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Archive pour la catégorie 'POLANSKI Roman'

Pirates – de Roman Polanski – 1986

Posté : 27 février, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

Pirates

Des réminiscences du cinéma de son enfance sans doute, des envies de renouer avec les souvenirs de L’Aigle des Mers ou de Capitaine Blood… Trente-cinq ans après, la volonté de Roman Polanski de tourner son film de pirates s’explique quand même difficilement. Et paraît qu’il y tenait vraiment à ce film, qu’il portait en lui depuis plus de dix ans. Un vrai plaisir régressif pour le coup, plein de gourmandises, mais aussi totalement à part dans une filmographie tout de même autrement plus ambitieuse par ailleurs.

Ce n’est pas que Pirates soit dénué d’ambition, mais cette ambition semble entièrement tournée vers les décors, réellement spectaculaires. Ceux qui ont l’âge de s’en souvenir ne peuvent pas avoir oublié ce galion longtemps « exposé » à Cannes, qui avait été reconstitué à grands frais pour les besoins du film. Fort joli ce galion d’ailleurs, comme l’est l’île où se réfugient les pirates, ou même le radeau de fortune sur lequel s’ouvre le film…

Le problème, c’est plutôt que Polanski donne l’impression d’enfiler des perles, avec application et enthousiasme, mais sans rien faire d’autre que recycler des images tout droit sorties d’un livre d’aventures pour enfants. Lorsqu’il s’est attaqué à des genres aussi marquants que le film noir (Chinatown), le film d’horreur (Le Bal des Vampires), ou le film paranoïaque (Ghost Writer), Polanski a toujours joué avec les codes pour mieux les bousculer, et signer des films personnels et passionnants. Là, il donne le sentiment de visiter un musée, ou un parc d’attraction.

C’est parfois réjouissant : Walter Matthau est parfait dans le rôle de ce capitaine légendaire, à la guibole forcément en bois, prêt à bouffer le matelot coincé avec lui sur le radeau (Chris Campion, dynamique et à l’aise, à qui manquerait tout de même une pointe de charisme). Pirates aurait pu être formidable, si Polanski avait lâché la bride, s’il avait donné à Matthau toute la liberté que sa truculence réclamait. Ce n’est pas le cas. Pirates est donc au choix un agréable divertissement, une revisite sans envergure de l’imagerie des flibustiers, ou une aberration dans l’œuvre du cinéaste.

J’accuse – de Roman Polanski – 2019

Posté : 4 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

J'accuse

Il y pensait depuis plus de dix ans, Polanski, à son film sur l’affaire Dreyfus. C’est le roman de Robert Harris, D., qui lui en a donné la clé : raconter l’histoire du point de vue de George Picard, officier antisémite (comme tant d’autres dans cette France là) qui a le premier compris l’innocence d’Alfred Dreyfus, se dressant alors contre une armée qui était tout pour lui, mais pour qui le Juif faisait un traître tellement idéal.

On comprend bien ce qui fascinait Polanski dans l’histoire de Dreyfus, on comprend encore plus pourquoi c’est Picard qui est au cœur de son film, tant le personnage est passionnant, et surtout tant il a une dimension dramatique exceptionnelle. C’est l’une des principales forces du film. Jean Dujardin en est une autre : sobre et intense, l’acteur est absolument formidable.

Autour de lui, Polanski a réuni une distribution impressionnante : Louis Garrell, Emmanuelle Seigner, Denis Podalydès, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric, Damien Bonnard, Michel Vuillermoz… Un vrai défilé de grands acteurs, tout le cinéma français semblant vouloir faire partie de cette aventure pas comme les autres.

Même ampleur dans la reconstitution de cette fin du 19e siècle, d’une précision remarquable, jusqu’à la poussière que l’on voit planer dans l’air des appartements confinés. De la belle ouvrage, parfaitement servie par la mise en scène fluide et ample, d’un Polanski très appliqué. Très appliqué, oui.

Franchement, aucune fausse note dans J’accuse. Aucun passage à vide, aucun oubli, aucune faute de goût… J’accuse est exactement comme on l’attendait : autant une leçon d’histoire qu’une leçon de mise en scène. Mais cette perfection elle-même est frustrante. Devant tant de maîtrise, l’émotion ne pointe son nez qu’à de très rares occasions : devant la scène du duel en particulier, belle parce qu’elle émeut alors qu’on ne s’y attend vraiment pas.

