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Archive pour la catégorie 'DOUGLAS Gordon'

Face au châtiment (The Doolins of Oklahoma) – de Gordon Douglas – 1949

Posté : 27 octobre, 2021 @ 8:00 dans 1940-1949, DOUGLAS Gordon, WESTERNS | Pas de commentaires »

Face au châtiment

Le principal défaut de Gordon Douglas, réalisateur touche-à-tout et souvent très enthousiasmant, c’est bien souvent d’avoir des scénarios pas tout à fait à la hauteur de son talent. D’un autre côté, on peut aussi se dire qu’un scénario approximatif est ce qui peut arriver de mieux pour mettre en valeur le talent d’un cinéaste. C’est le cas avec ce western très classique sur le papier, et qui n’évite pas les clichés et les rebondissements faciles, et qui est au final une grande réussite.

Une réussite collective, qui doit aussi aux interprètes, collectivement et individuellement formidables. Randolph Scott, impérial comme toujours, apporte sa droiture à un personnage trouble cette fois : Bill Doolin, compagnon de route des Dalton, qui monte sa propre bande après la mort des célèbres frangins, devenant un peu malgré lui le plus célèbre des fuyards. Un peu seulement, parce que, si sympathique soit-il, le type est quand même un braqueur. Héroïsé par le prisme hollywoodien bien sûr, presque chevaleresque. Mais un hors-la-loi tout de même, qui réalise bien vite que tomber amoureux d’une belle jeune femme n’est pas la chose la plus maligne qu’il ait faite.

Et puis Charles Kemper, Noah Beery Jr et John Ireland en fidèles compagnons de bande, ou George Macready en marshall tenace, ça a quand même de la tenue dans un western. Toute la distribution est de ce niveau, tirant constamment vers le haut des personnages qui, sur le papier, manquent tout de même d’un rien de nuances, voire de profondeur.

La profondeur, c’est la mise en scène de Gordon Douglas qui l’apporte, son sens du rythme, et de la composition. Et la photographie de Charles Lawton Jr, superbe noir et blanc qui privilégie constamment l’obscurité et les ombres, ce qui n’est quand même pas si courant dans un western. Ce noir et blanc profond est parfaitement raccord avec le ton que donne Douglas au film : tendu, et dramatique, d’une crudité rare à l’image de la mort brutale du dernier Dalton, au début du film. Même dans les rares moments plus légers, comme ce formidable face-à-face muet entre Randolph Scott et le gamin qui le dévisage à l’église, le film est d’une intensité rare.

Le Fauve en liberté (Kiss tomorrow goodbye) – de Gordon Douglas – 1950

Posté : 7 avril, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, BOND Ward, CAGNEY James, DOUGLAS Gordon | Pas de commentaires »

Le Fauve en liberté

Le triomphe de White Heat a donné des idées aux frères Cagney pour booster leur société de production. Revoici donc l’aîné des frangins, James, dans le rôle d’un gangster alors qu’il ne pensait qu’à passer à autre chose. Et pas n’importe quel gangster : un tueur, un salaud, manipulateur. Bref : un sale type.

C’est la grandeur de Cagney : il fait partie de ces stars, comme Kirk Douglas, qui savent s’enfoncer dans la saloperie de leurs personnages, sans en rajouter, mais sans chercher, jamais, à les rendre sympathiques. Dès la première scène, celle de l’évasion, Cagney apparaît comme une ordure, un tueur froid, un homme totalement dénué d’empathie ou de sentiment.

Poser cet aspect dès les premières minutes n’est pas anodin. Ce choix permet de ne jamais être tenté par une quelconque sympathie vis-à-vis de ce personnage, ce qui donne une vraie singularité à ce film. Plus sans doute que la construction en flash-back, le présent étant représenté par des scènes (très réussies) de tribunal, qui confirment tout de même le destin funeste des personnages.

En adaptant le roman de Horace McCoy, Gordon Douglas signe un film de gangster noir et sec, violent et imparable, faisant de Cagney le pivot diabolique autour duquel tous les seconds rôles se perdent les uns après les autres. Les femmes, séduites et sacrifiées, les complices, et même (et surtout) les hommes de loi. Gardiens de prison, flics, avocats… tous sont moralement détruits par l’influence funeste de Cagney, dans une sorte de jeu de massacre glaçant.

