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Archive pour la catégorie 'MENZIES William Cameron'

Duel au soleil (Duel in the sun) – de King Vidor (et William Dieterle, Otto Brower, B. Reeves Eason, Chester Franklin, Josef Von Sternberg, Hal Kern et William Cameron Menzies) – 1946

Posté : 22 mai, 2014 @ 2:07 dans 1940-1949, BROWER Otto, DIETERLE William, EASON B. Reeves, FRANKLIN Chester M., KERN Hal, MENZIES William Cameron, VIDOR King, VON STERNBERG Josef, WESTERNS | Pas de commentaires »

Duel au soleil

Signé King Vidor, ce monument du western est sans doute, avant tout, l’œuvre du producteur David O. Selznick, comme Autant en emporte le vent quelques années plus tôt. Duel au soleil est en tout cas un exemple extrême mais passionnant de ce qu’était la paternité d’un film durant la grande époque des studios hollywoodiens. Vidor, qui a fini par quitter le tournage (au très long cours) suite à ses innombrables désaccords avec Selznick, a certes réalisé la plus grande partie du film. Mais il n’est pas le seul réalisateur à y avoir travaillé : William Dieterle en a probablement réalisé une partie non négligeable, tout comme Otto Bower. Et d’autres ont réalisés quelques scènes, ou quelques plans : William Cameron Menzies, Chester Franklin, Hal Kern, B. Reeves Eason, et même Josef Von Sternberg.

Mais les décisions, c’était bien Selznick qui les prenait, transformant peu à peu ce qui devait être un petit western tragique et romanesque en une immense fresque démesurée, que le producteur voyait comme le pendant westernien de Gone with the wind. Une œuvre marquée par la fascination que le producteur avait pour son actrice – et fiancée – Jennifer Jones, magnifiée et d’une sensualité torride tout au long d’un film gorgé de soleil, de désir et de sang.

C’est la quintessence du grand spectacle. Avec ce film, Selznik et Vidor (même s’il ne peut être considéré comme l’auteur du film, le réalisateur a donné une forme aux visions du producteur) ont pris le parti de ne pas tourner le dos aux poncifs hollywoodiens, mais au contraire de les prendre à bras le corps et de les élever au rang de grand art. On a ainsi droit à des couchers de soleil d’un rouge éclatant, à une musique tonitruante et romantique (partition impressionnante de Dimitri Tiomkin), à des histoires d’amour à mort…

A la vraisemblance, producteur et réalisateurs préfèrent le spectaculaire, transformant la moindre scène en ce qui pourrait être l’apothéose du film. Une séquence aussi anodine que l’arrivée de Pearl (Jennifer Jones) dans le ranch devient un passage grandiose à la Rebecca (une autre production Selznick). Un simple gros plan de Joseph Cotten et sa fiancée (Joan Tetzel) devient un grand moment de cinéma : la caméra ne bouge pas, mais le train sur lequel ils se trouvent se met en route et s’éloigne, transformant le gros plan en un beau plan large…

Tout est exagéré dans le film : chaque éclairage, chaque plan, les vastes mouvements de caméras qui soulignent l’ampleur de l’entreprise (la scène du saloon au début du film, l’arrivée du chemin de fer, la grande fête dans le domaine…), la présence de centaines de figurants dans certaines scènes, les émotions, les situations, les sentiments, et même ce final mythique qui flirte constamment avec le ridicule.

Sauf que rien n’est ridicule bien sûr, et tout est sublime, déchirant. Bouleversante, l’histoire de cette métisse, Pearl, tiraillée entre sa volonté de mener une vie honnête auprès du gentil frère (Cotten) et son désir presque animal pour cet autre frère rustre et brutal (Gregory Peck), luttant entre le modèle de ce père droit et aimant mort pour sauver son honneur (Herbert Marshall) et l’héritage de cette mère aux mœurs légères qui couchait avec le premier venu.

