Samouraï, vol. 3 : La Voie de la Lumière (Miyamoto Musashi kanketsuhen : ketto Ganryujima) – de Hiroshi Inagaki – 1956
Jusqu’au bout de sa trilogie, Hiroshi Inagaki aura réussi le double pari de rester cohérent avec son personnage et son univers, et de se renouveler constamment. Dans la forme, dans le rythme, dans l’interprétation de Toshiro Mifune, formidable, il semble y avoir un gouffre entre le premier film et cette conclusion. Mais c’est bien de l’évolution, lente et passionnante, d’un homme qu’il est question.
La voie de la lumière, ou de la sagesse… Musashi y est presque. Il a en tout cas tourné la page de la gloire facile, bien conscient qu’il n’y a rien à gagner à se battre pour rien. Ce qui ne l’empêche pas de relever le défi lancé par un autre grand bretteur, qui pourrait être un alter ego, un double, un ami… Les deux se respectent, connaissent leurs valeurs respectives. Mais chez les samouraïs, c’est une raison suffisante pour se battre à mort, plutôt que pour trinquer peinards autour d’une table basse.
Le film est entièrement construit autour de ce duel : parce qu’il est reporté à l’année suivante, et qu’une grande partie de l’intrigue se déroule durant ce laps de temps, où Musasho découvre le vrai sens de la vie, le goût de la terre. Toujours pas très doué avec les femmes : il ne sait faire ni avec la douce Otsu, au regard si fragile, ni avec la plus ambiguë Akemi, peut-être le personnage le plus fort, le plus déchirant de ce troisième film.
Formellement aussi, le film suit l’évolution de son héros, plus apaisé, avec des combats brefs et fulgurants qui viennent rompre l’harmonie des décors par de soudains éclats, comme ce spectaculaire incendie qui ramène soudain la violence au premier plan.
Et puis il y a le duel final, qui semble constamment repoussé, et qui arrive finalement entouré d’une tension extrême, comme si toute la trilogie ne tendait que vers ce moment. C’est peu de dire qu’il tient ses promesses. Au bord de l’eau, avec la lumière du soleil levant, et de beaux travellings au ras du sable, c’est un beau et grand moment de cinéma, qui clôt magnifiquement cette trilogie décidément parfaite.
* Voir aussi : La Légende de Musashi et Duel à Ichijoji