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Archive pour mai, 2024

Paradis perdu – d’Abel Gance – 1940

Posté : 31 mai, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, GANCE Abel | Pas de commentaires »

Paradis perdu

Petit hommage à Micheline Presle avec ce film de jeunesse signé, excusez du peu, Abel Gance. Une curiosité (exhumée par le précieux Cinéma de Minuit, une nouvelle fois), et une merveille, éclairée par la grâce lumineuse de la jeune actrice.

Elle apparaît tardivement dans le générique, comme une guest star, derrière l’acteur principal Fernand Gravey, et derrière l’icone Elvire Popesco (très bien dans un rôle de princesse russe… ou de bonne fée), derrière aussi quelques seconds rôles de prestige (Alerme, Le Vigan, Jeanne Marken)… Mais elle est bien l’âme de ce beau film.

Une apparition, comme un miracle pour le jeune peintre que joue Gravey, qui tombe amoureux d’elle un 14 juillet, en 1914. C’est la première partie du film : le paradis, ces instants de pur bonheur, que Gance filme avec une merveilleuse légèreté, et même une vraie allégresse. Cette première partie tire du côté du feel good movie, de la comédie, de la joie la plus pure.

Et c’est quand le bonheur est le plus total qu’éclate la guerre, la mobilisation générale, et le deuxième mouvement du film : les quotidiens de guerre parallèles et à distance des deux amoureux, lui sur le front, elle dans les usines, dans des décors étonnamment semblables : de la sueur, du vacarme, et des rails de wagonnets pour toile de fond…

Et l’irruption du drame, dans une séquence d’une très grande beauté douloureuse, qui nous noue le ventre.

La troisième et dernière partie est moins convaincante, poussant le bouchon du mélodrame un peu loin, avec les grands violons et l’incontournable sens du sacrifice. C’est un rien moins intense, mais c’est beau, tout de même. Et le sourire de Micheline Presle est décidément irrésistible…

Stand by me (id.) – de Rob Reiner – 1986

Posté : 30 mai, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, REINER Rob | Pas de commentaires »

Stand by me

Quatre ans avant Misery, Rob Reiner adaptait déjà Stephen King, mais dans un tout autre registre. Si Stand by me tire des frissons, c’est à la manière d’un Tom Sawyer, dans ce que le film dit des peurs et des angoisses enfantines…

Stand by me est un très beau film sur la prime adolescence, sur ces sentiments que l’on ne ressent qu’à un âge où l’innocence n’est pas encore troublée.

Ils sont quatre, quatre amis qui, au cœur des années 1950, et à la fin des vacances d’été, décident de partir en expédition, pour aller voir le cadavre d’un jeune mort accidentellement, qui aurait été aperçu dans les bois.

Le cadavre n’est qu’un prétexte qui pousse les quatre amis à avancer, et à se plonger dans une sorte d’introspection intime et douloureuse de quatre amis sur le point de quitter l’enfance. Leur aventure est avant tout intérieure, chacun révélant des failles parfois abyssales.

Grand réalisateur populaire hollywoodien mésestimé, Reiner était alors au début d’une série de grandes réussites. Et son talent pour filmer les personnages, pour faire naître l’émotion avec élégance, est déjà bien présent.

Quelque part entre Les Goonies (dont on retrouve d’ailleurs l’un des jeunes acteurs, Corey Feldman) et Les Contrebandiers de Moonfleet (autre grand film sur l’enfance), Stand by me est un film drôle et profondément émouvant, d’une grande justesse.

Emouvante, surtout, l’interprétation de River Phoenix, d’une intensité folle dans le rôle d’un jeune écorché vif, bouleversante. Et quels seconds rôles : John Cusack et Kiefer Sutherland à l’aube de leurs carrières, Richard Dreyfuss… Toute une époque.

Commando (id.) – de Mark L. Lester – 1985

Posté : 29 mai, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), LESTER Mark L. | Pas de commentaires »

Commando

Presque quarante après, un doute m’étreint toujours à propos de Commando : dans quel état d’esprit le film a-t-il été tourné ? Est-il un pur produit, outrancièrement extrême, des dérives totalement et outrancièrement extrêmes du cinéma d’action des années 1980 ? Ou est-il une pure parodie à prendre au 36e degré ?

