautner – 1992

Posté : 9 juillet, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1990-1999, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

L'Inconnu dans la maison

50 ans après Henri Decoin, Georges Lautner filme à son tour une adaptation du roman de Simenon, et la comparaison est un peur rude pour Lautner. 50 ans après Raimu, Belmondo enfile la robe d’un avocat rongé par l’alcoolisme, et c’est plutôt pas mal. Remake relativement convaincant, donc, et qui permet en tout cas à Jean-Paul Belmondo de réaffirmer sa volonté de revenir à un cinéma plus humain, après Itinéraire d’un enfant gâté et une longue parenthèse théâtrale.

Il est très bien et plein de nuances, dans le rôle de cet homme enfermé dans une sorte de non-existence et d’auto-apitoiement, noyant dans le vin rouge la douleur du suicide de sa femme dix ans plus tôt, recouvrant sous des hectolitres de boissons la présence silencieuse de sa fille (Christiana Réali) et de sa vieille bonne (Renée Faure), jusqu’à ce qu’un coup de feu dans sa propre maison sonne le réveil…

Lautner s’applique à réussir son atmosphère. Mais s’il semble avoir dit à Belmondo de ne pas singer Raimu, lui-même a visiblement vu et revu le film de Decoin, jusqu’à reprendre (de manière assez peu convaincante) le principe de la voix off, qui apparaît tardivement pour redisparaître aussi vite (voix off confiée à Robert Hossein). Il s’applique à filmer la déchéance physique d’un alcoolique, surappuyant par moments ses effets. Heureusement, la prestation de Belmondo sauve le propos.

Plus convaincante : la peinture d’une jeunesse rongée par la drogue, et le parallèle dressé avec l’alcoolisme des anciens. Et cette ligne de fracture qui serait la cause de tout depuis mai 68 : la fracture générationnelle, l’incompréhension et l’indifférence, qui se retrouvent in fine sur le banc lors du procès. L’Inconnu dans la maison est aussi un film de procès, donc, genre éminemment américain, avec une approche qui privilégie l’effet dramatique au réalisme. Ce qui n’est pas un défaut.

Alien 3 (id.) – de David Fincher – 1992

Posté : 13 avril, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, FINCHER David | Pas de commentaires »

Alien 3

Ridley Scott et James Cameron était de tout jeunes cinéastes quand ils ont réalisé Alien et Aliens (deuxième film pour le premier, troisième pour le second). Pour le troisième opus, c’est à un jeune talent à la fois débutant et expérimenté que les producteurs font appel : David Fincher, qui n’a encore rien réalisé pour le cinéma, mais qui a à son actif des dizaines de clips vidéo qui lui ont valu une belle réputation.

Cette première expérience a été un cauchemar pour un Fincher perfectionniste qui n’a cessé de batailler avec le studio pour tenter d’imposer sa vision. En vain : Fincher n’a cessé de renier le film, et s’en est retourné aussi vite dans l’univers des clips, où il serait peut-être encore si on ne lui avait proposé le scénario de Seven. La suite est une autre histoire, mais c’est avec une certaine perplexité que j’ai revu Alien 3… ou plutôt Alien 3 : le film, qui m’avait fait une assez forte impression en 1992, est-il si mauvais que Fincher ne l’affirme.

Question simple, réponse simple : non. Il y a même de très belles choses dans ce troisième opus. Une esthétique sombre et léchée qui rappelle le passé clipesque de Fincher, et annonce d’une certaine façon Seven. Une évolution assez passionnante du personnage de Ripley, qui redécouvre sa féminité en même temps qu’elle en perd les attributs habituels (en se rasant le crâne et en revêtant une tenue de taulard). Un scénario assez habile qui rompt avec le grand spectacle du film de Cameron sans retomber dans le huis clos de Scott. Une réflexion sur la maternité qui avait déjà été abordée dans le précédent film, et qui aboutit ici à une dernière scène forte, qui conclue assez joliment la trilogie.