La mise en scène de Gordon Douglas est d’une efficacité remarquable. On notera surtout un gros plan de Ward Bond, policier qui réalise, face caméra, qu’il est entraîné malgré lui dans le sillage de cet homme néfaste. Dans ce film, la prise de conscience du destin est plus forte encore que la violence elle-même, d’autant plus brutale qu’elle est, justement, consciente.

La Diligence vers l’Ouest (Stagecoach) – de Gordon Douglas – 1966

Posté : 3 juillet, 2013 @ 1:16 dans 1960-1969, DOUGLAS Gordon, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Diligence vers l'Ouest (Stagecoach) - de Gordon Douglas - 1966 dans 1960-1969 la-diligence-vers-louest

Remake du chef d’œuvre de Ford, ce Stagecoach version 1966 est un western assez impressionnant, qui adopte un parti-pris aussi étrange que payant.

D’un côté, le film respecte parfaitement le scénario de Dudley Nichols pour le classique de 1939, à quelques virgules près (vers la fin, le film prend quand même un peu plus de liberté avec son modèle). L’enchaînement des scènes, les morceaux de bravoure, les rebondissements, les relations entre les personnages… Le film de Gordon Douglas colle de très près à celui de Ford.

Mêmes similitudes du côté des personnages, mêmes noms, mêmes motivations, mêmes conclusions, même volonté de réunir les personnages types du genre dans un même lieu… et mêmes interprétations, chaque acteur semblant avoir étudié de près le travail de son modèle.

A ce petit jeu, certains s’en sortent plutôt bien : Bing Crosby, dans le rôle de Doc Boone, est presque à la hauteur de Thomas Mitchell, et Van Heflin donne même une dimension supplémentaire au personnage du marshall. Mais il y a aussi des comparaisons moins flatteuses : Alex Cord est un choix assez désastreux en Ringo Kidd, singeant les manières de John Wayne sans avoir le dixième de son talent ou de son charisme. Son flirt avec Ann-Margret, charmante et plutôt pas mal, sont assez risibles.

Sur le papier, donc, ce Stagecoach semble être un copié-collé totalement inutile. Ce qui serait sans doute vrai si Gordon Douglas, dans son travail de mise en scène, ne prenait pas systématiquement le contre-pied de Ford. Alors que ce dernier signait un film aux images dépouillées, souvent proche de l’abstraction, tirant immédiatement son western vers le mythe, Douglas signe une mise en scène ample et ouvertement spectaculaire, aux longs plans qui allient constamment l’intime et le spectaculaire, les gros plans et les plans larges.

Du noir et blanc en format 4/3, on est passé au Technicolor et au Cinemascope. Des grandes étendues désertiques et plates de Monument Valley, on est passé à des paysages à la végétation luxuriante, la diligence serpentant dans des sous-bois et sur des corniches escarpées…

Davantage d’action aussi, avec l’accent mis sur une violence particulièrement crue, dès la séquence d’ouverture : une attaque d’Indiens sauvage et sanglante, avec une propension rare aux effets gores (softs, mais marquants). De la même manière, alors que le duel final entre Ringo et ses adversaires se résumait à quelques coups de feu dans la nuit noire dans le film de Ford, il prend ici des dimensions nettement plus épiques, la ville se transformant en décor aux possibilités infinies.

Si semblable et si différent, ce Stagecoach n’a finalement qu’un très gros défaut : celui de devoir subir la comparaison avec le monument de Ford. Parce qu’à ce jeu, le film de Douglais paraît bien anodin. Mais c’est injuste : avec sa mise en scène très inspirée, ses images magnifiques, sa belle scène de poursuite et sa distribution originale (il y a aussi Bob Cummings, Mike « Mannix » Connors et Stephanie « Jennifer Hart » Powers), ce western est hautement recommandable.

