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Archive pour la catégorie '* Films noirs (1935-1959)'

La Proie (Cry of the City) – de Robert Siodmak – 1948

Posté : 16 mars, 2025 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, SIODMAK Robert | Pas de commentaires »

La Proie 1948

Dans la longue série des polars réalistes des années 40 et 50 a donné un paquet de films formidables. Appelez Nord 777 par exemple, chef d’œuvre d’Hathaway dont la re-vision m’a donné envie de revoir un autre grand film tourné la même année, avec le même Richard Conte (et quelques seconds rôles communs), mais cette fois par Robert Siodmak.

Siodmak n’est pas exactement un manchot quand il s’attaque au polar, sous toutes ses formes. Tourné entre deux classiques plus unanimement salués (Les Tueurs et le merveilleux Pour toi j’ai tué), La Proie est un autre chef d’œuvre qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les deux classiques qui ont révélé Burt Lancaster.

Ici, ce n’est pas Lancaster, mais Victor Mature qui apporte sa présence impressionnante au film, dans un rôle de flic jusqu’au-boutiste, contrepoint parfait au mauvais garçon joué par Richard Conte. Un contrepoint qui est même le cœur du magnifique scénario, qui oppose ces deux personnages nés dans le même quartier, mais qui ont fait des choix de vie radicalement différents.

« Tu t’es déjà payé la Floride ? Misé 100 dollars sur un cheval ? Offert des orchidées à une fille ?
- Non, mais la nuit je dors tranquille.
- Dans une piaule minable. »

Formidablement construit, le scénario met ces deux-là en parallèle, faisant du flic un personnage finalement peu aimable, que l’on découvre dès la première scène affichant un désintérêt marqué pour la douleur d’une famille réunie autour d’un mourant, et qui se désintéresse de la même manière des dégâts collatéraux que son enquête provoquera en se réfugiant derrière des répliques bien pratiques sur le thème « fallait pas aider un criminel ».

Richard Conte, lui, est un voyou sympathique, dont Siodmak laisse penser dans un premier temps qu’il est une victime de son milieu. C’est lui, d’ailleurs, qui est au cœur de la première partie du film, jusqu’à une évasion aussi économe en effets qu’efficace : rarement un couloir souterrain aura paru aussi long que celui que le prisonnier emprunte d’un pas rendu traînant par une blessure, pour prendre la fuite.

Entre ces deux faces d’une même pièce, un autre personnage, secondaire mais central : la mamma italienne, tiraillée entre son amour pour un fils qui a choisi la mauvaise voie, et ce flic qui le traque mais qui pourrait être son propre fils, et qui la traite avec une affection qui laisse penser que les liens entre les deux hommes vont bien au-delà de ce quartier dont ils sont tous deux originaires.

Le scénario est formidable. La mise en scène de Siodmak aussi, dans des décors naturels qui donnent une vérité et une âpreté folles au film, particulièrement dans ses scènes d’extérieures, à la tension extrême. Jusqu’à une séquence finale superbe et déchirante, qui condense en quelques minutes ce que ce Hollywood là peut faire de mieux.

Une petite anecdote pour faire le malin, pour finir, racontée par Patrick Brion dans les bonus du DVD à propos du très beau titre original : Cry of the City (nettement plus évocateur et poétique que le titre français). Le film n’aurait pas dû s’appeler comme ça, mais The Law and Martin Rome, du nom du personnage joué par Richard Conte. Mais un avocat bien réel portant le même nom a menacé de faire un procès à la production si elle gardait ce titre. Le choix final est tellement beau qu’on ne peut que l’en remercier.

Sherlock Holmes à Washington (Sherlock Holmes in Washington) – de Roy William Neill – 1943

Posté : 20 décembre, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, NEILL Roy William, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes à Washington

Après avoir quitté le XIXe siècle pour participer à l’effort de guerre (à partir de La Voix de la Terreur), Holmes et Watson quittent l’Angleterre pour cette nouvelle enquête, cinquième épisode de la longue série de films portés par Basil Rathbone et Nigel Bruce.