Aujourd’hui, évidemment, impossible de le prendre autrement que comme ceci : une vision ironique et rigolarde des dérives d’un cinéma que Stallone, cette même année 1985, entraînait au premier degré (sans doute possible, en ce qui le concerne) vers des excès dont lui-même finirait par rire (Rambo 2 et Rocky 4), et que Schwarzie saurait tourner en dérision.

Cela dit, pas si sûr, quand même, que le réalisateur ait pensé autre chose que : « Fuck ! Je vais niquer Rambo sur ce coup-là, avec tous les mecs que mon héros va dézinguer ! » C’est vrai. Difficile de battre ce record. J’ai bien essayé de compter, mais dans le seul assaut final d’un Schwarzenegger surarmé (et à moitié à poil) face à une armée surarmée, j’avoue avoir perdu le compte après quinze… soit après une bonne minute de combat, les quinze minutes suivantes apportant une bonne centaine de morts violents supplémentaires, Schwarzie dégommant à tout va sans même avoir besoin de se baisser ou de se cacher, les méchants tombant plus vite que mes cheveux…

C’est con. C’est très con. Mais ça a le mérite d’être affiché dès la première scène, avec images irrésistibles de bonheur familial : Arnold portant un tronc d’arbre, Arnold et sa fille (toute jeune Alyssa Milano) s’amusant à partager leurs glaces, Arnold et sa fille donnant à manger à une biche… Si, si. Finalement, ça doit être parodique. C’est aussi d’un mauvais goût assumé, moche, poussif, lourdingue et dévoré par une musique affreuse de James Horner.

 C’est en tout cas très drôle, y compris dans les punchlines qui accompagnent chaque mise à mort. Ma préférée : « Tu te souviens que j’avais dit que je te tuerais en dernier?… J’ai menti ! »Et puis le film est une sorte de mise en images d’un fantasme cinématographique autour du corps d’Arnold Schwarzenegger, qui est le vrai sujet du film. Film qui mérite d’être vu, ne serait-ce que pour souligner en creux le génie de John McTiernan qui, deux ans plus tard, tirerait un pur chef d’œuvre ce cette même vision fantasmagorique. Commando, ébauche cartoonesque et idiote de Predator

La Fille de Belle Starr (Belle Starr’s Daughter) – de Lesley Selander – 1948

Posté : 28 mai, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, SELANDER Lesley, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Fille de Belle Starr

D’Ali Baba à Cochise, tous les grands noms de la culture populaire ont, à un moment ou à un autre, eu un rejeton. Alors pourquoi pas Belle Starr, figure historique de l’Ouest, dont on ne compte les apparitions dans les westerns classiques…

Elle a donc une fille, qui a le visage innocent de Ruth Roman, et qui n’aspire finalement qu’à vivre une vie rangée et romantique. Ce qu’elle est sur le point de faire, après que sa môman a été lâchement assassinée. Problème : l’homme qui l’attire est shérif, et elle se laisse convaincre c’est cet homme de loi qui a trucidé la Belle…

Ce petit western signé Selander (un spécialiste du genre, qui a à son actif des dizaines de séries B assez inégales) séduit par son originalité, et une relative audace, ne serait-ce que dans sa manière de reléguer le héros (le shérif joué par George Montgomery) au second plan, au profit de celui qu’on sait être le salaud (Rod Cameron).

Le scénario de W.R. Burnett décale le regard habituel, et ce simple décalage suffit à transformer un petit western un peu fauché en une espèce de tragédie en puissance. Selander n’étant ni Hawks, ni Wellman, ni Ford, la tragédie manque de tension, et même de gravité. Mais quand même…

Même léger, le film séduit par ses beaux décors naturels (qui auraient sans doute mérité la couleur), par sa violence sèche, et par quelques belles trouvailles de mise en scène, dont la meilleure est peut-être la première : ces ombres qui se dessinent sur le mur d’une banque, et qui annoncent le drame, sans dévoiler ledit drame.

Selander n’a pas toujours été très inspiré (ma dernière expérience, c’était The Texican… blurp). Cette fois, il l’est.

