Face au châtiment (The Doolins of Oklahoma) – de Gordon Douglas – 1949
Le principal défaut de Gordon Douglas, réalisateur touche-à-tout et souvent très enthousiasmant, c’est bien souvent d’avoir des scénarios pas tout à fait à la hauteur de son talent. D’un autre côté, on peut aussi se dire qu’un scénario approximatif est ce qui peut arriver de mieux pour mettre en valeur le talent d’un cinéaste. C’est le cas avec ce western très classique sur le papier, et qui n’évite pas les clichés et les rebondissements faciles, et qui est au final une grande réussite.
Une réussite collective, qui doit aussi aux interprètes, collectivement et individuellement formidables. Randolph Scott, impérial comme toujours, apporte sa droiture à un personnage trouble cette fois : Bill Doolin, compagnon de route des Dalton, qui monte sa propre bande après la mort des célèbres frangins, devenant un peu malgré lui le plus célèbre des fuyards. Un peu seulement, parce que, si sympathique soit-il, le type est quand même un braqueur. Héroïsé par le prisme hollywoodien bien sûr, presque chevaleresque. Mais un hors-la-loi tout de même, qui réalise bien vite que tomber amoureux d’une belle jeune femme n’est pas la chose la plus maligne qu’il ait faite.
Et puis Charles Kemper, Noah Beery Jr et John Ireland en fidèles compagnons de bande, ou George Macready en marshall tenace, ça a quand même de la tenue dans un western. Toute la distribution est de ce niveau, tirant constamment vers le haut des personnages qui, sur le papier, manquent tout de même d’un rien de nuances, voire de profondeur.
La profondeur, c’est la mise en scène de Gordon Douglas qui l’apporte, son sens du rythme, et de la composition. Et la photographie de Charles Lawton Jr, superbe noir et blanc qui privilégie constamment l’obscurité et les ombres, ce qui n’est quand même pas si courant dans un western. Ce noir et blanc profond est parfaitement raccord avec le ton que donne Douglas au film : tendu, et dramatique, d’une crudité rare à l’image de la mort brutale du dernier Dalton, au début du film. Même dans les rares moments plus légers, comme ce formidable face-à-face muet entre Randolph Scott et le gamin qui le dévisage à l’église, le film est d’une intensité rare.