Direction Washington, donc, pour un grand voyage transatlantique à la recherche d’un mystérieux document dont dépend le sort du monde, et surtout d’une amitié anglo-américaine, seul rempart contre le totalitarisme.

Il y a un immense penchant bi-patriotique dans ce film qui participe à l’effort de guerre, et qui ne fait pas dans la dentelle, notamment dans sa manière de présenter les symboles de la démocratie américaine, le Lincoln Memorial ou le Capitol.

Pourtant, le film est passionnant. Ni novateur, ni vraiment surprenant, mais réalisé avec une grande efficacité par Roy William Neill, qui fait des merveilles de ses contraintes de production : un budget sans doute pas extensible, et un format minimal d’à peine plus d’une heure. L’obligation d’aller à l’essentiel, de faire concis et percutant.

La première séquence est particulièrement réussie : ce long prologue plein de suspens qui noue le drame, avant l’apparition des deux héros. C’est même un modèle de précision et de concision dans les espaces exigus d’un avion, et surtout d’un train, pour une séquence d’une grande efficacité. La suite est un peu plus convenue, mais c’est du pur cinéma du rythme, pas hyper ambitieux, mais très divertissant.

La Voix de la Terreur / Sherlock Holmes et la voix de la terreur (Sherlock Holmes and the voice of terror) – de John Rawlins – 1942

Posté : 25 juin, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RAWLINS John, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

La Voix de la Terreur

En 1942, tout le monde participe à l’effort de guerre, y compris Sherlock Hommes et son comparse Watson. Après deux premiers films fidèles dans l’esprit et dans l’époque, voilà donc Basil Rathbone et Nigel Bruce appelés à revêtir leurs frusques conan-doyliennes dans une étonnante réinvention contemporaine.

Ces deux figures de l’ère victorienne se retrouvent donc confrontés… aux dangers du nazisme, qui menace de l’intérieur une Angleterre en guerre. Un changement de cap étonnant, justifié par un carton inaugural simple et bien pratique, et sur lequel le film ne joue que le temps d’une très courte scène, lorsque Holmes fait mine de renfiler son vieux couvre-chef à oreilles. « Non Holmes, vous avez promis ! » l’arrête Watson.

Le film joue à fond la carte du patriotisme de rigueur, n’évitant pas les grandes envolées lyriques de défenseur du monde libre, parfois grandiloquent, souvent maladroitement. Il y aurait à redire aussi sur les rebondissements attendus, sur la naïveté confondante des méchants (Thomas Gomez notamment, en nazi infiltré), et sur le simplisme du scénario.

Mais cette série B d’à peine plus d’une heure, taillée pour les double-programmes, est constamment tirée vers le haut par une image très travaillée du chef-op’ Woody Bredell (qui travaillera avec Siodmak sur Les Mains qui tuent et Les Tueurs) et par les cadres dynamiques de John Rawlins (qui lui restera cantonné à la série B).

Pas transcendant sur le fond, ce troisième Holmes de la série est formellement une vraie réussite, particulièrement dans les scènes se déroulant dans les bas-quartiers et les bouges mal famés, où les ombres profondes et le beau contraste des images transforment cette petite production en un film racé qui a de la gueule.

Un si doux visage (Angel Face) – d’Otto Preminger – 1952

Posté : 24 avril, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, PREMINGER Otto | Pas de commentaires »

Un si doux visage

Il a l’air si cool, si détaché, si sûr de lui et si supérieur… Mais dieu que cet homme a le don pour s’enticher des femmes qu’il ne faut pas ! C’est le Robert Mitchum des premiers temps bien sûr, celui de La Griffe du Passé et de tant d’autres grands films noirs qui creusaient un même sillon avec un même bonheur.

L’acteur lui-même disait s’en lasser. Pas le spectateur, et certainement pas devant un film comme Un si doux visage, nouvelle variation sur un même thème, et nouveau bijou noir et cynique. Cette fois, c’est Jean Simmons qui fait tourner la tête d’un Mitchum pas même dupe de lui-même.

