Evasion (Escape Plan) – de Mikael Hafström – 2013
Cette rencontre, les ados des années 80 et 90 l’attendaient depuis longtemps. Stallone et Schwarzenegger, les deux messieurs muscles de notre jeunesse, ceux qu’on ne cessait d’opposer dans les cours de récré, dont on comparait les styles et les carrières. Moi, j’ai toujours eu un faible pour le créateur de Rocky qui, dans ses meilleurs films, a toujours su insuffler un petit parfum de nostalgie. Mais j’aimais aussi l’interprète de Predator et de Total Recall, fantasme absolu du cinéma d’action, avec son corps de bande dessinée…
Alors ne comptez pas sur moi pour évaluer Evasion sur des bases objectives, comme s’il était interprété par, disons Vin Diesel et Jason Statham. Si ça avait été le cas, j’aurais sans doute écrit qu’Evasion est un film d’évasion qui rappelle tous les films d’évasion (Stallone lui-même a déjà donné dans le genre, avec Haute Sécurité et Tango et Cash), un gros machin plutôt efficace mais qui ne trouve jamais son originalité, ou sa raison d’être.
Mais voilà, ce ne sont pas n’importes quelles stars : Sly et Schwarzie, qui se sont déjà croisés sur les deux premiers Expendables où ce dernier faisait quelques apparitions clin d’œil, mais qui partagent pour la première fois la tête d’affiche. A vrai dire, Stallone est toujours la vraie star du film : Arnold n’apparaît qu’après un bon quart d’heure, et disparaît avant la fin du film. Mais ces deux-là sont la principale (la seule ?) raison d’être de ce film dont ils sont aussi les meilleurs atouts.
Même si la prison dont ils doivent s’évader est high tech (assez laide), même si l’histoire se complique avec une sombre machination (dont on se moque totalement), et même si on croise quelques seconds rôles prestigieux (Sam Neill, Jim Caviezel, Vincent d’Onofrio, ou le rappeur 50 Cent), le film n’existe que pour les face-à-face entre les deux stars. Celles-ci tiennent plutôt leurs promesses, chacun jouant sa partition avec un plaisir apparent de se donner la réplique.
Les deux s’échangent des vannes un peu lourdes et pas très drôles. Schwarzenegger séduit avec son habituelle auto-dérision, qui a toujours compensé son jeu très limité. Il prend aussi brièvement une autre dimension, et dévoile une personnalité qu’on ne lui connaissait pas, lorsqu’il feint la folie en hurlant en allemand… Stallone, lui, joue beaucoup plus « premier degré », serrant les mâchoires et encaissant les coups.
Ce serait hypocrite de dire qu’on est déçu par cette première rencontre au sommet, dont on n’attendait pas mieux. On imagine seulement ce que cela aurait pu donner vingt ans plus tôt, avec un autre réalisateur…