John Rambo (id.) – de Sylvester Stallone – 2008
Après avoir ressuscité Rocky (et sa propre carrière), quoi de plus logique que de voir Stallone renouer avec son autre personnage fétiche : Rambo ancien soldat paumé victime de la mauvaise conscience de son pays, transformé au fil des films en machine de guerre, symbole absurde de la toute puissance américaine. Bref, un personnage qui, de l’excellent Rambo originel, à un Rambo 3 grotesque, s’est transformé en un contre-sens total de ce qu’il était.
Mais voilà, Stallone a changé, et on sentait bien, déjà à la fin des années 90, que la période bodybuildée des années 80, au cours de laquelle l’acteur était devenu la parodie de lui-même, était bien terminée. Et avec Rocky Balboa, et la soixantaine arrivant, on voyait bien que Stallone, enfin mur, renouait avec l’esprit de ses débuts, l’espoir et l’innocence en mois.
Le titre du film est parlant : John Rambo au lieu de Rambo 4 (comme Rocky Balboa au lieu de Rocky 6). Cette suite tardive (vingt ans depuis Rambo 3) ne prolonge pas le mythe. Il boucle la boucle, et s’intéresse enfin à son personnage qui, plus encore que Rocky, semble avoir perdu toutes ses illusions.
A l’opposée du style cartoonesque du troisième opus, ce retour aux sources qui adopte pourtant la même construction que les deux suites (John Rambo, qui n’aspire qu’à la paix, est engagé pour une opération de sauvetage), est, et de loin, le plus sanglant, et le plus sombre des quatre films.
Prenant pour cadre la guerre civile et le génocide en Birmanie, Stallone se filme en homme brisé, qui accepte enfin l’aberration qu’il est : un homme qui, dans certains circonstances, tue aussi facilement qu’il respire. Et il ne s’en prive pas, ici encore, éventrant, décapitant, égorgeant à main nue, dégommant des dizaines d’ennemis à la mitraillette lourde…
Stallone réalisateur va sans doute trop loin, n’épargnant au spectateur aucun détail des tueries de son personnage, ou du génocide dont femmes et enfants sont les premières victimes. Cette hyper-violence n’est pas gratuite, même si on peut lui reproche une franche complaisance : elle souligne le trop-plein d’un Rambo qui, enfin, retrouvera le bitume qu’il foulait au début du premier film. Et là, pour le coup, on aurait du mal à lui pardonner si un Rambo 5 devait changer la donne…