C’est qu’il ne faut pas longtemps à ce mâle si enclin à prendre la vie comme elle vient et son bonheur pour acquis pour comprendre que délaisser sa douce petite amie pour une soirée avec cette brune piquante et pas claire de Jean Simmons n’est pas la chose la plus intelligente qu’il ait faite de sa vie…

Mitchum en antihéros enfermé par sa propre faute dans une spirale dont il ne peut plus sortirOn a déjà vu ça une dizaine de fois avant ça. Mais Preminger, qui s’est approprié ce sujet plus ou moins imposé par la RKO de Howard Hugues, s’attache moins à l’atmosphère habituelle du film noir qu’aux petites nuances qui font la différence.

A commencer par le personnage féminin, qui malgré son machiavélisme et sa duplicité, garde une bouleversante innocence. Ou quelque chose de désespéré qui y ressemble beaucoup. Et le regard faussement bravache et vraiment paumé de Mitchum. Et ce mélange de cynisme et de simplicité, qui rompt avec les atmosphères angoissantes des précédents films de la star.

C’est d’ailleurs la fin d’un cycle pour Mitchum, qui dès lors s’efforcera de changer de style et de genre film après film, refusant désormais de se laisser enfermer dans ce type de personnages qui lui collent à la peau. Il retrouvera ainsi Preminger peu après pour un film assez radicalement différent : La Rivière sans retour. Une petite chose plutôt pas mal, aussi.

L’Enigmatique Monsieur D. (Foreign Intrigue) – de Sheldon Reynolds – 1956

Posté : 19 avril, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, REYNOLDS Sheldon | Pas de commentaires »

L'Enigmatique monsieur D

Curieux film que ce Foreign Intrigue, que Mitchum tourne alors qu’il est au sommet de sa gloire, après La Nuit du Chasseur et avant Dieu seul le sait. Curieux, parce que c’est une curiosité passée jusqu’à présent totalement sous mes radars. Curieux aussi parce que le film est tourné en Europe. Parce qu’il se situe à la croisée du film noir et du film d’espionnage tendance paranoïa. Curieux enfin parce qu’il est le prolongement d’une série télé.

Foreign Intrigue : c’est aussi le titre de cette série créée par Sheldon Reynolds, et qui n’a jamais été diffusée en France. Mais aux Etats-Unis, elle a visiblement remporté un franc succès. Assez en tout cas pour permettre à Reynolds, crédité comme producteur, scénariste et réalisateur, de mener à bien ce projet, sans les acteurs de la série, mais avec une méga star à leur place.

Bon… côté casting, on a un peu l’impression que Mitchum a empoché tout le magot. Impérial, il est l’un des rares à s’imposer vraiment, face à des acteurs de plusieurs nationalités (dont Ingrid Thulin, la future interprète de Bergman dans Les Fraises sauvages) qui n’ont au fond qu’un point commun : celui de donner le sentiment de ne pas être dans leur élément. Ce casting bancal n’aide pas, il faut bien l’admettre.

Bancal, le film l’est clairement, Reynolds se montrant tantôt piètre metteur en scène (la scène d’ouverture, muette, sonne particulièrement faux jusqu’à l’arrivée de Mitchum), tantôt inspiré (une fuite dans les ruelles obscures de Vienne). Là, dans ses meilleurs moments, le film s’inscrit dans la lignée du Troisième Homme, classique vers lequel Reynolds lorgne ostensiblement.

L’intrigue lui est postérieure de dix ans, mais la manière de filmer cette Europe de l’après-guerre (et pas seulement Vienne) rappelle l’atmosphère du chef d’œuvre de Carol Reed. Certes avec une réussite plus nuancée, mais avec une vision assez passionnante. Et avec la couleur.

Cette enquête mystérieuse à travers l’Europe, sur les traces d’un faux millionnaire mort en emportant ses secrets, culmine dans une dernière séquence qui réunit toutes les qualités et les défauts du film : un rendez-vous plein de suspense dans une ruelle sombre, une scène bizarre et fascinante, improbable et enthousiasmante.