Cela étant dit, le film est effectivement malade. On sent bien que Fincher n’a pas eu les coudées franches, et qu’il est contraint par des décors un peu kitsch et des effets spéciaux franchement cheap qui ont nettement plus vieilli que ceux des deux premiers films. Et puis, malgré la violence extrême de l’histoire, malgré son décor (une planète-pénitencier habitée par la lie de l’humanité) le film reste étonnamment lisse et propret, loin du film originel de la saga.

Une réussite en demi-teinte, donc, portée par la présence toujours enthousiasmante de Sigourney Weaver, qui n’a cessé de faire évoluer ce personnage, de film en film.

Le Bossu – de Philippe de Broca – 1997

Posté : 30 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

Le Bossu

Dans les années 1990, on n’attendait plus grand-chose de De Broca, dont la grâce de l’époque de Cartouche ou L’Homme de Rio semblait irrémédiablement appartenir au passé. Et puis est arrivée cette nouvelle version du Bossu, et avec elle un cinéma d’aventure au souffle épique et généreux, d’une grande efficacité.

Beaux paysages, combats à l’épée dynamiques et inventifs, personnages hauts en couleurs… Ce Bossu-là réussit la prouesse, plus encore que La Fille de D’Artagnan de Tavernier, de trouver un rythme et un ton bien dans l’air du temps, sans moderniser le propos à l’excès.

Le roman de Paul Féval (déjà porté à l’écran par André Hunnebelle, dans une version ringardisée par celle-ci) est donc respecté. Lagardère, aventurier errant que prend sous son aile le duc de Nevers, disparaît avec la fillette de ce dernier après que le duc a été tué par les hommes de Gonzague, intriguant qui convoitait ses propriétés. Des années plus tard, Lagardère réapparaît, décidé à accomplir sa vengeance.

« Si tu ne viens pas à Lagardère, Largardère ira à toi ! » Elle a de la gueule cette réplique, dans la bouche d’un Daniel Auteuil formidable en héros d’aventure digne des plus grandes incarnations du genre. Le film repose en partie sur son dynamisme, sur sa faconde, sur son aisance dans les combats comme dans les joutes verbales, ou sur sa crédibilité en « bossu » difforme.

Le casting est absolument parfait : Marie Gillain en fillette devenue grande et troublante (y aurait à redire côté morale), Fabrice Luchini en traître formidablement odieux (et tout en sobriété), Vincent Pérez en virevoltant duc de Nevers, ou encore Philippe Noiret, irrésistiblement fat dans une nouvelle incarnation de Philippe d’Orléans (vingt ans après Que la fête commence). Un pur plaisir.

Thelma et Louise (Thelma & Louise) – de Ridey Scott – 1991

Posté : 24 mars, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Thelma et Louise

Cinq minutes, max. C’est ce qu’il faut à Ridley Scott pour faire ressentir au spectateur ce qu’est le quotidien d’une femme bridée, brimée, privée de sa liberté et de son libre-arbitre. On a beaucoup parlé du souffle de Thelma et Louise, de la dernière image inoubliable, ou de l’apparition d’un Brad Pitt tout minot et capable de faire virer sa cuti au plus macho des hétérosMais tout ça ne rend pas forcément justice à la première qualité de ce film : celle d’être profondément féministe, dans ce que ce terme a de plus révolté.

Louise, Susan Sarandon, serveuse aimée par un loubard un peu frimeur et maladroit, mais désespérément sincère (Michael Madsen, cabot très cinégénique), définitivement abîmée par un vieux traumatisme dont on ne peut que deviner (sans guère de doute) la nature destructrice. Thelma, Geena Davis, épouse docile et aliénée d’un sale con castrateur, qui ne voit en elle que la brave domestique qui va lui préparer les petits plats qu’il mangera ou pas, selon son bon-vouloir…

Ces deux-là décident de s’évader le temps d’un week-end, qui ne tardera pas à virer à la débandade, ou à la rédemption, c’est selon. Après tout, l’une comme l’autre est foutue, marquée par le destin, par les hommes. Ridley Scott a plutôt l’image d’un cinéaste couillu et très masculin. Ce qui ne l’a jamais empêché d’offrir des rôles très forts, très émancipés, à des femmes : Sigourney Weaver dans Alien, Demi Moore dans A armes égaleset bien sûr Geena Davis et Susan Sarandon, qui trouvent là les rôles de leur vie.