Le Dolmen tragique – de Léon Mathot – 1948

Posté : 27 mai, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, MATHOT Léon | Pas de commentaires »

Le Dolmen tragique

Un château et son domaine, une dizaine d’invités, autant de rancœurs possibles, un mystérieux crime, et un policier incognito qui tente de démasquer le coupable… Ce n’est pas Agatha Christie, mais c’est tout comme.

Pas d’ambiance so british pour autant : ce film, une curiosité exhumée par Patrick Brion pour son Cinéma de Minuit, est une production qui fleure bon le cinéma français d’après-guerre, avec ses seconds rôles réjouissants (Alerme, Paulette Dubost…), sa gouaille, et même sa chanson…

En guise de chansons, on sort quand même du film un peu frustré : les premières minutes, joliment rythmées par une rengaine qui crée d’emblée une atmosphère enthousiasmante, laissent penser que la musique jouerait un rôle autrement plus important. Mais non : après cette belle entrée en matière, rien d’autre qu’une bande musicale fonctionnelle qui ponctue l’action, parfois lourdement.

Le film est sympathique, jamais ennuyeux, et plein de promesses (pas vraiment tenues) autour de ce dolmen maudit censé représenter tous les mystères de la Bretagne. Mais cet aspect surréaliste est vite évacué, au profit d’un whodunit classique et plein de légèreté. Plaisant, pas renversant.

La Petite Boutique des Horreurs (Little Shop of Horrors) – de Frank Oz – 1986

Posté : 26 mai, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COMEDIES MUSICALES, FANTASTIQUE/SF, OZ Frank | Pas de commentaires »

La Petite Boutique des Horreurs

A l’origine, La Petite Boutique des Horreurs est un petit film d’épouvante fauché et rigolo de feu Roger Corman, qui devint bizarrement une comédie musicale au début des années 1980. Devant la caméra de Frank Oz, alors surtout connu pour son goût pour les marionnettes et autres créatures (il a réalisé Dark Crystal et donné sa voix à Yoda), cette comédie horrifique est donc elle aussi musicale.

Et c’est ma foi une comédie musicale qui tient franchement bien la route et l’épreuve du temps. Presque quarante ans après, ce pur produit des années 80 reste un vrai plaisir plein de vivacité, et plutôt bien foutu, dont les chansons restent très agréables.

Bien sûr, on ne va pas prendre au sérieux un film où l’on croise en vrac une plante carnivore qui devient une tueuse d’hommes, un dentiste sadique (Steve Martin, en roue libre) et son patient masochiste (Bill Murray, en roue libre itou le temps d’une unique scène), et Rick Moranis en héros séducteur. Mais cette liberté et cette gourmandise sont l’essence même de ce film réjouissant, parce que débridé.

Outre sa drôlerie, ses belles séquences musicales et son rythme imparable de pop corn movie assumé, le film de Frank Oz réjouit aussi par les innombrables clins d’œil cinéphiliques, qui nous emmènent de West Side Story à Chantons sous la pluie en passant par… The Shop around the Corner ou Gremlins. Réjouissant, je vous dis…

Les Colts des Sept Mercenaires (Guns of the Magnificent Seven) – de Paul Wendkos – 1969

Posté : 25 mai, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, WENDKOS Paul, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Colts des Sept Mercenaires

Une fois posé comme certain le fait que le film originel de John Sturges est un classique indépassable en son genre, il ne faut pas être surpris que ses suites soient très en deçà. C’est donc un fait, et l’obsession des producteurs de remettre constamment le couvert avec le même postulat scénaristique n’arrange pas les choses.

On a donc, cette fois encore, le bon Chris qui réunit six autres mercenaires autour de lui pour venir en aide à de braves paysans persécutés par des hommes armés nettement plus méchants, et nettement plus armés. Mais il y a une bonne surprise : malgré le départ de Yul Bryner, qui fut le seul acteur rescapé de la première suite, et qui est ici remplacé assez étonnamment par George Kennedy, ces Colts… sont très nettement supérieurs au Retour….