Pitfall (id.) – d’Andre De Toth – 1948

Posté : 4 mars, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DE TOTH Andre | Pas de commentaires »

Pitfall

Grand réalisateur un peu oublié de western (il fut un fidèle de Randoph Scott avant Budd Boetticher), Andre De Toth est aussi un grand réalisateur un peu oublié de film noir. Et Pitfall pourrait bien être son chef d’œuvre. Le doute venant du fait que je suis loin d’avoir vu tous ses films, pas de la qualité de ce petit bijou noir, qui prend le contre-pied réjouissant d’à peu près tous les poncifs du genre.

Prenons l’incontournable femme fatale, si classique semble-t-il : Lizabeth Scott, parfaite en jeune femme trop belle pour laquelle un homme s’est transformé en voleur et a fini en prison… Une femme fatale qu’un enquêteur de compagnie d’assurance rencontre pour récupérer l’argent volé, comme un clin d’œil au film qui a fixé pour toujours les règles du genre : Assurance sur la mort.

L’enquêteur ici (Dick Powell) n’est pas si éloigné de celui de Wilder (Fred McMurray), à ceci près qu’il est un homme bien installé. Trop bien installé : bien marié, père d’un gamin adorable, vivant confortablement… et s’ennuyant comme un rat mort, hanté par ses rêves de jeunesse qu’il a laissé s’envoler au profit d’un confortable train-train qu’il ne supporte plus. Powell est formidable en Américain moyen qui ne supporte plus ce statut d’Américain moyen.

Et elle, celle par qui le drame arrive. Formidable aussi, Lizabeth Scott, personnage fragile et paumé, le seul être vraiment pur de ce monde de faux-semblants et de faux-culs. Drôle de femme fatale, donc, face à une épouse légitime certes douce, aimante et compréhensive, mais avant tout symbole d’un ordre castrateur et vampirisant. Dans ce film noir, ce n’est pas de l’aventure, mais des conventions que vient la menace.

De Toth excelle à filmer la tension qui monte. La pression, plutôt, à laquelle tente désespérément d’échapper Powell, confronté à un Raymond Burr qui n’a jamais semblé si large d’épaules, et dont le danger cette fois vient assez paradoxalement de son cœur tendre, de son coup de foudre pour Lizabeth. Constamment surprenant, et profondément déprimant (et réjouissant). Grand film noir, pas comme les autres.

La Double Enigme (The Dark Mirror) – de Robert Siodmak – 1946

Posté : 13 octobre, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, SIODMAK Robert | Pas de commentaires »

La Double Enigme

Il y a eu un meurtre, et le flic joué par le bonhomme Thomas Mitchell en est persuadé : il a été commis par la jolie Olivia De Havilland. L’affaire est pliée ? Ben non, elle ne fait que commencer : parce que dans la douce Melanie d’Autant en emporte le vent, après avoir claqué la porte de la Warner, est en quête de reconnaissance et de rôles dramatiques forts, et que cette quête passe par un rôle double.

En clair : Olivia incarne deux sœurs jumelles. Et non seulement le bon Thomas ne sait pas laquelle des deux est le tueur, mais il a la plupart du temps un doute sur l’identité de la sœur qu’il a face à lui, conscient d’être le jouet de leurs tromperies assumées. Siodmak s’en amuse et multiplie les fausses pistes. Et plus les deux semblent interchangeables, plus leurs personnalités respectives se renforcent, paradoxalement.

C’est malin, et assez vertigineux, mais l’exercice a ses limites. Techniquement, c’est assez bluffant, pas loin d’être parfait. Mais lorsqu’il s’agit de différencier les deux sœurs, Siodmak utilise des petits trucs tout discrets qui font un peu bondir : un bon gros collier avec le nom de ladite sœur par exemple, ce qui, même à une époque où on ne peut vraiment pas compter sur les effets spéciaux numériques, a tendance à nous tirer un sourire crispé.