Autour d’elles, les hommes sont pour la plupart des ordures, ou au mieux des parasites. Les rares exceptions ne peuvent que rêver d’un rôle qu’ils pourraient jouer dans ce drame, dont ils ne sont au fond que des spectateurs tristement passifs : Madsen, donc, et Harvey Keitel, flic compréhensif dont le regard est une sorte de synthèse de celui du spectateur devant l’écran. Son humanité ne peut que se liquéfier face au drame qui se noue

Il y a le fond, et il y a la forme. Elle est belle et discrète, la forme. Sans grandiloquence franchement marquée, Scott souligne mine de rien le passage psychologique de ses deux héroïnes, cette bascule vers un sentiment de profonde liberté, de délivrance, qui prend les attraits mythiques car très cinématographiques des grands espaces américains, du Grand Canyon, de Monument Valley, des couchers de soleils spectaculaires.

C’est l’imagerie de l’Ouest sauvage, d’avant les frontières, que Scott invoque, comme représentation du refus tardif de Thelma et Louise de subir l’asservissement des hommes. Et c’est une splendeur visuelle, en plus d’être bouleversant. Ridley Scott a fait plus spectaculaire (Blade Runner avant, Seul sur Mars après), rarement plus humain et universel que cette ode sensible et désenchantée à la liberté, à la fin tout de même inoubliable.

Didier – d’Alain Chabat – 1997

Posté : 23 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CHABAT Alain, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Didier

Oui c’est con : un chien, laissé en garde à un type un peu largué, se réveille dans le corps d’un homme sans qu’on sache pourquoi. C’est con, et c’est voué à l’échec. Et oui, ça a un intérêt purement cinématographique assez limité. Mais la magie n’opère pas uniquement dans cette transformation.

Et si le film est si réjouissant, c’est parce qu’Alain Chabat est aux manettes, qu’il ose et qu’il y croit pour son premier film derrière la caméra. Et surtout, parce que personne d’autre que lui n’aurait pu être si… ne disons pas réaliste, non, mais crédible, en chien. Et parce que face à lui, il y a Jean-Pierre Bacri, acteur génial en toutes circonstances, y compris en quadra largué qui réalise que le type à poil qu’il découvre au petit déj dans le panier du chien… c’est le chien.

Didier n’est pas un grand film, pas même un film totalement réussi : on sait gré à Chabat de ne pas avoir chercher une quelconque explication à son miracle, mais ce faux suspense dans les coulisses (pourries) du football paraît franchement superflu. D’ailleurs, si on met de côté les prestations exceptionnelles de Chabat et Bacri, le film est une comédie sympa mais lambda, embarrassée par une quantité de seconds rôles sympas mais lambdas, qui n’apportent pas grand-chose.

Mais il y a ces deux-là, sans qui le film aurait été un fiasco garanti, mais grâce à qui il est devenu (instantanément) l’une des comédies cultes du cinéma français des années 90, et l’une de celles qui a le mieux vieilli. Grâce soit rendu à Chabat et à son regard de labrador. Grâce soit rendu à Bacri et à son sens de la réplique. « Qu’est-ce que je disais, moi?… Ah oui : on ne sent le cul de personne ! »

L. 627 – de Bertrand Tavernier – 1992

Posté : 21 mars, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1990-1999, TAVERNIER Bertrand | Pas de commentaires »

L 627

2h20 d’un film policier sans enquête, sans héros, sans méchants, sans même un vrai suspense. C’est ce qu’ose Bertrand Tavernier avec L.627, film chorale ou film manifeste, chronique réaliste et engagée assez audacieuse, taillée pour ne plaire à à peu près personne.