Le reste du temps, Polanski s’applique, met toutes les chances de son côté pour ne pas rater ce film si important pour lui. Il réussit en partie son pari : son film sera sans doute montré dans des tas d’écoles, aurait sans doute obtenu des tas récompenses (il a quand même eu le Grand Prix à Venise) s’il n’y avait cette nouvelle polémique autour du réalisateur, et restera une référence sur le sujet. Mais on aurait aimé être surpris, voire bousculé.

Chinatown (id.) – de Roman Polanski – 1974

Posté : 20 avril, 2015 @ 3:47 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

Chinatown

Plus d’un réalisateur a tenté de retrouver la magie des films noirs de la grande époque, perdue après le Vertigo de Hitchcock. Mais Polanski est l’un des rares (le seul ?) à y être parvenu avec ce chef d’oeuvre miraculeux qui nous replonge dans une décennie bénie pour le noir : les années 40.
Sombre et complexe, brute et ambiguë, c’est une fascinante plongée dans les méandres de la politique, des affaires et de la pègre de L.A., avec une enquête pleine de double-tiroirs et de faux-semblants. On jurerait que l’histoire est tirée d’une Série Noire ou d’un roman à la Hammett. Mais non : c’est un scénario original, signé par un Robert Towne en état de grâce, d’une richesse et d’une intelligence infinies. Une merveille complexe et audacieuse dont Polanski tire le meilleur.

Le « héros » lui-même est formidable : détective à la Sam Spade (ses rapports avec le flic interprété par Perry Lopez rappellent ceux entre Bogart et Ward Bond dans Le Faucon Maltais), en plus minable, condamné à enchaîner les affaires d’adultère avec une lassitude qui confine à l’écœurement, Jake Gittes est un personnage fascinant. Un loser magnifique aux méthodes douteuses, mais à l’intégrité totale. Un pur personnage de noir, donc, que Polanski s’amuse à filmer durant une grande partie du film avec un énorme pansement sur le nez (la faute à une rencontre douloureuse avec un petit teigneux interprété par Polanski lui-même)…

Autour de lui, les notables et « gens de la haute » qu’il côtoie révèlent peu à peu leurs vérités cachées et honteuses. Et c’est une faune incroyablement glauque que l’on découvre alors, avec les pires travers imaginables cristalisés autour des rapports entre la divine Faye Dunaway et son digne père incarné par John Huston (le réalisateur du Faucon… pas un hasard !).

Le film est une réussite sur tous les plans : la musique envoûtante, la reconstitution du L.A. des années 40, la force des dialogues (« She’s my sister… She’s my daughter »), la puissance de l’interprétation jusqu’aux seconds rôles (Burt Young en cocu)… Tout contribue à faire du film un chef d’oeuvre, au rythme parfait et parsemé de scènes inoubliables : le jardinier chinois qui s’active autour du bassin (« bad for water »), Jack Nicholson guettant l’arrivée de l’eau, Faye Dunaway apparaissant derrière un Nicholson hilare, le face-à-face tendu avec un inquiétant John Huston… Jusqu’à la dernière séquence, exceptionnelle et traumatisante. « Forget it Jake, it’s Chinatown. »

Frantic (id.) – de Roman Polanski – 1987

Posté : 27 février, 2014 @ 2:42 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, FORD Harrison, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

Frantic

Après l’échec cinglant de Pirates, Polanski revient avec un thriller, genre qu’il a peu fréquenté jusqu’alors, mais qu’il s’approprie d’une manière très personnelle. Lui qui a dû quitter l’Amérique où il avait fait sa vie pour s’installer en France filme la détresse d’un Américain perdu à Paris, sans connaître grand-chose de la ville, et sans en parler la langue… D’abord et avant tout un pur film de genre, efficace et passionnant, mais dans lequel le cinéaste semble dire beaucoup de sa propre expérience d’exilé plongé dans une culture qui n’est pas la sienne.