Le film flirte aussi avec l’image du psychanalyste qui tombe amoureux de la suspecte qui est aussi un sujet d’étude, comme le Spellbound d’Hitchcock sorti l’année précédente. Sur ce point là au moins, The Dark Mirror est quand même très loin de son modèle, avec un Lew Ayres assez peu crédible en psy aux méthodes étonnantes (la faute au scénar, pas à l’acteur).

Mineur, donc, mais c’est, donc, Robert Siodmak derrière la caméra, alors au sommet de sa carrière hollywoodienne (il vient de tourner Les Tueurs). Dès la séquence d’ouverture, où l’on découvre le corps de la victime, le savoir-faire du cinéaste est là, et sa capacité à créer une atmosphère. Mineur, oui, mais prenant. Et amusant.

Des filles disparaissent (Lured) – de Douglas Sirk – 1947

Posté : 3 octobre, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Des filles disparaissent

Une danseuse devient suppléante de la police pour tenter de démasquer le tueur en série qui s’en prend à des jeunes femmes comme elle depuis des semaines… Mais… Mais… Ne serait-ce pas l’histoire de Pièges, le film français de Robert Siodmak, que l’on retrouve dans ce polar signé Douglas Sirk. Mais si, mais si : Lured est bel et bien un remake, qui reprend les grandes lignes de l’intrigue pour la transposer à Londres.

Et le résultat est tout aussi passionnant que le film de Siodmak. Après un film anti-nazi (Hitler’s Madman), un drame sur les Russes blancs (L’Aveu) et une comédie policière en costumes (Scandale à Paris), le néo-américain Douglas Sirk prouve que, avant de devenir le grand spécialiste du mélodrame en technicolor, il était un touche-à-tout déjà très doué.

Un film d’atmosphère, pourrait-on dire, qui vaut à la fois pour l’intrigue elle-même, un whodunit diablement efficace, que pour sa galerie de personnages. La jeune danseuse notamment, interprétée par une Lucille Ball très à l’aise pour passer d’un registre sombre à une folie débridée, à l’image de la relation qu’elle forme avec son « ange gardien », un George Zucco patibulaire et paternaliste à la fois. Ces deux là offrent quelques-uns des moments les plus réjouissants du film.

Et puis Charles Coburn, toujours attachant. Et puis Joseph Calleia, dont on se méfie toujours. Et puis George Sanders, dans sa veine la plus charmante. Et puis Cedric Hardwicke, toujours entre dignité et rigidité. Et puis Boris Karloff, qui débarque avec l’aura horrifique de sa déjà longue carrière, et à qui revient le moment le plus étonnant et le plus flippant : un défilé de haute couture devant un « public » totalement figé (z’avez qu’à voir le film).

Plus qu’une simple curiosité dans le parcours de Sirk, Lured prouve que le cinéaste est aussi un grand réalisateur de films noirs. Il n’aura pas souvent l’occasion de le rappeler, mais il le confirmera avec l’excellent Jenny, femme marquée deux ans plus tard.

Le Secret du Grand Canyon (Edge of Eternity) – de Don Siegel – 1959

Posté : 2 septembre, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, SIEGEL Don | Pas de commentaires »

Le Secret du Grand Canyon

Je ne crois pas m’avancer beaucoup en affirmant que Le Secret du Grand Canyon est le seul film de l’histoire qui remercie dans son générique l’implication de la United States Guano Corporation, entreprise spécialisée dans le ramassage des fientes de chauves-souris. Ne serait-ce que pour cette particularité, qui a son importance dans l’intrigue, ce film méconnu de Don Siegel mérite d’être vu.

Ce n’est clairement pas le plus réputé des films de Siegel. Ni le plus célèbre, ni le plus réussi : une curiosité dont la principale raison d’être semble être ce Grand Canyon qui lui donne son titre français. Pas comme un film-carte postale, non : la région est présentée comme un désert aride et sans avenir, pleine de poussière et des souvenirs d’une mine d’or depuis longtemps désaffectée.