Pas aux flics eux-mêmes, que le cinéaste ne ménage pas en mettant en scène un groupe de policiers flirtant avec les règles, souvent profiteurs et magouilleurs, voire planqués. Encore moins à l’administration, dont Tavernier dénonce l’inanité, l’aveuglement et la lenteur. Et pas aux politiques, pointés du doigt en creux pour la culture du chiffre qu’ils véhiculent.

D’ailleurs, le film est une réponse à la posture d’un politique : Laurent Fabius, alors premier ministre, qui invitait des artistes à échanger avec lui à propos de sujets importants, et qui a balayé la réflexion de Bertrand Tavernier évoquant la drogue qui circule chez les jeunes par un « je vous ai demandé de me parler de sujets importants ». La réponse de Tavernier : L. 627, et une réplique cinglante lors d’une filature. « Il a pris à gauche. – Ben c’est pas Fabius. »

Voilà pour l’anecdote. L. 627 est donc le film d’un cinéaste en colère, qui a des choses à dire. C’est aussi une espèce de tournant dans l’œuvre de Tavernier, dont le cinéma était déjà engagé (dès son premier film, L’Horloger de Saint-Paul), mais toujours avec la forme relativement classique d’un film de fiction. Ici, il utilise plus que jamais les codes du documentaires, suivant le quotidien d’une brigade de flics mal équipés, bourrés de défauts et d’approximations, qui font littéralement ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont.

Résultat : une suite de planques, de nuits blanches, de petites arrestations, d’interrogatoires qui n’en finissent pas, de mauvais plans et de journées perdues. Des affaires qui se résument à des statistiques, un manque criant de moyens, de l’alcool qui coule à flot, des vies privées réduites à de la figuration2h20 de ce quotidien peu glorieux, et pour tout dire assez pathétique, sans que jamais Tavernier ne cède aux sirènes d’un enjeu clairement identifié.

Il y aurait à peu près 70 rôles dans L. 627. C’est beaucoup. Mais le film garde constamment le point de vue de l’enquêteur « qui fait du zèle », joué par Didier Bezace, qui constitue une sorte de lien fictionnel au long métrage. Cette succession de petits riens, de minuscules victoires et de grandes frustrations, c’est aussi l’évolution du personnage, qui s’enfonce dans une « mission » qui dévore tout le reste, à commencer par sa vie de famille, avec cette épouse si discrète, et cette enfant si absente.

La relation du flic avec Cécile, jeune prostituée et toxicomane, est particulièrement forte. Relation d’une tendresse presque désespérée, et loin de tout cliché. Entre ces deux solitudes, c’est une sorte de pacte de la dernière chance que l’on devine : si je te sauve je me sauve, si tu plonges je me noie. C’est beau, déchirant, bouleversant. Et cette dernière image laisse une amertume folle.

Entretien avec un vampire (Interview with the vampire) – de Neil Jordan – 1994

Posté : 10 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CRUISE Tom, FANTASTIQUE/SF, JORDAN Neil | Pas de commentaires »

Entretien avec un vampire

Il fut un temps où Tom Cruise était un acteur caméléon. A cette époque où, devant la caméra de Brian De Palma, il tournait l’adaptation d’une série TV un peu vieillotte (qui n’était pas encore la plus enthousiasmante des franchises d’action), il passait allégrement d’un genre à l’autre, d’un univers à l’autre : comédie romantique (Jerry Maguire), thriller paranoïaque (La Firme), grand film introspectif (Eyes Wide Shut).

Et voilà qu’il s’empare, contre l’avis de l’autrice Anne Rice, d’un personnage de vampire déjà culte dans la littérature : Lestat, grand blond athlétique qu’il incarne avec une conviction sans faille, révélant une intensité, une menace et des fêlures à côté desquelles beaucoup d’observateurs étaient passés jusqu’alors. Bien sûr, il y avait déjà eu Né un 4 juillet, mais le personnage de Ron Kovic, tel qu’il l’incarne dans sa jeunesse d’avant la guerre, n’était pas si loin de l’image de tête brûlée qui a fait la gloire de l’acteur.