Des monstres attaquent la ville (Them !) – de Gordon Douglas – 1954

Posté : 18 janvier, 2013 @ 12:49 dans 1950-1959, DOUGLAS Gordon, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Des monstres attaquent la ville (Them !) – de Gordon Douglas – 1954 dans 1950-1959 des-monstres-attaquent-la-ville

Ça commence de la manière la plus banale : deux flics en uniforme patrouillent dans le désert du Nouveau Mexique, et découvrent une fillette déambulant sans but, totalement hagarde…Et c’est de cette manière simple et réaliste que le film de Gordon Douglas nous entraîne, peu à peu, dans le pire des cauchemars. Car ce que finissent par découvrir les policiers (notamment James Whitmore, éternelle vieille baderne du ciné ricain, ici dans l’un de ses rares rôles de héros), c’est l’existence de fourmis géantes…

Dans les années 50, la mauvaise conscience de l’Amérique après l’utilisation de la bombe atomique bat son plein, tout comme la parano liée à la guerre froide. Ce n’est pas un hasard si les monstres de cinéma sont légion à cette époque, que ce soit en Amérique (Tarantula, sur le même thème) ou au Japon (Godzilla, ses suites et ses dérivés) : fruits de mutations causées par l’arme nucléaire. « Avec l’ère atomique, nous entrons dans un monde inconnu », clame le scientifique du film, résumant le cœur de tous ces films.

Them !, pourtant, n’est pas un film de plus. Son approche réaliste et quotidienne en fait un film plus dérangeant, plus marquant, plus traumatisant que la production habituelle. Parce que l’histoire commence comme un film noir classique, avec une enquête et des personnages crédibles. Parce que la vie humaine a un poids ici, et que les victimes comptent. Et parce que la menace pèse directement sur les foyers des Américains moyens. Les victimes ne trouvent pas la mort dans des cadres menaçants, mais dans le confort d’une boutique, d’une caravane, ou d’une sortie en famille.

C’est la concrétisation tangible de la parano ambiante de cette époque qui prend la forme de fourmis géantes. La première demi-heure est particulièrement réussie, introduisant doucement et intelligemment le fantastique et l’horreur dans l’Amérique quotidienne. La partie centrale du film est un peu plus convenue, avec l’incontournable (et inintéressante) approche scientifique. Mais l’affrontement final dans les égouts de Los Angeles, oppressant et effrayant, apporte son lot de surprises et de sueurs froides.

Ce classique de la série B horrifique, six décennies plus tard, reste un monument de la terreur paranoïaque des années 50.

Fort Invincible (Only the Valiant) – de Gordon Douglas – 1951

Posté : 22 février, 2012 @ 10:49 dans 1950-1959, BOND Ward, DOUGLAS Gordon, WESTERNS | Pas de commentaires »

Fort Invincible (Only the Valiant) – de Gordon Douglas – 1951 dans 1950-1959 fort-invincible

Au sommet de sa gloire, Gregory Peck interprète l’un de ses personnages qu’il affectionnait à l’époque : un héros intègre prêt à sa sacrifier pour ce qu’il croit. Ce sens du devoir est le sujet même de ce western sympathique. Lieutenant de cavalerie durant les guerres indiennes, Peck passe pour un salaud lorsque, en obéissant aux ordres directs de son supérieur, il envoie à une mort certaine son ami, qui est aussi son rival dans le cœur de la belle Barbara Payton. Considéré comme un lâche et un traître, il encaisse, toujours par sens du devoir, et décide de prendre la tête d’un petit groupe qui devra tenir « Fort Invincible », un poste avancé stratégique et intenable. Une mission suicide dont la plupart ne sortiront pas vivants…

Beau western en noir et blanc, Fort Invincible est une belle réussite, en tout cas dans sa première partie : la manière dont Gordon Douglas filme la déchéance de cet officier mis au ban de la société à laquelle il est pourtant totalement dévoué, est d’une belle subtilité, et d’une grande efficacité. Le génie en moins, le réalisateur a plutôt bien assimilé le classicisme de John Ford, son sens du rythme et son goût pour les seconds rôles hauts en couleur.