Ce décor spectaculaire et austère est au cœur du film, d’une intrigue qui donne le sentiment de n’être qu’un prétexte, guère original et pas toujours très crédible. Les premières minutes sont pleines de promesses pourtant : en haut du canyon, un homme tente d’en tuer un autre. L’un des deux tombe. L’autre est retrouvé mort à son tour peu après.

Le film tient en haleine tant qu’il conserve tout son mystère. La résolution n’est pas à la hauteur, et Siegel lui-même, cinéaste pourtant percutant, donne par moments l’impression de ne pas savoir quoi faire de ses personnages, qui paraissent par moments empruntés, à l’image du père Kendon, l’ancien patron de la mine dont les simples déplacements paraissent artificiels.

Le film est tout juste sympathique, porté par un Cornel Wilde plutôt pas mal, mais au charisme discret, et par une Victoria Shaw très (trop) souriante. Les seconds rôles sont particulièrement en retrait, y compris les habituellement nettement plus truculents Michel Shaughnessy (dans le rôle du shérif) et Tom Fadden (dans celui du gardien de la mine).

Même Jack Elam semble effacé. Il faut dire que son personnage est sympathique… ce qui, en soit, justifie de voir ce film un peu décevant, mais bien sympathique tout de même. Ça et une dernière séquence vertigineuse et très efficace, où vertige et guano font bon ménage.

L’Enquête est close (Circle of Danger) – de Jacques Tourneur – 1951

Posté : 28 août, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, TOURNEUR Jacques | Pas de commentaires »

L'Enquête est close

Un suspense autour des souvenirs encore frais de la seconde guerre mondiale… Non, Jacques Tourneur ne refait pas Berlin Express, trois ans plus tard. Si les deux films ont quelques points communs, ne serait-ce que sur la thématique, ils différent assez radicalement dans leur approche. Et ce Circle of Danger, nettement moins célébré, se révèle également passionnant, et très surprenant.

De la guerre, cette fois, on ne verra rien de concret, si ce n’est des regards perdus dans les pensées. Pas de ruines, pas de champs de bataille, et pour cause : toute l’action du film se passe sur les terres britanniques, à la brève exception des toutes premières minutes, au large de la Floride. Etrange et fascinant début d’ailleurs, à bord d’un bateau où des marins pompent pour alimenter un scaphandrier en air.

Magnifiquement filmée, avec ces reflets mouvants de la lumière dans les vague, cette introduction est totalement coupée de l’intrigue, sans autre lien qu’un possible symbole : celui de la vérité profondément enfouie qui émerge avec lenteur et difficulté… Qu’importe d’ailleurs : elle annonce surtout le talent formel intact du réalisateur de La Féline, qui sait créer une atmosphère avec si peu de moyens.

Sur ce bateau, on découvre aussi le personnage principal, joué par Ray Milland : un Américain qui décide de tout plaquer pour aller en Grande-Bretagne mener l’enquête sur la mort suspecte de son jeune frère durant la guerre. Un membre de son commando aurait laissé entendre que le frangin a été abattu par l’un des siens, et pas par un Allemand… Ce qui mérite d’en savoir plus.

Les quartiers populaires de Londres, les mines du Pays de Galles, les Highlands d’Ecosse : cette enquête qui emmène le héros d’un témoin à un autre ressemble alors à une véritable collection de cartes postales britanniques, mais avec ce supplément d’âme qu’on attend d’un cinéaste de la trempe de Tourneur. Alors c’est aussi charmant que passionnant. Et mine de rien, ça évite consciemment les clichés.

Visuellement, certes, Tourneur assume ce côté cliché, et il fait de son héros un Américain un rien arrogant, un peu mufle, un peu homophobe, assez caricatural au fond. Mais il met en scène un scénario malin et brillant, qui surprend constamment, déjouant toutes les attentes jusqu’à un final superbe et déchirant dans les landes écossaises. Avec ce final, toutes les réserves qu’on pouvait avoir volent en éclat, et toutes les certitudes en même temps. Passionnant.

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