Le précédent film, réalisé platement par Burt Kennedy, était au final un simple copié-collé des Sept Mercenaires, le rythme et le charme en moins, et le prestigieux casting en moins. Sans McQueen, sans Coburn, sans Bronson et sans les autres, une grande partie de l’intérêt avait disparu. Sur ce plan, le troisième opus fait très vaguement mieux. D’abord parce que Kennedy (George) est très bien, et puis parce que James Whitmore apporte une vraie nouveauté avec son personnage de vieux loup.

Côté casting, drôle d’idée, en revanche, de confier un nouveau rôle secondaire à Fernando Rey, déjà présent dans un tout autre rôle dans le précédent film. Un choix curieux qui a plutôt tendance à brouiller les pistes. Mais c’est un détail.

Côté rythme, Paul Wendkos fait sans problème oublier le mollasson Kennedy, tout en établissant définitivement les limites du genre : un bon film, c’est quand même avant tout un bon réalisateur. Et John Sturges est un excellent réalisateur. Le verdict est donc sans surprise : Les Colts… est un film dispensable, mais très sympathique, ce qui est déjà beaucoup mieux que Le Retour…Reste un quatrième film, pour conclure cette tétralogie.

Hitcher (The Hitcher) – de Robert Harmon – 1986

Posté : 24 mai, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, HARMON Robert | Pas de commentaires »

Hitcher

Voilà un film qui m’avait laissé une impression assez dingue, il y a… au moins 25 ans. J’en avais gardé un souvenir assez traumatisé, une sensation de grande tension et d’horreur diffuse. Sa sortie en blu ray (chez Sidonis/Calysta) est une occasion plutôt excitante de confronter ces souvenirs (ou plutôt ces sensations résiduelles) à une re-vision.

Eh bien il tient plutôt pas mal la route, ce thriller horrifique qui lança (pas pour longtemps) la carrière de Robert Harmon, réalisateur dont la filmographie au cinéma se limitera à pas grand-chose (un Van Damme un peu mou du genou) après une série de choix discutables (après Hitcher, le gars a refusé L’Arme fatale et Liaison fatale, nous apprennent les suppléments du blu ray… double refus fatal).

Au niveau de l’inspiration, le film doit beaucoup à une poignée de références fortes : Le Voyage de la Peur pour l’histoire de ce type sans problème qui prend en stop un psychopathe bien gratiné ; Duel pour les grands espaces désertiques et oppressants de l’Ouest américain, et pour la menace irrationnelle ; mais aussi Halloween et la vague des slashers pour l’incarnation du mal absolu dont les actes et l’omniscience échappent à toute logique psychologique réaliste.

Eric Red (le scénariste, à l’origine du projet) et Robert Harmon s’approprient ces références en en démultipliant l’impact : beaucoup plus de morts, beaucoup plus de rebondissementsL’occasion aussi de vérifier une nouvelle fois que plus, ce n’est pas forcément mieux : dans tous les aspects, si réussi soit-il, Hitcher ne dépasse pas vraiment le stade du bon élève, qui flirte parfois avec le grand guignol.

Mais Robert Harmon tire le meilleur de ce scénario très (trop) généreux. En premier lieu grâce à un vrai talent pour filmer les paysages grandioses comme des éléments d’angoisse qui enferment les personnages. Et l’angoisse est réellement omniprésente, rendant la vision du film assez traumatisante… alors que l’horreur n’est, à peu près, jamais filmée. Les morts s’enchaînent, les détails horrifiques aussi, mais toujours hors champs.

Est-ce ce parti-pris ? Ou l’interprétation inquiétante mais presque douce de Rutger Hauer, flippant face à un C. Thomas Howell un peu terne ? Hitcher reste en tout cas un film particulièrement efficace, et une variation très originale dans cette grande mode des tueurs en série maléfiques. Une belle redécouverte.

Jules et Jim – de François Truffaut – 1962

Posté : 23 mai, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Jules et Jim

Que j’ai aimé Jules et Jim ! Il y a bien des années, ce film fut ma porte d’entrée vers le cinéma de Truffaut, cristallisant tout à la fois sa soif de liberté, son goût pour les femmes passionnées, son amour de la littérature et du cinéma. Le revoir ne change pas grand-chose à l’idée que j’en avais gardé, à l’émotion qui m’en était resté.