La comparaison avec Ford n’est pas anodine, et pas seulement parce que Ward Bond, incontournable acteur fordien, tient l’un des rôles principaux. Gordon Douglas s’inscrit ouvertement dans la lignée du grand borgne. Lui qui a réalisé un remake de Stagecoach (La Diligence vers l’Ouest, 1966) s’inspire ici énormément de la trilogie de la cavalerie (Le Massacre de Fort Apache, La Charge héroïque, Rio Grande), que Ford venait de boucler.

On y retrouve, comme dans les films de Ford, une vision vivante et quotidienne de la vie dans les garnisons de cavalerie, mais aussi l’importance des femmes, même dans des rôles secondaires. Le problème, c’est que Barbara Payton a la grâce d’une patate tiède, et qu’elle est très, très loin de Shirley Temple (Le Massacre…) ou de Maureen O’Hara (Rio Grande).

Le problème aussi, c’est que n’est pas Ford qui veut, et que si Gordon Douglas est un bon élève, son talent n’effleure pas le génie du maître. Après une première partie tendue et palpitante, Douglas se perd un peu dans un affrontement interminable entre le petit groupe (style 12 Salopards avant l’heure) et les Indiens belliqueux. Dans cette dernière partie, Douglas confirme son talent dans les scènes d’action (heureusement nombreuses), mais révèle ses limites dans les tout aussi nombreux moments de calme.

On ne boude pas son plaisir : Gregory Peck est impérial, Ward Bond est un second rôle comme on n’en fait plus, et Barbara Payton est une patate tiède qui n’a droit qu’à une poignée de scènes bien suffisantes…

Dick Tracy contre Cueball (Dick Tracy vs Cueball) – de Gordon Douglas – 1946

Posté : 24 août, 2010 @ 1:58 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DOUGLAS Gordon | Pas de commentaires »

Dick Tracy contre Cueball (Dick Tracy vs Cueball) - de Gordon Douglas - 1946 dans * Films noirs (1935-1959) dick-tracy-contre-cueball

Les quatre films de série B que la RKO consacre au personnage créé par Chester Gould entre 1945 et 1947 ne sont pas des œuvres impérissables, loin de là. Mais s’il faut n’en voir qu’un seul, alors que ce soit celui-là. Dick Tracy vs Cueball est le deuxième de la série (après Dick Tracy, détective), et le dernier interprété par Morgan Conway, qui remplaçait celui qui était considéré alors comme l’incarnation vivante de Dick Tracy à l’écran : Ralph Byrd. Byrd avait déjà joué le policier dans plusieurs serials à la fin des années 30, s’apprêtait à reprendre son rôle dans les deux films suivants, et interpréterait encore le détective dans une série télévisée au tout début des années 1950. Pourquoi lui ? Mystère : Byrd m’a toujours paru totalement antipathique, au contraire de Morgan Conway, acteur certes limité, mais bénéficiant d’un certain charisme, et apportant une petite aura de danger à ce flic très populaire.

On est loin du film que Warren Beatty réalisera en 1990, et qui réussira le miracle de donner une vraie forme cinématographique à la bande de Gould. Mais ce Dick Tracy vs Cueball est sans aucun doute le meilleur des quatre films (je ne me prononcerai pas sur les serials, que je n’ai encore jamais vus). Gordon Douglas, qui connaîtra son heure de gloire dans les années 60 en réalisant une série de polars avec Frank Sinatra (dont le fameux Tony Rome est dangereux), parvient même par moments à installer une belle atmosphère, et notamment autour du Dripping Dagger, bar louche tenu par une vieille femme peu recommandable mais haute en couleurs (Esther Howard). Deux (courts) passages semblent même sortir tout droit du crayon de Gould : l’apparition de Cueball au tout début du film, avec ce fondu enchaîné entre le dessin du générique et le visage de l’acteur Dick Wessel ; et un geste très fugace de « Vitamine » (Ian Keith, qu’on avait vu en Saladin dans Les Croisades de De Mille, et en Moray dans le Mary Stuart de Ford) qui avale ses incontournables pilules en cassant son poignet d’un mouvement très « cartoonesque ».

Pour le reste, le film ne fait pas toujours dans la dentelle, et la mise en scène manque parfois cruellement d’imagination. Mais ce métrage qui n’excède pas une heure a l’avantage de la concision et de la rapidité.

 

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