De ce western à l’histoire finalement assez classique, Selznick & co tirent une sorte de tragédie shakespearienne bouleversante qui est aussi un condensé magnifié de ce que sait faire l’usine à rêve hollywoodienne. Ce n’est pas un hasard si le casting réunit à la fois de jeunes stars en vogue des années 40 (Jennifer Jones, Gregory Peck, Joseph Cotten), et des mythes des premières années d’Hollywood (Lillian Gish, Harry Carey, Lionel Barrymore). Une somme, et un chef d’œuvre…

Les Envahisseurs de la Planète Rouge / Les Envahisseurs de la Planète Mars (Invaders from Mars) – de William Cameron Menzies – 1953

Posté : 7 février, 2012 @ 7:16 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, MENZIES William Cameron | Pas de commentaires »

Les Envahisseurs de la planète rouge

Voilà un film de SF absolument indispensable ! Au 343ème degré, et à condition d’avoir ingurgité quelques boissons que l’on ne peut conseiller qu’avec modération, Invaders from Mars est un petit chef d’œuvre. Si, si ! Un bijou à faire passer Plan 9 from outer space de l’indispensable Ed Wood pour une œuvre cachée d’Orson Welles. Au programme de cette œuvre inoubliable : des extraterrestres en pyjama vert, un gamin qui court au ralenti pendant dix minutes, et l’armée américaine entière mobilisée avec des centaines de chars et des milliers de soldats à l’écran…

Vous avez senti l’ironie ? Bon, pourtant, le film commence plutôt bien : toute la première partie est même très réussie. Dans une maison isolée, le fils d’un scientifique assiste à l’atterrissage d’une soucoupe volante, qui disparaît sous le sable. Peu après, son père disparaît, avant de réapparaître avec un regard mauvais. D’autres habitants de la ville toute proche vont subir le même sort, et devenir des pions au service des « visiteurs ».

Mais après cette première partie, le film part littéralement en couilles. Le gentil scientifique, d’abord, passe des heures à expliquer d’où viennent les extraterrestres, ce dont on se fout complètement. Et puis ce qui apparaissait comme une idée intéressante (la soucoupe volante qui disparaît sous le sable) se révèle être un simple truc pour économiser de l’argent (plus besoin de montrer la soucoupe). Désespérément fauché, le film est tellement cheap qu’il en devient irrésistiblement drôle…

Vingt ans plus tôt, William Cameron Menzies (la star des chef décorateurs d’avant-guerre, du Voleur de Bagdad à Autant en emporte le vent) avait eu les moyens de ses ambitions lorsqu’il réalisait La Vie future, un film d’anticipation plutôt réussi. Il montre ici que sans budget, ses qualités de réalisateur sont bien plus discutables.

Pour donner un peu d’ampleur à son histoire, et illustrer la menace qui pèse sur le monde, il fait donc appel à toute l’armée américaine, en utilisant d’interminables stock shots (des images tirées d’autres films, ou de documentaires en l’occurrence). Alors oui, on voit plein de tanks, des trains, des bateaux, des soldats à l’entraînement… mais ces images viennent clairement d’ailleurs : le chef op n’a fait aucun effort pour essayer d’éclairer le film d’une manière réaliste et conforme aux stock shots. Et quand la fiction reprend réellement, l’armée US dans toute sa splendeur se transforme en trois pauvres soldats bouffis et un cul de camion.
Drôle ou pathétique ? Tout dépend de son degré d’alcoolémie…

Un peu plus tard, quand les gentils sont enfin entrés dans l’antre des aliens, c’est pour découvrir une enfilade de couloirs souterrains, et de grands figurants à la démarche de teletubbies, dans une espèce de pyjama en pilou vert trop large. Et comme le réalisateur n’a visiblement que des chutes limitées de pellicule, il place quatre ou cinq fois le même plan de course poursuite pour allonger la sauce, pensant que personne n’y verra rien à redire.

Tout ça, comme il se doit, se terminera pas une immense explosion (ben oui, un stock shot, encore), après que le gamin se soit sauvé trrrrrrèèèèèèèès longuement, courant au ralenti face caméra, et se remémorant (va savoir pourquoi) tout ce qui s’est passé depuis le début du film. Histoire d’utiliser une dernière fois les stock shots et de remontrer le pyjama en pilou.

Sérieusement, il faut le voir pour le croire…

 

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