Rien de tout ça dans Lestat, vampire apparemment sans état d’âme, sans empathie pour les mortels ou pour ses semblables, qui habite la Nouvelle Orléans de la fin du XVIIIe siècle comme un seigneur ou un demi-dieu ayant droit de vie et de mort sur les habitants de la ville. Un personnage auquel Tom Cruise apporte une profondeur et des failles inattendues, qui ne sont jamais assénées, toujours suggérées par des gestes, des regards…

C’est là qu’il « enfante » un autre vampire : un riche propriétaire ravagé après la mort de sa femme, qui rencontre ce vampire lui proposant de passer de l’autre côté, de renoncer à sa vie de mortel pour être son compagnon de vie… ou de mort… ou d’éternité. C’est Brad Pitt, et c’est son personnage qui est au cœur du récit. Et lui aussi est formidable, aussi intense et complexe que Cruise. Un mort-vivant, dans tous les sens du terme, qui laisse passer la vie et son humanité sans réagir, avec une fausse passivité qui ne trompe que lui.

Cela fait beaucoup d’éloges pour les deux stars, et encore pas grand-chose sur le film lui-même. C’est que revoir Entretien avec un vampire presque trente ans après me laisse à peu près la même impression que la première vision, et que le souvenir qu’elle m’avait laissé. La mise en scène de Neil Jordan est impeccable, et nous offre une plongée assez saisissante dans les nuits humides du Sud américain. La violence, parfois extrême, et le sang, souvent en profusion, créent un malaise authentique. Mais non, impossible de se laisser emporter vraiment et totalement.

Entretien avec un vampire est un film souvent impressionnant, esthétiquement parfait, mais étrangement froid. Plutôt que d’être réellement happé, on admire avec un peu de recul la prestation de Cruise et Pitt, ou celle d’Antonio Banderas, Christian Slater et surtout Kirsten Dunst, vampire enfermée à jamais dans un corps d’enfant. Etrange expérience de spectateur, finalement pas si loin de celle que vit le personnage de Pitt.

Les Visiteurs – de Jean-Marie Poiré – 1993

Posté : 2 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, POIRE Jean-Marie | Pas de commentaires »

Les Visiteurs

Il était temps que l’âge d’or de Jean-Marie Poiré fasse son entrée sur ce blog : cette période bénie au cours de laquelle le réalisateur a prouvé de la plus brillante des manières qu’il avait avalé et digéré tout le cinéma de Lubitsch, celui de Sturges (Preston) et celui de Wilder… Une période dont Les Visiteurs serait l’apogée, l’indémodable parangon !

Hein ? Comment ça, « qu’est-ce que j’ai bu ? »… D’abord, rien, en tout cas pas encore, mais si on peut plus déconner, maintenant… Bon, ben voilà, quoi. La vérité, c’est que si Poiré pouvait encore faire diversion dans les années 80, du Père Noël… à Mes meilleurs copains, il se vautre lamentablement dès les années 90 dans les pires excès formels.

Pour résumer : si un plan dépasse une poignée de secondes, le spectateur va se faire chier. A ça, on aurait deux, trois trucs à rétorquer. Le premier serait : « n’importe quoi ! ». Le deuxième : « Et Lubitsch, justement, c’est du brin ? ». Le troisième : « quitte à multiplier les plans, autant qu’ils soient un minimum travaillés, non ? »

Parce que, esthétiquement, c’est une catastrophe. Dès la (longue) séquence d’introduction, Poiré multiplie les effets ringards et hideux, qui seront désormais la marque de son cinéma (j’en ai vu plusieurs, après ça). Si c’était drôle au moins, ça passerait, mais cette longue intro est remarquablement pauvre en gags… Ce n’est qu’une fois les deux héros arrivés de nos jours (je vous épargne le résumé) que la comédie s’installe vraiment.

