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Archive pour la catégorie 'LEWIN Albert'

Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray) – d’Albert Lewin – 1945

Posté : 11 septembre, 2021 @ 8:00 dans 1940-1949, FANTASTIQUE/SF, LEWIN Albert | Pas de commentaires »

Le Portrait de Dorian Gray

Il y en a eu, des adaptations de l’œuvre d’Oscar Wilde au cinéma. Au moins sept avant 1945, et combien après ? Pourtant, il semble n’en exister qu’une, pour toujours, définitivement : celle d’Albert Lewin, cinéaste méconnu souvent présenté comme le plus cultivé, le plus lettré de tous les réalisateurs. Non sans raison. C’est lui, Lewin, qui signe seul l’adaptation du roman. Sur le papier, il en saisit toutes les nuances, toute la profondeur. A l’écran, il signe une œuvre au moins aussi forte que l’originale, chef d’œuvre d’une intensité rare.

Dorian Gray, ce dandy mystérieux qui semble ne jamais vieillir, mais dont le portrait porte à sa place tous les signes de sa décrépitude physique et morale… Sorte de variation sur les thèmes de Faust et de Jekyll and Hyde, évocation aussi du fantasme de la jeunesse éternelle, dont Lewin tirera aussi un autre chef d’œuvre, Pandora. L’œuvre de Lewin, d’ailleurs, est d’une cohérence folle : six films seulement, mais qui se répondent et se complètent les uns les autres.

Dorian Gray est son deuxième, et reprend un parti-pris de son premier film, The Moon and Six Pence : ce portrait dévoilé dans les uniques plans en couleurs du métrage, comme si Lewin cherchait à rendre visible le contraste entre la réalité crue et les apparences derrière lesquelles se réfugie désespérément Dorian.

Intense, disais-je, Le Portrait de Dorian Gray est aussi un film d’une extraordinaire richesse visuelle, où le moindre plan fait sens. Albert Lewin, cinéaste exceptionnellement intelligent, construit chacune de ses images avec la double ambition de raconter son histoire le plus simplement possible, et de confronter les apparences et la réalité, ce que veulent montrer les personnages et ce qu’ils sont vraiment.

Lewin joue sur le contraste entre le premier et le second plan, ajoutant souvent un troisième plan, un reflet, une ombre évocatrice : le fouet d’un cocher qui semble entourer le cou de Dorian tel une potence, une lumière dessinant une croix annonçant le crime à venir… Des images puissantes et d’une élégance absolue.

George Sanders, déjà à l’affiche du premier film de Lewin, trouve un nouveau grand rôle à sa mesure : celui d’un jouisseur cynique, symbole d’une société qui n’est digne qu’en apparence, et par qui le drame arrive. Angela Lansbury trouve peut-être son plus beau rôle, celui, tragique, d’une jeune artiste de music-hall qui est comme l’image d’un idéal possible. Mais la révélation du film, c’est Hurd Hatfield, dont le visage lisse et immobile, comme pétrifié dans une jeunesse déshumanisée, fait de lui un Dorian Gray idéal. Comment pouvait-il espérer seulement trouver un autre rôle marquant après celui-ci…

Pandora (Pandora and the Flying Dutchman) – d’Albert Lewin – 1951

Posté : 30 avril, 2012 @ 10:38 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, LEWIN Albert | Pas de commentaires »

Pandora

Dans la brève carrière de cineaste d’Albert Lewin (six longs métrages entre 1942 et 1957), ce Pandora constitue le point d’orgue. Après deux magnifiques adaptations de classiques de la littérature (Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et Bel-Ami de Maupassant), Lewin s’inspire d’un mythe qu’il met au goût du jour : celui du « Hollandais volant », noble condamné à errer éternellement sur les mers après avoir tué la femme qu’il aimait. Il en tire une sorte de miracle de film, qui ne ressemble à aucun autre (si ce n’est, visuellement, avec Le Narcisse noir, dont il partage le chef opérateur, Jack Cardiff).

Le moindre plan est un chef d’œuvre : le cinéaste, qui s’était taillé une réputation de grande culture en tant que scénariste comme derrière la caméra, semble avoir travaillé chaque détail de ses images. Pas uniquement en filmant son couple vedette : dès la séquence d’introduction, le miracle s’installe. Dans un plan aussi discret qu’envoûtant, la caméra enveloppe Geoffrey, le narrateur du film, et semble le prendre dans ses filets pour l’envoyer vers cette fenêtre derrière laquelle tout un pan de son passé va ressurgir.

C’est ce passé qui nous est raconté : quelque temps plus tôt, dans ce port espagnol, le narrateur menait une vie de farniente avec une bande d’oisifs dont la belle Pandora représentait une sorte de phare. Langoureuse et passive, Pandora avait les hommes à ses pieds. Mais elle traversait la vie avec une sorte d’ennui et de dépression que le suicide de l’un de ses prétendants avait à peine fait vaciller. Car Pandora rêvait de l’amour ultime, celui pour lequel on est prêt à sacrifier ce qu’on a de plus cher. Ce que les hommes prenaient au mot : fou de voiture, un autre prétendant a ainsi fait faire à la voiture qu’il construisait depuis deux ans le grand plongeon du haut d’une falaise…

C’est alors que Pandora (Ava Gardner) a mis le pied sur ce mystérieux yacht, et qu’elle a fait la rencontre de l’étrange Hendrick van der Zee (James Mason), un Hollandais au secret incroyable. A son contact, la belle se met à nu pour la première fois. Au sens propre : jusqu’alors, Lewin a filmé Ava Gardner drapée des tenues les plus incroyables, tel le véritable mythe hollywoodien qu’elle est devenue cette année-là. Tellement belle, mais tellement inaccessible. Mais là, sur ce pont de bateau où elle met le pied dans son plus simple appareil, c’est l’émotion de la femme qui l’emporte pour la première fois sur la beauté de la star.

Lewin oppose constamment les excès et la vacuité de ce microcosme de bord de mer, à la profondeur des sentiments qui unissent Ava Gardner et James Mason, Sur terre, hommes et femmes tuent le temps ; sur ce yacht, le couple se place hors du temps. Ces deux-là ont plus qu’une attirance commune : ils ne font qu’un. En se rencontrant, la belle qui tuait le temps et le maudit qui voulait mettre un terme à son éternité ont trouvé l’âme sœur : deux fantômes qui se sont enfin débarrassés du temps…

Pandora vient de sortir en DVD, dans un beau coffret chez les Editions Montparnasse.

 

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