Dans le rôle principal, Harrison Ford est formidable. C’est peut-être la plus belle période de sa carrière : entre deux Indiana Jones (Le Temple maudit et La Dernière Croisade), l’acteur venait de trouver deux rôles en or chez Peter Weir (Mosquito Coast et Witness). Avec Frantic, il casse une nouvelle fois son image d’aventurier, imposée par Lucas et Spielberg : il interprète un grand médecin qui n’a rien d’héroïque, mais forcé de se confronter à la violence lorsque sa femme disparaît mystérieusement, et que personne ne prend cette absence au sérieux, ni la police, ni le consulat américain.

Toute l’histoire est racontée de son point de vue, et c’est l’idée la plus importante du film, qui nous met dans la peau de ce monsieur tout le monde confronté à une situation exceptionnelle, et emmuré par les frontières de la langue et des cultures. Le principe n’est pas nouveau : John Frankenheimer avait déjà fait de ce choc des cultures l’un des moteurs de French Connection 2. Mais Polanski va plus loin, en en faisant le sujet central de son film.

Incapable de se faire comprendre, Walker/Ford plonge dans un monde qui n’est pas le sien : pas la même langue, pas les mêmes codes, pas la même musique même (un leitmotiv qui revient tout au long du film), et obligé de « faire équipe » avec une jeune femme qui est son opposée en tout. Beaucoup plus jeune, beaucoup moins sérieuse, beaucoup moins honnête… c’est le rôle qui a révélé la nature extraordinaire d’Emmanuelle Seigner qui, hélas, ne sera convenablement exploitée par la suite que par Polanski lui-même, son pygmalion et compagnon.

D’un scénario très hitchcockien (avec un vrai macguffin que n’aurait pas renié le maître), Polanski tire une virée sinistre et presque irréelle dans un décor qui, lui, est criant de vérité : les bas-fonds d’une ville de carte postale dont on découvre le glauque revers. Un cauchemar éveillé marqué par cette étrange rencontre de deux êtres que tout oppose et qui n’aurait jamais dû se croiser, mais qui se rapprochent peu à peu, sans jamais franchir la ligne, mais en baissant la garde lors d’une troublante et magnifique scène dans une boîte de nuit. Là, lors d’une courte scène de danse, tout se lit sur le visage de Ford : la fatigue, la peur, l’urgence, l’attirance, la culpabilité…

Formellement, tout n’est pas aussi réussi que ce moment fascinant. Mais Polanski tient son suspense de bout en bout, et filme un Paris comme on l’a rarement vu…

La Vénus à la fourrure – de Roman Polanski – 2013

Posté : 27 novembre, 2013 @ 12:58 dans 2010-2019, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

La Vénus à la fourrure

Avec ce nouveau huis-clos (un genre qu’il a toujours aimé, et dont il semble vouloir étudier toutes les possibilités, depuis sa sortie de prison), Polanski adapte avec l’auteur une pièce de David Ives, elle-même inspirée du sulfureux roman de Sacher-Masoch (qui a donné son nom au « masochisme »), et signe, au-delà du rapport de domination entre hommes et femmes, une réflexion sur la création artistique.

C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans ce film étonnant et bancal : Polanski excelle lorsqu’il s’agit d’effacer progressivement la frontière entre la réalité et la fiction, entre les comédiens et les personnages…

Après un magnifique travelling dans les rues désertes (de Paris ?), baignées d’une lumière quasi-irréelle, Polanski nous conduit, en même temps que le personnage féminin, à l’intérieur d’un théâtre qui paraît lui-même étrangement irréel. Il n’en sortira plus avant la dernière séquence, tout aussi irréelle et fantômatique.

Un lieu unique, deux comédiens seuls… Polanski se joue habilement de ces contraintes, grâce à une mise en scène constamment vivante. Bien aidé aussi par deux comédiens formidables : Mathieu Amalric en auteur-metteur en scène à la recherche de l’interprète de sa « vénus à la fourrure », et Emmanuelle Seigner en apprenti comédienne très culottée (au sens figuré seulement) venue passer une audition. Cette dernière trouve ici son rôle le plus fort depuis Lune de fiel, autre film sulfureux de Polanski.