Et là aussi, Les Visiteurs accuse lourdement le poids des ans. Quelques répliques continuent à faire sourire, quelques situations aussi, toutes basées sur le décalage entre les deux époques. Mais bien peu pour comprendre a posteriori le phénomène que le film a représenté il y a presque trente ans. Cela dit, Jean-Marie Poiré fera bien pire par la suite.

Titanic (id.) – de James Cameron – 1997

Posté : 12 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1990-1999, CAMERON James | Pas de commentaires »

Titanic 1997

A la fin, le bateau coule. Ok, ce n’est pas le plus grand divulgachage de l’histoire du cinéma, surtout que le film commence par des images de l’épave gisant au fond de l’Atlantique. De la vraie épave d’ailleurs, soit dit en passant : Cameron est bel et bien descendu dans les bas-fonds de l’océan pour filmer ce Titanic qui le fascine depuis longtemps, et auquel il consacrera un documentaire quelques années plus tard. Mais ce n’est pas l’objet, encore que…

Le bateau coule à la fin, donc, et ce n’est pas le seul élément de l’histoire que Cameron nous dévoile d’emblée, dès cette première (longue) séquence, au cours de laquelle on découvre, de nos jours, des pilleurs d’épave à la recherche d’un bijou hors de prix qui doit reposer dans un coffre enfermé dans l’épave depuis 1912. Il n’y est pas, bien sûr, mais à la place, c’est l’âme du Titanic qu’ils vont découvrir grâce à leur rencontre avec une adorable centenaire qui s’avère être une survivante.

Mine de rien, ce prologue nous dévoile ce que deviendra son personnage après avoir survécu au naufrage, mais aussi en creux le destin de plusieurs autres personnages. Il nous explique aussi, images de synthèses à l’appui, comment le bateau a commencé à s’enfoncer, comment il s’est redressé, s’est cassé en deux, et combien de temps tout ça a prix. Comme un rappel des faits que le film va ensuite raconter. Après ça ? Eh bien après ça il n’y a plus qu’à laisser le talent de conteur de Cameron faire le reste.

Et il est immense, ce talent. Cameron est un conteur hors pair, qui réussit à garder une intensité folle et une fluidité parfaite tout au long de ses trois heures de films, mêlant dans un même mouvement un grand film romantique, un film catastrophe bien sûr, mais aussi l’évocation d’une société en pleine mutation : il y a des allures de fin d’un monde dans cette vision d’une grande bourgeoisie auto-érigée en maîtresse du monde, dominant au propre comme au figuré des prolétaires qui ne demandent qu’à prendre un peu de pouvoir.

Fasciné par le Titanic comme par cette atmosphère de fin de monde, Cameron nous partage d’emblée sa fascination en confiant le rôle de la Rose d’aujourd’hui à Gloria Stuart, vue six décennies plus tôt chez James Whale (La Maison de la Mort et L’Homme Invisible) ou John Ford (Air Mail et Je n’ai pas tué Lincoln), invoquant à travers son passé le destin de son personnage, mais aussi un Hollywood depuis longtemps disparu.

Il nous fascine aussi par la somptuosité de la reconstitution (le Titanic reconstruit presque à taille réelle, avec une grande attention portée au détail), certes très coûteuse mais totalement au service de l’histoire et surtout de l’atmosphère, de cette sensation que l’on a d’avoir réellement découvert le Titanic, avec l’émotion qui vous serre le cœur quand les images du bateau reconstitué se fondent dans des images de la véritable épave. Fascinant.

Il y a aussi cette manière dont Cameron symbolise l’opposition de deux mondes et la fin annoncée de l’un d’eux à travers l’histoire d’amour de Rose et Jack, idéalement interprétés par une Kate Winslet qui hurle silencieusement dans son corset, et un Leonardo Di Caprio incarnation parfaite de la liberté et de la générosité. Un grand couple romanesque dans la tradition du vieil Hollywood, pour une grande fresque dans la tradition du vieil Hollywood. Et oui, le bateau coule à la fin, comme les larmes de tout spectateur normalement constitué.

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