Jules et Jim est un film déroutant, ou infiniment riche, selon la manière dont on le reçoit. Déroutant, parce que l’émotion, à vrai dire, n’y éclate jamais frontalement, malgré la puissance des sentiments. Il y a toujours l’approche littéraire, symbolisée par la fascinante voix-off, qui nous garde constamment à une certaine distance.

Si l’émotion n’éclate pas comme dans un mélo hollywoodien, elle infuse et s’installe durablement, comme une obsession. Cette même obsession, sans doute, qui a habité Truffaut à la lecture du roman d’Henri-Pierre Roché (dont il adaptera aussi Les Deux Anglaises et le Continent), faisant de Jules et Jim le film de ses rêves avant même qu’il ne passe derrière la caméra.

La beauté du film repose sur plusieurs niveaux. Le personnage de Catherine bien sûr, dont ses compagnons disent dès leurs premières rencontres qu’elle ne pourra jamais être heureuse, tant elle est attachée à la liberté et à la passion, à ces jeux de jeunesse qu’elle a vécus avec Jules et avec Jim, et qu’au fond elle ne cessera de vouloir retrouver. Le rôle d’une vie pour Jeanne Moreau, objet de fascination pour Truffaut.

L’amitié des deux hommes aussi, absolue mais heurtée par le sens de la vie et de l’histoire, par cette femme dont ils sont tous deux amoureux, et par la Grande Guerre qui les sépare : Jim/Henri Serre, le Français, et Jules/Oskar Werner, l’Autrichien, chacun craignant de tuer l’autre dans les tranchées. Derrière la légèreté de ton du film, il y a une profondeur et même une authentique gravité, qui dit beaucoup de l’impossibilité de vivre pleinement.

L’amour, l’amitié, l’honnêteté, l’impossibilité de tourner la page d’une jeunesse perdue… Jules et Jim est un film profond et riche, dont le cœur est cette fameuse chanson, Le Tourbillon de la vie, que la voix de Jeanne Moreau rend fascinante, une fausse bulle de légèreté dont l’air entraînant tranche avec l’insatisfaction et le trouble des paroles. Le film est comme cette chanson : envoûtant, troublant.

Le Procès Goldman – de Cédric Kahn – 2023

Posté : 22 mai, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, KAHN Cédric | Pas de commentaires »

Le Procès Goldman

Cédric Kahn choisit des parti-pris aussi radicaux que l’était son « héros », Pierre Goldman, militant d’extrême-gauche et braqueur, en rébellion farouche contre la bonne société droitière de la France des années 1970. Le Procès Goldman ne montre rien d’autre que ça : le procès Goldman, celui au cours duquel, défendu par un Maître Kiejman souvent bien embêté, il a reconnu trois braquages mais pas un quatrième, celui qui s’est terminé par mort de femmes…

Pas d’effets de manches comme dans les films de procès américains. Pas d’interprétation hasardeuse ni de jugement définitif (c’est bien au spectateur de se faire son opinion sur la culpabilité ou non du gars). Pas même de musique. Et visuellement, le dépouillement est plus total encore, peut-être : un format « à l’ancienne » qui semble nous ramener à la télévision giscardienne, que Kahn utilise pour filmer en plans moyens, sans fioriture et au plus simple…

Rien de bien sexy donc, a priori, dans ce film qui se base avant tout sur les retranscriptions du procès, respectant au maximum les paroles dites. Et pourtant, Kahn signe un film absolument passionnant, qui trouve dans son épure et son dépouillement sa force : celle d’un film qui se concentre sur son fascinant « héros » (excellent Arieh Worthalter), et en creux sur le monde qui l’entoure.

Un homme totalement incarné par son héritage familial (la figure du père surtout, pas celle du demi-frère Jean-Jacques, jeunot que l’on découvre au premier rang de l’assistance), et bousillé par une société répressive et sectaire dans laquelle il est incapable de trouver sa place. C’est cette France là qui suinte des débats, sans que Kahn en montre rien d’autres que cette salle d’audience passionnée et passionnante.

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