La première partie est passionnante. On y voit les rapports de force entre ces deux-là s’inverser peu à peu, tandis qu’un étrange climat oppressant s’installe : qui est vraiment cette jeune femme qui semble tout connaître de l’auteur, jusqu’à précéder toutes ses attentes. Polanski a une manière très subtile et dérangeante de filmer le vernis qui craque, le doute qui s’installe, le désir et la séduction…

La seconde partie, hélas, est bien moins convaincante, développant des rapports sado-maso que Polanski filme avec un grotesque de plus en plus assumé, et qui m’ont complètement laissé sur la touche. Le film devient alors un machin bancal, ni troublant, ni intelligent, ni gonflé. Juste gonflant et un rien prétentieux.

The Ghost Writer (id.) – de Roman Polanski – 2010

Posté : 18 octobre, 2011 @ 3:03 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

The Ghost Writer

Question du jour : la prison rend-elle les détenus meilleurs ? Pas sûr… Mais son séjour derrière les barreaux n’a pas gâché le talent de Roman Polanski, loin de là. C’est en prison que le cinéaste a monté Ghost Writer, et le résultat est absolument bluffant. Comme souvent lorsqu’il s’attaque au pur film de genre (je ne me lasse pas de Frantic), Polanski est à son meilleur avec ce thriller politique assez machiavélique, mais finalement très simple. Simpliste, même, rétorquent ses détracteurs, ce qui n’est pas tout à fait faux.

Il y a en tout cas la sensation d’une grande simplicité qui transparaît du film, ce qui est plutôt inattendu dans un thriller politique, genre largement porté sur les révélations à tiroirs, sur les fausses pistes et les faux semblants. Ici, personne n’est vraiment ce qu’il prétend être, c’est vrai, mais les masques tombent très vite.

On comprend vite, en tout cas, que le personnage principal, un « nègre » (l’expression anglaise, ghost writer, est nettement plus belle) appelé pour terminer l’autobiographie d’un ancien premier ministre britannique, s’est plongé dans la gueule du loup, et qu’il ne peut vraiment faire confiance à personne. Le film repose sur le suspense qui découle de cette situation, et sur l’intelligence extrême de la mise en scène. Plutôt économe en dialogues, le film devient génial grâce au sens exceptionnel de la narration du cinéaste.

Le film commence d’une manière aussi originale que brillante : un ferry qui se vide peu à peu de ses passagers. Seule reste une voiture abandonnée… Il n’en faut pas plus pour comprendre que son propriétaire est mort, sans doute balancé par-dessus bord pendant la traversée. La séquence est totalement muette, mais on en apprend énormément. Mieux : cette première scène trouvera un écho terrifiant vers la fin du film, lorsque le héros fera la même traversée.

Cette victime est justement le premier écrivain appelé à travailler sur la bio de l’ancien premier ministre. C’est pour le remplacer que le nouveau nègre est engagé. C’est Ewan McGregor, acteur de plus en plus puissant qui joue formidablement bien cet écrivaillon sans grande envergure qui réalise peu à peu que le secret qu’a découvert son prédécesseur a de quoi faire vaciller tout un pan de la politique britannique, et qu’il pourrait accessoirement lui coûter la vie…

Quel est ce secret ? On s’en fiche un peu : Polanski nous fait le coup du macguffin cher à Hitchcock, dans ce qui est d’ailleurs le plus hitchcockien de ses films depuis Frantic. Ce qui compte ici, c’est le pur suspense, et l’élégance extrême de la mise en scène. Très inspiré, Polanski filme son personnage principal dans un enfermement grandissant à plusieurs niveaux. Géographique, d’abord : l’histoire se passe en grande partie sur une île presque déserte au lare de Boston, dans une immense maison dépouillée et froide. Et puis morale : McGregor n’a personne à qui parler, personne en qui croire : la seule personne « neutre » qu’il rencontre est un vieillard qui ne semble plus avoir toute sa tête (apparition brève mais sympathique d’Eli Wallach, still here).

McGregor est de toutes les scènes, et porte littéralement le film sur ses épaules. Mais Pierce Brosnan est là, lui aussi. Dans le rôle (assez bref en terme d’apparition à l’écran) de l’ancien premier ministre, il est excellent, portrait fascinant d’un homme qui fut très puissant et qui passe désormais des journées d’une vacuité extrême, isolé avec sa dernière garde rapprochée aux antipodes de l’hyperactivité de Londres. C’est aussi ça le sujet du film, en tout cas dans sa première partie, moins flippante, mais aussi passionnante : comment un homme aussi important peut-il réapprendre à vivre « normalement ». La réponse, ici, n’est guère optimiste.

The Ghost Writer est un chef d’œuvre, d’une richesse sans doute infinie. Mais on peut le voir aussi comme un pur film de genre, l’œuvre d’un cinéaste exceptionnel. Le film est émaillé de scènes à couper le souffle, à la fois d’une grande efficacité, d’une grande intelligence (Polanski est peut-être le premier à utiliser le gps intelligemment pour une longue scène de suspense), et d’une grande élégance. Jusqu’à la toute dernière séquence, que je ne dévoilerai pas ici, mais qui porte la marque d’un très grand cinéaste, sur de son savoir-faire. Décidément très hitchcockien.

La Jeune Fille et la Mort (Death and the Maiden) – de Roman Polanski – 1994

Posté : 8 septembre, 2010 @ 4:50 dans 1990-1999, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

La Jeune Fille et la Mort (Death and the Maiden) - de Roman Polanski - 1994 dans 1990-1999 la-jeune-fille-et-la-mort

On a beaucoup parlé du face-à-face étouffant entre Sigourney Weaver et Ben Kingsley, mais curieusement, c’est le troisième larron de ce huis-clos moite et inquiétant qui marque le plus les esprits. Stuart Wilson, qu’on connaissait jusqu’alors surtout pour être le méchant grand-guignolesque de L’Arme Fatale 3, est formidable. Il apporte toute la profondeur qu’il fallait à son personnage, tiraillé entre son sens du devoir et son amour pour sa femme. C’est finalement lui, le personnage central de ce film. Hélas, l’aura de ses deux co-vedettes a détourné de lui l’attention qui aurait dû lui revenir.

Non pas, d’ailleurs, que les prestations de Sigourney Weaver et de Ben Kingsley ne soient pas à la hauteur, bien au contraire. Elle est un formidable bloc de douleur et de haine, tandis que lui est une énigme impénétrable, tout en nuances. Mais c’est bien le personnage de Wilson qui se révèle être le pivot et le moteur du film. Il y interprète un politicien placé à la tête d’une commission chargée d’enquêter sur les crimes commis par la dictature au pouvoir quelques années plus tôt, dans ce pays d’Amérique latine. Il vit dans une maison isolée avec sa femme, marquée physiquement et mentalement par les tortures qu’elle a elle-même subies. Un soir, le mari ramène un étranger à la maison. Sa femme est vite persuadée qu’il s’agit de son bureau, dont elle ne connaît que la voix et l’odeur…

On imagine bien le suspense que Polanski a su tirer de ce postulat : l’étranger est-il réellement le bourreau ? Il faudra attendre les dernières minutes du film pour avoir la réponse à cette question, et c’est tant mieux : le réalisateur a le temps, alors, de montrer les doutes qui apparaissent et se répandent dans l’esprit de Stuart Wilson. Figure absolue du grand homme politique droit comme la justice, ce dernier ne tarde pas à perdre de sa superbe, et révèle des faiblesses abyssales. Et une ambiguïté inattendue : croit-il vraiment sa femme, ou est-il plus simplement un homme faible et un peu lâche ? Là encore, Polanski ne tranche pas clairement, pas plus qu’il ne condamne le comportement de la victime ou celui du bourreau. Finalement, le message du film serait que tout le monde est victime, dans ces époques de dictature… Ah, bon ?!…

Le message que martèle Polanski dans son film ne brille pas vraiment par son originalité. Le cinéaste ne fait pas toujours dans la dentelle, ici : pour preuve, cette maison perdue dans la nuit et battue par la tempête, qui illustre un peu béatement l’état d’esprit de Sigourney Weaver… Mais qu’importe, finalement, Death and the Maiden est aussi un pur film d’angoisse, parfaitement maîtrisé par Polanski. Pour réussir ce film, il fallait trouver le ton juste, et garder intacte la tension de bout en bout. C’est ce que fait le réalisateur, avec un immense talent : dès les premières images, il installe un sentiment d’angoisse très prenant, qui ne retombe jamais.

Polanski a déjà fait plus léger, mais rarement plus efficace…

 

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